C.a. Le programme nucléaire français actuel
implique le développement rapide des surgénérateurs.
Compte tenu de la mauvaise utilisation de l'uranium naturel dans les filières à eau légère et des faibles ressources mondiales d'uranium (voir texte précédent), le développement du nucléaire peut se faire suivant deux stratégies 1. Le nucléaire est considéré comme une énergie d'appoint qui permettra d'attendre l'arrivée des énergies inépuisables solaire, géothermie. Son développement sera lent afin d'économiser l'uranium. Il sera modeste afin de dégager les moyens nécessaires au développement industriel des énergies nouvelles. 2. Le nucléaire est développé à marche forcée. C'est la stratégie actuelle de la France. Selon cette stratégie, le nucléaire représenterait 25% de l'énergie primaire en 1985, 40% en l'an 2000. A ce rythme de développement la France épuisera ses propres réserves d'uranium en dix ans. Il faut donc trouver rapidement un relais aux centrales nucléaires actuelles: ce relais, c'est le surgénérateur. Un programme ambitieux a donc été lancé avec comme première étape la construction, à Creys-Malville (Isère) du surgénérateur géant Superphénix (1200 MWe) qui devrait bientôt être suivi de plusieurs surgénérateurs de 1800 MWe dans la région de Chalons-sur-Saône. Ce programme est officiellement justifié par des raisons techniques: le caractère limité des réserves d'uranium, l'avance technologique - incontestable - du CEA dans ce domaine. Mais comme toujours les arguments techniques masquent les choix économiques et politiques faits par les grands groupes industriels, en l'occurence Creusot-Loire. Ce groupe qui a déjà - via Framatome - le monopole de la construction des centrales à eau légère (PWR), aura - via Novatome - la haute main sur la construction des surgénérateurs. Le rôle dominant de Creusot-Loire dans Novatome a été obtenu à la suite: 1. d'une restructuration industrielle à son profit: dans le secteur sidérurgique, prise de contrôle de NEYRPIC à la suite d'un accord avec Alsthom en décembre 1976, accord avec CEM et Alsthom pour la construction des turboalternateurs. 2. du démantèlement des services compétents du CEA: le transfert de l'équipe d'ingénieurs de Superphénix (composée d'agents du CEA (Technicatome) et de l'ex-GAAA) à Novatome devrait intervenir dans les deux mois. Les compétences du CEA, acquises grâce à l'argent du contribuable français, sont ainsi offertes en cadeau au baron Empain! La logique du programme de développement forcené de l'énergie nucléaire conduit les pouvoirs publics à faire des impasses, à griller des étapes. Tout se passe comme si on voulait rendre le choix du «tout nucléaire» irréversible (avant l'arrivée de la gauche au pouvoir ?!). L'opposition à la construction du Superphénix se développe-t-elle? On essaie de la prendre de vitesse. «Nous ressentons de la manière la plus nette que la meilleure façon de contrecarrer la contestation se développant au plan local et national est d'engager au plus vite, de manière irréversible l'opération et de rendre publique cette décision» Marcel Boiteux, septembre 1976
(information « provenant » de la Nersa). (suite)
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Effectivement, avant que le décret d'autorisation de création (terme de la procédure de sécurité) et que la déclaration d'utilité publique ne soient signés, les travaux de génie civil ont commencé sur le site le 15 novembre 1976 (les fondations sont actuellement pratiquement terminées). Bel exemple de politique du fait technocratique accompli C.b. Le développement rapide de surgénérateurs
est-il acceptable? est-il réaliste?
p.11
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4. Les crédits alloués
aux surgénérateurs hypothèquent l'avenir
Le coût de Superphénix ne cesse d'augmenter: de 3 MF au départ il dépasse actuellement 5 MF. Il est évident que la somme des études de toutes natures et des investissements indispensables pour amener la filière à un stade véritablement industriel est considérable: on a vu que toute une série de problèmes techniques complexes ne sont pas encore résolus: sécurité, retraitement des combustibles, amélioration du coefficient de surgénération. Les résoudre demandera du temps et de l'argent, ceci d'autant plus que, comme nous le verrons plus loin, nous sommes seuls à mettre au point cette filière. Consciente du problème, la direction d'EDF, qui a déjà beaucoup de difficultés à financer le programme de construction des PWR, refuse de payer le surcoût que représente la mise au point de Superphénix. C.c. Que se passe-t-il à l'étranger?
115. Tout comme le réacteur thermique, le réacteur
à neutrons rapides n'est possible qu'à cause d'une particularité
de la nature: l'existence des neutrons différés (neutrons
émis par des radios-isotopes quelques secondes après la fission
du noyau d'uranium). Si la réactivité se trouve encore augmentée
notablement et très rapidement, les mécanismes de contrôle
de la réactivité risquent d'être dépassés;
il existe alors une probabilité théorique de formation accidentelle
d'un sous-ensemble critique aux seuls neutrons rapides et prompts, c'est-à
dire non différés.
116. Les deux fusions du coeur dans les FBR (Fast Breeder Reactor) américains ont été heureusement contenues et il n'y a pas eu libération de radioactivité à l'extérieur mais une fusion non contenue aurait des conséquences tellement catastrophiques (voir le paragraphe 303) que l'opinion prévaut selon laquelle les réacteurs rapides ne pourront jamais apporter une contribution majeure à un programme de puissance, du moins pas avant que les processus sous-jacents aux modifications de géométrie du coeur soient parfaitement connus. (suite)
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Les recherches dans ce champ d'idées sont activement menées sans qu'on sache encore maintenant s'il sera jamais possible de dessiner un jour un réacteur de ce type qui élimine complètement la possibilité d'un sursaut local d'énergie capable de rompre les protections les plus fortes soient-elles. A la suite de ce rapport, la décision
de construire ce surgénérateur, qui devait être prise
à l'automne dernier, a été reportée à
une date indéterminée par le ministre britannique de l'industrie.
C.d. Superphénix est un nouveau Concorde
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