NOUVELLES DU SOLAIRE EOLIEN
2003
La France mise sur l'éolien pour combler son retard
BOUIN (Vendée), 1er juil (AFP) - EDF a inauguré
mardi en Vendée un parc éolien de grande capacité, alors
que les initiatives se multiplient pour rattraper le retard de la France
dans la production d'électricité fournie par le vent, au risque
de déplaire aux défenseurs du paysage.
La France n'occupe que le quinzième rang mondial
parmi les producteurs de cette énergie, avec 200 MW contre 12.000
pour l'Allemagne, le leader mondial.
Les huit "aérogénérateurs"
hauts d'une quarantaine de mètres inaugurés mardi sur le polder
de Bouin, face à l'île de Noirmoutier, sont les plus puissants
installés à ce jour en France. Ils délivrent
ensemble et en silence une puissance proche de 20 MW, ce qui les place en
tête du parc hexagonal avec le site de Souleilla Corbières (Aude).
Leur production alimentera 20.000 foyers hors consommation de chauffage électrique.
Les projets similaires sont légion. La France met
les bouchées doubles pour remplir l'objectif fixé par une directive
européenne de 2001, qui lui imposera en 2010 de tirer 21% de son énergie
de sources renouvelables, contre 14% en 1997. La capacité a ainsi
progressé de 62,8% en 2002.
Le retard français, argumente Michel Benard, chargé
de mission à EDF en charge des filiales travaillant aux énergies
renouvelables, tiendrait à ce que le nucléaire et l'hydraulique
fournissent l'essentiel du courant français : "Ce sont des sources
d'électricité propres, contrairement aux centrales à
charbon" très présentes en Allemagne et en Espagne par exemple.
Des réticences ...
Reste que l'éolien devra assurer entre 80 et 90%
de l'effort français pour espérer atteindre les objectifs communautaires.
"La géothermie n'est pas possible sur notre sol, et la part de la
biomasse comme du solaire resteront limitées", reconnaît Michel
Bénard, qui estime qu'il faudra produire au moins 10.000 MW d'origine
éolienne en 2010.
Or les éoliennes, longtemps plébiscitées
par les écologistes, suscitent désormais des réticences.
La ministre de l'Ecologie Roselyne Bachelot, favorable
à cette source d'énergie, a déploré mardi le
refus du port du Havre d'autoriser des éoliennes le long de la digue
du terminal pétrolier d'Antifer. Elle mettait néanmoins en
garde en février contre "un développement anarchique" des aérogénérateurs.
Outre les associations, bien des élus hésitent
devant ces hélices géantes qui altèrent le paysage,
selon leurs détracteurs. C'est notamment le cas de Philippe de Villiers,
le président MPF du conseil général de Vendée,
qui n'a pas assisté à l'inauguration de Bouin.
Eric Granguillot, dont le bureau d'études Al Tech
a conçu le parc de Bouin, estime donc qu'on "ne pourra pas construire
à terre des parcs plus grands que celui-ci." La solution résidera
alors dans les parcs off-shores (en mer), mais au prix d'un coût et
d'une complexité technique incomparables.