La façon dont une partie appréciable de la population a réagi, dès avant l'ouverture de l'enquête, qualifiée a priori de «bidon», est hautement critiquable et, pour parler net, inadmissible. Dès novembre dernier, le maire de Plogoff, Monsieur Jean-Marie Kerloc'h ne craignait pas de proclamer: (suite)
|
suite:
Pourtant, il faudra bien trouver une issue et, sur ce chemin, l'enquête publique n'est après tout qu'une étape. Toutes les instances régionales et départementales élues, y compris le député de la circonscription, ont réaffirmé leur soutien au projet. Comment dès lors convaincre les irréductibles? A notre avis, il y a quelque chose à tenter dans une direction assez peu explorée jusqu'à présent, et dont il serait fort étonnant qu'elle ne trouve aucun écho auprès des gens de Plogoff, qui sont avant tout des gens de mer. En effet, les deux tiers des actifs sont marins, embarqués sur des unités de la «Royale» (la marine de guerre française) ou de la flotte de commerce. Le reste s'adonne à la petite pêche, au commerce ou à l'agriculture. Les retraités aussi sont en majorité d'ex-marins. Le sens de la solidarité qu'ont les gens de mer est connu. C'est en s'appuyant sur lui que, peut-être, on pourra débloquer la situation.Voilà. Qu'en pensent les habitants de Plogoff? p.18
|
La Gazette vous a déjà
parlé du film en préparation sur les problèmes énergétiques
pour lequel nous avons fait appel à vos dons[1]. La méme
équipe vient de réaliser un filin sur l'opposition des populations
à l'installation des centrales nucléaires: LE DOSSIER PLOGOFF
Ce film et cette Gazette se complètent fort bien pour faire le tour de "l'affaire Plogoff". Nous nous permettons de suggérer l'un avec l'autre... la Rédaction
Contrairement à ce qu'espéraient
les pronucléaires, l'opposition des populations à l'implantation
des centrales nucléaires ne se relâche pas. Les enquêtes
«bidon» d'utilité publique donnent lieu, de plus en
plus souvent, à des affrontements violents entre les forces de l'ordre
et les populations. Après LE PELLERIN en 1977, c'est aujourd'hui
à GOLFECH et à PLOGOFF que des affrontements ont eu lieu.
|
Aussi, l'équipe qui a réalisé,
en 1976 «CONDAMNES A REUSSIR», film traitant des conditions
de travail à LA HAGUE et des problèmes soulevés par
le retraitement et le stockage des déchets nucléaires, a-t-elle
décidé de faire un film sur cette opposition des populations.
A propos des événements qui se sont déroulés récemment à Plogoff, on y montre cornment l'Etat tente d'imposer ses projets aux populations qui les refusent: - Dossiers bâclés. - Dangers passés systématiquement sous silence. - Mépris de l'opinion des populations, élus en tête. - Utilisation systématique de la force... On peut se procurer ce film (16 min couleur -1,33 -25 images/seconde - copie optique durée: 50 mn environ) auprès des organismes suivants: -Ciné Information Documents: 56, boulevard
Voltaire 75011 Paris. Tél.: 296.31.35.
p.19
|
Nous avons trouvé dans
la revue technique anglaise, Electrical Review International[1],
un article intitulé: «Nuclear power: the French do it their
way». Il est intéressant d'avoir un reflet de ce qui se
passe en France vu par un étranger. Nous livrons à nos lecteurs
la traduction de quelques passages où l'on y parle de M. Tanneguy
Le Maréchal, chef du département chargé de trouver
les sites à EDF et... de PLOGOFF.
Le Maréchal est un diplômé de 40 ans de l'École Polytechnique dont parmi les élèves connus figure le Président Giscard d'Estaing. Le Maréchal a passé deux ans à l'Institut Fermi aux États-Unis, avant de travailler dans une centrale nucléaire californienne. Il a participé à la construction d'une vaste gamme d'installations nucléaires en France ces douze dernières années. Le Maréchal dit: «Lorsqu'il s'agit de choisir un site, il faut bien sûr avoir en mains toutes les données scientifiques et économiques. Après cela, on a besoin de quelqu'un qui a du nez. Le genre de personne qui peut d'un seul coup d'oeil sur un bout de terrain me dire on peut le faire ici.»Le responsable des sites d'EDF ajoute: «Ce qui doit être évité à tout prix est de démarrer un. travail sur un site qui, pour des raisons techniques ou politiques, conduit à des difficultés qui peuvent se révéler insurmontables.»Aussi, théoriquement, Le Maréchal et ses collègues cherchent des endroits peu peuplés, où les habitants n'ont pas de griefs politiques à l'égard du Gouvernement. Le Maréchal n 'attache pas beaucoup d 'importance aux associations écologiques ou protectrices de l'environnement qui, par dogmatisme, s'opposent à l'établissement des centrales nucléaires quel que soit le site choisi. Il prend beaucoup plus au sérieux les groupes de pression locaux: «Ce n 'est pas le choix nucléaire lui-même qui soulève une opposition déterminée. Ce qui importe est l'émergence de considérations politiques locales.»La suite de l'article passe en revue le programme nucléaire français, nos lecteurs le connaissent... Ensuite l'auteur revient au problème des sites: «La politique française en matière de site a changé: on a remplacé la dissémination des sites par une concentration de plusieurs réacteurs sur un seul emplacement. Cela permet de réduire les coûts de construction et d'accélérer la procédure d'autorisation.» |
Le Maréchal explique:
«Lorsque la communauté locale a accepté le principe d'une implantation d'un réacteur nucléaire sur son territoire, la bataille est gagnée. On peut alors aller de l'avant et installer deux, trois ou quatre groupes. Une fois le premier réacteur installé, ils remarquent à peine les autres.»...Plus loin, sur la situation autour des sites, on peut lire: «Les débats publics et contradictoires sont inconnus. Les autorités mènent des enquêtes d'utilité publique qui se limitent à l'enregistrement par des fonctionnaires des griefs individuels ou collectfs à l'encontre des projets de construction des réacteurs. Il n'y a aucun débat entre EDF et les citoyens à l'échelon local. Les Conseils Généraux ont essayé d'aller contre le projet nucléaire, mais leur avis a été sommairement rejeté. Le ministre de l'industrie André Giraud affirme que la seule voie pour aller de l'avant consiste à convaincre les gens que le nucléaire est étudié par des experts à qui il doit être fait confiance. »...L'auteur décrit ensuite ce qui s'est passé à Plogoff pendant l'enquête d'utilité publique et donne quelques caractéristiques de la centrale. A la fin de l'article, on apprend également que Le Maréchal et ses experts recherchent des sites pour 20 surgénérateurs d'ici la fin du siècle... et que deux nouveaux Superphenix pourraient être installés à Creys Malville!... p.20
|