1980-1986: les centrales géothermiques fleurissent
Sur la base de l'expérience positive de Melun-l
'Almont, fonctionnant sans problème depuis 14 ans, les pouvoirs
publics décident de répondre à la seconde crise pétrolière
en soutenant d'autres projets géothermiques. Plus de 70 opérations
sont menées entre 1981 et 1986, dont la plupart destinées
au chauffage urbain. Les conditions du succès étaient réunies
: une énergie fossile concurrente chère, un taux d'inflation
favorisant l'investissement, le soutien financier du gouvernement, des
garanties couvrant le forage et la ressource pendant 15 ans, une réglementation
clarifiant l'exploitation des sous-sols.
Fin 1986: le bilan
Soixante-quatorze opérations géothermiques
fonctionnent fin 1986, dont 54 dans le Bassin parisien, 15 dans le Bassin
aquitain et 5 situées dans d'autres régions. Les prévisions.
tiennent presque toujours leurs promesses, puisqu'on enregistre 92% de
résultats positifs en région parisienne et 75% en Aquitaine.
En revanche, seuls 11% des forages réalisés ailleurs sont
économiquement exploitables.
1986-1990: la crise
Dès 1986, le contexte énergétique
commence à se modifier. Tandis que les prix de l'énergie
chutent, les difficultés techniques apparaissent dans plusieurs
centrales parisiennes. De sombres années vont suivre pour la géothermie.
Les raisons de cette situation sont diverses.
Les prix de l'énergie géothermique
sont indexés sur ceux des énergies fossiles, limitant les
bénéfices. L'inflation, diminuant depuis 1986, augmente peu
à peu la différence entre le taux d'inflation et le taux
d'intérêt des emprunts contractés au début des
années 80 pour financer les projets. Toutes les installations de
la région parisienne prélèvent et réinjectont
de l'eau du Dogger. Riche en sulfures, celle-ci est très corrosive
et endommage les parties métalliques de la boucle géothermique.
Les maîtres d'ouvrage, généralement des collectivités
locales, se trouvent démunis devant l'accumulation de ces problèmes
financiers et techniques.
1987-1993: les remèdes
Le gouvernement charge un préfet d'évaluer
l'état d'une trentaine d'opérations en déficit et
de trouver des solutions durables pour redresser leur situation financière.
Un protocole est signé entre le gouvernement et les maitres d'ouvrage,
définissant les obligations de chacun (refinancement de la dette,
abaissement des taux d'intérêt, contribution financière
des municipalités, etc.). Quelques centrales sont alors fermées.
Du côté technique, on cherche des solutions curatives permettant
d'éliminer les dépôts et de reconditionnor les tubages.
Le but est de retrouver les caractéristiques initiales du puits
de production. Parallèlement, des méthodes préventives
sont étudiées. Un dispositif d'injection en continu d'inhibiteurs
de corrosion, placé en fond de puits, a ainsi permis de diminuer
la corrosion d'un facteur 10. Ces études sont financées essentiellement
par l'Ademe, le BRGM et l'Union européenne. L'Ademe a par ailleurs
subventionné l'installation du dispositif dans tous les forages
géothermiques de la région parisienne.
1994-1998: la convalescence
Après le redressement de la situation financière
et la résolution de la plupart des difficultés techitiques,
le temps est venu d'optimiser l'exploitation des réseaux de chaleur.
La recherche de nouveaux clients, l'extension des réseaux, la modernisation
des installations, en sont les outils.
1998-2000: la nouvelle donne
Soixante et une des 74 opérations de 1986
sont fonctionnelles, dont 41 en Ile-de-France (sur les 54 des débuts).
Les autres régions, n'ayant pas connu autant de difficultés
techniques, ont réussi à maintenir leurs effectifs. L'ensemble
chauffe et/ou alimente en eau chaude environ 200'000 équivalents
logements, économisant 170'000 tep et évitant l'émission
de 650'000 tonnes de C02
par an. Dans un contexte toujours assez
tendu de bas prix des énergies concurrentes, un tiers des centrales
de la région parisienne est rentable, un tiers est à l'équilibre
et le dernier tiers enregistre toujours des déficits. Cependant,
un nouvel élan nationial se fait sentir et, grâce à
ses atouts environnementaux, la géothormie française pourrait
bien être relancée.