RESEAU SOL(ID)AIRE DES ENERGIES
REALISATIONS SOLAIRES internationales
EXEMPLAIRES !
France: Deux maisons passives individuelles sont en train de voir le jour
à Formerie dans l'Oise
http://www.actu-environnement.com/
ADIT, nov. 2006
    Très développées en Allemagne et en Suisse, les maisons passives sont conçues de manière à limiter au minimum les besoins de chauffage. À l'heure actuelle, en France, ce type de maison est rare comparé aux 5.000 bâtiments déjà construits sur ce principe chez nos voisins Allemands. Mais certains constructeurs et architectes se sont penchés sur la question à l'image de l'entreprise Les Airelles accompagnée du cabinet En Act Architecture. En effet, les deux sociétés sont sur le point de terminer la construction de deux maisons passives à Formerie dans l'Oise de 132 m2 habitables chacune.
    Dans ces deux maisons, l'essentiel de la chaleur sera capté par les vitrages de la façade sud. Viendront en second, les apports internes que constituent les appareils électroménagers et les occupants puis, seulement en dernier, le système de chauffage aéraulique. Ce chauffage d'appoint distribue de l'air tiédi à travers la VMC. L'air extérieur est aspiré et passe par un tuyau de 50m de long enterré à 1,50m de profondeur, c'est le principe du puits canadien qui permet de réchauffer l'air entrant en hiver mais aussi de le rafraîchir en été avec une variation attendue de 10°C. En période de froid plus intense, ce puits canadien est complété par une pompe à chaleur air/air qui capture les calories sur l'eau du ballon d'eau chaude pour les envoyer dans chaque pièce via le réseau de la VMC. C'est cet air tiédi qui maintient la température souhaitée. Le ballon d'eau chaude est relié à 5 m2 de capteurs solaires thermiques accompagnés par une résistance électrique en cas de besoin. Sur le plan de l'isolation, un manteau de 35 à 40 cm est prévu sur l'ensemble des parois et les fenêtres sont équipées de triple vitrage. Tous ces équipements font qu'il est possible d'obtenir 19°C dans la maison voire plus, bien que cela ne soit pas nécessaire. En effet, contrairement aux maisons actuelles, les maisons passives n'ont pas de parois froides, même les vitres devraient avoir une température de surface à l'intérieur d'environ 17°en hiver contre 10° pour un double vitrage. La sensation de confort est donc possible dès 19°C.
    Pour le confort d'été, l'inertie thermique a été renforcée par la présence de murs intérieurs maçonnés qui devront absorber la chaleur du jour pour la restituer la nuit. Parallèlement, pour limiter l'exposition au soleil durant la période estivale, ces maisons sont équipées de stores, auvents et des arbres à feuilles caduques sont prévus à proximité sur le terrain de 600m2.
    À toutes ces installations caractéristiques des maisons passives, s'ajoute une particularité spécifique au projet. Ces deux maisons seront basées sur une structure mixte bois/béton. En effet, l'initiateur du projet, Richard Lefebvre, a choisi d'adapter l'ossature plate-forme développée par le Comité National du Développement de Bois (CNDB) à la maison passive. Il s'agit en fait d'un système à colombage où le torchis a été remplacé par de l'ouate de cellulose qui trouve sa place entre les montants d'ossature en bois massif.
    Mais une maison passive ce n'est pas qu'une juxtaposition de matériaux. Leur mise en œuvre lors des travaux nécessite beaucoup de rigueur notamment en ce qui concerne l'étanchéité à l'air. Une attention particulière est indispensable pour que le renouvellement de l'air soit parfaitement maîtrisé car aucun pont thermique n'est acceptable. C'est pourquoi, juste avant les travaux de finition, les deux maisons seront soumises au test Blower Door pour vérifier que les infiltrations d'air restent très faibles et conformes à la norme de la maison passive. Le test met en pression et dépression la maison grâce à un gros ventilateur pour mesurer les fuites. Un contrôle par caméra thermique peut compléter la vérification de l'ensemble de la maison. Ce test est indispensable, à la fois pour valider les hypothèses de calculs thermiques et surtout pour obtenir le label «Maison Passive» délivré par le Passiv Haus Institut de Darmstadt en Allemagne.
    Pour aller plus loin dans les économies de ressource, ces maisons passives seront équipées d'un système de récupération d'eau de pluie. Une cuve en béton de 5.000 litres équipera chaque maison pour alimenter en eau de pluie les toilettes, l'arrosage du jardin et le garage soit une réduction de 50% de la facture d'eau selon le constructeur.
    Ce chantier de Formerie est le premier de la société qui veut faire la démonstration de son savoir-faire. Pour Richard Lefebvre, fondateur de la société de construction, mon but est de montrer que des initiatives artisanales peuvent améliorer notre façon de construire sans attendre les prochaines réglementations thermiques. La maison passive n'est pas inaccessible en France, c'est ce que je suis en train de faire. Richard Lefebvre monte ce projet depuis maintenant deux ans. Après plusieurs formations sur les maisons passives en Suisse, en Allemagne et en France pour la construction en bois, il commence tout juste à le concrétiser puisque le chantier a débuté le 16 août dernier. Les maisons seront mises en vente dès la fin des travaux soit vers la mi-février. Mais pour les acquérir, il faudra compter au minimum 1.500€/m2 environ sans le terrain, les raccordements et la décoration. Le coût de la construction sera donc plus élevé au départ par rapport à une maison classique même si au cours de la durée de vie de la maison le budget chauffage devrait être moins conséquent. De plus, il faut rajouter les aides sous forme de crédits d'impôts cumulables pour les capteurs solaires et le récupérateur d'eau et les taux d'intérêts minorés que peuvent accorder certaines banques à ce type de projet. Rappelons que ces maisons ne doivent consommer que 15 kwh/m2/an, on est loin de la réglementation RT2005 avec son maximum de 85 kW/m²/an. En totalité, la demande en énergie primaire doit rester inférieure à 120 kWh/m2/an, incluant le chauffage, la production d'eau chaude, l'éclairage et la consommation électrique de la maison. Ce qui sous-entend que le comportement des occupants devra être exemplaire. À ce sujet, une sensibilisation sera faite sur les économies d'énergie et l'utilisation de matériels moins énergivores.
    Toutefois, étant donné qu'il s'agit d'une première, les maisons vont être placées sous «monitoring» durant une année. Les résultats réels de température intérieure, extérieure et de consommation électrique seront mesurés et analysés par l'école des mines de Paris. Espérons que les résultats soient à la hauteur de l'ambition du projet!