"UNE PRIORITÉ ABSOLUE"
Cette argumentation s'appuie sur un constat simple,
mais insuffisamment pris en compte, selon eux, par les pouvoirs publics.
Parmi les
grands secteurs consommateurs d'énergie en France, "le résidentiel-tertiaire
et les transports connaissent une explosion", tandis
que l'industrie a réussi à stabiliser ses besoins, la
part de l'agriculture étant négligeable.
Dans le secteur résidentiel comme dans le
secteur tertiaire, le chauffage et la fourniture d'eau chaude constituent
le principal poste de
consommation énergétique, à hauteur respectivement
de 80 % et de 60 %. Le développement du solaire thermique, particulièrement
bien adapté à ces besoins, apparaît donc aux rapporteurs
comme "une priorité absolue". Ils estiment que 20 millions
de tonnes
équivalent pétrole pourraient être ainsi économisés,
à l'horizon 2010-2015, dans les secteurs résidentiel et tertiaire.
Une économie de même grandeur pourrait
aussi être réalisée selon eux dans les transports,
par l'utilisation massive de biocarburants
(diester de colza ou de tournesol, éthanol...). Au total, "l'économie
réalisée chaque année pourrait atteindre 40 millions
de
tonnes équivalent pétrole, soit 60 milliards de francs,
sur une facture énergétique qui a atteint 150 milliards de
francs en
2000". Avec comme résultat "une réduction de
30 % de nos émissions de gaz carbonique".
Aussi l'Office parlementaire, qui a approuvé
le rapport à l'unanimité, conseille-t-il de lancer deux grands
programmes nationaux. Le
premier sur le développement du solaire thermique, avec comme
objectif d'atteindre une production de 1 million de m2 de
capteurs solaires en 2010. Le second sur la production de biocarburants,
grâce à l'affectation de 4 millions d'hectares à des
cultures
énergétiques.
Ces objectifs, insistent les rapporteurs, supposent
tout à la fois une volonté politique, des incitations fiscales
et une implication des
industriels. Mais ils exigent aussi "un changement d'échelle
des efforts de recherche et développement consentis jusqu'à
ce
jour". La France fait, il est vrai, figure de lanterne rouge
en matière de recherche publique sur les énergies renouvelables.
Au cours des quinze dernières années,
elle y a consacré 130 millions de dollars, soit un investissement
deux fois et demi inférieur à
celui du Royaume-Uni et dix fois moindre que celui de l'Allemagne.
Et le fossé est abyssal avec les Etats-Unis et le Japon, qui
dépensent annuellement 200 millions de dollars. "Dans la
quasi-totalité des filières d'énergies renouvelables,
la recherche
publique française souffre d'un retard", déplorent
les parlementaires. Or "le gain attendu du solaire thermique et des
biocarburants justifie un accroissement massif de la recherche".