III / Les risques d’accidents
    On peut lire souvent qu’il n’y a eu relativement que peu d’accidents nucléaires... Il faut tout de suite rappeler que depuis le premier (connu) de très grande ampleur qui s’est déroulé dans l’Oural en 1957, avec ‘’seulement’’ la contamination de... 1’000 km², il y en a quand même eu huit très importants, plus Tchernobyl [16]. Et si le nucléaire ne représente qu’une faible part de l’énergie mondiale (5 à 6%), il compte tout de même 273 "incidents" (répertoriés…) de 1945 à 1960 avec émissions radioactives[17].
    Et voici une autre affirmation... irresponsable à mon avis: «quant aux risques d’accidents de l’industrie nucléaire (...), ils sont, à mon avis, acceptables (... en raison de la rareté de la pollution et de leurs conséquences limitées) [18]» qui est comme la préparation de l’une des phrases finales du livre: «On remarquera que par rapport au nombre de victimes du tabagisme, de l’alcoolisme et aux problèmes alimentaires (...), le nombre de victimes directes et même indirectes de Tchernobyl ne représente que peu de choses.» (p. 228) !
    Mais doit-on s’étonner outre mesure quand (en cherchant bien, parce que le secret est omniprésent...) on découvre chez les nucléocrates, d’autres... horreurs du même acabit:
- «Même s’il y avait un accident de (ce) type (Tchernobyl) tous les ans, je considérerais le nucléaire comme une énergie intéressante »![19]
- Du même personnage, quelques années plus tard: «Il n’y a aucun désordre de santé que l’on puisse attribuer à l’exposition aux radiations»[20]
- A ‘’savourer’’ également:  «Les faibles doses radioactives sont nécessaires à la bonne santé des personne[21]...
    Pour être bref sur le sujet accidents, je rappellerai qu’une première étude, du début des années 80, du laboratoire National Sandia (USA) a chiffré financièrement des catastrophes nucléaires. Une centrale ayant un accident grave se traduirait à 685 milliards de dollars et une étude plus récente réalisée pour le Ministère Fédéral Allemand de l’économie l’a chiffré en 1988 à 6’000 milliards de marks (soit dit en passant 200 à 300 fois la dette d’EDF en 1994). En conséquence de quoi, les gouvernements français et britanniques ont été particulièrement actifs dans le comité permanent sur la responsabilité nucléaire («standing committee on nuclear liability»), une des commissions de l’AIEA chargée de modifier des aspects de la convention de Vienne sur la responsabilité des tiers en cas d’accident nucléaire, les lobbies producteurs étant évidemment intéressés à ce que la limite soit la plus faible possible....
    Enfin, ne pas oublier l’évolution de (l’évaluation de!) la grandeur du risque de l’aveu même des spécialistes de la filière, qui est passé de 1 par 100’000 ans à 1 par quelque 100 ans, ce qui correspond, excusez du peu, à une multiplication par un facteur 1000 ![22]

Annotations:
[16] IEER* report: « The Nuclear Power Deception » by Arjun Makhijani, Ph. D., avril 1996
[17] in "Some atomic reactors accidents, partial list of involving radiation in the atomic energy", Atomic Technical Committee, IUD-AFL_CIO, Washington, 1991
[18] Rappel des ‘’deux chiffres de Pierre Tanguy’’, inspecteur pour la sécurité nucléaire à EDF, concernant les probabilités d’un accident grave d’un des réacteurs "classique" de 1300 MW: 1 par 100.000 ans, chiffre officiel de référence, ramené maintenant à 1 par quelque 100 ans, soit une augmentation de... quelque 100 fois! in «Etude probabilistique de sûreté, EPS-1300» page 7 du «Rapport Tanguy»
[19] M. Rosen, directeur de l’AIEA, à la conférence de Vienne en août 1986, in Le Monde, 28 août 1986
[20] A la même conférence de Vienne, mais en 1991
[21] UNSCEAR88, ‘’Irradiation, les doses, les effets, les risques’’, 1988, cité par Perline, in «Tout nucléaire, une exception française», p. 49
[22] Etude probabilistique de sûreté, EPS-1300 du Rapport Tanguy, ibid