On connaissait ses vertus chauffantes
applicables aux chaumières; le soleil, cette source d'énergie
renouvelable, s'apprête à faire son entrée... dans
les briques de lait et autres pots de yoghourt!
C'est l'idée fort originale développée
dans les bureaux de SunAlpes, ouverts depuis le mois de novembre dernier
aux Diablerets. Et l'une seulement des applications agroalimentaires envisagées
par cette fondation privée spécialisée dans l'héliotechnique
(lire encadré). Le principe est en apparence simple: produire la
vapeur nécessaire à la stérilisation du liquide par
une alimentation non pas classique, mais solaire.
Quelques emplois en plus
Toute la difficulté - et la prouesse - réside
dans l'obtention de températures élevées. «Nous
parvenons à produire de la chaleur proche de 300 degrés»,
assure Yassine Allani, fondateur et président de SunAlpes. Il est
le père du dispositif en jeu, un concentrateur solaire extraplat,
mis au point sur le site de l'EPFL durant environ quinze ans. Pour l'heure
en pièces détachées, il sera érigé à
Isenau. Début des essais prévu en octobre. |
La perspective emballe le laitier du village Lucien
Morerod, lié au projet par un accord de partenariat. «Il
y a un gros potentiel», estime-t-il, lui qui n'écarte
pas l'idée «magnifique, quoique un peu utopique»
d'ouvrir une vraie laiterie grâce à cette trouvaille. Où
il serait possible de stériliser un maximum de nectar sur place,
avec à la clé quelques emplois en plus. Le laitier juge judicieux,
toutefois, de se concentrer sur la pasteurisation plutôt que sur
l'upérisation, «plus difficile à faire»
et moins racée.
Argument de vente
Car la démarcation reste son meilleur argument
de vente. Et en cela, l'intervention écologique de l'astre confère
une évidente plus-value au produit. Lui qui traite 100 à
200 litres par jour au plus fort de l'année, n'imagine pas ce marché
de niche déborder des limites ormonanches, ne serait-ce que par
fidélité au caractère «vert» de l'opération.
Mais il croit volontiers au succès de dérivés tels
que crème double, beurre ou fromage blanc. Ainsi qu'à une
application à l'autre extrémité de la chaîne:
le séchage de l'herbe. «Cela permettrait de garantir
une même qualité de fourrage toute l'année.»
Les incidences financières? Yassine Allani
exclut d'éventuels surcoûts. Pour Lucien Morerod, les paysans
pourraient voir leurs marges s'arrondir. «Mais on ne peut pas
vendre le litre de lait à 2 francs», nuance aussitôt
le commerçant. |