Renouvelables:
moins vite que les fossiles!...

    "Toute installation de production hydraulique constitue une modification environnementale majeure (...). La mise en service d'un barrage va élever localement la nappe phréatique mais l'abaissera dans la zone avale, l'écoulement de surface diminuera et "assèchera" le paysage et ses écosystèmes.
    La modification durable la plus difficile à évaluer actuellement concerne cependant les sédiments: retenus dans des bassins de décantation ou dans des réservoirs, les substances solides vont s'accumuler et remplir peu à peu les réservoirs jusqu'à un point d'équilibre. Malgré des contre-mesures, 1% des volumes des réservoirs sont ainsi perdus en moyenne mondiale chaque année.
    Ces quantités énormes de sédiment posent, tôt ou tard des problèmes, tels que:
- risque de déstabilisation et d'écoulement incontrôlé
- risque de pollution environnementale en cas de contamination
- risque de crue
    La maîtrise de ces risques sera la condition incournable d'une utilisation durable des ressources hydroélectriques"
Walter Wildi
professeur Section des sciences de la Terre
Université de Genève
directeur de l'Institut F.A. Forel et du
Centre d'études en sciences naturelles de l'environnement

    Les centrales thermiques + nucléaires représentent 83% de l'électricité en Amérique du Nord, 79% en Europe et 85% en Asie. Ces pourcentages montrent l'ampleur du défi que représente le passage à des énergies renouvelables. L'essentiel du reste provient d'une source renouvelable: l'hydraulique (NdlR: c'est moi qui souligne, car l'énergie hydraulique n'est pas en elle-même une énergie renouvelable: les barrages - les grands barrages, en tout cas - n'ont pas une durée de vie illimitée - il est plus probable de pouvoir reconstruire une micro-centrale au même endroit sans trop de dégâts et il est exclu de reconstruire un barrage au même endroit!). Si le bois est très utilisé pour la chaleur, il est marginal pour l'électricité. Mais là où les chiffres font mal, c'est que si les ER progressent de 0,8% par an aux USA, la production traditionnelle (surtout le gaz) progresse plus vite: 1,6% par an! Cela signifie clairement que sans baisse rapide de la consommation, il est peu probable que les renouvelables puissent prendre la place des sources conventionnelles. La sortie du nucléaire est donc possible rapidement par substitution avec des centrales thermiques au gaz, mais le remplacement de celles-ci par des renouvelables ne peut se faire que par une meilleure efficacité énergétique.
Source Systèmes Solaires, mars 2001