Mars 2021 • INTERPRT et Disclose

Enquête sur les essais nucléaires français en Polynésie

Entre 1966 et 1996, la France a procédé à 193 essais nucléaires en Polynésie française. Le dernier sous la présidence de Jacques Chirac. En trente ans, le programme a laissé des traces dans la société polynésienne, dans les corps de ses habitants et de nombreux vétérans, dans l’environnement de ce territoire vaste comme l’Europe.

Fruit d’une collaboration inédite entre un scientifique expert du nucléaire, un journaliste du média d’investigation Disclose et INTERPRT, un collectif d’architectes spécialisés dans l’analyse criminalistique, ce livre met au jour ce qui a longtemps été caché au public : les conséquences sanitaires et environnementales des essais nucléaires français en Polynésie.

Ce projet éditorial est né il y a deux ans de la rencontre entre le collectif de chercheurs et d’architectes Interprt et le média d’investigation Disclose. Notre objectif, simple et pourtant inédit à ce jour : écrire les pages manquantes de l’histoire des essais nucléaires en Polynésie française. Pour conduire cette enquête internationale, nous nous sommes associés au chercheur Sébastien Philippe. Membre du programme Science and Global Security de l’Université américaine de Princeton, sa tâche a été d’analyser scientifiquement, une à une, toutes les données émises à l’époque par l’Armée française. Pour la première fois, cette plateforme interactive expose des informations soustraites au débat public par les autorités françaises depuis un demi-siècle.

Deux mille documents déclassifiés

Pour réaliser ce travail sans précédent, nous nous sommes appuyés sur une masse de documents issus du ministère de la Défense. Classés secret défense jusqu’en 2013, ces quelque 2000 pages de documents déclassifiés après une longue bataille juridique entre l’État français et les organisations de défense des victimes des essais nucléaires. Ces archives n’avaient encore jamais été examinées dans leur totalité. Nous les avons organisés et classés par dates et par thématiques dans une base désormais accessible aux victimes, aux chercheurs et aux citoyens. A l’examen détaillé de ces documents s’ajoutent les entretiens avec plus de cinquante personnes, dont dix-huit habitants des atolls, seize vétérans de l’armée ainsi que des magistrats, des scientifiques et des organisations de la société civile, en Polynésie française et en métropole.

Grâce aux outils de la modélisation 3D et de la visualisation de données, nous avons reconstitué pour la première fois les essais atmosphériques les plus contaminants réalisés par la France entre 1966 et 1974. Nous avons également réévalué l’ampleur de la contamination dont les populations civiles ont été les principales victimes. 

La source principale de cette enquête est un ensemble de 233 documents issus du ministère de la Défense. Classés secret défense jusqu’en 2013, ces quelque 2 000 pages ont été déclassifiées après une longue bataille juridique entre l’État français et les organisations de défense des victimes des essais nucléaires. Ces archives n’avaient encore jamais été examinées dans leur totalité. Nous les avons organisés et classés par dates et par thématiques dans une base désormais accessible aux victimes, aux chercheurs et aux citoyens.

https://moruroa-files.org/fr/

Complément : « Un article universitaire, reprenant les résultats de l’enquête Toxique de mars 2021, a été publié le 15 septembre dans la revue spécialisée Science & Global Security. Une publication qui valide les résultats de l’enquête révélant notamment la sous-estimation de l’impact radiologique des retombées radioactives des essais nucléaires atmosphériques en Polynésie, de 1966 à 1974 » [TNTV News, 30/09/22].

Reconstruction de la trajectoire du nuage de l’essai Centaure (17/07/74) au-dessus de la Polynésie française

Source, Science & Global Security