CONTROVERSES SUR LA PILE
A COMBUSTIBLE
Le développement des piles à combustible
pourrait avoir des effets sur l'environnement
1) Source T-T (juin 2003):
Les voitures à hydrogène n'atteindront
pas des performances écologiques meilleures que les véhicules
hybrides - à alimentation diesel/électrique - avant l'horizon
2020. Ce constat ressort d'une étude menée au célèbre
Massachusetts
Institute of Technology (Mit). Sauf révolution majeure,
les véhicules hybrides resteront les plus propres dans un avenir
prévisible, parce que la transformation d'hydrocarbures en hydrogène
requiert beaucoup d'énergie et émet des gaz à effet
de serre. «Ignorer les émissions et la consommation énergétique
liée à la production et la distribution du carburant ainsi
qu'à la fabrication du véhicule suscite une impression trompeuse»,
a expliqué Malcom Weiss, un des responsables de cette recherche
au laboratoire sur l'énergie et l'environnement du Mit. Mais à
plus long terme, dans 30 ou 50 ans, l'hydrogène s'imposera de toute
façon comme la seule alternative aux carburants fossiles et il faut
donc poursuivre les recherches sur les piles à combustibles. On
peut aussi produire de l'hydrogène par électrolyse de l'eau,
mais cette opération n'est innocente en terme de réchauffement
climatique que si elle est réalisée à base d'électricité
renouvelable ou... nucléaire (Tiens, pour le nucléaire, "on"
ignore... les émissions et la consommation énergétique
liée à la production et la distribution - du "carburant nucléaire"
- ainsi qu'à la fabrication?! N.d.président)
Pour en savoir plus: http://web.mit.edu/newsoffice/tt/2003/mar05/hydrogen.html
Athena 190 / Avril 2003
2) LE MONDE, 14.06.03
Selon des chercheurs américains, le remplacement
des énergies fossiles par l'hydrogène pourrait affecter les
hautes couches de l'atmosphère. En cause : le stockage et le transport
du gaz.
Pour pallier les effets de l'activité humaine
sur le climat, l'hydrogène ne serait pas la panacée. Les
conclusions d'une étude menée par des chercheurs américains
et publiée, vendredi 13 juin, dans la revue Science suggèrent
en effet que le remplacement des énergies fossiles par l'hydrogène
pourrait avoir un sérieux impact sur l'environnement. Les résultats
du travail mené par ces scientifiques du California Institute of
Technology et du Jet Propulsion Laboratory (JPL) mettent notamment en évidence
une augmentation de la quantité de vapeur d'eau dans la stratosphère
- propice à l'altération de la couche d'ozone - provoquée
par l'introduction de grandes quantités d'hydrogène dans
l'atmosphère.
La réaction chimique à la base du
fonctionnement de la pile à combustible - l'oxydation de l'hydrogène
stocké dans ces piles produit de l'eau et de l'électricité
- n'est, en effet, pas directement en cause. L'étude se fonde au
contraire sur l'imperfection des techniques actuelles de production et
de distribution des gaz légers. Les fuites dans l'atmosphère
sont inévitables lors de ces deux processus. "Sur la base de
notre expérience des technologies associées au transport
de gaz comme le gaz naturel, il semble plausible que les systèmes
de production, de stockage et de distribution de l'hydrogène impliqueront
des pertes dans l'atmosphère", écrivent les auteurs de
l'étude.
Or si le principe de la pile à hydrogène
suppléait à tous les systèmes utilisant les énergies
fossiles, les quantités d'hydrogène à produire et
à distribuer seraient considérables. Les pertes aussi. Les
auteurs de la publication estiment ainsi que ces déperditions seraient
de l'ordre de 10 % à 20 % de la production totale de l'hydrogène
nécessaire. Soit, estiment les scientifiques, entre 60 et 120 millions
de tonnes par an. L'introduction de telles quantités d'hydrogène
au niveau du sol bouleverserait les équilibres chimiques des hautes
couches de l'atmosphère.
Selon le modèle utilisé par les chercheurs,
cet impact porte principalement sur l'augmentation de la quantité
de vapeur d'eau dans la stratosphère (entre 15 et 45 kilomètres
d'altitude). Au cours de son ascension dans l'atmosphère, l'hydrogène
subit en effet une oxydation qui le transforme partiellement en eau.
La quantité de vapeur d'eau stratosphérique
pourrait donc, selon l'étude, croître d'environ 30 %. Sans
contester le caractère novateur de l'étude - ni ses résultats
qualitatifs - un spécialiste français d'aéronomie
estime cependant que l'augmentation prévue par l'étude est
"très importante au regard des hypothèses sur l'augmentation
de l'hydrogène à la surface". Et, assure ce chercheur,
ces résultats "ont besoin d'être confirmés par d'autres
groupes de modélisation atmosphérique".
Cette augmentation de la vapeur d'eau pourrait aussi
provoquer la formation de nuages en haute altitude. Dans le cas particulier
de la stratosphère polaire de l'hémisphère Nord -
et en raison des basses températures qui y règnent -, la
formation accrue de ces nuages aurait pour conséquence de catalyser
les réactions de transformation de composés bromés
et chlorés inactifs en molécules nocives pour l'ozone. En
outre, la formation de ces nuages modifierait, dans des proportions qui
restent à évaluer, l'indice de réflexivité
(ou albedo) de l'atmosphère terrestre. Celle-ci pourrait alors absorber
moins de radiations solaires, même si un tel effet resterait relativement
marginal dans le bilan thermique de la Terre.
Le travail de Tracey Tromp, Run-Lie Shia, Mark Allen,
John Eiler et Yuk Yung ouvre, de plus, de nouvelles pistes de recherche.
Notamment, expliquent les chercheurs, l'augmentation du taux d'hydrogène
à la surface de la Terre pourrait provoquer la fixation d'une plus
grande quantité de ce gaz dans les sols. Or, poursuivent les scientifiques,
l'hydrogène compte parmi les éléments propices au
développement des populations bactériennes. Charge, donc,
à des biologistes d'en évaluer quantitativement l'impact
potentiel.
Les chercheurs américains incitent par ailleurs
à explorer de nouvelles voies de production et de transport de l'hydrogène.
Ce préalable, à la lumière de leur étude, semble
nécessaire au développement d'une "économie hydrogène".
"Il est vraisemblable que -les émissions d'hydrogène-
pourraient être limitées, ou même rendues négligeables,
à un coût qui devra être comparé à leur
impact potentiel sur l'environnement", expliquent en effet les auteurs.
Le développement de la pile à combustible n'est donc pas,
en soi, facteur de détérioration environnementale. Le développement
d'une "économie hydrogène", qui suscite beaucoup d'espoirs
("Le Monde des livres" du 6 décembre 2002), apparaît
cependant plus complexe que ne le pensent certains.
Stéphane Foucart
3) Même sujet en anglais , source ADIT:
Hydrogen Leakage Could Expand Ozone Depletion
PASADENA, California, June 13, 2003 (ENS) - Hydrogen is generally considered
an environmentally friendly alternative to gasoline as a transportation
fuel, but new research indicates that leakage of hydrogen gas could cause
problems in the Earth's ozone layer.
In an article appearing this week in the journal
"Science," researchers from the California Institute of Technology
(CalTech) report that the accumulation of leaked hydrogen gas resulting
from a hydrogen economy could indirectly cause as much as a 10 percent
decrease in atmospheric ozone.
The ozone layer is a concentration of ozone molecules
in the stratosphere which extends from about six to 30 miles above the
Earth's surface. Stratospheric ozone is a naturally occurring gas that
filters the sun's ultraviolet (UV) radiation. A depleted ozone layer allows
more radiation to reach the Earth's surface, exposing people to skin cancer,
cataracts, and weakened immune systems. Increased UV can lead to reduced
crop yields and disruptions in the marine food chain.
While a hydrogen fuel cell economy would almost
certainly improve urban air quality, the researchers found, it has the
potential for unexpected consequences due to the "inevitable" leakage of
hydrogen from cars, hydrogen production plants, and the transportation
of the fuel.
If hydrogen were to replace all fossil fuels for
transportation and to power buildings, the CalTech researchers estimate
that 60 to 120 trillion grams of hydrogen would be released each year into
the atmosphere, four to eight times as much hydrogen as is released today
by human sources. The scientists assumed a 10 to 20 percent loss rate due
to leakage.
The researchers say that would create a doubling
or tripling of hydrogen input to the atmosphere from all sources.
Because molecular hydrogen freely moves up and mixes
with stratospheric air, the result would be the creation of additional
water at high altitudes and, consequently, an increased dampening of the
stratosphere, and, indirectly, destruction of ozone.
Uncertainty remains about the effects on the atmosphere
because scientists still have a limited understanding of the hydrogen cycle.
At present, it seems likely such emissions could accumulate in the air.
In this respect, hydrogen leakage would parallel
that of chlorofluorocarbons (CFCs) - once the standard substances used
for air conditioning and refrigeration. They were intended to be contained
within their devices but in practice CFCs leaked into the atmosphere and
attacked the stratospheric ozone layer, causing the annual holes over the
South and North poles.
"We have an unprecedented opportunity this time
to understand what we are getting into before we even switch to the new
technology," said Tracy Tromp, a CalTech research scientist and the
study's lead author. "It will not be like the case with the internal
combustion engine, when we started learning the effects of carbon dioxide
decades later."
Understanding the effects of hydrogen on the environment
now should help in choosing the technologies that will be the basis of
a hydrogen economy. "If hydrogen emissions present an environmental
hazard, then recognizing that hazard now can help guide investments in
technologies to favor designs that minimize leakage, Tromp said.
"On the other hand," she said, "if hydrogen
is shown to be environmentally friendly in every respect, then designers
could pursue the most cost effective technologies and potentially save
billions in needless safeguards."