RÉSEAU SOL(ID)AIRE DES ÉNERGIES !
Résumés de publications environnementales internationales

1998
L'avenir du désarmement
No spécial de la Revue internationale et stratégique

Les enjeux du désarmement nucléaire pour la France - Pascal BONIFACE
Puissance nucléaire moyenne ayant dû lutter contre son allié et protecteur américain pour accéder à ce statut, la France entretient nécessairement des relations complexes avec le désarmement nucléaire. Ses traditions historiques et ses intérêts de sécurité la conduisent à soutenir ce processus, mais elle doit également ne pas mettre en péril sa force de dissuasion. Longtemps tributaire de ces exigences, la France adopte, avec la fin de la guerre froide, une approche plus offensive à l'égard du désarmement nucléaire, laquelle n'est cependant pas exempte de toute ambiguïté.

Les étapes du désarmement nucléaire - Michel ROCARD
Faut-il ou non éliminer les armes nucléaires? Pour Michel Rocard, le désarmement nucléaire est nécessaire et possible, à condition qu'il s'inscrive dans un processus à long terme ponctué, de façon continue, par différentes étapes-butoir, au niveau desquelles se négocieraient de nouveaux équilibres de sécurité. L'engagement d'un tel processus s'explique par la nécessité d'accroître les pressions sur les Etats du seuil ou s'y approchant, de tarir les trafics et la production des matières nécessaires à la fabrication d'une arme nucléaire, et enfin de légitimer un processus de contrôle général incluant tous les Etats afin d'éviter que s'installe un dialogue/contrôle bilatéral américano-russe.

Dissuasion et désarmement nucléaires: compatibilité et complémentarité - Xavier DE VILLEPIN
Le climat international tendant à la délégitimation du nucléaire va de pair avec l'accélération du processus de désarmement nucléaire et le renforcement de la lutte contre la proliférauon nucléaire. Il ne saurait toutefois dissimuler que le concept français de dissuasion de stricte suflisance, qui reste le coeur de notre défense, garde da pertinence et tend paradoxalement à se renforcer, voire à se généraliser. Quant au désarmement nucléaire, processus long et complexe, il ne saurait, selon toute vraisemblance, déboucher sur une élimination totale des armes nucléaires. Dès lors, si la France apporte une active contribution au processus de désarmement nucléaire et - bien sûr - de lutte contre la prolifération, sa participation directe à de futures négociations multilatérales de désarmement ne peut pour l'heure qu'apparaitre lointaine, sinon hypothétique. C'est dans ce contexte que doivent être impérativement assurées les conditions de la pérennité de la dissuasion nucléaire française, y compris sur le plan financier.

La politique française de dissuasion et les perspectives de désarmement nucléaire - Jack LANG
La place et le rôle du nucléaire au sein des politiques de défense sont, depuis la fin de la Guerre froide, remis en question par les évolutions politiques, stratégiques et technologiques. Les variantes susceptibles d'influer sur les choix doctrinaux sont aujourd'hui plus nombreuses. Il faudra tenir compte, tout particulièrement, des risques liés à la prolifération des armes de destruction massive, et inversement des nouvelles exigences concernant le désarmement nucléaire et le renforcement des régimes de non-prolifération. Quelle est la politique de la France, et sa marge de manoeuvre en la matière? Peut-elle poursuivre sur la voie du désarmement nucléaire sans remeure en cause la crédibilité de sa politique de dissuasion, qui s'appuie sur une posture minimale?
 

L'énigme du désarmement nucléaire - Pierre LELLOUCHE
Si l'ère atomique ne semble être qu'une simple étape politique de notre histoire, le monde occidental entrant dans une prospective de guerre intelligente post-nucléaire, le développement de la prolifération des armes de destruction massive au Sud, la résurgence de nouveaux risques nucléaires à l'Est liés à la gestion de l'héritage nucléaire soviétique, et la persistance d'armes et de schémas de pensée datant de la période de la Guerre froide expliquent ou rendent nécessaire le maintien d'une veille technologique, via une dissuasion nucléaire minimale.

De la nécessité du désarmement nucléaire - Jean-Claude SANDRIER
Si nous voulons lutter efficacement contre le problème de la prolifération nucléaire et, en même temps, engager un véritable processus de désarmement général et total - qui est humainement, économiquement et politiquement nécessaire -, il faut cesser d'attribuer à l'arme nucléaire des qualités politiques et militaires qui n'ont plus lieu d'être. Tel est, en substance, le message de J.-C. Sandrier, pour qui le désarmement nucléaire total suppose le respect de trois conditions: une volonté politique d'abord, appuyée sur une vraie politique de prévention et de sécurité; de la loyauté ensuite, par un engagement clair et ferme en faveur du désarmement; et enfin, la nécessité de fixer des étapes lisibles, contrôlables, avec une date-butoir négociée. Sans renoncer brutalement à sa force de dissuasion, la France doit faire du désarmement nucléaire l'oblet principal de sa diplomatie si elle veut continuer à compter parmi les grandes nations de ce monde.

Pour une nouvelle approche de la problémalique nucléaire- Georges CHARPAK
Bien que se présentant en tant que non-spécialiste des questions nucléaires, la participation de Georges Charpak au débat sur la possibilité et l'opportunité d'éliminer les armes nucléaires a le mérite de nous éclairer sur les contraintes techniques qui influent sur les choix politiques en matière de dissuasion nucléaire. Pour l'auteur, la réduction des armes nucléaires, voire leur suppression, si elle est souhaitable et doit être poursuivie par les grandes puissances nucléaires, doit néanmoins s'opérer dans la transparence et prendre en compte les intérêts légitimes des Etats qui veulent se doter d'une capacité nucléaire.

Les aspects techniques du désarmement nucléaire - Jacques BOUCHARD
Au-delà des armes nucléaires elles-mêmes, l'arrêt puis le démantèlement des installations de production des matières fissiles constituent une opération de grande ampleur, eu égard à la taille considérable des installations et à la nécessité de garantir en permanence la sécurité radiologique; elle concerne les usines d'enrichissement de l'uranium, les réacteurs de production du plutonium et les usines de retraitement permettant d'extraire le plutonium de qualité militaire des combustibles irradiés.

La France et le désarmemenl nucléaire - François HEISBOURG
Le monde serait-il en voie de dénucléarisation? C'est du moins ce que laisse supposer, a priori, la multiplication des ZLAN (zones libres d'armes nucléaires), la quasi-universalisation et prorogation du TNP, ainsi que les mesures de désarmement unilatérales, bilatérales et multilatérales qui ont été engagées depuis 1989. Une fois ce constat établi, on peut deviner les grandes tendances qui vont se dégager et caractériser les arsenaux nucléaires et le désarmement nucléaire: d'un côté, la mise en oeuvre de forces nucléaires modestes, qui à terme pourraient évoluer vers la constitution d'arsenaux virtuels; de l'autre, une recrudescence des risques de prolifération des armes de destruction massive, tendance qui viendrait atténuer, voire annuler la première. Dans ce cadre, quelle stratégie, quelles mesures concrètes ou initiatives la France peut-elle adopter et proposer?

Faut-il éliminer les armes nucléaires ? Georges Le Guelte
Un conflit nucléaire et conventionnel en Europe a pu être évité grâce, d'une part, à la présence d'armes nucléaires, qui sont devenues des instruments au service de la dissuasion et, d'autre part, en raison du succès de la politique de non-prolifération. A la lumière des événements intervenus dans le monde depuis la chute du mur de Berlin, l'auteur s'interroge sur ce que devraient être les priorités actuelles de la dissuasion nucléaire, au regard de la prolifération et des politiques de non-prolifération, et sur les moyens de concilier les choix politiques et les contraintes techniques. Si l'élimination des armes nucléaires s'inscrit dans la logique de l'après-Guerre froide, celle-ci doit être partielle et menée de façon graduelle.

Les paradoxes du désarmement- Thérèse DELPECH
Depuis deux ans, l'évolution des relations internationales ainsi que différentes prises de position sur le désarmement nucléaire ont donné à ce sujet une actualité nouvelle. Certes, le thème est plus chaudement débattu aux Etats-Unis qu'en Europe, mais le débat actuel sur le désarmement est loin de se limiter à la fin de l'affrontement entre l'Est et l'Ouest. Ainsi, la Chine devient un élément de l'équation beaucoup plus significatif que ce n'était le cas tout au long de la Guerre froide, et le débat a aussi des dimensions régionales de plus en plus importantes, qu'il s'agisse du Moyen-Orient, du sous-continent indien ou de l'Extrême-Orient. A ces nouvelles données s'ajoute un certain nombre de paradoxes liés au désarmement et qui font de l'ensemble de la question un thème d'une appréhension difficile.

Le débat international autour de l'élimination des armes nucéaires - Rebecca JOHNSON
La fin de la Guerre froide a accru la pression en faveur de l'élimination complète des armes nucléaires, la question de leur licéité étant même devenue une dimension nouvelle du débat sur la dissuasion. Reste à savoir si un monde débarrassé de l'arme nucléaire est, d'une part, désirable et, d'autre part, faisable. A ces questions, diverses réponses sont données, selon les clivages idéologiques et politiques qui tournent autour du concept de la dissuasion nucléaire. Dans cet article, l'auteur envisage les conditions sous lesquelles le désarmement nucléaire pourrait advenir. Comment éliminer définitivement les armes nucléaires? Selon quel processus? Doit-on adopter une approche flexible, où toute évolution serait soumise au gré des changements des conditions de sécurité? Ou au contraire faut-il engager un processus visant la suppression pure et simple de l'arme nucléaire à partir d'échéanciers stricts, définis à l'avance?

Le débat sur les armes nucléaires américaines: le consensus ébranlé - Cathleen S. FISHER
Les changements survenus avec la fin de la Guerre froide ainsi que les doutes qui accompagnent la perspective d'une prolifération accrue ont remis en cause la conviction américaine concernant le rôle politique et militaire de son arsenal nucléaire. Les points de vue concernant les coûts et les avantages aussi bien du maintien du nucléaire que des solutions nouvelles le remettant en cause, sont très partagés. D'une part, il y a ceux qui continuent à croire que le nucléaire constitue toujours la réponse à grand nombre de nos problèmes. D'autre part, il y a ceux qui trouvent que les risques que sous-tend le recours à la dissuasion nucléaire sont de plus en plus importants par rapport aux avantages que celui-ci apporte en matière de défense nationale, et qu'il convient donc d'éliminer les armes nucléaires afin de faire face aux risques qu'une prolifération accrue généralisée pourrait faire courir aux vies et aux intérêts américains.

L'Europe, l'Allemagne et le débat sur le désarmement nucléaire - Harald MÜLLER
Le désarmement nucléaire a été mis à l'ordre du jour du débat international sur la sécurité, la maîtrise des armements et les armes nucléaires. Plusieurs changements expliquent le renouveau d'un intérêt pour «l'abolition du nucléaire». La fin de la Guerre froide a sensiblement bouleversé les données de la sécurité internationale, et a mis à mal l'une des raisons d'être de la doctrine nucléaire de l'OTAN, à savoir la nécessité d'affronter un ennemi disposant de forces conventionnelles supérieures. Les questions de prolifération de matériels nucléaires sont de plus en plus évoquées, et il existe une école de pensée qui maintient que l'on pourrait mieux appréhender le problème de la prolifération si de sérieuses tentatives de désarmement nucléaire se faisaient sentir. Aux Etats-Unis, un vif débat a mis en valeur la préférence de la majorité des leaders politiques et militaires, pour des réductions drastiques des arsenaux, et même l'abolition totale, plutôt que le maintien du statu quo; leur motivation n'est pas issue d'un certain idéalisme, mais plutôt axée sur une analyse sobre des nouvelles données de la sécurité internationale. Cet article examine la position des gouvernements européens face à ce problème, en particulier celle du gouvernement allemand.

La position de la Chine sur le désarmement nucléaire - Cai FANGBO
Aborder la question nucléaire du point de vue du désarmement et du contrôle des armements est, depuis le début des années 1960, une constante de la politique chinoise. Dès 1964, la Chine s'est engagée solennellement à ne pas être la première à utiliser l'arme nucléaire ou menacer de l'utiliser contre les Etats qui en sont dépourvus ainsi que les zones dénucléarisées. Conformément à sa tradition, l'actuel gouvernement chinois saisit l'occasion de la signature du CTBT sur l'interdiction totale des essais nucléaires pour se faire une nouvelle fois l'apôtre d'un désarmement global et général, prenant en compte les droits et les besoins légitimes d'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire des pays en voie de développement.

Position chinoise on matière de désarmement: permanences et évolution - Constance LORENTZ
Alors que les questions touchant au désarmement ont connu des phases très différentes, la position chinoise sur le sujet a conservé pratiquement intact l'esprit qui prévalait jusqu'aux premières années d'existence de l'ONU: l'aspiration à un désarmement à la fois global et complet. Tout en s'adaptant à l'évolution qu'a connu le désarmement, la République populaire de Chine s'est en effet peu à peu adaptée à la donne internationale en intervenant à son tour dans les enceintes internationales. Mais les déclarations de bonne volonté chinoise et la ratification de nombreux accords ne lèvent cependant pas l'ensemble des ambiguïtés qui caractérisent la politique chinoise en matière de défense. Bien que prônant un désarmement total, la sauvegarde de la paix, de la sécurité et de la stabilité du monde, la Chine continue en effet de soutenir «l'édification de la modernisation socialiste» et poursuit pour ce faire, comme le font les autres pays et régimes dans le monde, la modernisation de ses forces armées, dont l'une des composantes est nucléaire.


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