Coûts extérieurs (DM / kWh) de l’électricité
d’origine:
Comment également minimiser
à ce point le coût de démantèlement des centrales
nucléaires? Pour ne pas rester dans le seul cercle franco-français,
j’évoquerai la Suisse qui, étant sans doute le pays qui emploie
l’énergie hydraulique de la manière la plus intensive, se
heurte également à ce problème: «Rien que la
mise hors service et la démolition (des centrales atomiques) nécessiteront
plus de 16 milliards de CHF. Or, seuls 500 millions sont prévus
actuellement à cet effet dans un fonds indépendant. A cela,
s’ajoutent 6 milliards sous forme de réserves auprès des
diverses sociétés concernées dont certaines vont toutefois
passer sous contrôle étranger»[31]
En ce qui concerne la France, je vous soumets les
chiffres "officiels" d’EDF pour 1993:
Coût du kilowattheure = 25 centimes dont Exploitation : 22 %,
Combustible : 21 %, Stockage des déchets nucléaires : 1 %,
Recherche : 2 %, Investissement : 54 % (dont démantèlement)
et coût de démantèlement : 0,9 centimes = 3,6
%[32] (!?). Un peu plus loin, on peut lire: «A
ce jour, dans le monde. aucun réacteur de grande puissance n'a encore
été totalement démantelé» et surtout
« Le chantier du démantèlement présente
toutefois une particularité: le volume exceptionnel de matériaux
à traiter (de l'acier, du béton, des tuyauteries, du
calorifuge, des câbles électriques, etc.) et la grande quantité
de déchets d'un niveau d'activité très faible. Dans
la centrale à l'arrêt, les substances radioactives sont identifiées,
classées et répertoriées. En effet, tous les déchets
n'ont pas la même radioactivité, ni la même durée
de vie. Pour chaque catégorie, EDF utilise
des modes de traitement
adaptés». Y a-t-il un commentaire dans l’assistance?...
Je précise qu’actuellement, chiffre également
diffusé par EDF sur le Web, le provisionnement est de 37 milliards
sur 100 milliards... estimés. De plus, il est probable
que le coût actualisé du démantèlement soit
encore plus... sous-estimé que ce que l’on croit, à cause
de l’utilisation du taux d’actualisation au lieu du taux d’intérêt
porté sur les sommes mises en réserve, ce qui laisse bien
confirmer que bien des estimations ne sont en fait que des objectifs, "dérapage"
remarqué par plusieurs auteurs[33]. Enfin, comment
ne pas se rappeler l’échec de l’essai de privatisation du système
électrique britannique?
La conclusion principale est que toute négligence
ou attentisme concernant la non intégration de tous ces coûts
continuera à causer une insupportable distorsion de la concurrence
en faveur des énergies conventionnelles.
Annotations:
[29] Yves Lenoir, in la Gazette nucléaire
No 135/136 p. 5
[30] Social costs of energy consomption, Olaf Hohmeyer
(Springer-Verlag), 125 pages, 17 figures, 24 tableaux. Document EUR 11519
(CEE)
[31] Bernhard Stricker, in magazine Sonnen energie No
1/98, p. 6
[32] http://www.edf.fr/html/fr/edf/env/niv3/demant.htm
[33] IPSEP*, in abrégé de l’étude
« Le coût de l’énergie nucléaire en Europe
occidentale », 1994, tome 2 partie 3E de «Les politiques
énergétiques et l’effet de serre», p. 17 et Franco
Romerio, CUEPE, in "Les risques des politiques électronucléaires",
p. 2