Actualité du moteur Stirling
2004
Source ADIT: France, une centrale électrique solaire miniature
à l'étude dans les Pyrénées
[vendredi 09 juillet 2004
Structure soutenant la parabole-miroir
© AFP Raymond Roig
ODEILLO (AFP) - Une parabole-miroir de huit mètres de diamètre
associée à un moteur transformant la chaleur en énergie
mécanique: un mini-générateur électrique solaire
inédit de 1O kW est soumis depuis fin juin à l'oeil critique
des chercheurs du laboratoire du CNRS d'Odeillo.
Dans dix ou quinze ans peut-être verrons-nous
fleurir les "assiettes" de quartier. "De quoi faire tomber la combustion
des énergies fossiles de 10 à 15 pour cent, réduire
les émissions de CO2, freiner le réchauffement de l'atmosphère
et ses catastrophes annoncées", expliquent les chercheurs.
Les principes théoriques en sont connus depuis
longtemps. La "concentration" des rayons solaires sur des miroirs, pour
créer des hautes températures, est la spécialité
du laboratoire du CNRS de Font-Romeu, le centre solaire des hautes températures,
à 1500 mètres d'altitude, dans les Pyrénées.
Le moteur Stirling, du nom de son inventeur en 1816,
est basé sur le cycle compression à chaud et détente
à froid d'un gaz, grâce à un apport externe de chaleur.
Il produit assez d'énergie pour entraîner un alternateur.
"L'association des deux n'est toutefois pas aussi
simple qu'il y paraît. Les paraboles doivent être optiquement
efficaces, les coûts de production et d'entretien permettre une exploitation
commerciale", explique Jean-Michel Gineste, responsable du projet au sein
du laboratoire PROMES (Procédés-Matériaux et Energie
Solaire) du CNRS.
La parabole-Stirling
© AFP Raymond Roig
Déjà expérimentée en Allemagne
(principal financeur du programme) et en Espagne, la parabole-Stirling
trouve à Odeillo, en altitude, des conditions d'ensoleillement "extrêmes"
et des échanges thermiques amplifiés (soleil brillant, journées
fraîches ou hivers froids), permettant d'étudier le dispositif
dans des conditions sévères.
"Il faudra deux ans de mesures détaillées
et permanentes pour en améliorer les rendements déjà
intéressants", expliquent les chercheurs. Les paraboles-Stirling
de taille modeste, sont déjà plus efficaces que les systèmes
photo-voltaïques, et juste un peu moins que les éoliennes.
"Laissée en sommeil au milieu des années
80, après l'atténuation des effets des chocs pétroliers,
l'électricité solaire est de nouveau en pleine lumière:
non polluante par définition, elle peut permettre de réduire
de manière significative les émissions de gaz à effet
de serre", explique le scientifique.
"Pour produire de l'énergie, par définition,
il faut du soleil. Et la +ceinture solaire+ de la terre correspond en général
à des zones arides ou semi-arides, où l'installation de paraboles
peut se décliner de multiples manières", explique Jean-Michel
Gineste.
"Fermes solaires" de taille industrielle pour une
production massive, ou installations décentralisées individuelles,
les paraboles relativement petites sont d'une mise en oeuvre facile.
L'électricité produite pourrait permettre
l'extraction de l'hydrogène à partir de l'eau. Le soleil
fournirait ainsi les carburants de l'avenir dans les zones ensoleillées
et peu développées, pour une utilisation dans le Nord développé.
Un enthousiasme nouveau s'est emparé des
équipes d'Odeillo, de nouveau à la pointe de l'actualité.
Cet automne, un laboratoire européen verra le jour, expliquent les
chercheurs, mettant en commun toutes les énergies scientifiques
solaires de notre continent.