On connaît la prudence des universitaires
qui, soucieux de ne pas amalgamer science et politique se gardent de déclarations
tonitruantes. Or voici qu'en matière d'environnement d'aucuns non
seulement élèvent la voix, mais poussent un véritable
appel de détresse. Ainsi Bernard Giovannini, vice-recteur, dans
son discours du Dies academicus: «Des civilisations entières
ont disparu à cause des désastres écologiques: la
Mésopotamie, pour des questions de gestion de l'eau, la civilisation
maya pour des questions d'agriculture. Notre époque se distingue
cependant des précédentes par un fait nouveau: l'homme aujourd'hui,
par ses activités, par son attitude, par le nombre, menace sérieusement
l'équilibre global de la planète et pourrait, si on ne prend
pas à temps les mesures nécessaires, mettre en danger l'habitabilité
même de la terre».
La situation est grave. Son caractère alarmant n'est désormais plus une question d'appréciation. Le cortège de chiffres précis qui se confirment d'un pays, d'une université, d'un laboratoire à l'autre de la planète, l'attestent impitoyablement. Dans ce dossier cependant, nous avons tenu pour acquise la dangerosité de cette situation. Pour privilégier une autre urgence: celle de la nécessité d'un autre regard sur notre environnement. Comme l'écrit Riccardo Mariani à propos de l'urbanisme, ce dernier ne saurait plus se réduire à l'arbitrage des intérêts et des besoins particuliers et collectifs. Il implique, en matière d'écologie plus que nul part ailleurs, un esprit de solidarité à développer. C'est dire que, devant la menace planétaire qui n'a plus rien de commun avec les guerres ou les catastrophes "passagères", les politiques ont une nouvelle attitude à apprendre: celle de la fermeté contre l'art du compromis. |
Mais aussi, en amont de tous les processus qui polluent
notre environnement, il revient aux citoyens que nous sommes de
changer nos habitudes. Dans son article sur l'état de l'eau,
Jean-Bernard Lachavanne montre sans complaisance combien les mesures officielles
d'assainissement provoquent du même coup un effet pervers: celui
de la déresponsabilisation de l'individu. Et Claude Raffestin souligne
qu'avec les catalyseurs de voitures, l'on se retrouve face à
un problème de pollution différé, puisqu'il s'agit
ensuite de se débarrasser dudit catalyseur. Bref, à quelque
échelon de la chaîne écologique, s'impose la loi des
vases communicants. Une action artificielle sur l'environnement entraînera
invariablement une réaction de celui-ci. Il en va comme de la
médecine: soigner, c'est endiguer la maladie; prévenir, c'est
favoriser la santé.
Une telle révolution dans nos habitudes d'enfants gâtés ne se fait pas en un jour. Les scientifiques l'ont compris. Leur mission, désormais, va bien au-delà de la publication de leurs résultats. Cela constitue, pour eux aussi, un changement de comportement. Voire d'autocritique. L'article de Jacques Grinevald salue la redécouverte d'un précurseur en la matière, Michel Serre trop longtemps snobé; pour lequel, comme disait Denis de Rougemont, le souci écologique, loin d'être une mode, est une nécessité vitale face à l'agression industrielle. Serge Bimpage
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Menaces sur la qualité de l'air, plages insalubres, pollution de la nappe phréatique par les engrais, accumulation de déchets non-recyclables, absence de véritable politique régionale... Claude Raffestin* dresse un bilan sans concession et ne dissimule pas son inquiétude (entretien réalisé par Serge Bimpage et Turhan Boysan)
Aujourd'hui, en été 1990, quel est l'état
de l'environnement du bassin lémanique?
Le bassin lémanique représente un cercle d'un rayon de 50 km autour de Thonon. Dans ce périmètre, il y a une énorme accumulation de population. Et il faut encore y ajouter les organes exosomatiques: machines, voitures, appareils, instruments divers. Cela représente une charge énorme sur le plan de l'environnement. Si vous prenez un habitant du bassin lémanique en 1950, sa charge était probablement quatre fois moins grande qu'en 1990. Sa première influence est sur l'air. Nous rejetons dans l'atmosphère tout un ensemble de choses, entre autres bien sûr du CO2. Mais on rejette aussi des hydrocarbures, des oxydes de soufre, bref quantités de choses, à travers le chauffage et les voitures en particulier. Il n'y a pas de doute que l'air du bassin lémanique s'est dégradé au fil des années. C'est en tout cas l'élément le plus spectaculairement touché. Les médecins vous diront qu'il y a davantage de bronchites et que les enfants souffrent plus fréquemment de maladies respiratoires. Il y a un rapport incontestable entre les maladies pulmonaires et la pollution de l'air. De sorte que l'air - contrairement à sa définition première - n'est plus un bien libre du seul fait que la population dispose de moins en moins d'air pur. C'est alarmant. Et cela participe à l'explosion des coûts de la santé. Avant le chauffage, c'est la voiture - dont le taux de motorisation est parmi les plus élevés d'Europe - qui constitue l'agent principal de pollution. Les autorités font-elles le nécessaire pour améliorer la situation? Les autorités soumettent les véhicules à des contrôles fréquents, et vous avez les tests anti-pollution. Mais elles pourraient avoir également une conception urbaine des transport qui nous amènerait à choisir plus souvent le transport en commun que le transport individuel. Ce qu'il faut envisager à Genève, c'est un système comme le R.E.R. qui vient d'être mis en place à Zurich: raccorder la Praille aux Eaux-Vives, avec une traversée de la rade (NdYR: une telle traversée est-elle vraiment toujours souhaitable, voire souhaitée, en 1999?!). En ce qui concerne le chauffage, en revanche on peut dire que les autorités font vraiment le nécessaire. Le développement des catalyseurs va-t-il entraîner des conséquences positives à moyen terme? Il est évident que le catalyseur permet déjà, pour les voitures qui en sont équipées, de diminuer sensiblement la pollution. Mais n'oubliez pas qu'avec le catalyseur vous vous retrouvez avec un problème de pollution différé, parce qu'il faut se débarrasser du catalyseur après usage. Et là, il faut faire attention. Une solution technologique à l'environnement est toujours une solution moyennement bonne: parce que vous avez toujours à régler un autre problème de manière différente. Vous ne pouvez pas régler la pollution par les seuls moyens technologiques. Il faut aussi et surtout changer les comportements. D'autant plus que la fabrication des catalyseurs entraîne un déséquilibre dans l'environnement, puisqu'elle nécessite de l'énergie et des matières premières. Idem pour les déchets contrairement à ce que beaucoup de gens pensent On ne fait que les transformer ou les déplacer. Quel est l'état du Léman aujourd'hui ? Grâce aux usines d'épuration des eaux, je crois qu'on a presque réglé le plus gros au niveau des agglomérations. Il en va malheureusement tout autrement pour la pollution provoquée par le ruissellement et l'infiltration des eaux de l'agriculture qui rejoignent le Léman. Ces eaux sont chargées de produits, tels les phosphates, qui en affectent la qualité et le goût. Il en va de même de "l"eau-loisir": certaines plages sont fortement polluées. L'eau de consommation me préoccupe particulièrement. N'oubliez pas que nous avons besoin d'un nombre considérable de litres d'eau par jour et par habitant. La pollution agricole est l'une des principales responsables. Elle est d'autant plus sournoise qu'elle est diffuse. Sur ce point, les autorités, hormis les stations d'épuration, émettent des recommandations via les stations agricoles fédérales. Le problème, c'est le contrôle. On ne peut pas mettre derrière chaque agriculteur un agronome contrôleur! Là aussi, on ne peut qu'apprendre aux gens à se passer de certains produits. C'est un problème complexe. Parce qu'en amont, les industries qui fabriquent des engrais ont intérêt à ce qu'on utilise leurs produits. Donc, malgré les recommandations, il peut y avoir des contradictions entre ce qui est souhaitable et ce qui est recommandé par le fabricant. |
Venons-en maintenant à la terre. Qu'est-ce qui la pollue
le plus?
Il y a bien sûr l'engrais chimique, mais il y aussi certaines pratiques culturales. Par exemple, quand vous vous promenez dans la campagne, vous constatez à partir de l'automne qu'il y a beaucoup de champs qui n'ont aucune couverture végétale parce qu'ils sont en attente d'être ensemencés. Or, le vent et l'eau sont d'importants facteurs d'érosion du sol, qui l'appauvrissent considérablement. Le sol n'est pas seulement composé d'éléments morts, mais aussi d'êtres vivants: verres de terre, micro-organismes. Dans un champ, vous pouvez avoir facilement une tonne ou une tonne et demie de micro-organismes, des éléments qui font un micro-labourage apportant de l'azote. Si vous utilisez certains engrais, ils tuent ces micro-organismes, et votre sol meurt. Et plus votre sol est mort, plus vous mettez de l'engrais... On peut très bien imaginer avoir d'ici quarante ans des zones entières qui seront inutilisables. Et surtout il faudrait éviter d'avoir des sols nus. Au Moyen-Age, au 19ème siècle, les cultures dérobées - haricots, lentilles - permettaient d'avoir une couverture végétale qui empêchait l'érosion. Si, par exemple, on abandonnait la vigne dans le bassin lémanique, il faudrait de nombreuses années avant que le sol sur lequel il y avait cette vigne soit utilisable pour autre chose parce qu'il est chargé de produits chimiques. Passons aux déchets dont on parlait tout à l'heure. Leur élimination dans le bassin lémanique est-elle un facteur d'inquiétude? Certainement. En 1950, un habitant devait produire peut-être 150 kilos de déchets par an; aujourd'hui, un habitant n'est pas loin de quatre cents kilos. Et ces déchets ne sont pas tous considérés de la même manière. Vous avez les déchets qui ne sont pas dangereux en soi parce qu'il peuvent être transformés, des déchets organiques qu'on peut transformer en compost. Et puis les déchets qui ne sont pas utilisables: le plastique. On peut le déformer, le dégrader, mais le problème de ces déchets est très grave, parce que nos usine de traitement ne peuvent plus suivre. On essaie de récupérer ce qu'on peut. Mais l'incinération des déchets nonrécupérables pose d'énormes problèmes. La fumée contient probablement, à partir d'une certaine température, de la dioxine qui peut détruire les plantes environnantes. Donc, il faut trouver d'autres soutions. Les Italiens ont proposé un système original, vi-sant à créér des mines de déchets. A un moment donné, quand on saura les réutiliser, on pourra puiser dans ces mines. Mais ce qu'il faudrait faire avant tout, c'est séparer et trier les déchets. Sinon, on va être enseveli par les déchets. Il y a un très belle image d'ltalo Calvino qui montre que les villes se construisent sur des déchets. C'est un problème de société. Il faut travailler en amont, trouver des méthodes de conditionnement qui utilisent moins de produits d'emballage. La chose la plus folle qu'on puisse observer, entre le 15 et le 25 décembre, c'est la quantité de papier consommée. On vous emballe votre cadeau dans un carton, puis ensuite dans un papier et le cadeau dans un sac en plastique... Moi même, j'y succombe. Le fait d'être homme, c'est d'avoir aussi ses contradictions. Mais j'ai changé mes habitudes; il y a des produits que je n'achète plus parce que j'estime qu'ils sont trop dommageables pour l'environnement. Il faut s'efforcer de réfléchir à ce qu'on fait et à la manière de se comporter. Ne pensez-vous pas qu'on doive déplorer un manque de concertation
entre la France et la Suisse: on observe de profondes diparités
sur le plan de l'épuration des eaux usées, du recyclage des
déchets...
* directeur du Centre universitaire d'écologie humaine et des sciences de l'environnement |
«Le
traitement des déchets coûte cher et, malgré des techniques
de p/us en p/us sophistiquées, n 'apporte pas de solution comp/ète:
i/ restera toujours /es résidus de /'incinération, soit /es
mâchefers, et /es résidus de filtres ou de /avages de fumées...
à déposer dans des décharges adéquates «,
explique Christian Grobet, chef du Département des travaux publics.
Pourtant, bien que de nombreux produits soient récupérables
(compostage des déchets alimentaires et végétaux,
recyclage du papier, du verre et du métal), leur majorité
finit encore dans les poubelles de la République: à l'heure
actuelle, un quart seulement du verre et du papier sont effectivement retraités.
L'administration a donc mis sur pied une expérience-pilote au Nant-de-Châtillon, qui concerne les habitants des Avanchets et des communes d'Onex et de Bernex. Elle produit des résultats encourageants, puisque 35 à 40% de la population a participé au programme de récupération des déchets organiques. Le D.T.P. a ainsi décidé d'accroître la capacité de traitement de l'installation, et le Conseil d'Etat présentera prochainement une loi spécifique devant le Grand Conseil. Dans un autre domaine, le même département organise déjà, en collaboration avec les pharmaciens et les droguistes, la récupération des déchets toxiques ménagers, essentiellement des médicaments dont l'incinération est particulièrement nuisible à l'environnement. Quant aux mâchefers (résidus de l'incinération des ordures), dont l'usine des Cheneviers produit annuellement quelque 40.000 tonnes, ils sont désormais récupérés et constituent un matériau d'appoint pour le génie civil: remblayage après la pose de collecteurs d'égouts, fondation des chaussées, constructions de routes et de chemins torestiers. Enfin, les piles, qui constituent des déchets fortement polluants par leur apport en mercure et en cadmium, sont stockées depuis deux ans en attendant d'être éliminées dans une future usine zurichoise pour laquelle Cenève apportera une contribution financière."A la veille de l'an 2000, Genève est ainsi en passe de devenir un canton d'avant-garde en matière de récupération... Mais n'est-ce pas là le prix à payer par une société prospère, si elle ne veut pas se laisser engloutir par les déchets?», estime M. Grobet, qui entend développerdes structures adéquates aux niveaux des communes et du canton: lieux de récolte généralisés, création de groupes de travail et de sites spécialement aménagés pour entreposer des résidus particuliers (plastiques, batteries, etc). D'ailleurs, on peut déjà manifester un certain optimisme, puisque la quantité d'ordures diminue sensiblement: on dénombrait 71.765 tonnes de déchets pour les six premiers mois de 1988, et 71.488 pour la même période de l'année suivante... Turban Boysan
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- plus de 2 kilos de bois par kilo de papier (remplacé par 1,1 kilo de vieux papier). Nous utiliserions: - quarante fois moins d'eau - pas de chlore - pas de soude - cinq fois moins de substances auxiliaires (colle, produits chimiques etc.) Quant à la charge sur l'environnement, le spécialiste nous affirme qu'elle serait trois tois moindre sur l'air et quinze fois moindre sur l'eau. Plus culpabilisant encore, du fait que seuls 40% environ du papier est recyclé en Suisse, à peu près mille kilos de papier par numéro de "Campus» sont jetés dans les poubelles genevoises...
La rédaction de "Campus» se rassure en se disant que c'est là le tribut à payer pour que les lecteurs aient envie de lire sur un beau papier blanc notre dossier sur l'environnement. Il est vrai que la formule recyclée ne serait - toujours de l'avis du spécialiste - pas moins chère. Qu'il existe des écologistes abhorant le papier recyclé. Et qu'enfin le bois que nous utilisons constitue tout de même, jusqu'à preuve du contraire, une ressource renouvelable. Serge Bimpage
(collaboration Gonzague
Pillet, Ecosys S.A, Carouge)
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Le dernier numéro de la revue
«Cadmos»
vient de paraître. Entièrement consacré au thème
de l'environnement («Menaces sur la planète et responsabilité
humaine»), il présente en 120 pages plusieurs contributions
originales qui abordent la problématique écologique sous
un aspect plusridisciplinaire. On pourra ainsi découvrir les textes
de:
- Denis de Rougemont: "Un autre modèle de civilisation",
un texte inédit de 1979;
- Bernard Giovannini: «Les menaces sur la planète»,
traitant de l'effet de serre, la diminution de la couche d'ozone, la menace
radioactive et la pollution de l'eau;
- Pierre Lehmann: "Gaïa et les prétentions scientifiques
de l'homme", présentant une hypothèse scientifique originale;
- Ernst-Utrich Von Weizsacker et Alexander Juras: "La politique
européenne de l'environnement», avec le point sur les mesures
entreprises par les Communautés européennes;
- Orlo Giarini: "Sur les chemins du Club de Rome: des limites
de la croissance aux limites de la certitude», introduisant le nouveau
rapport du Club de Rome;
- André Danzin: "Techniques de l'information et comportements
nouveaux de l'homme», sur les métamorphoses technologiques
et l'évolution de la communication à l'échelle planétaire;
- Jean-Marie Thévoz et Eric Fuchs: "Génie génétique
et responsabilité humaine», une réflexion sur l'éthique
face à la l'expérimentation scientifique;
- et Matthias Finger: "La réflexion et les mouvements
écologiques en Europe», un bilan des années quatre-vingt.
«Cadmos», cahier trimestriel du Centre europeen de la
culture, No 49, printemps 1990.
Pour de nombreuses personnes, l'eau
est un corps incolore, inodore et insipide. Cette définition, apprise
à l'école primaire, laisse une impression de banalité
que les commodités d'utilisation dans nos régions ont fortement
renforcée. En réalité, l'eau est une substance tout
à fait extraordinaire, par ses caractéristiques propres mais
aussi par le rôle multiple qu'elle joue dans la marche du monde.
Elle est le sang de la terre. Elle participe à l'épanouissement
de notre bien-être et au développement de notre société,
mais elle est tellement omniprésente que nous en oublions son importance.
En fait, rien ne serait possible sans elle. Substance extraordinaire, elle l'est car beaucoup de ses propriétés physiques et chimiques constituent des exceptions aux règles générales. Lorsqu'elle gèle et devient solide, elle augmente de volume au lieu de diminuer comme le font la plupart des autres substances et la portion solidifiée est plus légère que la portion restée liquide. L'eau est également capable d'absorber ou de libérer plus de chaleur que la plupart des substances courantes. Avec la complicité de la température, l'eau détermine les climats, donc la répartition des plantes et des animaux sur la terre, modèle la face de la planète, fait lever les récoltes. La vie est possible sans air pour certains organismes microscopiques mais pas sans eau. Leau est le corps naturel qui constitue la plus grande partie des êtres vivants: environ 66% du poids corporel humain, 80% chez les champignons et jusqu'à 98% chez certains organismes marins comme les méduses. Dans chaque individu, l'eau assure le maintien des structures et des équilibres cellulaires; grâce à ses capacités de solvant, elle permet la distribution et le transit des sels minéraux, des gaz et des molécules organiques solubles et, par conséquent, le transport des aliments et des déchets, la synthèse de la matière et la croissance des individus. L'eau intervient également dans de nombreux processus technologiques comme source d'énergie mais aussi comme élément de constitution et de fonctionnement. Leau est indispensable et pourtant l'eau de qualité commence à manquer, même dans les pays où elle constitue, ce que peu de gens réalisent à sa juste valeur, l'une des principales richesses. Une attitude irresponsable a conduit l'homme à utiliser l'eau comme le véhicule privilégié de ses déchets. Certes la pollution des eaux et la dégradation des milieux aquatiques ne sont pas récentes. On retrouve des traces de ces phénomènes déjà dans les textes anciens: "Aaron ayant touché les eaux, toutes les eaux qu, étaient dans le fleuve furent changées en sang et le poisson qui était dans le fleuve sentait mauvais à tel point que les Egyptiens ne purent plus boire des eaux du fleuve". Toutefois la nature, grâce à son pouvoir auto-épurateur, venait facilement à bout de ces pollutions. Ce qui a changé, depuis les temps anciens, c'est l'ampleur des phénomènes de pollution. Une pollution multiforme
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La pollution des eaux a pris une telle ampleur que
c'est l'ensemble des milieux aquatiques, et finalement l'homme lui-même,
qui sont menacés. En contaminant durablement les eaux, l'air et
le sol, ces substances font peser une menace inadmissible sur les générations
futures. Cette constatation nous interpelle et doit nous conduire à
une réflexion de fond sur notre manière de vivre certes,
mais aussi, et c'est là une question beaucoup plus délicate,
sur l'utilité réelle des produits que nous fabriquons et
que nous utilisons, sources de pollution multiples. Le plaisir ou le confort
que certains produits peuvent procurer justifient-ils les risques qu'ils
font encourir à long terme à la terre, à la faune
et finalement à l'homme?
Depuis les années 1950 environ, les collectivités publiques tentent de lutter contre la pollution des eaux, mais les résultats restent très médiocres. Des erreurs de conception de l'assainissement des eaux usées domestiques et industrielles d'abord, la trop grande lenteur dans la mise en oeuvre des moyens d'épuration, les limites elles-mêmes des procédés utilisés auxquelles s'ajoutent de nombreux problèmes d'exploitation diminuent considérablement l'efficacité de la lutte contre la pollution. Ainsi, malgré les quelques progrès enregistrés, la plupart de nos rivières et de nos lacs sont dans un état lamentable et nos réserves d'eau souterraines dangereusement menacées. La mise en place du système d'assainissement, dont l'utilité n'est bien entendu pas contestée, a eu par ailleurs un effet pervers: celui de déresponsabiliser l'individu vis-à-vis de ses propres déchets et des consé-quences que ceux-ci peuvent avoir sur la qualité de l'environnement."L'Etat s'en occupe. On paye des taxes pour cela! D'ailleurs, la technique toute puissante parviendra bien à résoudre ce problème!" Ce mythe trop répandu commence heureusement à vaciller. La technique peut beaucoup, mais elle ne peut pas tout. Elle ne pourra pas, cela est sûr, résoudre tous les problèmes et pallier toutes nos négligences. La prévention coûte pourtant moins cher
Jean-Bernard Lachavanne
privat-docent, Faculté des sciences.
(Introduction à l'ouvrage: «L'eau aujourd'hui», édité
par la Société suisse pour la protection de l'environnement,
Georg, Genève, 1990) |
L'urbanisme prend naissance lorsque
se produit un croisement entre diverses espèces issues de l'intelligence
du corps social (qu'il importe de ne pas confondre avec l'intelligence
innée de l'individu). Diverses formes d'organisation sociale, plus
ou moins primitives, plus ou moins évoluées, naissent de
la communion de plusieurs intelligences individuelles. L'une de ces formes
d'organisation est l'administration de la ville. Il faut cependant relever
ici que cette administration urbaine n'est pas, en tant que telle, ce que
l'on nomme l'urbanisme, mais plutôt une façon d'arbitrer des
intérêts et des besoins particuliers et collectifs. C'est
pour cette raison que, même si la ville et son administration ont
toujours existé, l'urbanisme n'a, quant à lui, pas toujours
été présent.
L'urbanisme est un hybride qui naît, au coup par coup, du croisement fertile de diverses "espèces": ce sont le temps et le lieu qui favorisent le degré de fertilité et la réussite même de ce croisement d'où naît l'hybride, c'est-à-dire l'urbanisme et sa qualité historique. L'hybride même - on tant que tel - n'est pas toujours fertile. Souvent, il est incapable de se reproduire une fois engendré et, même à la suite d'un nouveau croisement, il reste néanmoins incapable de donner naissance à do nouveaux hybrides. En d'autres termes, les acquisitions de la nouvelle espèce de l'hybride n'évoluent pas nécessairement dans le temps et ceci, même si elles s'accumulent. Dans ce cas, l'évolution n'est pas continue, ni même très garantie. L'urbanisme est donc un "hybride nouveau", né dans une phase de l'histoire où la gestion de la ville - dans sa dimension séculaire - se croise avec une série d'espèces "puissantes", par exemple lorsque cette gestion fait face à un phénomène social inconnu: la rébellion ouverte contre le pouvoir. Ensuite, cette gestion devra affronter l'évolution du phénomène même: le socialisme... C'est ainsi que la gestion de la ville a, dans des conditions déterminées de temps et de lieu, engendré un urbanisme lorsqu'elle s'est trouvée au contact direct de phénomènes tels que la misère, le choléra, une distribution inéquitable - voire inhumaine - des richesses, une rébellion endémique, la morale, le désir de justice, l'esprit de solidarité. Un urbanisme, cela veut donc dire une certaine qualité historique de milieu spatial - et donc social - ou, en d'autres termes, un hybride qui s'affirme et évolue selon un cycle "prévisible" pour se stabiliser enfin lors d'une phase plus ou moins longue d'existence statique ou proche de l'inertie. Construire les villes: un art immémorial
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Par rapport à ce que nous avons appris jusqu'ici, à travers
la sélection d'événements historiques, nous notons
que le phénomène auquel nous faisons allusion ne se présente
pas avec un courant continu et progressif, mais avec un courant qui, dérivant
de concepts darwiniens, peut être défini comme une "évolution
à l'équilibre ponctué".
La "ville", ou selon un vieux dicton, l'art de construire les villes, existe depuis des temps immémoriaux. Cette ville est un principe créé par les hommes pour vivre ensemble selon des règles définies, de degré plus ou moins évolué. Pour observer historiquement les événements qui concernent la ville, nous avons depuis longtemps adopté des critères de jugement et, parfois, des systèmes de référence pour faciliter une attribution plus correcte des valeurs. Il est néanmoins évident que ces systèmes et critères ne sont ni objectifs ni finalisés, et ne sont pas plus neutres ou universels. Le concept même de "critère" et de "systèrne" implique un choix idéologique qui introduit fatalement une "action" dynamique de la critique elle-même. En d'autres termes, une "aspiration" a changé dans le caractère et la logique de la critique, qui tend à agir sur le passé et donc le futur du système même. Dans ce sens, l'on peut affirmer que l'analyse contient souvent un embryon d'un projet, c'est-à-dire de la situation à venir Cela n'empêche cependant pas que l'analyse puisse, dans certains cas, coïncider avec le projet, mais seulement dans des circonstances particulièrement dramatiques et donc non-systématiques, donc en cas d'urgence spécifique. En substance, l'observation et la description du phénomène ne coïncident pas nécessairement avec la définition du même phénomène dans sa dimension plus évoluée ou réformée et projetée dans le temps à venir. Considérons un cas particulier: quelques lignes géométriques, droites ou courbes. Ici, le champ de lecture est pour ainsi dire illimité: si nous pouvons lire chaque signe propre, les mouvements, les éventuelles tractures ou la linéarité, mais tout appartient à un monde fantastique et absolument personnel. Si nous enfermons ces lignes dans un système, par exemple deux axes cartésiens qui indiquent différentes valeurs (à savoir les axes d'un diagramme), nous pouvons - par hypothèses successives - tenter de déchiffrer le sens spécifique de ces signes, aussi tortueux soient-ils. Autrement dit, si le "cas" en question était un hybride, seul l'examen des diverses espèces qui l'ont produit nous permettrait de comprendre les phases successives de sa pénétration et de sa stabilisation sur le territoire. Riccardo Mariani
professeur à l'Ecole d'architecture
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L'aménagement vise, par voie rationnelle,
à distribuer, équilibrer, dynamiser les activités
humaines dans l'espace et le temps, selon un projet de société
s'exprimant particulièrement par la voie économique et politique.
Le couplage des différentes fonctions de la société,
soutenu par l'énergie et la technologie utilisées, a favorisé
une emprise de plus on plus vaste et diversifiée sur l'espace planétaire:
L'environnement naturel a été considérablement modifié par l'application de la logique du fonctionnement des sociétés, issue des codes et pratiques propres à l'espèce humaine on tant que système culturel, hors du fatum biologique et physico-chimique. Cette transformation récente de la planète, propre à l'homme, suite à la biologisation de la terre pendant plusieurs milliards d'années, nous a apporté de nombreux bienfaits, mais a aussi provoqué des effets pervers: disparition des espèces végétales et animales, modifications négatives des biocénoses, déboisement, eutrophisation, érosion, pollution, effet de serre accentué, diminution de l'ozone stratosphérique, catastrophes diverses. Que fait-on de l'environnement naturel?
|
En conséquence la quantité annuelle d'énergie
que la société peut utiliser sur terre a une limite au-delà
de laquelle la viabilité planétaire est mise en cause.
L'emploi de carburants fossiles et la pollution atmosphérique actuels
font que le seuil de risque est en train d'être dépassé
(CO², CH4, NOx, O3, etc.: effet de serre amplifié). L'utilisation
de ressources renouvelables (hydraulique, solaire, vent, marée,
etc.) et géothermiques ne présente pas ce genre d'inconvénients.
Sans
effets de serre, des quantités plus élevées, dix à
cinquante fois, que la moyenne mondiale actuelle, pourraient être
employées sans ennuis majeurs. L'énergie atomique ne
serait pas à rejeter dans son principe, pour autant que des procédés
avantageux soient découverts (problème des déchets
et de sécurité de l'installation).
La viabilité des projets de société passe donc par une population mondiale et un emploi de l'énergie stabilisés dans un proche avenir; elle demande aussi un meilleur emploi de l'eau douce (le flux annuel sur terre n'est que le 0,003% de la masse totale dont les 97% sont salés) et une intégration des flux de l'agrosphère et de la technosphère dans l'écosystème général (contrôle de la pollution chimique et physique). Si présentement on peut se disputer sur l'échéance et la valeur exacte des seuils limites, il est difficile de contester ces principes issus du fonctionnement du vivant et de la planète. Connaissant les enveloppes de viabilité planétaire, il est possible d'examiner les particularités régionales et locales et ainsi orienter les choix optimaux dans ces sous-ensembles. Les conséquences sur les codes socioculturels et l'économie sont variées. Cette dernière a un rôle clef dans l'aménagement du territoire. Il est nécessaire de la reconnecter à la réalité physique (entropie) et biologique, de la moduler (incitation, subvention, taxe) vers des innovations qui contribueront à changer notre manière de produire et de consommer (Pillet et Odum, 1987), à la fois écologique et économique. Genève: des lambeaux de forêts
Hubert Greppin
professeur, Faculté des sciences
Bibliographie:
Goorgescu-Roogen N., "The entropy Law and the economic process", Harvard University Press, Cambridge: 1981. Greppin H., "L'interface homme-nature", Médecine et hygiène, No 46, pp. 3277-3283, Genève: 1988 Lamette M .,"Fondements rationnels de l'aménagement d'un territoire", Masson, Paris: 1985. Pillet G. et Odum H.T., "L'énergie, écologie, économie", Georg, Genève: 1987. Raffestin Cl., "Régulation, échelles et aménagement du territoire", Médecine et hygiène, No 41, pp. 20-21, Genève: 1983. Ramade F., "Eléments d'écologie", McGraw-Hill, Paris: 1987-89 (2 vol.). Ramade F., "Les catastrophes écologiques", Mc-Graw-Hill, Paris: 1987. |
Depuis des années, Michel Serre enseigne
un nouveau mode de penser, une nouvelle manière de percevoir notre
appartenance au monde Il nous aide à réactiver nos
«cinq sens», au-delà des catégories établies
par la funeste partition, dans notre civilisation urbaine et militaro-industrielle,
entre culture scientifique et culture littéraire. Ce faisant, nous
franchissons un nouveau «passage Nord-Ouest» entre le continent
des sciences dites exactes et celui des sciences dites humaines; nous redécouvrons
une mer à la fois nouvelle et très ancienne, patiente et
pacifique. Nous retrouvons, en passant du mythe à l'hypothèse
scientifique, le monde, au vieux sens du terme, cette Terre-Mère,
la Biosphère, que les anciens Grecs, et de nos jours James Lovelock
et Lynn Margulis, nomment Gaïa.
Dans son dernier livre, «Le contrat naturel«, Michel Serre poursuit, à sa manière cette quête de Gaïa, commencée voici des années, en navigateur solitaire, dans l'indifférence générale. Depuis peu, son oeuvre devenant de plus en plus visible, avec déjà une vingtaine de livres publiés, ce philosophe qui enseigne une autre histoire des sciences et de techniques, une autre façon de «faire de l'histoire», sort de l'ombre. Son tort? Il n'était pas «discipliné»! Sa récente élection à l'Académie française témoigne avec éclat de ce qu'il faut bien appeler l'effet de Serre (!). Il est grand temps de le prendre au sérieux, dans toutes nos disciplines dites académiques. En parlant de l'effet de Serre, on ne peut s'empêcher de penser à cette question d'une brûlante actualité, née avec l'industrialisation, et que la grande presse, depuis la conférence mondiale de Toronto - «l'Atmosphère en évolution: implications pour la sécurité du globe» - en juin 1988, nomme «effet de serre», alors qu'il s'agit plus précisément d'une dérive d'origine anthropique, thermo-industrielle, de l'effet de serre de la biosphère. Qu'est-ce que cela veut dire? Et bien, c'est encore Serre, philosophe de la «révolution carnotienne», qui nous apprend à le comprendre: en relisant Sadi Carnot et Joseph Fourier, héros éponymes de cette révolution scientifique qui traduit, d'une manière fulgurante et longtemps incomprise, la technologie, la théorie physique, la géographie, l'écologie et la cosmologie de notre monde thermo-industriel. Les pionniers de la thermodynamique
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Avec Carnot et Fourier, avec la révolution
industrielle et la nouvelle philosophie naturelle de la chaleur, en pratique
et en théorie, l'homme n'est plus séparé du monde,
et le monde n'est plus insensible au développement d'Homo sapiens,
qui est avant tout Homo faber, en occurrence agent naturel, force
géomorphologique et biogéo-chimique: la civilisation industrielle
se compare aux autres forces de la nature. Illustré par la fameuse
"courbe
de Keeling" mesurant, depuis le début de l'ère industrielle,
l'accroissement accéléré de la concentration du CO2
dans l'atmosphère (avec de remarquables variations saisonnières
liées au métabolisme de la planète), l'impact de notre
développement économique sur la Biosphère surpasse
aujourd'hui celui du volcanisme! La révolution industrielle?
Une éruption thermo-industrielle!
Au moment où triomphe le Capital, hélas, on perd la terre, source de la richesse chez les physiocrates. L'économie politique du XIXe siècle, soeur de la mécanique industrielle, impose le travail, le rendement, la marchandise, l'utilité, le profit, la productivité, et oublie le monde, le met littéralement hors "circuit", au moment même où la nature de l'économie se métamorphose en transformant irrévocablement l'économie de la nature, c'est-à-dire en altérant, par notre "métabolisme industriel", les grands cycles biogéochimiques de la biosphère, pour parler comme Vladimir Vernadsky (1863-1945), le véritable père, méconnu, de cette science de la biosphère qu'est l'écologie globale. Le métabolisme de la biosphère
Jacques Grinevald
chargé de cours à la Faculté des
sciences économiques et sociales
A également publié:
et à l'institut universitaire d'études du développement. "L'effet de serre de la Biosphère: de la révolution thermo-industrielle à l'ecologie globale", Stratégies énergétiques, Biosphère et Société, 1990, 1:5-30 et "La menace climatique", numéro hors série de la revue Silence, mai1990. |
Lourde est la responsabilté des
organes compétents aux niveaux fédéral, cantonal et
communal ainsi que celles des autorités appelées à
donner en dernière instance leur autorisation aux projets. C'est
pourquoi l'Etude d'impact sur l'environnement (EIE) est un instrument important
de la protection préventive d'un paysage, à condition d'être
appliquée de manière cohérente.
Le but de l'étude d'impact en matière N+P est d'établir les effets directs et indirects d'un projet sur les données naturelles, les utilisations et fonctions réciproques entre les différents facteurs précités, les biens et le patrimoine culturel. C'est pourquoi une étude d'impact N+P doit avoir pour objectif, d'une part, l'être humain et, d'autre part, le reste du monde environnant animé ou inanimé (milieu vital). La conjugaison de tous les éléments inventoriés dans l'étude N+P, associés aux différentes études accomplies tant au niveau du sol, de l'eau, de l'air, de la nature et du bruit constitue l'ensemble du tissu paysager, dont chaque particularité doit être prise en compte. Au lieu-dit du vallon des Vaulx sur la commune de Plan-les Ouates, nous avons analysé l'intégration du projet autoroutier et plus particulièrement son secteur en tranchée ouverte - cette étude a été menée par le bureau Ecosys S.A. avec lequel nous collaborons - en tenant compte du relief dont il a été indispensable d'en découper les surfaces. Cependant, l'influence du périmètre environnant, c'est-à-dire celui se trouvant à l'extérieur du site proprement dit, a été également considérée. |
Les moyens de description d'un site supposent obligatoirement
des points de vue. La manière dont ils sont choisis n'est pas indifférente,
puisqu'ils se concentrent sur un certain nombre de lieux: habitation, chemin,
route, promenades, etc. Dans ce cas nous avons choisi sept points de vue.
Il faut donc déterminer en priorité ceux qui ont un intérêt
manifeste et permettent effectivement à des spectateurs d'avoir
une perception du milieu. Cependant ceci ne signifie pas qu'un paysage
qui ne serait pas fréquenté présente moins d'intérêt
ou d'attrait. Sa qualité première pourrait résulter
précisément de l'absence de construction, de traces de l'occupation
humaine, de son isolement. Les points de vue ne constituant que les reférences
à partir desquelles le paysage est vu.
A partir de l'instant où le site a été cadré, un inventaire des fonctions du payasage a été entrepris afin d'en retenir toutes les structures. La technique employée s'est faite sous la forme d'une matrice, avec d'un côté les fonctions du paysage et de l'autre, les différents points de vue. L'analyse du site a permis d'identifier le caractère particulier des structures relevées et d'exprimer ce qui fait sa richesse. La comparaison avec l'état futur qui prend en compte la voie projetée a mis en évidence les modifications du paysage dues au projet. Ainsi les impacts du projet ont été décrits de manière à mettre en évidence les modifications que va subir le paysage, les changements que vont percevoir les riverains dans leur manière de vivre et d'utiliser un site: de plus, un plan de mesures de protection a été proposé afin d'éliminer ou d'atténuer les impacts négatifs relevés sur le site. Jacques Dozio
architecte-paysagiste
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