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France: Une conception environnementale ambitieuse pour le Centre Pompidou de Metz
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    C'est l’édifice de conception environnementale le plus important jamais réalisé en France: le futur Centre Pompidou-Metz, qui ouvrira en 2008, sera construit avec des matériaux recyclés, un éclairage naturel, et une sur-isolation favorisant les économies d’énergie. Il sera relié au réseau de chaleur de la ville au coeur d'un nouveau quartier mêlant habitat et commerce dans une démarche de développement durable. Présentation du projet.
     Le 7 novembre 2006 a été posée la première pierre du futur Centre Pompidou-Metz, première décentralisation d’un établissement culturel en France. L’édifice de 10.000 m2 doit ouvrir ses portes en 2008 dans le Quartier de l'Amphithéâtre de 50 hectares, près de la gare TGV et en lisière du centre-ville de Metz. Il est la pièce maîtresse d'un programme de requalification urbaine ambitieux mêlant habitat et commerce, confié à Nicolas Michelin, architecte-urbaniste. Comme son grand-frère parisien, dont il abritera une partie des collections, il offrira une architecture «audacieuse et pionnière». Avec le parc qui l’entoure, il sera l’un des plus importants projets de qualité environnementale jamais construit. «En avançant sur le parvis et dans les jardins qui relieront le centre-ville et la gare au Centre Pompidou-Metz, le visiteur découvrira un édifice aux tons clairs et lumineux, puissant et léger à la fois, invitant à s'abriter sous son toit protecteur. Nous avons imaginé une architecture qui traduise l'ouverture, le brassage des cultures et le bien-être, dans une relation immédiate et sensorielle avec l'environnement», annoncent Shigeru Ban et Jean de Gastines. Les deux architectes du projet ont imaginé un bâtiment audacieux alliant métal, béton et verre, avec une toiture hexagonale en textile marquée par une flèche centrale de 77 mètres de haut (clin d’œil au premier Centre Pompidou ouvert en 1977).

Des tubes en carton recyclé pour les galeries
     La charpente sera en bois lamellé-collé permettant de grandes portées. Les très larges débords du toit serviront de brise-soleil, et protégeront les façades des intempéries. Certains des matériaux utilisés seront issus de matériaux recyclés, comme les dalles de faux-plancher en sulfate de calcium (fabriquées avec les produits de désulfuration des hauts-fourneaux) ou les tubes de carton (produits avec du papier recyclé) pour les galeries.
Les différentes parties du bâtiment seront construites, en fonction de leurs caractéristiques, à partir des matériaux les mieux adaptés : métal pour la tour de circulation, béton pour le bâtiment-support et les galeries. Le choix d'une couverture en membrane PTFE (fibres de verre enduites de téflon) lui confèrera, selon ses concepteurs, une excellente durabilité et permettra de faciliter le nettoyage et la maintenance. «La membrane laisse passer 20% de lumière, ce qui rendra l’ensemble très lumineux», souligne Jonathan Thornhill, chef du projet du cabinet Shigeru Ban.
     Côte énergie, le bâtiment en dépensera le moins possible. «Il sera sur-isolé pour éviter les déperditions de chaleur, et le forum, à l’entrée du centre, ne sera chauffé que par le soleil. Le chauffage sera assuré par le réseau urbain, dont l'eau chaude provient partiellement des ressources locales (combustion des ordures ménagères, récupération de la chaleur émanant d'une centrale thermique)», précise Jonathan Thornhill. L'éclairage artificiel privilégiera les équipements peu consommateurs en énergie (tubes fluorescents notamment).

Déconstruction sélective des matériaux de l’ancienne gare de marchandises
     Un réseau de froid urbain sera installé pour assurer la climatisation du musée avec contrôle d'hygrométrie, et sera partagé avec l'ensemble du Quartier de l'Amphithéâtre. Les futures constructions devront impérativement se raccorder à ce réseau pour leur climatisation, afin d’éviter de nombreuses installations individuelles disgracieuses et de mieux contrôler les conditions sanitaires de production du froid. Le système de ventilation permettra de récupérer les calories ou les frigories dans l'air extrait des différents locaux.
La démarche environnementale s’étend à l’ensemble du quartier, aménagé sur les anciennes friches de la gare de marchandises. «Une déconstruction sélective a permis de trier les matériaux, d’en valoriser une grande partie et d’en réutiliser des quantités importantes lors de l’aménagement du Parc de la Seille, réalisé en 2001 sur l’ancien site de la Foire internationale de Metz», explique André Nazeyrollas, vice-président de la communauté d’agglomération de Metz-Métropole (CA2M), et premier adjoint au maire de Metz, en charge de l’urbanisme. Bien que situé à proximité immédiate de l’emplacement d’un ancien amphithéâtre gallo-romain, le projet architectural a été élaboré dans le souci constant de ne pas détruire les éventuels vestiges archéologiques enfouis dans le sol : les locaux en sous-sol ont été proscrits, et les fondations ou autres ouvrages enterrés (réseaux, machineries) ont été limités au minimum et situés aux emplacements les moins sensibles. Le potentiel archéologique est ainsi préservé pour les générations futures.
     Le choix de ne pas aménager de sous-sols permet de minimiser les terrassements, donc les transports de déblais et les mises en décharge. La nappe de pollution du site, peu profonde, sera confinée sous des ouvrages de voiries, afin d’éviter des transports et des stockages coûteux des terres contaminées.

Toitures végétalisées pour filtrer les eaux pluviales
     «Les espaces publics laisseront une large place aux modes doux de circulation(jardins, zones piétonnes, larges trottoirs, pistes cyclables) et favoriseront les transports en commun, avec une gestion du stationnement des véhicules optimisée sur des pavés-gazon, souligne André Nazeyrollas. La voie ferrée de marchandises existante sur le site sera traitée par un mur anti-bruit.»
     Une part importante des toitures des constructions sera végétalisée pour stocker et filtrer les eaux pluviales. Les eaux recueillies sur les surfaces imperméabilisées seront orientées vers des bassins de rétention ou d’infiltration dans des roselières. Celles du musée circuleront dans un jardin constitué de noues, jusqu’à leur évaporation ou infiltration.
     La construction du Centre Pompidou-Metz coûtera 60 millions € HT, financés à hauteur de 34 millions par la CA2M. Les autres financements proviennent de l'Etat (4 millions €), de l'Union européenne (2 millions € de Feder), du conseil régional de Lorraine (10 millions €) et du conseil général de la Moselle (10 millions €).