Tout a commencé avec la campagne
Bravo! de l'Office fédéral de l'énergie.
Dans un premier temps, celle-ci avait donné des conseils pratiques
pour mieux utiliser l'énergie - à la maison et au travail.
La campagne actuelle poursuit un nouvel objectif: l'utilisation économe
de l'énergie grise. Mais avant de découvrir où elle
se cache et comment mieux l'utiliser, il faut d'abord savoir de quoi il
s'agit.
Comment faire passer l'information? La réponse
a été simple: au cinéma! Il y a eu 11 millions de
places vendues en Suisse en 1991 - dont plus de 9 millions à des
jeunes de 14 à 30 ans. Avant le film principal, les informations
sur l'énergie grise atteignent ainsi quelque 300000 cinéphiles
par semaine!
La «chasse à l'énergie grise"
est en fait la bande-annonce d'un film à suspense qui n'a jamais
été tourné. Le vrai film se déroule dans nos
têtes, après la projection. Chacun de nous pensera à
l'énergie grise et se posera des questions. Ft c'est précisément
le but visé.
Le scénario: les «Greyhunters»,
une équipe de battants, hommes et femmes, pourchassent l'énergie
grise qui se cache par exemple dans les camions, les vêtements, les
tunnels de lavage pour voitures, les montagnes de détritus ou les
entrepôts. Plus il y a d'énergie grise dans un produit, plus
les appareils détecteurs se mettent à grésiler et
à s'affoler. Quand, dans la dernière scène, des quantités
de produits submergent les «Greyhunters» sans défense,
le spectateur aura compris qu'il lui faut faire quelque chose, lui aussi,
et vite.
Les investissements matériels nécessaires
pour tourner cette histoire ont été étonnamment modestes.
Pour économiser l'énergie grise, on a renoncé aux
montages hollywoodiens. Toutes les scènes ont été
filmées en décors réels. La centrale de commande,
par exemple, avec ses câbles et ses conduites brillantes, appartient
à une station d'épuration. Et la montagne de détritus
est une véritable décharge de ferrailleur.
Bien entendu, les «Greyhunters» sont
de pure invention, de même que leurs détecteurs magiques.
Mais le cinéaste suisse Ernst Wirz a su réaliser son histoire
avec maîtrise de manière à rendre l'énergie
grise quasiment palpable. Même si, dans notre vie de tous les jours,
personne ne la voit, personne ne la sent et personne ne la touche.
Le b a, ba de l'énergie: rien de mystérieux
Avec l'énergie «Made in Switzerland»,
nous n'irions pas bien loin. L'énergie indigène et renouvelable
(force hydraulique / biomasse) ne suffit pas, et de loin, à couvrir
nos besoins. C'est pourquoi nous devons également importer.
Une partie de l'énergie, telle le bois et
le charbon, peut être exploitée directement. Le plus souvent,
elle doit cependant être transformée avant usage. Ainsi, le
pétrole donne du mazout ou de l'essence, tandis que l'eau ou le
nucléaire fournissent de l'électricité. Un des problèmes
de ces transformations réside dans la chaleur produite, et qui n'est
encore que rarement récupérée.
A cela s'ajoute que nous devons fournir en moyenne
deux fois plus d'énergie à nos appareils, installations et
véhicules qu'ils n'en rendront sous forme de chaleur, de lumière
ou de force motrice (énergie utile). Le moteur d'un véhicule,
par exemple, n'a même qu'un rendement de 25 pour cent, parce qu'il
ne transforme en force motrice qu'un quart de l'énergie contenue
dans l'essence.
L'énergie consommée directement par
nos appareils, installations et véhicules, nous la payons, par exemple,
lors du décompte de chauffage, avec la facture d'électricité
ou à la colonne d'essence. Par ailleurs, nous consommons aussi l'énergie
de manière indirecte. Nous achetons des walkmans, des vélomoteurs,
des jeans, des shampoings, etc. D'autres ont investi de l'énergie
pour fabriquer ces produits : l'industrie, l'agriculture et les services.
Voila
ce que nous appelons l'énergie grise.
L'énergie grise est l'énergie
utilisée pour la fabrication et l'élimination d'un produit
ou la prestation d'un service.
Jongler avec les calories, les joules et les
kWh.
Dans le temps, on parlait de calories. Avec une
calorie, on pouvait réchauffer un gramme d'eau d'un degré
Celsius. Aujourd'hui, l'unité de base est le joule. Un joule permet
de lever un poids de 10 grammes a une hauteur d'un mètre. Cette
énergie équivaut approximativement à un quart de l'ancienne
calorie.
La facture d'électricité nous débite
des kilowatt-heures (kWh). Un kwh équivaut à 3,6 millions
de joules. 1 kwh permet de lever, à une hauteur de 10 mètres,
735 sacs de sable de 50kg
Une autre façon de visualiser cette unité
d'énergie: avec 1 kWh d'électricité, une lampe
économe d'une puissance de 11 watts brûle 90 heures durant.
L'idée du film: l'énergie grise est présente
partout
Dans toutes les productions
On n'en sort pas: ainsi, par exemple, les vélomoteurs
et les voitures avalent d'importantes quantités d'énergie
lors de leur fabrication, avant même de faire leur premier
plein de carburant et de prendre la route. S'il était possible de
transformer en essence l'énergie grise cachée dans une voiture
pesant une tonne, ce véhicule parcourrait allégrement 25000
kilomètres.
Restons-en au trafic routier: l'énergie grise
est aussi présente dans les routes, les tunnels et les ouvrages
d'art. Des quantités énormes d'énergie ont été
investies dans leur construction et leur entretien, énergie que
nous payons avec nos impôts.
Le vélo est un moyen de déplacement
qui coûte peu d'énergie. La propulsion est fournie par notre
propre force musculaire et la part de l'énergie grise liée
à la production des bicyclettes et à l'utilisation des routes
est vraiment modeste.
Sans énergie, il n'y aurait pas non plus
de vêtements. Filatures, teintureries, ateliers de tissage, centres
de confection tous ont besoin d'énergie! Qu'y faire? Au moment
de l'achat, renseignons-nous sur la qualité, la facilité
d'entretien et les possibilités de réparation des habits
et chaussures. Ensuite, portons-les plus longtemps qu'auparavant et entretenons-les
soigneusement.
Dans chaque entrepôt
Le commerce ne saurait se passer des entrepôts,
qui ne sont pas mis en cause ici. Mais là aussi, on utilise de l'énergie
qui se cache finalement dans les différents produits. L'entrepôt
est éclairé, le chauffage fonctionne en hiver et, selon les
cas, on enclenche la climatisation en été. Ensuite, il faut
de l'énergie pour les chariots élévateurs et les ordinateurs.
Evidemment que réparties sur les différents produits, ce
sont des quantités minimes. Mais au total, cela fait quand même
pas mal d'énergie grise.
La consommation d'énergie est encore plus
importante dans le cas des produits surgelés, puisque la chaîne
du froid doit impérativement être maintenue depuis la congélation
sur les lieux de production jusqu'à la décongélation
dans la cuisine. Il est par conséquent évident, que les produits
frais contiennent moins d'énergie grise.
Dans chaque transport
Bien sûr: chaque produit doit être transporté
depuis le lieu de production jusqu'au lieu de consommation. Même
une pomme doit couvrir une certaine distance entre l'arbre et le consommateur.
Ce qui généralement coûte de l'énergie. Par
exemple, de l'essence ou du diesel.
Si on a le choix entre des Golden de Californie
et des Maigold valaisannes, on imaginera les énormes quantités
d'énergie grise grignotées par les pommes américaines
entre San Francisco et Lausanne. Sans parler de la pollution atmosphérique
due aux gaz d'échappement.
Dans chaque emballage
Les emballages sont indispensables quand ils protègent
le produit. Mais pensons aux quantités d'emballages de luxe, d'emballages
bidon et d'emballages d'emballages, bien souvent inutiles, qui doivent
être éliminés à grands frais. Le film y fait
aussi allusion. Pour que chacun pense à acheter des produits emballés
simplement et à bon escient. Ou mieux encore des produits qui ne
sont pas emballés du tout. Comme, par exemple, les fruits et légumes
vendus au détail.
C'est à peine croyable mais en moyenne,
chaque Suisse jette chaque année une centaine de kilos de produits
d'emballage. Ce qui correspond à une énergie grise de quelques
100 kwh. Autant d'électricité suffirait à éclairer
le salon tous les soirs pendant 4 heures avec une lampe économe
de 11 watts - durant à peu près six ans!
Dans tous les déchets
Dans les sacs poubelles gonflés, de grandes
quantités d'énergie jonchent le bord des rues, cachées
dans les produits usés que nous jetons. Nous avons différents
moyens de combattre un tel gaspillage. D'abord, nous pouvons simplement
produire moins de déchets. Dans la mesure du possible, nous achetons
la meilleure qualité, qui dure plus longtemps, et nous évitons
les emballages inutiles. Ensuite, nous trions les déchets. Le verre
avec le verre, le papier à part et les piles aussi, et ainsi de
suite. Ces produits pourront donc être recyclés, l'énergie
grise ainsi économisée et notre environnement préservé.
Comment les «vrais Greyhunters» mesurent
l'énergie grise
Aucun livre de physique ne parle pour l'instant
de «l'énergie grise». Les consommateurs ne s'en soucient
guère, puisqu ils ne doivent pas la payer directement Pourtant,
ils la financent sans s'en rendre compte en achetant des produits et des
services.
Pour déterminer la teneur en énergie
grise, les spécialistes font des calculs fort compliqués.
Ils disposent pour cela de différentes méthodes. Mais plutôt
que l'avalanche de chiffres, c'est l'idée générale
qui nous intéresse ici.
Comment pouvons-nous estimer l'énergie grise
contenue dans nos achats? Une première méthode détermine
la consommation énergétique globale d'un secteur économique,
par exemple de la branche alimentaire. La valeur ohtenue est mise en relation
avec le chiffre d'affaires de la branche.
Résultat un «franc alimentaire»
contient environ 1,5 kWh (c'est-à-dire 6 millions de joules) d'énergie
grise.
Une autre méthode, plus précise, décortique
entièrement le produit concerné. Chacun de ses éléments
est fabriqué individuellement avant d'être assemhlé.
Pour ce faire, on utilise une quantité d'énergie plus ou
moins grande, selon les matières et les procédés utilisés,
et selon le lieu de production. L'évaluation détaillée
tiendra même compte de la colle qui sert à faire tenir l'étiquette
sur l'emballage.
Prenons l'exemple d'une boîte en alu. Avant
de désaltérer, la boîte passe par une dizaine opérations.
Extraction du minerai, fonte, laminage, estampage, soudage, impression,
remplissage, emballage, etc. Chacune de ces opérations consomme
une certaine quantité d'énergie. Que ce soit pour l'exploitation
des machines, pour la fabrication des produits chimiques nécessaires
au processus ou pour les transports. Toutes ces consommations additionnées
représentent l'énergie grise cachée dans chaque boîte.
Elle suffirait à une lampe économe de 11 watts pour nous
éclairer pendant 80 heures!
Les conclusions sont évidentes. Pour nous du moins.
- Tout le monde parle d'économies d'énergie. Agissons,
et tout de suite,
- Achetons des produits de la région, parce que nous savons
que les longs transports engloutissent de grandes quantités d'énergie
grise.
- Suivons les saisons, achetons les fruits et les légumes que
la nature nous offre. D'une part, le goût est meilleur et ensuite,
nous sommes sûrs qu'ils renferment peu d'énergie grise.
- Choisissons mieux les produits, demandons la qualité qui dure
plus longtemps.
- Préférons les articles réutilisables et veillons
à ce que les composants puissent être recyclés. Ainsi,
une partie de l'énergie cachée pourra être réutilisée.
- Assez des emballages inutiles, car nous savons qu'ils contiennent
aussi de l'énergie grise. Achetons des bouteilles et des sachets
avec recharge, autant que possible.
- Constatons que l'énergie grise peut aussi être fort
utile, à condition d'être mise en oeuvre à bon escient.
Par exemple, la production des lampes économes, il est vrai, coûte
30 fois plus d'énergie grise que celle des lampes à incandescence
classiques. Mais cet investissement est déjà amorti au bout
de 700 heures de fonctionnement, parce que la lampe économe consomme
cinq fois moins de courant que l'autre. Sa durée de vie est de plus
dix fois supérieure.
- Plaçons l'énergie grise au centre des discussions.
Parlons-en, argumentons et raisonnons. Faisons comprendre que seul celui
qui connaît l'énergie grise pourra agir.
Montrons l'exemple!
Achetons des produits de la région
Préférons les fruits et légumes de saison
Allons aux magasins les plus proches
Refléchissons deux fois avant d'acheter
Comparons bien les produits
Achetons des produits frais
Préférons les produits de qualité
Lisons les indications du fabricant
Contrôlons les possibilités de réparation au moment
de l'achat
Préférons les bouteilles et emballages rechargeables
Préférons les matériaux recyclables
Branchons nos appareils électriques sur le secteur plutôt
que d'utiliser des piles
Entretenons nos objets (graisser le vélo, cirer les chaussures,
etc.)
Portons les vêtements longtemps
Réparons les articles endommagés
Réutilisons autant de fois que possible les articles qui s'y
prêtent
Recyclons au lieu de jeter
Préférons les transports publics
Discutons de l'énergie grise
Demandons d'autres informations à l'Office fédéral
de l'énergie
(OFEN, 3003 Berne)
Ne jetons pas la présente information, mais mettons-la en pratique
et faisons-la circuler pour que d'autres en profitent.
Quelque exemples dont nous ne sommes pas sûrs.
Mais que nous discutons, par exemple à l'école...
Où y a t il le plus d'énergie grise et pourquoi?
dans les concerts «Live» ou dans les disques compacts?
dans les baskets ou dans les sandales en cuir?
dans les paniers ou dans les boîtes en carton?
dans les bas nylon ou les chaussettes de laine?
dans les bouteilles en "PET» ou dans les boîtes en alu?
dans une chaise en bois ou dans un siège en plastique?
dans un crayon ou dans un stylo bille?
dans la télévision ou au cinéma?
Ou se cache I energie grise...
dans les réfrigérateurs?
dans les capteurs solaires?
dans les baladeurs»
dans les vélomoteurs?
dans les...?
Mandat: Office fédéral de l'énergie
Concept: Impuls Werbung AG, Küsnacht
Mise en scène: Ernut Wirz
Production: Stetan Fruetel
Réalisation: Vreny Hochuli, Nadia Rosasco
Caméra: Roli Schmid
Musique: Billy Wirz, Crazy Tunes Studios
Acteurs: Cornelia Crolimund, Emilie Herting, Luigi Macor,
Stéphane Ribeaud, Yves Spink et d'autres.
Nos remerciements à: Zürcher Freilager Embrach, Stadtentwässerung
Zürich, Reko Lagerhallen, Autowaschanlage Kloten, Alteisen Dübendorf