VI / Biomasse
«idée des Brésiliens de fabriquer de
l'essence pour les voitures avec de la canne à sucre ou de betterave»
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Mise en perspective: un tiers de la planète vit grâce à
des énergies absentes des statistiques et qui représente
pourtant 10% de la consommation mondiale, phénomène dont
la discrétion est proportionnelle à l'importance. Les
chiffres et les bilans des "institutionnels" ne disent ainsi rien, ou presque,
sur une part importante des ressources énergétiques utilisées
dans de vastes régions du monde (Afrique, Asie, Amérique
latine…), "oubliant" le bois et ses déchets, les pailles de céréales,
les déchets animaux et végétaux, tourbe, etc. qui
représentent pourtant 40% de l'énergie du tiers monde (même
si elle est actuellement essentiellement prédatrice):
Alternatives Economiques, hors-série No 17, juillet 1993
C'est donc là qu'il faudra concentrer nos efforts, plutôt
que de continuer à se donner des objectifs irréalistes dans
le seul domaine de l'effet de serre et à prôner des mesures
exclusivement techniques coûteuses qui ne permettront de toute manière
pas de les atteindre… Une explication a été donnée
plus haut - paragraphe "problèmes connus du nucléaire"
- au sujet de la différence entre énergies primaire et finale…;
une autre vient-elle de ce que derrière le vocable (rébarbatif?)
"biomasse" se cachent plusieurs formes, parfois peu… ragoûtantes:
déchets urbains, déchets de l'agriculture et des industries
alimentaires, etc.?
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Exemple de la France (1990)
Energies renouvelables commerciales et non commerciales
Type
Mtep/an
Biomasse
7,70
Déchets urbains
0,71
Déchets industriels
0,77
Géothermie
0,16
Energie solaire
0,04
Pompes à chaleur
0,58
Total
9,97 (sur 237 = 4.2%)
(Source : CEA/DSE d'après l'Observatoire de l'énergie,
1993)
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En ce qui concerne les "bio-carburants", on sait mieux maintenant, que
la filière de ces cultures n'est pas intéressante d'un point
de vue énergétique; elle ne l'est pas non plus d'un point
de vue écologique (à part peut-être la "filière
courte" de l'huile de colza ou de tournesol pouvant être utilisée
directement de la production dans les tracteurs) car ces matières
premières présentent le désavantage d'une concurrence
potentielle entre les usages énergétiques et alimentaires.
Plus techniquement, les aides fiscales en faveur des bio-carburants
sont critiquables à plusieurs titres:
-
l’objectif final (promotion de carburants propres) s’est effacé
au profit de celui de soutien d’activités agricoles,
-
les agriculteurs ainsi subventionnés sont parmi les plus prospères,
particulièrement pour les céréales,
-
cette aide (1,2 milliards en 1998) n’a qu’un faible intérêt
énergétique comparé à ce qui pourrait être
obtenu par d’autres voies de maîtrise de l’énergie.
Pour le "bois énergie", la plus ancienne
énergie renouvelable, souvent la seule ressource dans les pays
les plus pauvres et s'il est relativement répandu en France [128]
en
habitat individuel (1/4 des résidences principales = 6,5 millions
de maisons = 8,2 Mtep), cela consiste tout de même en une sous-valorisation
d’une ressource bon marché: il existe malheureusement dans ce pays
le paradoxe que le bois se développe "grâce" à EDF,
comme… appoint au chauffage électrique pour faire face aux "effacements
de jours de pointe", le plus souvent dans des inserts au rendement exécrable!
Pourtant, dans la mesure où l'exploitation respecte les cycles de
renouvellement, il s'agit d'une énergie mondiale estimée
à 12 Gtep (à comparer aux 8 Gtep mondiaux actuels!) …si une
volonté politique se développe, grâce aux technologies
nouvelles qui permettent déjà de répondre aux diverses
contraintes (stockage, poids, manutention) et donc aux idées reçues!
Annotations:
[128] Fait intéressant: la France
est le premier pays forestier européen...
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