AVENIR.
Sachant
que construire une centrale nucléaire requiert 6 à 8 ans
- neuf ans pour Superphénix -, le titre choisi par Patrice Bernard,
l'un des directeurs du CEA, dans Clefs CEA Printemps 2002, p.2 fait
sourire: "Le nucléaire, une énergie d'avenir." Ni
en 2000, ni en 2001 la France ne prit l'initiative de lancer une construction.
Alors, cet avenir?
EXPLOSION
SPONTANEE
Oui,
selon l'ingénieur Christian Kernaonet, une explosion spontanée
peut survenir à La Hague. Il en a témoigné le 12 octobre
2001 devant la Commission de surveillance de stockage des déchets
radioactifs de la Manche. Des futs, contenant 100 kg de plutonium, ont
été reconcentrés, d'où le risque de criticité.
Aucun écho, si bref soit-il, n'a paru dans la presse. L'Andra cependant
a déclaré: "Le risque zéro ne peut être garanti."
Préoccupant!
RECYCLAGE?
NON!
Sir
Robin Jeffrey, Président de British Energy, le plus gros producteur
d'électricité nucléaire du Royaume Uni, a décidé
d'arrêter le retraitement des combustibles usés issus de ses
centrales. Souhaitant s'inspirer de son expérience aux USA, où
les déchets sont stockés sur le site même des centrales,
dans l'attente d'être envoyés dans un centre de stockage définitif,
Sir Jeffrey estime que le retraitement est une méthode trop coûteuse
pour gérer le combustible usé. Le stockage sur site coûte,
en effet, 6 à 7 fois moins cher que le retraitement. Il rappelle
aussi que, en termes d'impact sur l'environnement, le stockage est supérieur
au retraitement. Le retraitement crée de grandes concentrations
de plutonium. Hélas, British Energy, qui produit quelque 25% de
l'électricité britannique, est engagé, jusqu'en 2006,
avec British Nuclear Fuels (BNFL) qui gère l'usine de retraitement
de Sellafield, l'équivalant de La Hague (Réseau Sortir
du nucléaire, France).
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DÉMANTÈLEMENT
Ce
n'est qu'en 2018 que sera démantelée la minuscule centrale
nucléaire de Brennilis (Finistère). Arrêtée
en 1985, on en a entamé la déconstruction, opération
coûteuse et délicate, en 1997. Une centaine d'ouvriers, habillés
comme des Martiens, y grattent, au marteau pneumatique, un béton
devenu radioactif. Depuis 1997 ils ont gratté plus de 5.000 m2
de
murs, de plafonds et de sols. Il en reste 3 fois plus. 73 MW seulement
de puissance(*), dont le coût estimé de déconstruction
est de 12,1 milliards de FB. Cela peut difficilement être exemplatif
de la déconstruction des réacteurs monstres actuels de 1.500
MW (Ouest-France, 9/1/02).
(*)
Les plus petits réacteurs belges, Doel 1 et 2, font 412 MW chacun.
Le
7 mars dernier, a la BBC, le professeur David King, tout en admettant que
le Royaume-Uni devra s'occuper des déchets nucléaires, qu'il
mette fin ou non à l'énergie nucléaire, réclama
la construction d'autres centrales de ce type. En 2020, les énergies
renouvelables (éolien, marémoteur, solaire) ne subviendront,
dit-il, que pour 20% aux besoins du pays. En 2020 les réacteurs
actuels, vieillissants, passeront de 27% des besoins à seulement
4%.
·
La découverte d'une fissure, profonde de plus de 15 cm dans l'unique
réacteur de 925 MW bruts, de la centrale nucléaire américaine
Davis-Besse (Ohio) sème la panique à Sizewell B (Suffolk)
qui est la seule de ce même type (PWR) au Royaume Uni. Cette fissure
a été découverte durant une fermeture pour entretien
et tous les réacteurs du type PWR sont scrutés avec attention
aux "States". British Energy, propriétaire de Sizewel B, tente de
rassurer la population environnante: "Notre réacteur n'est agé
que de 7 ans, il n'est pas atteint de corrosion... Celui de l'Ohio a 25
ans”
p.4
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USA
Pratiquement
les 3/4 des opérateurs de centrales nucléaires américains
sont en retard de planification pour sécuriser leurs sites. L'attentat
au camion piégé, facile à réaliser et peu coûteux,
est selon la Nuclear Regulatory Commission, la menace la plus grave. Au
11 avril, 47 opérateurs sur les 64 des holdings d'usines atomiques
(les USA en comptent 103), ont demandé un délai de leur temps
pour régulariser. L'explosion d'un camion ne causerait pas un nouveau
Tchernobyl mais pourrait couper l'arrivée de courant qui alimente
les pompes de refroidissement. La chute des barres de contrôle arrêterait
la réaction mais des semaines d'électricité et de
pompage seraient nécessaires pour refroidir tous les matériau
fissiles à une température sûre (The Philadelphia
Enquirer).
ROYAUME
UNI
Le
14 mai Brian Wilson, ministre de l'Energie a lancé une large consultation
sur la police de l'énergie. Les réponses devront être
rentrées avant le 13 septembre. Reste à savoir s’il en tiendra
compte
FRANCE
Le
Rhône, long de 812 km, compte plus de 100.000 km2 de bassin
versant. C'est aussi, hélas, une succession d'usines nucléaires
(Marcoule, Cruas, Tricastin, St Alban, Creys-Malville) qui le souillent
de déchets atomiques et chimiques. Ce n'est que le 21 mars dernier
qu'a été ouverte, à Arles, une 2ème station
de surveillance de la radioactivité (La Provence).
PROMESSES
ELECTORALES. Ce n'est certes pas parce que Chirac les tient, que tant
de Français ont voté pour lui. "Sous ma direction, notre
pays a entrepris, depuis 1995, un effort de désarmement nucléaire
sans précédent et inégalé. Elle a réduit,
de plus de 50% le budget de la défense consacré au nucléaire."
D'accord,
mais c'est bien sous sa première présidence que des essais
nucléaires "indispensables" ont eu lieu. Quant à la réduction
du budget pour l'armement nucléaire, il est passé de 21,9%
en 1995 à 22% en 2002.
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Grâce à 58 réacteurs en fonctionnement (78% de l'électricité est atomique, bien triste record, chaque Français vit près d'un volcan nucléaire... USA
Le
dernier rapport de la Nuclear Regulatory Commission fait état de
la disparition, l'an dernier, de 835 instruments industriels ou médicaux
radioactifs. Depuis 1997 ce sont plus de 1.500 de ces "engins" qui se sont
volatilisés. Ils sont un danger potentiel, soit par mauvaise manipulation,
soit aux mains de terroristes. Les risques, pour la santé sont énormes.
Ainsi, en 1987, à Gioania, au Brésil, à peine l00g
de poudre hautement radioactive d'un appareil de radiologie abandonné,
tua 4 personnes, en fit hospitaliser 60 et en contamina un millier d'autres.
10 ans plus tard un gamin de 16 ans vola, sur un chantier, un panneau lumineux
"EXIT" et l'ouvrit. En une 1/2 heure il reçut une dose d'irradiation
excessive. Sa maison fut mise en quarantaine et les frais de décontamination
s'élevèrent à quelque 9,2 milliards de FB (ABC
News).
LAURENCE
ALAVOINE
Le
T-T de mai demandait aux lecteurs d'en
apprendre plus sur la mort "accidentelle" de cette dame. Seule M.S. de
La Bouilladisse a trouvé et nous en a fait profiter. Laurence Alavoine,
âgée de de 37 ans, ingénieur nucléaire chez
Schneider, avait effectué plusieurs missions dans les anciens pays
communistes. Habitant Seyssins (Isère), elle était au courant
d' "histoires sensibles, notamment d’un envoi de matériel nucléaire
en Afghanistan et de l'équipement électrique de bureaux appartenant
au père d'Oussama Ben Laden", déclare son mari, Olivier,
ingénieur, lui aussi. Elle a disparu le 14 décembre dernier.
Son corps n'a été retrouvé que le 12 avril par un
randonneur, au bas de la Dent de Crolles. Pendant cinq jours, 80 hommes
et un hélicoptère avaient fouillé, sans résultat,
la montagne dangereuse dans ce secteur. Le vendredi 14, jour de sa disparition,
la victime avait fait ses courses de Noël, avait consulté la
météo, puis était partie au col du Coq, vers 1.500
m d'altitude, où sa voiture avait été retrouvée.
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