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Grande-Bretagne: Réduction des gaz à effet de serre - Woking, ville miracle
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ADIT, octobre 2006
Mali Ilse Paquin   La Presse
    Si beaucoup de grandes villes s'avouent vaincues d'avance pour respecter le protocole de Kyoto, une municipalité peut se targuer de l'avoir déjà devancé. Woking, où résident 100.000 personnes, mène la course mondiale pour la réduction de gaz à effet de serre.
     Au premier coup d'oeil, rien ne démarque Woking des autres villes situées en banlieue de Londres. Pourtant, en y regardant de plus près, on remarque ici des panneaux solaires sur le toit d'une résidence, là, des lampadaires munis de turbines éoliennes.
     L'air de rien, Woking fait l'envie des municipalités britanniques, petites et grandes. Le chef du Parti conservateur, David Cameron, aime la citer en exemple dans ses discours sur le développement durable. Des conseillers municipaux y accourent de partout, même du Canada, à la recherche d'idées pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).
     Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le conseil municipal a réduit de 80% les émissions de GES de ses bâtiments en 15 ans. Dans toute la ville, la baisse est de l'ordre de 20%.
     La clé de ce succès? L'investissement dans l'énergie propre et renouvelable. À l'aube de cette démarche, en 1990, le but du conseil municipal était d'épargner sur la facture d'électricité. De l'eau dans les toilettes aux luminaires énergivores, la Ville s'est efforcée d'économiser de l'énergie partout. La philosophie a naturellement évolué vers une réduction de CO2 plutôt que de dollars, explique Lara Curran, responsable du développement durable de Woking. «Peu à peu, la nécessité de réduire les émissions de GES est devenue notre priorité. Le conseil a même adopté en 2002 une politique sur le réchauffement climatique. C'était juste une question de gros bon sens

Une aubaine
     L'aventure a été plus que payante. Le conseil a épargné 11,5 millions de dollars en coûts énergétiques depuis 1990. Une fortune pour une petite ville qui produit désormais 200.000 tonnes de moins de CO2 par année.
     Les 14 centrales de cogénération à turbine à gaz qui alimentent en électricité une bonne partie du centre-ville y sont pour beaucoup. Woking a choisi cette technologie pour son efficacité. Son système récupère l'énergie qui est normalement perdue dans la production d'électricité sous forme de chaleur. Sachant que les systèmes conventionnels perdent jusqu'à 60% de chaleur, la cogénération permet une grande économie d'énergie et, donc, d'émissions de GES.

     L'énergie solaire et les piles à combustible font aussi partie du programme de la municipalité. Par exemple, la résidence pour aînés Brockhill et un complexe sportif profitent de ces énergies propres. La pile à combustible à l'hydrogène consomme du gaz naturel mais ne rejette que de l'eau.
     «Ces minicentrales d'énergie nous permettent d'être plus autonomes face au réseau national, explique Lara Curran. La semaine dernière, lors d'une panne d'électricité générale, la résidence pour personnes âgées est restée fonctionnelle alors que les maisons l'autre côté de la rue étaient dans le noir
     Le plus incroyable, c'est que l'impôt foncier n'a pas été touché. Au lieu de rogner les portefeuilles des résidants - et de susciter une grogne générale - le conseil a fondé une entreprise, Thameswey Energy, avec des partenaire privés. C'était la meilleure façon d'obtenir des prêts bancaires pour les mises en chantier qui exigeaient des centaines de milliers de dollars. Tous les profits de l'entreprise sont réinvestis dans d'autres initiatives environnementales.
     À l'image de leur ville, les résidants de Woking rencontrés par La Presse font tous des petits gestes pour préserver l'environnement. Sophia Winter, par exemple, envisageait avec son conjoint de se convertir à l'énergie solaire. «Nous sommes en train d'y réfléchir, le problème, c'est que notre maison ne reçoit pas beaucoup de soleil durant le jour», a dit la dame entourée de ses trois enfants.

Championne mondiale
     Woking est la championne mondiale de la réduction de GES, confirme Jim Walker, de Climate Group, un groupe de pression international qui travaille avec des multinationales et des gouvernements pour faire face au problème du réchauffement climatique.
     «La plus grande concentration de panneaux solaires en Europe se retrouve à Woking. Le conseil a aussi eu la très bonne idée de combiner plusieurs technologies. C'est vraiment la recette gagnante
     Les villes auront un rôle majeur à jouer dans les prochaines années pour lutter contre le réchauffement climatique, croit M. Walker.«Les villes sont plus flexibles, moins bureaucratiques que les gouvernements nationaux, explique-t-il. Elles contrôlent de grandes infrastructures, comme le transport routier et le réseau d'énergie. Elles sont donc plus près des solutions
     «Près de 75% des émissions mondiales de GES proviennent de l'activité urbaine. Plus de la moitié de la population de la planète vit maintenant dans des villes. Elles ont donc une immense responsabilité face au réchauffement climatique!» conclut-il.