Le mobile de ce petit voyage est bien sûr un simple trek, mais j’ai rapidement constaté que les énergies renouvelables sont au tiers monde une véritable bouffée d’air, un atout vital dans de nombreuses situations souvent précaires.
Au Népal, la saison sèche et ensoleillée ne dure que 4 mois (octobre-janvier), c’est la période où la manne financière du tourisme est à son comble dans un pays qui en a le plus grand besoin. Aussi, les népalais assurent au mieux à leurs hôtes un petit confort « à l’occidentale » (eau chaude et électricité…) Dans le quartier touristique de Thamel à Katmandou, nombreux sont les panneaux d’eau chaude solaire qui côtoient en terrasse les réservoirs d’eau de chaque bâtiment:
En remontant les vallées de
l’Everest de Lukla à Kalapatar en passant par Gokyo Peak, les villages
les plus en vue sont électrifiés par des micro centrale hydrauliques
(Namche Bazar, Pangboche), et sur l’ensemble des villages environnants,
la plupart des maisons, mais surtout les lodges disposent de modules photovoltaïques
sur leur toit depuis déjà une dizaine d’années , assurant
ainsi le minimum d’éclairage le soir pour faciliter les tâches
domestiques des familles et leurs enfants:
(Vu un soir dans le lodge de Phortse;
un maître auxiliaire aidant à faire ses devoirs la petite
fille de la maison, il passe ainsi dans toutes les maisons).
L’hospital solaire du bout du monde
Recette:
Prenez un ancien hospital japonais d’expérimentation et d’étude des effets de l’altitude sur le corps humain, faite le reprendre par une doctoresse anglaise et ses collegues, son père ingénieur, son mari directeur d’une société australienne spécialisée dans la production autonome d’électricité, entourez les de beaucoup de personnes de bonne volonté, donateurs en tout genre, ajoutez une bonne touche de courage et de persévérance et vous obtiendrez un hospital d’une douzaine de lits, entierement autonome, au pied de L’Everest 8849m (the top of solar at Top of the World, comme ils disent ici) à 5 jours à pied de l’aéroport le plus proche.
Bureau Etudes Installation: The
Everest Memorial Trust, John Bean - 1, Abrahams Cottages, Fordwells,
OXFORD OX29 9PT – ENGLAND – 44 (0) 1993 878 639 – johnbean@compuserve.com
support : photos
Juste
un mot
Mais cela n’est rien en regard des conditions de vie, vieille mendiante sur son tas d’ordure que l’on retrouvera vide 10 jours plus tard, jeunes cul de jatte sur leur chariot à roulettes qui en sortent en rampant en plein carrefour pour apitoyer le touriste. Mendiant amputé qui se fait remontrer par deux policiers parce qu’il a son pansement ensanglanté (ça fait pas propre pour le touriste), 2 jeunes enfants au visage déjà déformé par la maladie, pas besoin d’être médecin pour tabler sur leur chance d’atteindre l’âge adulte. Malaise, gros malaise, j’avais envie d’être loin, très loin. En regardant les autres touristes, on se rend mieux compte que nous sommes des gros lourdauds d’occidentaux. Le salut fut le départ pour la montagne, le contraste était tout aussi prenant mais au moins il ne donnait pas envie de vomir. Là-Haut, les gens simples et humbles donnent l’impression de vivre mieux, bien que cela soit très dur . Autres impressions en croisant les regards, l’absence de violence, de haine, de jalousie, rien que de la curiosité.
Peut-être pour se donner bonne conscience ou pour soigner notre vanité, d’autres images en vrac : la tête de notre porteur quand il reçu nos vieux vêtements, chaussures et quelques stylos pour ses quatre enfants. Les gros yeux et les mains jointes, comme s’ils recevaient un trésor, de la cinquantaine d’ écoliers de Phortse alignés en rang d’oignons dans la cour. J’avais la tremblote et ce n’était pas l’altitude. L’expression du petit garçon qui ramassait ces bouses de yack (Jakko gobol) dans sa hotte (Doko) près du moulin (hydraulique) à prière du village de Tengboche ; quand je lui ai donné mon dernier critérium (sachant pertinemment qu’il ne serait pas près de retrouver des mines de rechange) il n’a pas fait « Thank you » d’ailleurs cela n’existe pas chez eux, il a fait « Waouuuh ». C’est fou ce que l’on peut faire d’heureux avec de simples stylos et de vieilles frusques. Et pourtant ils n’ont pas tant besoin de « notre modernisme », juste un peu, imposer les routes et c’est des milliers d’emplois de porteurs (Kulli) et guides (Sirka) et autres réduits à néant. Juste un petit coup de main, si vous doutez de l’honnêteté des organismes traditionnels, vous avez bien parmi vos proches un quidam en partance pour un de ces pays lointain, alors chargez le bien comme un mulet de ces petites choses utiles, si il rouspète dites-lui bien que c’est pour la bonne cause, là-bas, il y a des gens qui attendent ; pour pas que le petit garçon au Doko, lorsqu’il n’aura plus de mines à son crayon se dise dans sa langue : « salauds d’occidentaux, ils m’ont bien b… »
Donnons, donnons, on est encore trop riches
Namaste Brother et n’oublie pas: love.