Etanchéité, production
d'énergie et véranda pour l'apport de lumière et de
chaleur, tels sont les principes des huit villas labellisées Minergie-P.
Un modèle à l'heure où les prescriptions légales
vont se durcir.
On n'arrête pas le progrès. En matière d'économies d'énergie non plus. Ainsi, les premières villas de l'Arc lémanique construites selon la norme Minergie-P sont-elles actuellement en projet. C'est la Ville de Lausanne qui, dans le cadre de ses projets de développement durable, a mis en vente à Vers-chez-les-Blanc une série de huit villas groupées conçues selon les normes d'économie d'énergie les plus sévères. «Nous avons délibérément placé la barre très haut», explique Patrick Chiché, l'architecte mandaté par la Ville de Lausanne, à l'occasion d'un séminaire organisé la semaine dernière à Lausanne par la société Realis. Exemplaire? L'idée est de bâtir un groupe de maisons où tous les critères d'une faible consommation d'énergie sont pris en compte dans un projet complet et cohérent. L'étanchéité est garantie par une isolation de 36 centimètres et des vitrages isolants triples. Une distribution de chaleur par pompe à chaleur et des capteurs thermiques en toiture pour l'eau chaude, ainsi que des capteurs photovoltaïques en avant-toit pour la production électrique, assurent une production d'énergie propre. En outre, tous les appareils ménagers sont de classe A ou A+, les moins voraces en énergie. «Nous avons également privilégié la récupération de chaleur directe par le biais de grandes baies vitrées orientées au sud qui constituent, en hiver, un espace tampon entre l'intérieur de la maison et le jardin», relève Patrick Chiché. Prévues pour être de très bon standing, avec des finitions soignées et des matériaux de qualité, ces villas d'environ 200 m2 comptent 6 pièces et demie réparties sur deux étages. La partie jour au rez-de-chaussée et la partie nuit au premier étage. Une répartition tout à fait classique. «A aucun moment les contraintes énergétiques ne nous ont amenés à commettre des aberrations architecturales. Au contraire, ces exigences supplémentaires étaient très motivantes pour moi et mon équipe. Elles donnaient une cohérence au tout», souligne Patrick Chiché. Chaque lot est vendu à un prix d'environ 1,2 million de francs (CHF) ~ 700.000 €, ce qui représente un surcoût de 10% par rapport à une construction traditionnelle. «Cependant, la Ville de Lausanne en subventionne la moitié», relève l'architecte. |
Un investissement d'avenir
A quoi s'ajoute que du point de vue financier, une telle construction représente plus un investissement à long terme qu'un véritable coût. Et ceci en raison de l'énorme potentiel d'économie d'énergie offert par une villa Minergie-P. En chiffres: pour chauffer une maison familiale traditionnelle, il faut brûler 8 à 10 litres de mazout par mètre carré. La maison Minergie abaisse cette consommation à 4,2 litres, et la maison Minergie-P à 3 litres. Ce type d'expérience prend tout son sens quand on sait que les prescriptions énergétiques pour les nouvelles constructions et les rénovations d'envergure seront encore renforcées. Le groupe de travail intercantonal MoPEC (Modèle de prescriptions énergétiques) planche actuellement sur un rapport allant dans ce sens. Ce document devra être approuvé par la Conférence des directeurs cantonaux de l'énergie (EnDK), et ce dès le printemps 2008 déjà. «Il y a eu une prise de conscience de l'urgence de la situation», constate Gervais Oreiller, ingénieur au Service de l'énergie du canton de Neuchâtel et membre du groupe de travail. Les énergies renouvelables seront fortement encouragées et un certificat énergétique sera délivré par les cantons. Mais surtout, la consommation de mazout devra obligatoirement passer de 9 litres au mètre carré actuellement, à 4,8 litres. Les contrôles seront intensifiés afin d'éviter que ces nouvelles prescriptions ne soient une fois de plus bafouées. Pour mémoire, en février 2007, le Service de l'environnement et de l'énergie du canton de Vaud révélait que la norme SIA 380/1 sur l'isolation thermique des bâtiments n'était pas respectée dans six cas sur dix. Comment va-t-on s'y prendre, dès lors, pour imposer ces nouvelles directives? «Malheureusement, pour des raisons de budget, il est impensable d'engager des fonctionnaires à cet effet, déplore Gervais Oreiller. Mais nous prévoyons de faire signer aux architectes et ingénieurs une convention dans laquelle ils s'engagent à respecter ces normes. Ensuite des contrôles réguliers, mais tout à fait inopinés, seront effectués par des bureaux privés.» |