IV / Nucléaire "classique"
a) Généralités
«Quand on pense à l'environnement, le nucléaire
vaut la peine qu'on y réfléchisse»
|
Autre assimilation et abus de langage: il s'agissait en l'occurrence
des rejets (soi-disant nuls) en CO2, seuls garants d'un environnement
préservé… Outre le fait que ces rejets
ne sont pas du tout minimes - il faut prendre en considération toute
la chaîne du nucléaire depuis les mines jusqu'au transport
des déchets [43]-, c'est aussi oublier
bien vite tous les autres effluents radioactifs ou non - métaux
lourds, sulfates, acides, ammoniaque, etc. (voir Annexe
3). Les ER, elles, ne produisent pas ou peu de CO2
et de plus, leur mise en oeuvre nécessite des transports plus
courts de matériaux plus légers…
Remarque subsidiaire: «EDF dénonce
(en France…) avec véhémence le CO2 comme un danger
pour la planète mais construit en Espagne, en Chine, etc. des centrales
à charbon de plusieurs milliers de MW; le CO2 français
serait-il plus virulent que le CO2 espagnol, chinois?»[44]
Pour le problème des déchets, du fait des périodes
de temps d'une longueur difficilement concevable et outre qu'il faudra
également "un certain temps" avec l'encore hypothétique "nucléaire
renouvelable" pour les éliminer, résumé de ma position
en quelques questions. Comment résoudre de façon satisfaisante
leur stockage pendant des… millénaires en les comparant:
-
1) à l’évolution de l’humanité: 1 million d’années
(pour le Pu239, ½ vie = 24000 ans) pour être "dans le bruit
de fond" naturel alors que l’homo-sapiens est apparu il y a 100 à
200’000 ans et que Cro-Magnon est daté de 40'000 ans (début
de l’ère "moderne")! Nous qui en sommes à la «cyberculture»,
nous rendons-nous compte qu’il y a «seulement» 5000 ans, on
ne connaissait même pas l’écriture? Et croirions nous que
les préoccupations resteront les mêmes dans des dizaines de
milliers d’années?
-
2) aux soubresauts de l’histoire
-
3) sans parler des catastrophes géologiques dont nous ne connaissons
qu’un (et pour cause…) lointain et vague historique!
Contrairement aussi à ce que tout le monde semble croire, le recours
au nucléaire ne permettra pas de réduire de manière
significative la combustion d'agents fossiles, car - outre
sa part minime dans le bilan mondial…- l'argent investi dans
le nucléaire (nouveau ou traditionnel) n'est plus disponible pour
les économies d'énergie, les ER, etc…
Il a été signalé la croissance inhabituellement
rapide du nucléaire par rapport aux autres sources d'énergies,
avec comme explication le fait qu'elle était aurait été
«désirable»… Une explication en deux points est
donnée à ce "miracle", la première dans le paragraphe
au sujet du "secret", la seconde dans le chapitre sur le "nucléaire
nouveau", au sujet de la démocratie.
«Le réacteur à eau
légère, dont le succès extraordinaire depuis 50 ans
est dû à sa simplicité…»
|
Qu'il soit permis de sourire, aussi bien au sujet du prétendu succès
[45], qu'au point de vue "simplicité"! Pour
contrebalancer ce jugement paraissant seulement ironique, rappelons le
rapport d'activité de la DSIN publié en février 1997:
«tous ces incidents témoignent d'une maîtrise encore
imparfaite de la réalisation ou du maintien de fonctions importantes
pour la sûreté des installations»[46].
Nous étions tout de même 25 ans après le lancement
de la filière électronucléaire française!…
Deux autres jugements d'importance:
-
«L’énergie nucléaire ne constitue
pas une source d’énergie appropriée pour l’avenir. Elle pourrait
être acceptable si étaient réglées les questions
de la prolifération des armes nucléaires, le transport des
déchets radioactifs et la sécurité au niveau des réacteurs.
La surveillance des matériaux nucléaires coûte considérablement
plus cher que développer une énergie renouvelable. D’autres
sources telles l’énergie solaire ou éolienne devraient constituer
des solutions de remplacement viables»[47]
-
«Le nucléaire n'est pas seulement un
moyen inefficace pour combattre l'effet de serre, mais il empêche
l'application de solutions efficaces»[48]
Un clin d'oeil en forme d'écho au "succès":
«Les déserts fleuriront, l'eau de mer deviendra eau
douce, les montagnes pourront être déplacées, les rivières
détournées, des complexes agro-industriels surgiront autour
des centrales électronucléaires, entourées de serres,
comme un petit paradis»! [49]
b) Problèmes "connus" du nucléaire
(selon la terminologie du conférencier)
«Si le nucléaire sature, c'est
qu'il a rempli la "niche" qui résultait dès le départ
de ses limitations», (…) «en France, les ingénieurs
des Mines ont géré le nucléaire ("une seule tête")
et tué l'innovation avec un seul but: le coût le moins cher» |
Puisque le mot de "départ" est explicitement
formulé, faut-il encore et toujours rappeler qu'une grande part
de tout ceci est due à l'origine militaire des projets
[50], avec ses multiples procédures dérogatoires
du droit et le secret comme corollaire: l'armée
française a toujours su préserver ses liens avec les fabricants
d'électricité civile [51]. D'ailleurs,
comment le - soi-disant - civil aurait-il pu dépenser tant d'argent
et de… cerveaux?
Au sujet de ses origines, il y aurait d'ailleurs un développement
à faire sur différents points: les causes du choix de cette
énergie, celles de sa récession, mais aussi sur son antériorité
ou pas par rapport à la crise énergétique de 1973-74.
Beaucoup d'analyses ne sont ni satisfaisantes ni convaincantes du fait
de l'enchevêtrement des raisons économiques, politiques, militaires.
Pour résumer: d'une part, la "guerre froide" y a sa part; faut-il
rappeler l'explosion de la première bombe soviétique à
hydrogène en août 1953, que "Atoms for Peace" date du 8 décembre
suivant et que la conférence de Genève en août 1955
a consacré la naissance du nucléaire civil? D'autre
part, malgré l'opinion largement partagée (probablement manipulée,
comme pour tout ce qui touche les "choix technologiques de prestige"[52]…)
d'un nucléaire lancé en réponse à la crise
pétrolière, rappelons les difficultés
de la filière US (dont nous avons hérité..) qui étaient
déjà patentes avant 1974, à tel point qu'il est possible
de dire qu'elles ont même «rendu possible l'activation politique
de la contrainte de la dépendance pétrolière»[53].
J'ai parlé de secret d'information mais pas
de désinformation: il est symptomatique de continuer de lire ou
d'entendre que «les concentrations de substances radioactives
résiduelles qui pourraient se trouver dans la biosphère seraient
insignifiantes par rapport à la radioactivité naturelle»; il
en existe de multiples exemples [54], tel Science
et… Vie (!) qui intitulait un article: "Un océan de radioactivité"
[55]. Ce
jugement est non seulement vicié, il est… vicieux: «Le
soleil et la terre sont naturellement radioactifs [56];
mais c'est seulement lorsque cette radioactivité a… naturellement
décru, selon des lois maintenant parfaitement connues et immuables,
que la vie a pu, peu à peu se révéler et évoluer.
Le nucléaire et donc l'augmentation de la radioactivité sur
terre, c'est la régression et le retour à une terre stérile.
Ainsi faut-il retourner le fallacieux argument et proclamer que c'est justement
parce qu'il existe encore de la radioactivité naturelle qu'il ne
faut surtout pas l'accroître [57]».
Dans ce contexte de secret, il peut être légitime d'exprimer
la crainte d'un risque qui pourrait "secrètement perdurer", pouvant
être appelé "prospective ou même collusion militaro-industrielle"
et s'articulant en quelques points (non sériés):
-
Les "establishments" nucléaires pourraient utiliser
l'énergie nucléaire comme une couverture derrière
laquelle ils pourraient rester prêts à redémarrer la
production d'armes nucléaires [58] en
les concevant de façon à ce qu'elles puissent être
converties avec le plus de facilité et le moins de délais
pour la production d'armes atomiques, en déclarant que «c'est
juste au cas où quelqu'un nous duperait; nous garderions nos réserves
d'uranium; nous garderions nos développements aussi secrets que
possible; nous construirions nos centrales, non pas là où
la production d'énergie serait la plus avantageuse, mais là
où elles seraient le mieux protégées contre une attaque
ennemie»[59].
-
Continuer à dépendre de l'énergie nucléaire
est un obstacle complexe qui handicape aussi le désarmement nucléaire.
-
Même le (modeste) début de séparation
des deux types de nucléaire (civil et militaire) est en train d'être
érodé par des propositions de fabrication de tritium pour
les armes nucléaires à l'intérieur de réacteurs
nucléaires commerciaux et par des projets de conversion des surplus
de plutonium militaire en combustible nucléaire [60].
(Voir également le projet français "Mégajoule").
-
On ne pourra donc jamais exclure le risque de terrorisme
nucléaire ou "seulement" de pertes de matériaux [61],
que le nucléaire soit nouveau ou pas, qu'il soit stoppé ou
non, sans compter que 110 pays n'ont pas de système
de surveillance pour les matières radioactives utilisée en
médecine et dans l'industrie, selon l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA) [62]. Une
mesure politique efficace de résolution de tous ces problèmes
ne serait-il donc pas une élimination progressive de l'état
de secret à l'intérieur de "l'establishment nucléaire"?[63]
"On" se permet également souvent de comparer la radioactivité
naturelle et celle artificielle, cela n'a pourtant guère de signification:
outre que l'une est diffuse et que l'autre est le plus souvent concentrée,
surtout en cas d'accidents, parlons de choses comparables (principe
de base de toute démarche scientifique). La
moindre des choses serait d'utiliser les mêmes unités:
ces "fameux" 7'000 Becquerels de Potassium 40 d'un adulte de 85 kg ne font
que 0.08 Bq/g et c'est ce chiffre qu'il faut comparer
aux 10 ou même 100 Bq/g du non moins fameux "rapport Le Déaut"
[64]
qui propose de ne plus soumettre à aucun contrôle - et par
là à autoriser - la dissémination de tous déchets
d'activité supérieure [65].
Si maintenant on compare ces Bq non plus aux concentrations
mais aux quantités, la différence devient alors incommensurable:
en effet, il a été tout simplement "oublié" que les
seuils [66] figurant dans ce rapport définissent
une limite de quantité et ce sont donc des quantités illimitées
de déchets contaminés qui pourront être rejetés
dans l'environnement. En outre, il ne s'agit pas des mêmes isotopes
et la radioactivité artificielle se concentre dans les chaînes
alimentaires, jusqu'au lait féminin. Donc,
chiffrer le risque d'une radioactivité artificielle par une comparaison
avec la radioactivité naturelle est parfaitement fallacieux [67],
même et surtout si elles s'additionnent et probablement agissent
de manière synergique avec tous les autres agents cancérigènes.
Note: A propos des seuils, le décalage qui existe entre
ceux-ci et les rejets n'est pas l'indice d'une bonne gestion de l'environnement:
quand un exploitant comme EDF se glorifie de ne rejeter que 1% des limites
autorisées, il souligne par là même que l'administration
lui a accordé des autorisations de rejets 100 fois supérieurs
à ce dont il a actuellement besoin! De telles autorisations,
à l'évidence, n'assurent pas une bonne information des populations
sur ce qui est réellement rejeté. En outre, elles risquent
de rendre illusoire le contrôle des rejets par l'administration,
un incident important qui conduirait à rejeter 10 fois l'activité
normalement rejetée en un an restant largement à l'intérieur
des limites autorisées. (Gazette Nucléaire No
159/160, p.28)
Une application du "principe de précaution" pourrait
être montrée ci-dessous:
(Source: Science et Vie, avril 99)
La "communauté scientifique s'accordant
- enfin! - aujourd'hui pour reconnaître qu'il n'existe pas de seuil
et que donc, toute dose se cumule, supprimer ce qui n'est pas observé
voudrait faire ignorer un fait largement et mondialement prouvé:
une irradiation, qu'elle soit naturelle ou artificielle, qu'elle
dépasse ou non des normes, entraîne des conséquences
certaines,
même si ces conséquences sont "stochastiques" et non (encore…)
parfaitement connues: voir par exemple les résultats d'Alice M.
Stewart sur la relation entre les leucémies infantiles et le rayonnement
naturel
ambiant, principale cause de mortalité précoce,
dommages
chromosomiques pouvant se manifester sur de nombreuses générations
cellulaires après l'irradiation [68]…
Alors pourquoi cette "ignorance"? "LA" réponse peut être donnée
sous forme d'une question: «à quoi bon surveiller et stocker
des déchets dont la radioactivité est d'un niveau comparable
à celle de la nature?»…
Combien de temps faudra-t-il donc pour prendre conscience
et éviter que se renouvelle avec le nucléaire le triple traumatisme
qu'a connu par exemple la France, avec les crises des houillères,
de la sidérurgie et des chantiers navals? [69]
Sera-t-elle la dernière à ignorer que plus il y a "cascade
d'intérêts", plus il y a dépendance par accumulations
des multiples facteurs extérieurs (accidents, pannes, malveillance,
etc.), alors que les combats de la biodiversité nous enseignent
que plus de variété égale plus d'adaptabilité?
Il est un premier maître mot qui apparaît - à juste
titre - de plus en plus souvent: celui de diversification. Mais
à la réflexion précédente, rajoutons-en une
complémentaire: dans tous les milieux et dans de nombreuses discussions,
il est fréquent de parler de la richesse des pays en parlant de
celle de leurs sous-sols, de plus, on pense toujours au problème
des pays importateurs; mais quid de celui des exportateurs, quand ces ressources
seront épuisées ou même avant, devenues non économiquement
rentables? Ainsi «considérer toute richesse non-renouvelable
comme un bien commun de l'humanité (…) serait la moindre des choses,
c'est une évidence»[70],
au lieu de nous comporter comme d'ignobles... usufruitiers!
Nous devrons donc en rajouter un second, celui d'adaptabilité:
ceci permettra d’être à l’abri d’éventuels échecs
(et d'accidents, naturels… ou pas). Oeuvrons donc à ne plus nous
faire les apôtres d'une pseudo-énergie miracle, quittons
une approche énergétique entraînant des choix irréversibles
[71].
«Craintes des accidents majeurs - problème
des déchets radioactifs - Plutonium et prolifération - compétitivité
(au moins dans certains pays)» |
Accidents: la probabilité d'un accident majeur fait l'objet
d'une polémique sans fin: un accident tous les 100'000 ans/réacteurs
selon les fabricants de centrales alors que l'on en a déjà
comptabilisé un pour moins de 6'000 ans/réacteurs dans le
monde [72]. Autre incertitude
troublante: un phénomène pourtant connu depuis le début
du 19ème siècle et qui commence seulement à être
quantifié est que particulièrement dans la région
Rhône-Alpes - championne du monde de concentration nucléaire…
-, les effets des séismes sont plus importants dans les vallées
que sur le reste du relief [73] Paradoxalement,
cette incertitude entraîne l'impossibilité d'implanter une
nouvelle centrale au Carnet! (Gazette Nucléaire, janvier
1994, p.4).
Allons, le nucléaire n'est pas que de la théorie,
en plus du "zéro défaut" impossible, comment oublier l'influence
primordiale du facteur humain, particulièrement dans la fiabilité
d'une centrale nucléaire? A combien ont été et
qui a chiffré les coûts humains, environnementaux et économiques
d'un nouvel accident majeur? [74]
Même si le produit des termes gravité multiplié
par probabilité peut être considéré comme
éventuellement constant par compensations, le "choix" d'une filière
relève d'un niveau politique, voire éthique, généralement
occulté, domaine esquissé au paragraphe "démocratie".
En outre, la chaîne électro-nucléaire n'est pas
exempte d'émissions carbonées (et autres), notamment
via le béton et les engins des travaux d'infrastructures des centrales
et le fonctionnement de celles-ci (pollutions chimique et thermique des
rivières ne sont qu'un exemple).
En complément d'information, voici la comparaison
entre les impacts sur l'environnement (a) et les risques (b), classé
en ordre croissant [75]:
(a) 1er: solaire et géothermie, 2e:
biomasse, 3e: hydroélectricité, 4e:
nucléaire et combustibles fossiles
(b) 1er: solaire, 2e: géothermie
et biomasse, 3e: hydroélectricité, 4e:
combustibles fossiles et nucléaire; sans commentaires…
Plutonium: il a été (justement) évoqué
l'importance des stocks mondiaux, mais en "image figée"; pour relativiser
la capacité de le détruire - par quelque méthode que
ce soit… - voici la version "évolutive":
(Source: Alternatives Economiques, No145, févrer 1997)
Compétitivité, prix [76]?
Arrivés ici, il est nécessaire de faire un peu le point,
mais comme les coûts n'ont que seulement été
évoqués, indiquons quelques éléments:
-
On peut lire dans un Numéro du "Courrier CERN",
«une étude menée sur la version thermique (de
"l'amplificateur d'énergie") corroborée par des spécialistes
du laboratoire d'économie de l'énergie à Grenoble,
aboutit à un prix unitaire légèrement supérieur
à celui des centrales nucléaires françaises (le prix
de la version à neutrons rapides, probablement encore moindre, reste
à évaluer) [77]».
-
Une simple question: «existe-t-il une
personne en France ou au monde qui soit capable de prouver le prix d'une
quelconque filière nucléaire, et partant, celui du kWh nucléaire? Selon
le Ministère de l'industrie français [78],
il est de 24 à 26 centimes (je signale qu'il donne 17 centimes pour
la cogénération ou pour l'hydraulique) mais qu'il est supérieur
à 35 centimes (et jusqu'à 50 centimes selon les hypothèses
[79])
dans les autres pays: encore une spécificité française.
-
Ses coûts de fin de cycle sont beaucoup plus
lourds que pour toutes les autres énergies [80]…
Et qui sait combien coûte exactement un démantèlement
et surtout qui doit le financer? La Cour des Comptes dans son rapport
de 1998 indique que les charges futures incombant à EDF et relatives
aux opérations de retraitement, de conditionnement et de stockage
des déchets tourneraient autour de 400 milliards de francs. le coût
de démantèlement est lui estimé à 171 milliards. Pour
faire face EDF se constitue un portefeuille qui se montera en l'an 2000
à ... 22 milliards. La Cour précise « les solutions
retenues ne sauraient garantir la disponibilité des fonds à
moyen et long terme» [81]. Selon
d'autres estimations, il représenterait entre 10 et 40% de l'investissement
initial, voire parfois 100%, c'est-à-dire de 50 millions à
plus de 3 milliards de dollars pour les gros réacteurs [82]; ensuite,
les provisions pour la gestion des déchets et le démantèlement
sont actualisées à 8% et intégrées dans le
budget d’EDF, qui crédite de fait ses provisions d’un intérêt
très supérieur au taux de rémunération du marché
qui n’a été que de moins de 2% durant les dernières
décennies et gonfle artificiellement sa richesse [83].-
Deux réflexions sur les taux:
1) Appliquer un tel taux de 8% revient à considérer que
les dépenses futures sont minuscules et en conséquence, à
faire porter le poids de la gestion des "débris" du programme nucléaire
actuel à des générations qui n'en auront pas l'usage;
il ne s'agit en l'occurence pas d'une considération qui pourrait
être ironiquement qualifiée "à coloration éthique"
mais simplement d'un calcul de rentabilité économique "habituelle"
(à laquelle, il est vrai, les... divinités échappent!).
2) «La décision, le 5/3/74 du Conseil
interminitériel, d'engager un programme électronucléaire
massif (60 réacteurs jusqu'en 1985 et 300 milliards de F - de 1974,
le triple en 1994) a provoqué une hausse des taux d'intérêts
qui n'est pas étrangère au retard de modernisation daont
a tellement souffert l'économie française au début
des années 80»[84]
-
Autre problème d'intérêts: ils ne sont intégrés
que pour une durée de construction de 66 mois (un peu plus de 5
ans), alors que les constructions réelles durent entre 10 et 12
ans.
-
Sans parler de l'influence de l'autoconsommation de l’industrie
nucléaire qui a représenté jusqu'à… 11 réacteurs
[85] et des coûts de maintenance qui ont doublé
entre 1974 et 1994 (tenus secrets, dit-on à EDF, pour des raisons
de secret commercial, aussi devons-nous nous contenter du document trimestriel
"Les coûts de référence. Production électrique
d'origine thermique" du ministère de l'Industrie...).
-
En résumé, après intégration
de ces "oublis" (et d'autres passés sous silence ici), la filière
nucléaire se situerait dans une fourchette de 30 à 50 centimes
par kWh au lieu des 24 à 26 officiels ci-dessus [86]…
Il n'est donc pas déraisonnable de parler de manipulation
des chiffres dans les habitudes comptables du "monde nucléaire",
et particulièrement quand les "autorités" annoncent que l'électricité
représente 37% de notre production énergétique
contre 39% pour le pétrole, alors que selon la comptabilité
internationale cela ne fait que moins de 20% de notre consommation contre
49% pour le pétrole: vous l'aurez sans doute compris, ceci sert
à faire croire que l'électricité "est devant" le pétrole
et à "gonfler" le… cocorico de notre indépendance énergétique
[87].
J'ai volontairement souligné production, car le nucléaire
ne représente "que" 15% de l'énergie
finale. En complément,
voici la distribution des consommations d'énergie finale en France
(1996) selon les statistiques françaises et selon le système
international - où l'on voit "miraculeusement" la part des ER
multipliée par DEUX :
(Source: Les Verts, "Le nucléaire et la lampe à pétrole",
op.cit.)
Ceci pouvant paraître être dit sur un
ton trop personnel, voire partisan, voir en Annexe 4
un résumé du jugement de Yves Lenoir, Chef de projet au Centre
Automatique et Systèmes, de l'Ecole des Mines (Paris) [88].
Il est aussi nécessaire de rappeler que le reste du système
industriel (en tous les cas français) ne bénéficie
pas de la même "connivence" en ce qui concerne les rapports entre
administration, système bancaire, responsables industriels et… syndicaux,
entraînant de facto une forme - voire une garantie - d'irréversibilité
expliquant la fameuse "singularité française", ainsi que
le danger de situations quasiment irréversibles du fait de choix
rigides liés à la lourdeur des investissements et pour tout
dire liées au lobbying (politique, publicitaire, etc.) des nucléocrates.
Enfin, un autre aspect de "bricolage budgétaire" sera évoqué
au paragraphe XI, celui des subventions et de la R&D.
c) Autres problèmes
«efficacité thermodynamique basse comparée
aux technologies concurrentes» |
Il est vrai que quand on pense au progrès technique dans le domaine
énergétique, on évoque presque naturellement les technologies
de pointe (il est courant d'utiliser aussi "mégatechnologies"),
les forages offshore et le… nucléaire; mais les lois de la thermodynamique
sont incontournables et l'on n'ira pas plus loin pour nos centrales
nucléaires qui ont moins de 30 % de rendement. Tandis que des progrès
très importants ont été réalisées depuis
10 ans dans les techniques non nucléaires, qui permettent de produire
de l'électricité allant jusqu'à 90% de rendement,
par la cogénération en particulier.
Annotations:
[43] D'après une étude de "l'Ökonomie
Institut" de Darmstadt, cela donne au minimum 28 grammes / kWh; multiplié
par les 376 tWh nucléaires produits par EDF (en 1997) cela donne
plus de 19 millions de tonnes sur les 367 = 3%, soit PLUS QUE L'AGRICULTURE…
(Source: Réseau Sortir du Nucléaire, in "EDF, le nucléaire
ou l'art de la désinformation", avril 1999)
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[44] Gazette Nucléaire 173/174,
op. cit.
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[45] «Changer le paysage énergétique
mondial demande des générations; il a fallu 100 ans d'investissements
massifs à l'hydroélectricité pour dépasser
2300 THW/an; après 50 ans d'investissements encore plus massifs,
la contribution de l'énergie nucléaire (2200 TWh/an) est
limitée à moins de 6% des besoins mondiaux d'énergie
primaire» (Systèmes Solaires, No 124, p.30)
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[46] Source Les Verts, "Le nucléaire
et la lampe à pétrole", op.cit., p.45
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[47] Déclaration du PNUD du 28 février
1997 à New-York, source AFP, d'ailleurs en totale contradiction
avec les déclarations de l’AIEA autre agence de l'ONU
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[48] Peter Hennicke, membre d'une commission
d'enquête sur l'effet de serre du Parlement allemand
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[49] Glenn Seaborg en 1951, prix Nobel de
chimie (qui vient d'ailleurs de décéder en mars - Source
Brabant-Ecologie) mais qui n'avait cessé de militer contre la bombe
atomique, dont il était pourtant l’un des pères car découvreur
du plutonium: il paraissait difficile de ne pas rappeler cette envolée…
messianique, risquant de faire oublier, comme telle, que la prédiction
finale était "le sabre et non la paix"!
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[50] Son «marché prospectif»?
(sic): se rappeler simplement que l'activité civile française
pour la réalisation de réacteurs nucléaires de puissance
ne prit réellement place dans les programmes du CEA que lorsque
sa mission première fut remplie: produire facilement du plutonium
de qualité militaire pour la bombe…
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[51] «J'avais en effet compris,
disait le général Charles Ailleret, que l'un des dangers
les plus grands qui menaçaient le programme militaire était
l'opposition que j'ai souvent signalée de 1' "atome militaire" à
1' "atome civil". Nous avions déjà réagi en cherchant,
chaque fois que c'était possible, à proposer une promotion
parallèle et coordonnée de programmes civils et militaires
s'appuyant l'un sur l'autre. J'ai toujours veillé à ce que
nucléaire civil et nucléaire militaire aillent de pair»
(Robert Bell, Les péchés capitaux de la haute technologie,
Le Seuil, Science ouverte,, Paris, 1998)
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[52] La France n'est pas la seule: «above
all, it could contribute very gratly to national prestige», M.
Gowing, Independence and Deterence Britain and Atomic Energy, 1945-1952,
vol.2, 1974, p.300, cité par M.Damian, chercheur à l'IEPE,
maître de conférences en économie à université
de Grenoble dans «Nucléaire: les leçons ambiguës
de l'histoire», communication interne
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[53] M.Damian, ibid. qui cite également
H.P. Green: «the rapid development of atomic power hase become
a primary element in the cold war (…), (…) assure substantial activity
in
the nuclear industry even though such activity cannot be justified on conventional
economic grounds»(!), The Strange Case of Nuclear Power,
The Federal Journal, vol.17, 4-6 1957. On voit que c'est la confrontation
entre USA et URSS qui a servi de moteur au nucléaire, bien avant
le calcul économique d'entreprise et les critères de marché…
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[54] Plusieurs sources: Programmes
de gestion des déchets radioactifs des pays membres de l'AEN/OCDE,
1998; Perline, in «France, poubelle
nucléaire», Raymond Castells, 1999 ou bien l'exposition "Les
rayons de la vie" ayant eu lieu au Muséum d'histoire… naturelle
de Paris, fin 1998!
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[55] «Le premier bilan
"officiel" de la pollution radioactive des océans vient
d'être dressé par les experts d'une trentaine de pays. L'inventaire
des sources est impressionnant missiles, bombes et satellites tombés
accidentellement en mer, réacteurs de sous-marins soviétiques
enfouis à faible profondeur dans la mer de Kara, déchets
nucléaires immergés en profondeur, retombées de la
catastrophe de Tchernobyl, rejets des usines de retraitement des
déchets nucléaires de La Hague et de Sellafield. Et, surtout,
retombées des 423 essais atomiques atmosphériques réalisés
dans le monde entre 1945 et 1980: ils constituent à eux seuls
plus de la moitié de la radioactivité d'origine humaine.
Celle-ci
ne représente pourtant que quelques centièmes de la radioactivité
naturelle des océans» S&V, No 951, décembre
1996
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[56] G.Charpak utilise la formule: «
nous
baignons depuis la nuit des temps dans la radioactivité»
lors d'un déjeuner-débat du 15 mai 1997, (site Internet "GEOSCOPIE",
thème "Environnement, Ecologie")
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[57] Perline,
op.cit. p.15 (Physicienne, diplômée de l'école nationale
des Mines de Paris, docteur ès-sciences, analyste-programmeur et
journaliste scientifique)
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[58] Rappelons qu'une telle possibilité
fut déjà rappelée explicitement par le président
de la General Advisory Committee de l'Atomic Energy Commission, J.R. Oppenheimer,
en… 1946, dans le contexte d'une convention sur le contrôle international
des armes nucléaires et du désarmement nucléaire
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[59] Idées empruntées à
Institute for Energy and Environmental Research (IEER), in Energie &Sécurité
No 6-7/1999
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[60] Un centre de recherche de l'ancienne
Russie est d'ailleurs déjà chauffé avec du plutonium
militaire (Source Science et Vie, mai 1999)
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[61] «Plutonium fugueur: Les
autorités nucléaires britanniques font leur mea culpa. Une
étude publiée récemment par le gouvernement admet
pour la première fois que plus du tiers du plutonium rejeté
dans la mer d'Irlande par la centrale nucléaire de Sellafield, entre
1952 et 1995, a échappé à toute surveillance. Les
autorités estimaient jusqu'à présent que le plutonium
(182 kg au total) était resté sur place, piégé
dans les sédiments. Or, 36% manquait à l'appel lors des derniers
relevés. Le plutonium manquant pourrait être caché
en profondeur sous le sable ou, plus inquiétant, avoir été
emporté hors de la mer d'Irlande par les courants» (New
Scientist, vol.162, n°2183, p.17)
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[62] Sciences Actualités de mars 1999,
publication de la Cité des Sciences de Paris
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[63] Evidemment encore utopique, mais l'utopie
n'est-ce pas ce qui n'est pas encore réalisé ?
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[64] M. Le Déaut qui était en
avril 1992, président de l'Office parlementaire d'évaluation
des choix scientifiques et technologiques, rendait ce rapport sur la gestion
des déchets (dits) faiblement radioactifs. A noter que si en France
ce projet avait, suite à une vive campagne d'information (vers les
citoyens, députés et sénateurs), été
"enterré", il est "ressorti" au niveau européen (projet Euratom)…
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[65] Gazette Nucléaire 171/172
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[66] Il est important de savoir que si la
directive EURATOM du 13 mai 1996 fixe les doses limites tolérées
- 20mSv et 1 mSv, respectivement pour les travailleurs du nucléaire
et pour la population, en remplacement des 50mSv et 5mSv réglementaires
actuellement -, il ne s'agit pas de seuils au-dessous desquels elles seraient
inoffensives, mais correspondent à une nocivité jugée
acceptable économiquement par les autorités!
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[67] Conséquence… imagée, tant
un dessin illustre-t-il mieux qu'un long discours: c'est comme si, constatant
que la foudre tue chaque année en France 15 personnes, on décidait
de s'aligner sur cette limite pour octroyer aux électriciens le
droit de provoquer 15 accidents mortels ou encore, sachant que les séismes
font dans le monde plusieurs centaines de victimes chaque année,
on accordait aux industriels du bâtiment un quota équivalent
pour les effondrements: on s'alignerait ainsi sur les limites de "Dame
Nature" !
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[68] Perline,
op.cit. p. 216
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[69] Un coût dont on ne parle jamais
puisqu'il est (par "volonté" politique) difficilement chiffrable:
la fin de l'exploitation d'une centrale n'est pas sans difficultés
pour toutes les communes environnantes: commerce local, écoles désertées…
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[70] Albert Jacquard, Science et Vie No 983,
août 1999, p.146
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[71] Mais ça bouge, "même en
France": depuis que Framatome a racheté un fabricant américain
de connecteurs, le nucléaire n'est plus sa première activité…
Et l'actualité vient d'ailleurs de nous rattraper avec une publicité
ces jours-ci dans les médias sur cet "avantage" dans notre quotidien,
du genre: «Framatome est près de vous chaque jour, par
exemple quand vous utilisez vos "cartes à puces" ou vos téléphones
portables»…
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[72] Une autre façon de calculer:
quelque 400 réacteurs en service dans le monde totalisent environ
4'000 ans de fonctionnement et deux accidents très graves - Three
Mile Island et Tchernobyl; à partir de cela, les auteurs du rapport
Ramussen (qui durant des années fit autorité en matière
de sûreté nucléaire) ont calculé 95 % de chances
pour qu'une nouvelle catastrophe se produise dans les 20 ans à venir…
(Source: site Internet "Information sur l'énergie nucléaire"
http://www.multimania.com/mat66/
) Une autre façon de calculer: quelque 400 réacteurs
en service dans le monde totalisent environ 4'000 ans de fonctionnement
et deux accidents très graves - Three Mile Island et Tchernobyl;
à partir de cela, les auteurs du rapport Ramussen (qui durant des
années fit autorité en matière de sûreté
nucléaire) ont calculé 95 % de chances pour qu'une nouvelle
catastrophe se produise dans les 20 ans à venir … (Source: site
Internet "Information sur l'énergie nucléaire" http://www.multimania.com/mat66/
); et qu’en sera-t-il de ces prévisions si l’on multiplie le
nucléaire?
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[73] J-C.F. Ladoucette, Note sur le tremblement
de terre piémontais du 2 avril 1808 (histoire, topographie, antiquités,
usages et dialectes des Hautes-Alpes), Paris, 1848, La Recherche
de mai 1999: "Qu'est-ce qui fait trembler Grenoble?"
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[74] Accident majeur que les nucléocrates
appellent maintenant… "urgence radiologique", faisant d'ailleurs
généralement suite à une "excursion nucléaire":
association maladie => naturel => nature du fait qu'un "gourou" nucléocrate
est également médecin (Dr Tubiana) ?!
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[75] Géographie de l'énergie,
op.cit. p.165
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[76] Une idée semble émerger
lentement, encore inconnue du monde nucléocrate, selon laquelle
l'efficacité économique pourrait devenir indissociable et
conséquence de ce que j'appellerais une "légitimité
populaire"…
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[77] Courrier CERN, avril-mai 1995,
p.8
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[78] Voir leur site Internet; mais tout récemment
au Parlement, Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie
vient de reconnaître que le gaz était devenu plus compétitif
que l'atome pour la production d'électricité: par exemple,
si le coût de la construction d'un réacteur nucléaire
de 1400 MW s'élève à 3.75 milliards de FF, il n'est
que de 1.05 pour une centrale de même puissance fonctionnant au gaz
(et l'ouverture du marché européen de l'électricité
n'y est pas pour rien…)
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[79] Florentin Krause, "Le coût de
l'énergie nucléaire en Europe occidentale", IPSEP, 1994
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[80] «Le coût pour les finances
publiques de certaines charges liées au démantèlement
des centrales nucléaires ou au retraitement pourrait constituer,
d'ici 20 à 30 ans, une bombe budgétaire explosive»,
Le
Monde, Commentaire de la rédaction, 21 janvier 1999
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[81] Gazette Nucléaire 171/172,
page 15
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[82] Par exemple, la construction en 1960
du petit réacteur de Yankee Rowe (Massachusetts), d'une capacité
de 167 MW, a coûté 186 millions de dollars et son démantèlement,
30 ans plus tard, en a requis plus de 350... D'ailleurs, rien que pour
les zones militaires américaines, le coût du démantèlement
est désormais estimé entre 150 et 400 milliards de dollars
pour les 30 années à venir…
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[83] Pour le démantèlement des
installations propres du CEA, il n'y a d'ailleurs pratiquement pas de provisions
et l’usine UP1 de La Hague n'en fait même pas l’objet “sur le papier”
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[84] Alternatives Economiques No115,
mars 1994
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[85] B. et R. Belbéoch, "Sortir
du nucléaire, c'est possible avant la catastrophe", L'Esprit frappeur,
1998, résumé des p.55,56: «en 1995, année
de référence, EDF a produit 470,6 TWh. Si l'on rajoute l'autoconsommation
- 28 TWh - aux 70 TWh exportés pour cause de surcapacité,
on atteint presque 100 TWh. Les autres centrales thermiques pouvant fournir
annuellement 190 TWh, avec l'hydraulique -75,5 TWh-, il ne manquerait que
107 TWh soit 30% de la production électronucléaire… Ce qui
fait que 70% des réacteurs français pourraient être
arrêtés IMMEDIATEMENT (à condition) d'un abandon
rapide du chauffage électrique» (voir également
Annexe
5)
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[86] "Compilation" de nombreux documents de
l'INESTENE (Institut d'Evaluation des Stratégies Environnementales
Européennes), Paris
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[87] Les Verts, op.cit. p.32
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[88] Réalités de l'écologie,
No 55, 1994, p. 39
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