TECHNIQUE du SOLAIRE THERMIQUE
Architecture
La toiture végétalisée
: une technique d’aménagement durable
Source Biocontact, juin 2004
Introduction
A une époque où l'urbanisation galope
à tout va et fait sans cesse monter les prix des terrains, les espaces
naturels diminuent comme peau de chagrin, les jardins deviennent minuscules
et les espaces de terre libre et vivante disparaissent peu à peu.
Heureusement, il existe quelques alternatives comme les toitures végétalisées.
Qu'il s'agisse de rafraîchir l'intérieur
de l'habitat d'une région chaude, d'isoler du froid glacial l'habitation
d'un pays nordique ou de compenser les prix élevés des terrains
sous la Rome antique, les terrasses et les toits végétalisés
étaient une pratique courante et résultaient d'une technique
éprouvée. Les plus connus étaient les jardins suspendus
de Babylone au VIe siècle avant notre ère.
Les toits végétalisés, principalement
pour des raisons climatiques, représentent une part importante de
l'architecture traditionnelle. Il existe en France des toitures de tuiles
rondes ou de chaume qui sont colonisées par une végétation
adaptée et qui participe à l'isolation de l'habitat tout
en retenant une part non négligeable d'eau de pluie.
Végétaliser une toiture peut se faire
aisément sur des toits plats ou des terrasses. Pour des constructions
existantes, les toits plats ne se trouvent généralement que
sur les dépendances comme les garages. Dans ce cas, pourquoi laisser
la dalle exposée au soleil ou au froid et à la pluie? Ce
toit peut être végétalisé à peu de frais
pour réduire les ruissellements et contribuer à la protection
de l'environnement.
Quelle technique choisir?
Pour un projet de construction avec une toiture végétalisée,
il existe deux pratiques possibles. D'une part, la végétalisation
intensive qui disposera d'une épaisseur de terre supérieure
à 20 centimètres. Les végétaux installés
feront l'objet d'un soin adapté à leurs exigences (arrosage
en période de sécheresse, tonte, taille, récolte).
La réserve d'eau constituée augmente le poids de l'ensemble
et nécessite une structure renforcée du bâtiment. Ce
système est véritablement un jardin suspendu. Il sera réalisé
par un professionnel.
D'autre part la végétalisation
extensive est un procédé plus facile à mettre
en oeuvre car les plantes n'utilisent que peu de terre (6 à 20 centimètres
d'épaisseur). Naturellement, ce sont des espèces peu exigeantes
en eau et en soins, avec de faibles besoins nutritifs. Elles poussent habituellement
dans les milieux arides et incultes et ne doivent pas être taillées
ni tondues. Il n'est pas nécessaire de les arroser.
Le toit végétalisé,
un îlot de nature
Les toits végétalisés présentent
de gros avantages. Ils réduisent et retardent l'écouIement
des eaux pluviales car les substrats utilisés possèdent des
qualités hydrophiles et la majeure partie de l'eau est absorbée
puis ramenée dans le cycle par évaporation, ce qui assainit
donc et rafraîchit l'air ambiant. Ils participent à l'amélioration
du.climat urbain en limitant les écarts de température et
en fixant une partie des poussières et des pollens.
Les qualités d'un toit végétalisé
ne s'arrêtent pas là: il produit de l'oxygène,
atténue le bruit de la ville, offre un lieu d'accueil et de la nourriture
aux oiseaux, développe nos sensations en dispensant d'agréables
odeurs, agrémente notre espace visuel, nous met en contact avec
la nature en facilitant l'observation du cycle des saisons et satisfait
notre plaisir d'avoir installé un biotope autonome.
Techniquement, les pentes de toits sont variables,
elles peuvent être nulles (de 0 à 2 degrés) jusqu'à
45 degrés dans certaines régions. Il est évident que
le procédé et la qualité du substrat à installer
sont à considérer en fonction de la pente, pour des inclinaisons
supérieures à 15 degrés, il est nécessaire
de prendre des précautions adaptées.
Pour une végétal isation intensive,
la pente du toit peut aller jusqu'à 5 degrés. Dans ce cas
extrême, il faut prévoir des systèmes de retenues pour
éviter au maximum les arrosages complémentaires.
> LES PUITS D'ABSORPTION
Ces techniqups sont bien adaptées en milieu
urbain et pour de petits terrains imperméables en surface et perméables
en profondeur. Les eaux sont directement infiltrées grâce
à un puits aménagé en fonction des possibilités
du sous-sol. Cette technique n'est utilisée que si la parcelle ne
présente aucune pollution.
> LES FOSSES D'INFILTRATION ET LES NOUES
Ces aménagements paysagers larges
et peu profonds permettent de recueillir les eaux de ruissellement. Les
pentes douces peuvent être très agréables pour la détente
et ne présentent aucun danger pour les enfants, il est possible
de tondre les végétaux qui l'occupent. Ensuite, selon l'environnement
et le procédé utilisé, l'eau de pluie stockée
soit s'écoulera dans le réseau collectif ou dans un ruisseau
voisin avec un retard, soit s'évaporera et sera progressivement
infiltrée dans le sol. Ces systèmes demandent beaucoup d'espace.
Il existe d'autres méthodes plus adaptées
à un environnement urbain mais dont les coûts sont prohibitifs
pour un particulier.
Deuxième objectif:
la récupération des eaux de pluies
L'eau ne manque pas vraiment en France. En revanche,
il devient très coûteux de distribuer une eau potable dont
la bonne qualité se fait de plus en plus désirer. Son prix
a augmenté d'environ 40 % dans la décennie précédente.
De ce point de vue, la maîtrise de nos consommations peut faire diminuer
notre facture et représente un enjeu économique pour les
collectivités.
Economiser l'eau potable ne peut plus être
ignoré et les trois principes qui permettent d'y parvenir sont simples:
- La réduction des
fuites (robinets, wc): jusqu'à 20 % d'économie.
- L'utilisation d'appareils
performants (classe A, réducteurs de pression, robinets thermostatiques,
mousseurs pour la douche et la cuisine): jusqu'à 40 % d'économie.
- La récupération
et la valorisation des eaux pluviales (environ 20 %).
Si l'on met bout à bout les trois principes
et selon des paramètres variables, il est possible de réaliser
entre 60 et 80 % d'économie d'eau!
Assurer la séparation
des deux réseaux
La récupération des eaux pluviales
concerne le bâtiment à tous les niveaux (l'habitation individuelle
et collective, l'entreprise et le secteur public). Ce procédé
naturel, qui fonctionne déjà dans certains pays comme l'Angleterre,
la Belgique et l'Allemagne, complète le réseau de distribution
d'eau potable. L'eau de pluie servira pour des usages ne nécessitant
pas d'eau potable (lavages, wc, arrosages...).
Contrairement à d'autres pays européens,
la France, sous le conseil du CSHPF (Conseil supérieur de
l'hygiène publique de France), s'oppose à l'installation
de réseaux conjoints d'eau potable et d'eau non potable (eau de
pluie) à l'intérieur des bâtiments. Il est donc obligatoire
que le réseau d'eau potable soit complètement indépendant
de celui d'eau de pluie. De plus, un marquage évident (plaques avec
mention «eau non potable») doit permettre de ne pas les confondre.
Une dérogation sera demandée à la DDASS.
Le principe technique
et les précautions d'usage
La quantité d'eau récupérable
est en rapport avec la surface de captage souvent constituée par
les toitures et la pluviométrie de la région.
Il est possible d'estimer la surface de toiture
nécessaire pour couvrir 100 % des besoins pour un wc par exemple.
Celle-ci va varier de 15 à 20 m2 par habitant, selon
la pluviométrie de la région.
Pour les arrosages, elle peut représenter
0,4 m2 de toiture par m2 arrosé dans le nord
de la France jusqu'à 1,3 m2 dans le sud de la France.
L'eau du toit est collectée par la gouttière,
elle est séparée de ses impuretés, filtrée
puis stockée dans une cuve, enterrée ou non, mais protégée
de la lumière, du gel et de la chaleur.
Afin d'éviter que la cuve ne se vide, il
est nécessaire de prévoir un système complémentaire
d'alimentation de la cuve.
L'eau libre est partout autour de nous mais elle
est peu accessible et, dans les quartiers périphériques,
il n'est pas rare de la voir courir sur des lits bétonnés
puis disparaître dans des buses souterraines.
La démarche de gérer et de récupérer
les eaux de pluie permet de participer activement et positivement au cycle
de l'eau et donc indirectement d'obtenir des eaux naturelles de meilleure
qualité. Ces méthodes qui sont à mettre en parallèle
avec des mesures d'économie de l'eau potable, présentent
l'avantage de faire revivre l'eau sur notre parcelle et nous apporter le
plaisir de la sentir vibrer.
Alain Crégut
Géobiologue (depuis 1976)
diplômé en Architecture et Ingénierie en Haute
Qualité Environnementale
(Ecole d'architecture de Lyon)
formateur, coauteur du livre "La géobiologie et vous"
aux Editions Mosaïque
concepteur des produits Bioterres et directeur du cabinet d'études
For-Ma.
BIBLJOGRAPHIE:
· «Terre Patrie »,
Edgar Morin, Seuil.
· «Mal de Terre»,
Hubert Reeves, Seuil.
· «Qualité environnementale
des bâtiments», Ademe.
· «Végétalisation
des toitures», Brigitte Bleinod, Ed. Ulmer.
· «Ecocitoyen au quotidien»,
Jérome Chaïb et Jean-Paul Thorez, Ed. Sang de la Terre.
· «Traité amusant
d'écologie urbaine» Anne Burgi Diop, Ed. Jouvance.
· «Une mare naturelle»,
Hartmut Wilke, Ed. Terre Vivante
· «Facteur 4 (deux fois
plus de bien-être en consommant deux fois moins de ressources)»,
Ernst von Weizsächer, Amory et L. Hunter Lovins, Ed. Terre Vivante.
CONTACT
Alain Crégut
For-Ma, BP 7
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