En 1979 est paru dans le «Memento
sur l'énergie» publié par le CEA, un tableau de
risques comparés des différentes sources d'énergie,
tableau provenant du rapport «Risk of energy production» AECB
1119 (1978).
Les résultats contenus dans ce tableau (fig. ci-contre) sont surprenants. Le nucléaire y est paré de toutes les vertus. En comparant les pertes d'hommes x jours (soit l'indisponibilité d'un homme pendant un jour) par MW x an d'énergie produite, on constate que toutes les énergies (à l'exception du gaz naturel pour la production d'électricité) sont plus dangereuses que le nucléaire. Il est plus que surprenant de constater que le chauffage solaire des locaux, sans appoint, conduit à environ une perte de 100 h x jours par MW/an alors que le nucléaire ne contribue à l'hécatombe que pour 1,9 à 10,1 h x jours! (suite)
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Risques comparés de différentes sources d'énergie*
En outre, pour les énergies nouvelles nécessitant une source d'appoint classique, les risques inférents à cet apprort, supposé assuré par le chabon, sont pris en compte ** Les données statistiques sont insuffisantes pour une évaluation correcte. Source: Risk of energy production AECB 1119 (1978) p.13
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Cette étude bien
alléchante pour ceux qui veulent convaincre à tout prix,
a fait l'objet de plusieurs publications de la part de son auteur Mr. Inhaber,
travaillant pour le compte du «Atomic Energy Control Board»
canadien. Si l'article publié dans le Bulletin de l'ACEA
(vol. 21 n°1) n'avait guère eu d'échos, par contre celui
publié dans Science (vol. 43, pA8, 23 févr. 1979)
entraînait dans la même revue un démenti cinglant dès
mai 1979 (vol. 204, p. 564).
Querelle d'experts, pensez-vous. Mais non, car ce démenti provenait de scientifiques du Energy and Resources Group de l'Université de Californie à Berkeley, MM. Holdren, Smith et Morris qui s'indignaient de l'usage fait de leurs travaux. Car Inhaber après avoir prévenu que «pour éviter des biais dans l'estimation des risques de santé pour le public provenant du nucléaire, il avait utilisé pour une partie de ses données de base, des valeurs provenant des travaux d'un critique du nucléaire bien connu... » (Holdren en l'occurrence). Le rapport utilisé était «Evaluation of Conventional Power Systems» Report ERG 75-5 Berkeley July 1975. La lettre de protestation publiée dans le numéro 204 de Science montre toutes les manipulations et démontre les erreurs. Nous ne résistons pas au plaisir de vous en donner un passage où les auteurs se défendent. A report we coauthored (2) is indeed the source of a number of AECB 1119's citations, but Inhaber has both misrepresented and misused our results.Pour ceux d'entre nous qui sont fâchés avec l'étranger dans le texte, en voici la traduction: «Un rapport que nous avons cosigné est en effet la source d'un certain nombre de citations du rapport AECB 1119, mais Inhaber a, à la fois, dénaturé et falsifié nos résultats. (suite)
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suite:
Il est à remarquer que nos officiels français ont toujours utilisé les «résultats» manipulés par Inhaber afin d'argumenter. Nous n'avons jamais vu de leur part un rectificatif dans le Memento de l'énergie. L'AIEA, plus gênée a publié un article qui laisse encore planer des doutes (vol. 22 n°2/6): RISQUES INHERENTS AUX DIFFERENTES SOURCES D'ENERGIE L'analyse de Inhaber, et cela n'est pas surprenant,
a fait l'objet de critiques sévères en particulier de la
part de Holdren (27,28), de ses collaborateurs et d'autres auteurs (29).
En dehors de nombreuses erreurs mathématiques et d'imperfections
conceptuelles (types et quantités de matières utilisées,
méthodes de contrôle appliquées, polluants émis
et caractère incomplet des cycles de combustible des énergies
existantes par rapport aux cycles des nouvelles technologies, etc,), les
valeurs supérieures de la fourchette caractérisant les risques
de santé calculés pour les systèmes d'énergies
renouvelables étaient imputables pour l'essentiel au choix du
cycle du charbon comme système d'appoint. Il serait préférable
de considérer, dans un premier temps, que les sources renouvelables
d'énergie ne sont pas destinées à assurer la charge
de base, mais plutôt à servir par intermittence de moyen d'économie
propre à réduire une partie de la demande d'électricité
satisfaite à présent par les combustibles fossiles, grâce
au captage de l'énergie éolienne et solaire, chaque fois
que cela est possible, dans des centrales de taille moyenne. Dans ce cas,
il n'est plus nécessaire de prévoir d'énergie d'appoint
ou de moyens de stockage. Le risque net de production d'énergie
à partir de systèmes non classiques devient alors la différence
entre le risque lié à la construction et à l'exploitation
de systèmes d'énergie renouvelables et les risques plus élevés
liés à l'approvisionnement et à la combustion des
quantités de combustibles fossiles que l'on épargne effectivement
en remplaçant ces combustibles par des sources d'énergie
renouvelables.
AIEA BULLETIN. VOL. 22, n°5/6
Voici les nombres de journées perdues pour
les travailleurs et pour les populations par MW et par an, ceci pour les
différentes sources d'énergies comparées. De plus,
nous avons porté côte à côte les valeurs trouvées
par Inhaber et celles provenant des calculs de Holdren sur la base des
mêmes données.
Il est symptomatique de constater que les sources non conventionnelles avaient été lourdement pénalisées mais que par contre le nucléaire sortait allégé de l'épreuve. Si le tableau des résultats des calculs «bricolés» de Inhaber a disparu depuis des mementos sur l'énergie du CEA, il n'y a jamais eu de démenti. De temps à autre, nous entendons encore les porte-paroles officiels faire une mention du rapport AECB 1119 ou à la méthode de calcul d'Inhaber. N'est-ce pas ce qu'ils appellent (et en cela les nouveaux valent les anciens, quand ce ne sont pas les mêmes) la désinformation? p.14
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