D / - Conclusions du commentateur
X) Le nucléaire
(problématique "restreinte"!)
«Nous y avons cru et nous avons eu tort»
[37]
(The Economist)
En dépit d’une expérience de... 40 ans,
les incertitudes sur le coût économique de l’énergie
nucléaire demeurent importantes. Les chiffres ‘’officiels’’ sont
dans le même temps trop faibles et plus assez plausibles pour servir
de base à une politique énergétique prudente. La promotion
de programmes nucléaires sur la base de d’estimations trop basses,
voire carrément irréalistes s’est traduite par des subventions
cachées et surtout par le transfert de ses risques (économiques
et financiers) sur les usagers et les contribuables. Si l’on acceptait
réellement de prendre en compte les incertitudes sur ces coûts
et ses performances, si les risques d’accidents et les coûts écologiques
(les trop oubliées externalités) étaient introduits
dans les comptes, le nucléaire devrait être accru de 30 à...
150%! La comparaison avec la cogénération, les renouvelables
et la maîtrise de l’énergie montre que l’énergie nucléaire,
non seulement n’a pas les avantages affirmés dans les études
officielles, mais est en réalité l’une des options à
faible contenu de carbone les plus chères et économiquement
les plus risquées. L’extension de la durée de fonctionnement
des réacteurs et les investissements liés peuvent être
considérés comme imprudents et, à l’image de l’actualité,
non amortissables. Enfin, les limites légales existantes de responsabilité
en cas d’accident pourraient au moins être relevées d’un facteur
10 comme c’est d’ailleurs déjà le cas aux Etats-Unis car
elles ne sont ainsi que des subventions contraires à la vérité
des prix[38].
Le temps est venu de quitter une approche énergétique
entraînant des choix irréversibles. Au moins avec les autres
sources fossiles, le patrimoine immunitaire et génétique
reste-t-il intact, ce qui n’est pas le cas avec le nucléaire. Celui-ci,
à l’instar de toutes les filières à grande échelle,
a des commercialisations si chères que les gagnantes probables de
ces filières doivent être en réalité décidées
à l’avance; de plus cela interdit la diversification nécessaire
aux nouvelles technologies, diversification permettant d’être à
l’abri d’éventuels échecs: les systèmes énergétiques
qui sauront le mieux résister aux aléas de toutes sortes
qui nous attendent seront ceux qui pourront le plus facilement... ‘’bifurquer’’
[39]. Enfin, ces énormes excédents d’énergie
(et de R&D!) nucléaire, en entravant le développement
des énergies renouvelables et nuisant à une utilisation efficiente
de l’énergie, empêchent l’innovation écologique et
par là même - et il n’en parle donc à aucun moment
-, la création de milliers de nouvelles places de travail.
Annotations:
[37] septembre 1995, quand le Royaume-Uni a renoncé
à construire de nouvelles centrales
[38] IPSEP*, op. cit. p. vii
[39] INESTENE*, in ‘’Comparer des scénarios pour
élargir les marges de liberté’’, 1994, p. 34