L'Amphithéâtre
de Lyon, nouveau projet de l'architecte Renzo Piano qui s'inscrit dans
le cadre de la Cité Internationale, a été inauguré
le 1er juin 2006. L'architecture est "immergée dans la nature du
parc", explique l'architecte. Pièce maîtresse dans ce paysage
urbain, il achève le site et offre en même temps une porte
d’entrée nord à Lyon.
Dans les années 80, Lyon s'est lancé
un défi: créer sur le site de l'ancienne Foire internationale
de Lyon un nouveau centre d’animations. La Ville de Lyon et la communauté
Urbaine de Lyon lancent alors un concours d'architecture pour la réalisation
de cet espace, signant ainsi l'acte de naissance de la Cité Internationale.
Ce sera l'architecte italien Renzo Piano qui remportera le concours, associé
au paysagiste Michel Corajoud.
Le projet, une action concertée d’aménagement
engagée par la ville et par la communauté Urbaine, avance
avec l'intégration du Musée D'art contemporain, l'ouverture
de l'Hôtel Hilton, du Casino Pharaon, du cinéma UGC Ciné
Cité, des logements et des bureaux et des parkings.
La Cité internationale s'étend
sur un site de 20 hectares, fortement marqué par deux éléments
naturels: le Rhône et le Parc de la Tête d'Or. Elle se situe
à l'entrée nord-est de la ville, et bénéficie
d'un réseau dense d'infrastructures, composé du réseau
autoroutier et du périphérique nord.
Le parti pris architectural
Dès l'origine, le projet a privilégié
le site et son environnement naturel. Les concepteurs ont imaginé
des strates paysagères, du parc jusqu'au Rhône: il y a la
clôture du parc, la voirie en site propre (pour les transports en
commun) sur l'ancien quai Achille Lignon, les premiers bâtiments,
la rue couverte, la deuxième ligne de bâtiments, la bande
constituée de centaines d’essences, le boulevard, le bas port puis
le Rhône. Le projet de l'Amphithéâtre avait d'ailleurs
prévu dès son origine de planter un maximum d'espace entre
les ponts et la salle, tout est planté jusqu'au boulevard.
Renzo Piano le dit lui-même: l'architecture
est "immergée dans la nature du parc". Cette nature prend
presque le dessus sur l'architecture; il faut la traverser, l'appréhender
pour découvrir ensuite l'architecture.
L'Amphithéâtre joue un double
rôle d'entrée: ouverture sur la Cité et accueil pour
la ville de Lyon. Pour l'architecte, l'Amphithéâtre n'est
pas seulement un objet en soi. Il s'explique dans l'ensemble de liens qui
l'unissent avec la Cité, avec son environnement végétal,
entre parc et fleuve. Structurellement, l'image extérieure de la
salle reflète l'usage de cette machine de congrès. Le bâtiment
s'est dessiné à partir du site, de sa relation avec la place
et avec le reste de la cité, au regard de sa propre fonctionnalité
interne. Il existe une certaine convergence entre les deux dimensions…
sociale et urbaine.
Architecture et développement durable
Située entre le Rhône et le Parc
de la Tête d'Or, l'extension du Palais des congrès s'inscrivait
naturellement dans une démarche écologique. Les élus
du Grand Lyon l'ont confirmé en choisissant de privilégier
les énergies renouvelables, et d'intégrer les nouvelles avancées
technologiques dédiées à la construction et à
l'entretien de grands bâtiments. L'énergie solaire tiendra
une place importante dans la gestion de l’énergie au sein de la
Cité internationale.
Source d'énergie renouvelable et non
polluante, l'énergie solaire provient de la transformation du rayonnement
solaire en électricité. Ce procédé qui a déjà
fait ses preuves est aussi bien adapté aux besoins des particuliers
qu'à l'usage collectif. Par ailleurs, lorsqu'il est intégré
au projet architectural, de nombreuses solutions innovantes et originales
s'offrent pour fondre au mieux les capteurs dans le bâti.
Ici, ces capteurs solaires seront installés
sur 456m² du toit terrasse du Palais des congrès, à
l'extrémité sud du nouveau bâtiment, le plus favorable
du point de vue du "gisement solaire". Au total, c'est près d'une
centaine de modules photovoltaïques de 155Wc qui seront installés.
Compte tenu de la dimension imposante de l'extension du Palais des congrès,
cette solution ne pourra couvrir l'ensemble des besoins énergétiques
du bâtiment. Elle concourra cependant efficacement à la réduction
des coûts d'énergies, puisque la production attendue est de
17.400kWh par an. De plus, l’ADEME (Agence de l'environnement et de la
Maîtrise de l'énergie) et la Région Rhône-Alpes
subventionneront les investissements matériels induits par cette
installation à hauteur d'environ 70%.
Ainsi, en plus d'être renouvelable et
non polluante, l'énergie solaire est également un bon calcul
financier. Par le biais d'un contrat signé avec EDF, l'énergie
solaire produite injectée sur le réseau sera vendue à
EDF.
L'eau du Rhône pour chauffer la Cité internationale
Comme l'actuel Palais des congrès,
l'extension s’enfonce de près de 19 mètres dans le sol pour
accueillir trois niveaux de parkings et un espace d'exposition. |
Or, à cette profondeur, la construction est soumise à
des contraintes particulières, notamment concernant l'infiltration
des eaux de la nappe phréatique. Pour faire de cette difficulté
un atout et pouvoir bénéficier d'une source d’énergie
renouvelable et non polluante, les ingénieurs se sont lancé
un pari: profiter de ces eaux d'exhaure pour alimenter une thermofrigopompe.
Le principe est simple. Plutôt que d'évacuer
l’eau d'infiltration pompée en permanence, celle-ci est utilisée
comme fluide caloporteur. Son but est d'assurer un échange thermique
avec des refroidisseurs de liquide fonctionnant en pompe à chaleur
eau/eau. Trois refroidisseurs de liquide permettront ainsi de produire
simultanément de l'eau glacée (7 à 12°C) et de
l'eau chaude (45 à 35°C). L'eau est ensuite rejetée dans
la nappe, en dehors de la paroi moulée, par l'intermédiaire
d'un puits de réinjection.
Ce procédé innovant, permettra
d'assurer à lui seul 70% du chauffage et de la climatisation du
bâtiment. Une solution simple et écologique qui sera partiellement
complétée par l'utilisation de l’énergie solaire.
Les nouveaux espaces
La Place Publique se situe devant l'arrière
scène de l'Amphithéâtre, à l'extrémité
de la rue intérieure. Bien exposée, celui-ci peut s’ouvrir,
permettant à la place elle-même d'accueillir des spectacles.
L'Amphithéâtre n'est pas un objet
isolé mais un outil technique qui s'inscrit dans un dispositif global,
en capacité d'accueillir des manifestations hors normes comme grands
événements populaires. Recouvert de bardeaux de terre cuite
sur trois faces et de tuiles de zinc, l'Amphithéâtre ouvre
la perspective sur la Cité internationale. Pièce maîtresse
dans ce paysage urbain, il achève le site et offre en même
temps une porte d'entrée nord à Lyon.
A l'intérieur, l'hémicycle ouvert
à 180°, sans cloisonnement entre la scène, la salle et
les accès, ressemble à un cirque, ou à un stade, et
affiche une originalité digne du Philharmonique de Berlin ou du
Madison Square Garden de Londres. Modulable, il évolue en autant
de configurations que l'exigent les congrès ou les spectacles grand
public. Sa scène est un modèle d'innovations techniques,
grâce à son ouverture par l'arrière sur la place publique.
Côté fleuve et côté parc, l'édifice aux
reflets chauds se pare d’une double peau vitrée, dans la continuité
des premiers bâtiments.
Le nouveau forum et son foyer (5.400m² supplémentaires),
au même niveau que l'original, en trace le prolongement naturel.
Les deux espaces communiquent et offrent une précieuse opportunité
pour les expositions et salons de grande envergure. Cette continuité
concerne également la desserte, facilitant les livraisons et les
opérations de montage et de démontage. La distribution astucieuse
des usages — côté Rhône, les fonctions techniques, côté
parc l'accueil du public — est maintenue. Avec ces 5.400m² supplémentaires,
la surface totale des forums a été portée à
8.400m².
Les salles de commission (1.500m² supplémentaires)
ont été conçues et disposées de manière
à répondre aux besoins des utilisateurs et des visiteurs.
Certaines sont accolées aux espaces d’exposition alors que d'autres
sont installées en superstructures et se situent plus près
de l'Amphithéâtre. Deux salles en façade donnent sur
la place publique. L’une d'elles comporte un accès spécifique
pour les personnalités. Située au-dessus de l'arrière-scène,
elle dispose de sa propre régie, de quatre cabines d'interprétation
simultanée, d'un pré-équipement de diffusion en infrarouge.
Les salles de commissions seront gérées depuis le nodal,
comme pour le Palais des Congrès existant. Toutes disposent d'une
plate-forme de diffusion audiovisuelle de haute qualité technologique.
Le 1% artistique: Xavier Veilhan
"Les habitants": un homme au téléphone,
deux pingouins, un livreur de pizzas avec vélomoteurs, l'ours, la
roller girl et le grand pingouin: telles sont les figures qui agrémentent
la rue intérieure. Intitulée 'Les habitants', cette œuvre
en six pièces témoigne bien du travail et des réflexions
de l'artiste qui, parmi tant d'autres explorations artistiques, aime à
reproduire des personnages et des animaux dans des versions gigantesques
et colorées, une démarche figurative dont il s’amuse d'ailleurs
quelquefois.
Une fois installés, comment les personnages
de Xavier Veilhan résisteront-ils à l'érosion et au
temps? Lorsqu'on lui pose la question, le plasticien répond avec
malice: «ainsi l'œuvre pourrait être éternelle. Le
fantasme collectif voudrait même que l'art soit en dehors des contingences.
Or, il ne l'est pas». Les statues résisteront d'autant
mieux à l’eau, au gel, à la chaleur, qu'elles seront entretenues.
Le contrat de l'artiste comportait un avenant d'entretien.
Consulter également notre album-photo
'Le
nouvel Amphithéâtre, pièce maîtresse de la Cité
Internationale de Lyon'
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