Très développées
en Allemagne et en Suisse, les maisons passives sont conçues de
manière à limiter au minimum les besoins de chauffage. À
l'heure actuelle, en France, ce type de maison est rare comparé
aux 5.000 bâtiments déjà construits sur ce principe
chez nos voisins Allemands. Mais certains constructeurs et architectes
se sont penchés sur la question à l'image de l'entreprise
Les
Airelles accompagnée du cabinet En Act Architecture.
En effet, les deux sociétés sont sur le point de terminer
la construction de deux maisons passives à Formerie dans l'Oise
de 132 m2 habitables chacune.
Pour le confort d'été, l'inertie thermique a été renforcée par la présence de murs intérieurs maçonnés qui devront absorber la chaleur du jour pour la restituer la nuit. Parallèlement, pour limiter l'exposition au soleil durant la période estivale, ces maisons sont équipées de stores, auvents et des arbres à feuilles caduques sont prévus à proximité sur le terrain de 600m2. À toutes ces installations caractéristiques des maisons passives, s'ajoute une particularité spécifique au projet. Ces deux maisons seront basées sur une structure mixte bois/béton. En effet, l'initiateur du projet, Richard Lefebvre, a choisi d'adapter l'ossature plate-forme développée par le Comité National du Développement de Bois (CNDB) à la maison passive. Il s'agit en fait d'un système à colombage où le torchis a été remplacé par de l'ouate de cellulose qui trouve sa place entre les montants d'ossature en bois massif. |
Mais une maison passive ce
n'est pas qu'une juxtaposition de matériaux. Leur mise en œuvre
lors des travaux nécessite beaucoup de rigueur notamment en ce qui
concerne l'étanchéité à l'air. Une attention
particulière est indispensable pour que le renouvellement de l'air
soit parfaitement maîtrisé car aucun pont thermique n'est
acceptable. C'est pourquoi, juste avant les travaux de finition, les deux
maisons seront soumises au test Blower Door pour vérifier
que les infiltrations d'air restent très faibles et conformes à
la
norme de la maison passive. Le test met en pression et dépression
la maison grâce à un gros ventilateur pour mesurer les fuites.
Un contrôle par caméra thermique peut compléter la
vérification de l'ensemble de la maison. Ce test est indispensable,
à la fois pour valider les hypothèses de calculs thermiques
et surtout pour obtenir le label «Maison Passive» délivré
par le Passiv Haus Institut de Darmstadt en Allemagne.
Pour aller plus loin dans les économies de ressource, ces maisons passives seront équipées d'un système de récupération d'eau de pluie. Une cuve en béton de 5.000 litres équipera chaque maison pour alimenter en eau de pluie les toilettes, l'arrosage du jardin et le garage soit une réduction de 50% de la facture d'eau selon le constructeur. Ce chantier de Formerie est le premier de la société qui veut faire la démonstration de son savoir-faire. Pour Richard Lefebvre, fondateur de la société de construction, mon but est de montrer que des initiatives artisanales peuvent améliorer notre façon de construire sans attendre les prochaines réglementations thermiques. La maison passive n'est pas inaccessible en France, c'est ce que je suis en train de faire. Richard Lefebvre monte ce projet depuis maintenant deux ans. Après plusieurs formations sur les maisons passives en Suisse, en Allemagne et en France pour la construction en bois, il commence tout juste à le concrétiser puisque le chantier a débuté le 16 août dernier. Les maisons seront mises en vente dès la fin des travaux soit vers la mi-février. Mais pour les acquérir, il faudra compter au minimum 1.500€/m2 environ sans le terrain, les raccordements et la décoration. Le coût de la construction sera donc plus élevé au départ par rapport à une maison classique même si au cours de la durée de vie de la maison le budget chauffage devrait être moins conséquent. De plus, il faut rajouter les aides sous forme de crédits d'impôts cumulables pour les capteurs solaires et le récupérateur d'eau et les taux d'intérêts minorés que peuvent accorder certaines banques à ce type de projet. Rappelons que ces maisons ne doivent consommer que 15 kwh/m2/an, on est loin de la réglementation RT2005 avec son maximum de 85 kW/m²/an. En totalité, la demande en énergie primaire doit rester inférieure à 120 kWh/m2/an, incluant le chauffage, la production d'eau chaude, l'éclairage et la consommation électrique de la maison. Ce qui sous-entend que le comportement des occupants devra être exemplaire. À ce sujet, une sensibilisation sera faite sur les économies d'énergie et l'utilisation de matériels moins énergivores. Toutefois, étant donné qu'il s'agit d'une première, les maisons vont être placées sous «monitoring» durant une année. Les résultats réels de température intérieure, extérieure et de consommation électrique seront mesurés et analysés par l'école des mines de Paris. Espérons que les résultats soient à la hauteur de l'ambition du projet! |