Hors du nucléaire point de salut dans les 50 ans à venir. EDF maintient son credo central, soit. Mais cela ne doit surtout pas empêcher de creuser avec plus de conviction du côté des énergies renouvelables, en passant «de l'amateurisme éclairé au stade industriel», affirme aujourd'hui François Roussely, le grand patron.
L'effet d'une vraie révolution culturelle au royaume patenté des nucléocrates? La conséquence des fortes incitations soufflées par le ministre de tutelle - celui de l'Industrie - Christian Pierret? Ou simplement l'enseignement tiré du constat que l'éolien a le vent en poupe dans le monde entier? Ce qui est sûr, c'est que dans un contexte prévisible de «rareté et de disparité de l'énergie», le discours du PDG d'EDF marque une apparente inflexion. «En matière d'énergies renouvelables il faut, dit-il, qu'on change d'attitude. Nous devons faire des progrès, donner du muscle à notre politique.»
Et qu'on se le dise: «l'électricien national», qui revendique déjà un leadership européen en la matière dans l'énergie renouvelable (13 % de la production française mais essentiellement d'origine hydraulique), veut passer à l'acte, en créant «un véritable pôle industriel des énergies renouvelables, éoliennes et solaire en tête». Il prépare d'ailleurs à cet effet des partenariats. Avec Total, Jeumont? C'est possible.
En attendant EDF tient à démontrer qu'il ne s'agit pas d'un simple changement de discours. En amont, sur le versant production, le programme national "EoIe~~2OO5~, qui vise à atteindre une production de 500 MW d'ici 5 ans, prend de l'avance. La centrale de Sallèles Limousis a été mise en service dans l'Aude, 31 projets sont déjà engagés pour une puissance de 125 MW. «Dès la fin 2000, on sera à mi-parcours de l'objectif» assure Jean-Pierre Bourdier, le directeur commercial du secteur environnement.
Energie verte à la demande
En aval, côté consommation, EDF affiche le même
volontarisme au compteur. Là aussi le groupe a la propension à
repeindre la maison en vert. Avec des engagements contraignant à
offrir des économies de consommation autant que des prix attractifs.
Avec l'expérimentation dans les prochains mois d'une tarification
«verte» dans le Nord-Pas-de-Calais. EDF dit à ses clients
«écolos»: pour un surcoût de l'ordre de 5 à
10% nous vous garantissons une électricité renouvelable,
éolienne en l'occurrence.
L'«électricien national» applique déjà avec succès cette politique en Suède. Elle fait ses premiers pas en Allemagne et aux Pays-Bas. Ceci a sa variante anglaise, contradictoire, forcément. En Angleterre, des clients acceptent de payer plus cher l'électricité à condition qu'elle soit produite par le charbon, plus polluant par définition mais made in England! «Greenpricing» en Europe, «blackpricing» outre-Manche…
J-P. Bourdier voit déjà plus loin; non seulement il prépare l'arrivée des compteurs qui identifient les dépenses énergétiques poste par poste (chauffage, éclairage, etc.) mais il lorgne sur les compteurs «intelligents» qui permettent aux Américains de choisir les meilleures énergies au meilleur moment