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Technologies appropriées

Suisse, "Ils se lancent dans la fabrication d’un lait stérilisé par les rayons du soleil":
LES DIABLERETS
Dès cet automne, le village servira de laboratoire à un test inédit: l’upérisation de produits laitiers grâce au soleil.
ESTELLE BRESSOUD
24 heures, 21 février
    On connaissait ses vertus chauffantes applicables aux chaumières; le soleil, cette source d'énergie renouvelable, s'apprête à faire son entrée... dans les briques de lait et autres pots de yoghourt!
    C'est l'idée fort originale développée dans les bureaux de SunAlpes, ouverts depuis le mois de novembre dernier aux Diablerets. Et l'une seulement des applications agroalimentaires envisagées par cette fondation privée spécialisée dans l'héliotechnique (lire encadré). Le principe est en apparence simple: produire la vapeur nécessaire à la stérilisation du liquide par une alimentation non pas classique, mais solaire.

Quelques emplois en plus
    Toute la difficulté - et la prouesse - réside dans l'obtention de températures élevées. «Nous parvenons à produire de la chaleur proche de 300 degrés», assure Yassine Allani, fondateur et président de SunAlpes. Il est le père du dispositif en jeu, un concentrateur solaire extraplat, mis au point sur le site de l'EPFL durant environ quinze ans. Pour l'heure en pièces détachées, il sera érigé à Isenau. Début des essais prévu en octobre.

    La perspective emballe le laitier du village Lucien Morerod, lié au projet par un accord de partenariat. «Il y a un gros potentiel», estime-t-il, lui qui n'écarte pas l'idée «magnifique, quoique un peu utopique» d'ouvrir une vraie laiterie grâce à cette trouvaille. Où il serait possible de stériliser un maximum de nectar sur place, avec à la clé quelques emplois en plus. Le laitier juge judicieux, toutefois, de se concentrer sur la pasteurisation plutôt que sur l'upérisation, «plus difficile à faire» et moins racée.

Argument de vente
    Car la démarcation reste son meilleur argument de vente. Et en cela, l'intervention écologique de l'astre confère une évidente plus-value au produit. Lui qui traite 100 à 200 litres par jour au plus fort de l'année, n'imagine pas ce marché de niche déborder des limites ormonanches, ne serait-ce que par fidélité au caractère «vert» de l'opération. Mais il croit volontiers au succès de dérivés tels que crème double, beurre ou fromage blanc. Ainsi qu'à une application à l'autre extrémité de la chaîne: le séchage de l'herbe. «Cela permettrait de garantir une même qualité de fourrage toute l'année
    Les incidences financières? Yassine Allani exclut d'éventuels surcoûts. Pour Lucien Morerod, les paysans pourraient voir leurs marges s'arrondir. «Mais on ne peut pas vendre le litre de lait à 2 francs», nuance aussitôt le commerçant.