PETIT PRECIS DE BIOMIMETISME: QUOI? QU'EST-CE? ETC... ET
HISTORIQUE
Le mot est si nouveau qu'il apparait comme une faute dans la plupart des correcteurs électroniques! Pourtant on s'accorde déjà à identifier trois grands courants biomimétiques: bionique, modèles biomimétiques en biophysique moléculaire et biomimétique des écosystèmes. C'est ce dernier qui nous intéresse ici et qui trouve le plus d'applications dans le domaine des technologies énergétiques. Cette approche présentée "va puiser ses modèles dans les 3,8 milliards d'années de recherche et développement du grand laboratoire de la vie". Certes s'inspirer de la nature pour les activités humaines n'est pas nouveau: les colonnes des temples égyptiens sont les modélisations des palmiers que les bâtisseurs avaient sous les yeux et de façon plus ou moins consciente, les architectes, les ingénieurs, physiciens, et biologistes ont été nombreux, au fil de l'histoire, à puiser dans le modèle naturel. Même à la fin du XIXe siècle, apogée de l'ère industrielle censée faire mieux que la nature, Gustave Eiffel se serait inspiré de la structure interne de l'os, charpenté en alvéoles, pour créer la structure en enchevêtrements de poutrelles de la Tour Eiffel... Il faut cependant attendre les années 1990 pour que l'approche biomimétique soit théorisée. C'est la biologiste américaine Janine Benyus qui l'a fait à travers son ouvrage "Biomimicry: Innovation Inspired by Nature". (Biomimétisme: l'innovation inspirée de la nature). Dans la foulée, elle a créée en 1998 la Biomimicry Guild dont le but est d'aider les chercheurs qui souhaitent s'inspirer des modèles naturels pour élaborer de nouveaux produits permettant un développement soutenable. Différent du développement durable dont les médias se font l'écho, le développement soutenable a pour principe de "s’inspirer pour la créations d'activités humaines des solutions efficaces et durables développées depuis des millions d’années par les organismes vivants au sein de la biosphère." Les grands principes du biomimétisme tels que posés par Janine Benyus et quelques autres semblent être au nombre de 8, tous également importants: * Puiser l'énergie principale utilisée dans les formes d'énergies fournies par la nature : en priorité le soleil mais aussi le vent, l'eau, les courants, la houle, la géothermie... * Utiliser exclusivement la quantité d'énergie dont on a besoin. * Adapter la forme à la fonction * Tout recycler * Parier sur la diversité. * Travailler à partir des expertises locales. * Limiter les excès de l'intérieur. * Utiliser les contraintes comme source de créativité. QUELLES APPLICATIONS CONCRETES?
|
Concernant la production d'énergies
dites "soutenables" et utilisant la ressource énergétique
marine, une seule compagnie est pour l'instant passé à l'acte
si l'on peut dire en parlant de modèle biomimétique. C'est
la jeune compagnie australienne BioPower Systems Pty Ltd. Basée
à Sydney; elle a mis au point deux systèmes innovants dont
les premières expérimentations sont attendues courant 2008
dans plusieurs points du globe, et en particulier en France (à l'Ile
de La Réunion). Ces deux systèmes sont bioWAVE™ qui transforme
l'énergie
des vagues en électricité par un système imitant
les mouvements des grandes espèces d'algues sous-marines et bioSTREAM™
qui transforme l'énergie des courants marins en électricité
par un système imitant les mouvements de la queue de requin et de
thon. Le système bioWAVE™ qui a modélisé fidèlement
les mouvements dans l'océan des grandes algues appelées Kelp
est conçu en fibre de verre. Il se présente sous la forme
d'un cylindre ancré sur le fond marin (jusqu’à 40 mètres)
et doté de 4 lames géantes disposées en éventail,
invisibles de la surface et rétractables sur le fond en cas de forte
houle. En condition de fonctionnement optimal, c'est à dire par
mer calme à peu agitée, chaque unité peut produire
un peu plus de 2 MW. L'exploitation en fermes sous-marines de plusieurs
unités est d'ores et déjà envisagée. Le sytème
bioSTREAM™ se présente sous la même forme de cylindre ancré
au fond, sur lequel est fixé une structure hydrodynamique en forme
de nageoire de requin ou de thon. Les performances de production sont rigoureusement
identiques à celles de bioWAVE™.
Les deux systèmes sont présentés
comme ne générant aucune nuisance pour l'environnement :
les mouvements des structures hydrodynamiques choisies sont des mouvements
imités des mouvements naturels donc suffisamment lents pour ne pas
perturber la vie habituelle de la flore et la faune environnante. Les deux
systèmes sont parfaitement silencieux, ne modifient ni la salinité
ni l'intensité des courants, ne rejettent aucune substance étrangère
dans l'environnement et ont un impact visuel zéro, puisque fonctionnant
sous la surface de la mer.
BIBLIOGRAPHIE
|