Mali Ilse Paquin La Presse
Si beaucoup de grandes villes s'avouent vaincues d'avance pour respecter le protocole de Kyoto, une municipalité peut se targuer de l'avoir déjà devancé. Woking, où résident 100.000 personnes, mène la course mondiale pour la réduction de gaz à effet de serre. Au premier coup d'oeil, rien ne démarque Woking des autres villes situées en banlieue de Londres. Pourtant, en y regardant de plus près, on remarque ici des panneaux solaires sur le toit d'une résidence, là, des lampadaires munis de turbines éoliennes. L'air de rien, Woking fait l'envie des municipalités britanniques, petites et grandes. Le chef du Parti conservateur, David Cameron, aime la citer en exemple dans ses discours sur le développement durable. Des conseillers municipaux y accourent de partout, même du Canada, à la recherche d'idées pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le conseil municipal a réduit de 80% les émissions de GES de ses bâtiments en 15 ans. Dans toute la ville, la baisse est de l'ordre de 20%. La clé de ce succès? L'investissement dans l'énergie propre et renouvelable. À l'aube de cette démarche, en 1990, le but du conseil municipal était d'épargner sur la facture d'électricité. De l'eau dans les toilettes aux luminaires énergivores, la Ville s'est efforcée d'économiser de l'énergie partout. La philosophie a naturellement évolué vers une réduction de CO2 plutôt que de dollars, explique Lara Curran, responsable du développement durable de Woking. «Peu à peu, la nécessité de réduire les émissions de GES est devenue notre priorité. Le conseil a même adopté en 2002 une politique sur le réchauffement climatique. C'était juste une question de gros bon sens.» Une aubaine
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L'énergie
solaire et les piles à combustible font aussi partie
du programme de la municipalité. Par exemple, la résidence
pour aînés Brockhill et un complexe sportif profitent de ces
énergies propres. La pile à combustible à l'hydrogène
consomme du gaz naturel mais ne rejette que de l'eau.
«Ces minicentrales d'énergie nous permettent d'être plus autonomes face au réseau national, explique Lara Curran. La semaine dernière, lors d'une panne d'électricité générale, la résidence pour personnes âgées est restée fonctionnelle alors que les maisons l'autre côté de la rue étaient dans le noir.» Le plus incroyable, c'est que l'impôt foncier n'a pas été touché. Au lieu de rogner les portefeuilles des résidants - et de susciter une grogne générale - le conseil a fondé une entreprise, Thameswey Energy, avec des partenaire privés. C'était la meilleure façon d'obtenir des prêts bancaires pour les mises en chantier qui exigeaient des centaines de milliers de dollars. Tous les profits de l'entreprise sont réinvestis dans d'autres initiatives environnementales. À l'image de leur ville, les résidants de Woking rencontrés par La Presse font tous des petits gestes pour préserver l'environnement. Sophia Winter, par exemple, envisageait avec son conjoint de se convertir à l'énergie solaire. «Nous sommes en train d'y réfléchir, le problème, c'est que notre maison ne reçoit pas beaucoup de soleil durant le jour», a dit la dame entourée de ses trois enfants. Championne mondiale
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