(L.F. GSIEN Ile de France)
Jamais la construction d'un barrage n'avait
donné lieu à de telles discussions.
Historique Depuis fort longtemps les habitants de Paris
et de sa région ont été préoccupés par
les inondations du fleuve qui dévastent leurs maisons, emportant
les ponts et faisant de nombreuses victimes.
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Jusqu'au début du siècle, pour
lutter contre les inondations, on fit appel à des travaux locaux
de défense, cherchant à améliorer l'évacuation
du flux: construction de digues, de parapets, approfondissement du lit
des rivières, suppression d'obstacles en modifiant les ponts et
en réduisant le nombre de piles.
A la suite de la crue de 1910, les idées émises cinquante ans plus tôt par MM. Poirée et Belgrand devaient être prises en considération. Il s'agissait de retenir dans de vastes bassins ou cuvettes artificielles une grande part du flux de la crue et de relâcher ces eaux, une fois la crue passée. Mais la tension internationale et la guerre de 14-18 empêchèrent la réalisation et il ne fut effectué qu'un programme limité de défenses locales. Une nouvelle crue en 1924 éprouva cruellement la banlieue parisienne, alors que les travaux déjà achevés limitaient les dégâts dans Paris. C'est alors qu'une commission d'étude préconisa un plan comportant en priorité la réalisation de 4 barrages pour emmagasiner l'eau, écrêter les crues, produire de l'électricité et contribuer à l'alimentation en eau. Le Conseil Général de la Seine soutenait ce programme et l'approuvait en juillet 1925. Premières réalisations Les quatre barrages prévus dans une première tranche étaient: 1. Le barrage de Crescent.
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Le premier sur la Cure et le second
sur un affluent de la Cure. Tous deux devaient agir sur les crues de l'Yonne.
Ces deux ouvrages étaient déjà programmés par
la Compagnie hydroélectrique de la Cure pour produire de l'électricité,
mais le département de la Seine, moyennant une participation financière,
obtint, grâce à une augmentation de la capacité de
ces barrages, le droit de disposer d'une réserve d'eau de 24 millions
de m3 pour la régulation du débit.
Le barrage de Crescent a une capacité de 14.650.000 m3 pour une hauteur de 32 m. Le barrage du «Bois de Chaumeçon» a une capacité de 19.250.000 m3. Ces barrages ont été mis en service respectivement en 1931 et 1934. Ils fournissent 65 millions de KWh par an. 3. Le barrage-réservoir de Champaubart aux Bois
sur le Blaise, affluent de la Marne.
4. Le barrage-réservoir de Pannesière-Chaumard.
Ce barrage, aménagé sur l'Yonne, commencé en 1938,
n'a été achevé qu'en 1950.
Second Programme
2. Barrage Seine
Exploitation du barrage: ce réservoir
a une double influence sur le régime de la Seine:
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b) en période de crue: le réservoir permet de prélever en Seine les 2/3 du débit maximum connu à la prise d'eau, soit 180 m3/sec. et d'agir efficacement sur l'écrêtement des crues. Troyes est pratiquement à l'abri des inondations et à Paris, avec une crue identique à celle de 1955, la hauteur des eaux serait réduite de 0,50 mètres. 2. Barrage-réservoir Marne
Sport et tourisme: pour éviter
les inconvénients dus aux variations de niveau, il a été
créé, au moyen de digues submersibles, deux bassins d'une
surface totale de 435 ha, constamment disponibles pour le sport et le tourisme.
En cas de nécessité, cette retenue d'eau peut être
destockée.
Résultats obtenus
En période de crue, une grande part du débit des rivières est dérivée et entreposée dans les barrages-réservoirs. Pour une crue semblable à celle de 1955, ils permettent de réduire de 0,70 m la hauteur de la crue. Le résultat est extrêmement important si on tient compte qu'aucun écrêtement de crue n'est encore réalisé sur l'Aube. p.10
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Actuellement, le barrage Aube
est en cours de réalisation, sa mise en eau est prévue pour
1988.
Barrage Aube
1. Caractéristiques générales du barrage Aube
2. Mode d'exploitation du barrage
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Mais en fait, l'importance et la fréquence des crues vont en décroissant de l'hiver au printemps et dans la période la plus dangereuse on dispose de la plus grande capacité d'écrêtement. La période de printemps nécessite une attention particulière. La priorité est donnée au remplissage en vue du soutien d'étiage, mais l'étude des statistiques de crues montre que les crues de printemps sont moins fortes et mieux écrêtées que celles d'hiver. De plus, sur tous les barrages, on conserve une «tranche exceptionnelle», soit une capacité supplémentaire de remplissage pour pouvoir écrêter une eau tardive. Le règlement fixe également pour les différentes périodes de l'année les débits de référence, c'est-à-dire le débit du fleuve à duquel il faut procéder soit au remplissage du bassin en période de crue, soit au délestage pour soutenir l'étiage. Conclusion La construction du barrage «Aube»
n'aurait probablement pas été possible si l'EDF n'avait un
impératif besoin d'eau pour ses centrales. Mais il faut reconnaître
que l'ensemble des barrages-réservoirs du bassin de la Seine a déjà
un résultat bénéfique et appréciable tant sur
l'approvisionnement en eau que sur la limitation des crues.
Les tranches nucléaires de Nogent
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Besoins en eau. Rejets thermiques
Le refroidissement de la centrale est assuré par un réfrigérant humide qui évacue la chaleur dans l'atmosphère sous forme de vapeur d'eau. Pour un ensemble de 2 tranches de 1.300 MWe, le refroidissement nécessite un prélèvement à la rivière de 4,5 m3/sec., dont 1,5 m3/sec. est rejeté sous forme de vapeur et 3 m3 /sec., rejetés après avoir été réchauffés à 18°, seront entreposés quelque temps dans un bassin pour subir un premier refroidissement avant d'être renvoyé à la Seine. A ce moment, le réchauffement de ces 3 m3 /sec. sera encore de 7°. Rejets physico-chimiques. Traitement des eaux
Eléments radioactifs
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Risques et dangers En fonctionnement normal, la centrale nucléaire crée une certaine pollution: - pollution thermique par le rejet d'eau chaude à la rivière, - pollution par le rejet de boue et effluents chimiques, - pollution par le rejet d'effluents radioactifs. Le troisième point est le plus inquiétant car il n'est pas prouvé que ces rejets, bien que de faible débit de dose, soient sans danger pour les populations. En fonctionnement accidentel, si des incidents se produisent: rupture de gaines, fuite dans le circuit primaire ou entre le circuit primaire et le circuit secondaire, la quantité de produits radioactifs peut être considérablement augmentée. Arrêterait-on une centrale ou procéderait-on à un rejet massif dans la Seine? Un accident peut aussi survenir aux bassins de stockage des effluents radioactifs (débordement, fissure, destruction par attentat). Ceci provoquerait un déversement massif à la rivière. Acccident majeur: pour préserver la nappe phréatique d'infiltration de produits radioactifs, un radier a été prévu sous l'ensemble de la centrale. Tout a été prévu pour qu'un accident majeur ne se produise pas, pour que la probabilité en soit la plus faible possible. Ceci n'en exclut pourtant pas la possibilité. Si un tel accident survenait - fusion du cœur - avec destruction du radier protecteur, il y aurait contamination de la nappe phréatique qui serait condamnée pour des millénaires. Il s'agit bien d'un risque technologique majeur, devant lequel notre société ferme les yeux et préfère céder au vertige de la production d'électricité, oubliant que l'on peut interdire toute une région. Risques d'accidents
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Vous imaginez le ravage et ce
qui va dégouliner à la Seine. Les autres incidents du genre
vidange inopinée d'un bac de désactivation d'effluents liquides
font penser, à côté, à un pipi de chat. Cette
fois, nous avons une quantité notable à la rivière,
qui va se propager comme un front de pollution avec une traînée
s'étendant dans le temps.
Le problème majeur que nous voyons apparaître est celui de l'alimentation en eau de la région parisienne. L'Agence financière du Bassin Seine Normandie a la lourde responsabilité de la gestion des ressources en eau destinées à alimenter les 10 millions d'habitants de la région parisienne. Il est légitime qu'elle fasse tout ce qui est en son pouvoir pour maintenir la qualité de l'eau d'une part, mais aussi, d'autre part, pour que les 10 millions d'habitants gardent confiance en cette qualité. Imaginez, ou essayez d'imaginer, ce qui se passerait si, à la suite d'un incident à la centrale de Nogent-sur-Seine, une rumeur se propageait donnant à penser que l'eau du robinet non seulement n'est plus potable, mais en plus est impropre à toute utilisation. Combien auriez-vous de morts?? Vous n'alimentez pas en eau en bouteille 10 millions d'habitants du jour au lendemain... Cela serait du même style que si dans une salle de cinéma comble vous criez au feu, pour voir seulement! Il est donc indispensable que ces services aient les moyens de contrôler eux-mêmes la potabilité de l'eau afin de pouvoir, le cas échéant, jouer sur les ressources en s'approvisionnant sur la Marne plutôt que sur la Seine. Ne vous dites pas que le SCPRI du professeur Pellerin est là. Grâce à l'incessante action de son directeur, pronucléaire acharné, doué d'une inépuisable réserve de mépris pour tout ce qui n'est pas SCPRI, le seul service officiel dépendant du ministère de la Santé, chargé de la protection contre les rayonnements ionisants, a perdu sa crédibilité auprès des populations. En cas d'accident, il faut viser à la plus grande efficacité. Il faut donc changer les méthodes qui consistent à en référer à l'échelon centralisé. La prise en charge de l'accident doit être régionale de façon à être insérée dans les structures locales et pour tenir compte non seulement des moyens, mais surtout des personnes disponibles sur place. Leur connaissance du terrain est indispensable à une bonne prise en compte des réalités. (suite)
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Le SCPRI a sa compétence propre, il peut servir de conseiller, il n'a pas à chapeauter les intervenants sur le terrain. Le grave problème actuel, c'est qu'avec des intentions qui relèvent d'un souci de protection, on en arrive dans tous les cas à obérer la vérité par souci de ne pas nuire au nucléaire ou à toute industrie polluante. Il y a une méconnaissance dramatique des véritables réactions d'une population: rassurer à tout prix dans tous les cas conduit les populations à ne plus jamais croire ce qu'on leur dit et à réagir par la panique à une situation de crise. De plus, à force de cacher la vérité, on ne sait plus informer réellement. C'est donc un cercle vicieux et pour le casser il faut éviter de donner à un seul service le leadership. Il faut recueillir l'ensemble des compétences et former un nouvel état-major à chaque fois. Finalement, le bilan actuel de la main mise du SCPRI sur la problématique des accidents, c'est que la présence de Pellerin change un risque technologique majeur en un risque psychologique majeur. INSTITUTION DEPARTEMENTALE
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