Tant qu'il s'agissait de classe sociale défavorisée, les licenciements des années 80 liés aux mastodontes industriels (mines, automobile, acier, textile,...) n'ont pas ému grand monde: face à la gestion des "grands équilibres" et pour l'économisme triomphant, le chômage était une fatalité. Autant dire qu'à cette époque (il n'y a pas si longtemps...), considérer le chômage comme une injustice et revendiquer le partage du travail était vraiment se mettre à contre courant. Mais depuis que le secteur tertiaire est lui aussi exposé et que les couches moyennes salariées se sentent menacées (sans parler, ici, de la Suisse!), le discours des "experts" (?) sur la mythique reprise ne passe plus car les plus "futés" restent perplexes devant ce phénomène alors que nous ne payons que le tribut à notre imprévoyance et notre insouciance.
Mais même si l'on peut se réjouir que certains milieux dominants osent enfin reconnaître que l'on n'en sortira pas sans remettre en cause une certaine conception de la redistribution de la richesse, il y a un risque réel de technocratisation des idées et des pratiques que j'appellerais "alternatives" (pour ne pas forcément se limiter à l'écologisme, terme encore trop souvent mal perçu…): il avait été réclamé un Revenu Minimum Garanti et était arrivé le Revenu Minimum d'Insertion; comment peut-on croire "insérer" dans un système qui produit des exclus et n'a besoin au fond que de consommateurs et pas de citoyens pour exister? Cela dit c'est mieux que rien et dans l'état actuel des choses il faut bien faire quelque chose... sans être dupe, car la remise en cause serait donc plutôt celle de notre mode de développement qui est plutôt celui des exclusions et injustices de toutes sortes et cela aussi bien à l'intérieur des pays riches qu'entres pays riches et pays pauvres.
Il en ira ainsi de même avec le partage du travail: si l'on n'y prend pas garde, il risque de se réduire à un partage de la précarité par les licenciements ou la réduction de salaire pour le bas de l'échelle: on est bien loin du "temps choisi", formule qui a fait long feu. Mais le partage du travail n'est pas qu'un essai de lutte contre le chômage, il s'agit d'un nouvel aménagement du temps de travail (et des loisirs...). Donc, plus que sa simple réduction, il s'agit bien de changer sa place dans le compromis social qui est en jeu aujourd'hui. Les "bricolages traditionnels" ne résoudrons rien, tout au plus de soulager temporairement quelques situations dramatiques; au pire ces mesures prolongeront la survie de mentalités archaïques et de structrures dépassées, au risque de provoquer un choc encore plus rude lorsque l'effet des mesures "baume" prendra fin.
Il n'y a pas de recette miracle mais la solidarité sociale ne pourra pas être réalisée par une augmentation incessante de la production et de la consommation, entrainant en plus celle de la pollution...
Il est donc plus que jamais impératif d'être attentif et ouvert à toutes tentatives et propositions hors de "l'éternel"(?) basculement "Droite / Gauche" qui me rappelle infailliblement un certain pas cadencé funeste pour tous, hormis peut-être (mais pour un temps limité...) pour les marchands de canons pour qui "les autres" sont la seule cause de tous nos maux. A ce sujet comment expliquer autrement le non-triomphalisme de mise à chacun de ces basculements, nous prévenant à l'avance que les prédécésseurs ont fait un si mauvais boulot que ""vous comprenez, il a fallu réparer les dégâts du Front populaire, ceux de Pétain, causés par ceux de la royauté, ceux de Napoléon, ceux de la Révolution, encore ceux des monarchies, des rois... fainéants, des Huns et barbares de tous poils, des gens de Néanderthal..."". Vous m'excuserez, vous comprendrez que j'ai été obligé de résumer car pourquoi pas le serpent d'Adam et Eve ou pendant qu'on y est, les dinosaures et autres ancêtres tous plus responsables les uns que les autres?!