Essais nucléaires
La France a testé ses armes atomiques en Algérie mais aussi en Polynésie française. Le pays reste toujours dans le déni de leurs conséquences sur la santé des personnels et des populations irradiés et contaminés par ses essais atomiques et par la gestion par dispersion des déchets nucléaires associés.
Déchets nucléaires militaires La face cachée de la bombe atomique française
ICAN France et l’Observatoire des armements ont publié un rapport ayant « pour objectif d’apporter un éclairage sur les déchets nucléaires militaires pour insuffler un débat auprès de l’ensemble des acteurs politiques, universitaires, associatifs, citoyens et centres de recherche ».
Selon leurs auteurs, « La gestion des déchets nucléaires est devenue un point de crispation majeur. L’Andra évalue ceux issus de la fabrication et de la mise en œuvre de l’arsenal nucléaire français à 9 % du stock global, soit 148 630 m3. Mais ces chiffres sont loin de refléter la réalité des dizaines de milliers de mètres cubes de déchets, à vie plus ou moins longue et à plus ou moins haute activité, générés depuis le lancement du programme nucléaire militaire au début des années 1950... (...) Des stocks ne sont pas comptabilisés comme déchet nucléaire. L’invisibilité des déchets nucléaires militaires pose un grave problème démocratique ».
Ce rapport fait le point sur « Les déchets nucléaires français au Sahara » :
« L’histoire des expérimentations nucléaires françaises au Sahara ne s’est pas terminée avec le départ des militaires et des scientifiques français en 1967. Depuis, les populations s’interrogent sur certaines maladies issues des expérimentations nucléaires et des déchets radioactifs laissés sur place. Cette donnée est totalement ignorée par l’Andra qui pourtant, liste bien de manière spécifique les déchets qui ont été enterrés dans des puits de Moruroa comme ceux qui ont été océanisés au large de cet atoll et de Hao. En Algérie, la France a réalisé 17 essais nucléaires entre le 13 février 1960 et le 16 février 1966, dont 4 furent aériens (les « Gerboise ») sur la zone de Reggane, les 13 autres furent souterrains, à In Ekker, au cœur de la montagne du Taourirt Tan Afella. Dès le début des expérimentations nucléaires, la France a pratiqué une politique d’enfouissement volontaire, dans les sables, de tous les déchets contaminés par la radioactivité.
Par « déchet », il faut entendre aussi bien des chars, des avions et autres structures de navires de guerre utilisés pour observer leur comportement devant les effets de souffle et de chaleur lors des explosions, que du petit matériel (outillages, vêtements, ...) et des kilomètres de câbles (probablement désormais récupérés malgré le danger radioactif, faute de sensibilisation des populations aux dangers). Dans cette catégorie, nous devons aussi ajouter « des cuves en acier bétonnées » contenant des « pastilles de plutonium » utilisées dans le cadre des 35 expériences dites Augias et Pollen, tout comme le cœur de la montagne du Taourirt Tan Afella, contaminé à tout jamais par les explosions souterraines. Enfin, il faut inclure une seconde catégorie, laissée en grande partie à l’air libre, dont une petite partie a été enterrée ou recouverte de bitume. Ce sont les matières radioactives issues des explosions nucléaires. Nous parlons ici de sables vitrifiés, de galettes, de roches et de laves radioactives qui ont été générés par les différents essais nucléaires atmosphériques » [ican, 12/2021].
Un groupe de travail algéro-français a été créé dès 2008 pour faire toute la lumière sur les essais atomiques et chimiques réalisés en Algérie mais force est de constater que, une quinzaine d’années plus tard, l’opacité est toujours de règle.