Dossier GSIEN - Occlusion "combustinale "
Analyse du GSIEN
sur les trois parades à l’occlusion envisagées par les exploitants (EDF et ORANO).
1-Densification des piscines actuelles de la Hague
Établissement Orano de La Hague - Usines UP3-A et UP2-800 (INB n°116 et n°117) - Dossier d’options de sûreté portant sur la densification des piscines C, D et E
Extraits de l’avis :
« Il convient de souligner qu’EDF n’envisage de traiter qu’après 2050 les combustibles MOX et URE [Uranium de retraitement enrichi] usés afin d’utiliser les matières récupérées pour la fabrication de nouveaux combustibles. Aujourd’hui, ces assemblages combustibles sont entreposés en attente dans les piscines de l’établissement Orano La Hague. Comme souligné dans l’avis de l’IRSN cité en troisième référence relatif au dossier « Impact Cycle 2016 », l’évaluation prospective des capacités d’entreposage des combustibles usés conclut à une saturation à l’horizon 2030 des capacités d’entreposage actuellement disponibles ».
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« PRÉSENTATION DE LA MODIFICATION
Actuellement, la capacité opérationnelle totale d’entreposage des piscines C, D et E est de 11 990 tonnes de Métal Lourd initial (tMLi). Le projet de densification permettrait de porter à 15 600 tMLi cette capacité opérationnelle. Cet accroissement serait réparti dans les trois piscines selon les limites fixées dans les décrets d'autorisation de création des INB n°116 et n°117 (c’est-à-dire 4 800 tMLi dans la piscine C, 4 600 tMLi dans la piscine D et 6 200 tMLi dans la piscine E).
Pour cela, Orano prévoit de remplacer les paniers servant actuellement à l’entreposage des combustibles de type REP d’EDF par des paniers de section réduite (appelés respectivement « paniers actuels » et « nouveaux paniers » dans la suite de l’avis).
Les paniers actuels sont constitués d’une structure en acier inoxydable délimitant neuf alvéoles, contenant chacun une chemise neutrophage [contenant un poison neutronique] en acier boré dans laquelle un assemblage combustible est introduit. Le panier comporte un couvercle qui est verrouillé en position fermée lors de l’entreposage et lors des phases de manutention du panier.
Les nouveaux paniers comportent également neuf alvéoles mais sont de dimensions réduites (section et entraxe des alvéoles, section externe du panier) par rapport aux paniers actuels. Ceci permet de réduire le pas d’entreposage et ainsi d’augmenter le nombre de paniers pouvant être entreposés dans les piscines. Le rapprochement des assemblages combustibles et des paniers augmentant leur réactivité, le matériau neutrophage [l’acier boré] des chemises actuelles est remplacé par un matériau présentant de meilleures caractéristiques neutrophages. Pour justifier le choix du matériau, Orano s’est appuyé sur le retour d’expérience d’utilisation de plusieurs matériaux dans l’industrie nucléaire internationale. Il a retenu finalement un matériau utilisé dans des piscines d’entreposage aux États-Unis et qui présente selon lui le meilleur comportement en termes de vieillissement. Orano a identifié les exigences associées au nouveau matériau neutrophage des chemises et a présenté la stratégie de qualification de ce matériau au regard de ces exigences. La démarche retenue par Orano pour choisir le matériau neutrophage des chemises n’appelle pas de remarque de l’IRSN.
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PRÉVENTION DES RISQUES DE CRITICITÉ
L’utilisation des nouveaux paniers entraine un rapprochement des combustibles et une diminution de la lame d’eau entre ceux-ci, ce qui induit une augmentation de leur réactivité. L’option de sûreté retenue par Orano est le changement du matériau neutrophage de la chemise présente dans chaque alvéole du panier.
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Orano a réalisé des calculs préliminaires permettant de vérifier la sous-criticité des nouveaux paniers pour une sélection de configurations d’études, couvrant la plupart des situations de fonctionnement normales et incidentelles associées aux opérations mettant en œuvre les paniers. Orano précise que les calculs seront réalisés pour l’ensemble des configurations définies dans les démonstrations de sûreté-criticité des piscines, une fois la conception du nouveau panier consolidée. Ces éléments n’appellent pas de remarque ».
La densification des piscines actuelles est une solution transitoire qui, selon la note d’information de l’ASN du 1/03/2022 (cf. page précédente), ne peut pas constituer une solution pérenne.
L’ASN encore, dans un avis sur le « projet de Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs 2021-2025 » (PNGMDR) » de novembre 2021, expliquait que la densification des piscines de La Hague « ne constitue pas une solution technique conforme aux standards de sûreté les plus récents » [Avis n° 2021-AV-0390 - ASN, 9/11/2021]. Tout juste une ultime tentative pour retarder l’occlusion fatale ?