La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°66
Démocratie, décentralisation...
et la loi du plus fort


II. Extraits du compte rendu du conseil d'administration d'EDF
Février 1985

Compte rendu CFDT
Résultats définitifs 1984

 

     Le solde d'exploitation est déficitaire de 2,5 milliards de francs. C'est plus important que ce que l'on prévoyait.
     Les éléments positifs, développement des ventes d'électricité, liés à une bonne marche des centrales nucléaires sont largement contrebalancés par des éléments négatifs dont le plus important est la montée du dollar.
     La provision pour perte de change a été de 5 milliards en 1984, soit 2,4 milliards de plus que prévu initialement.
     L'essentiel du déficit est dû à la hausse du dollar. Le budget 1984 avait été fait sur la base d'un dollar à 7,50 contre l'avis de la CFDT. Le contrat de plan a retenu comme hypothèse un dollar à 8 F, hypothèse dénoncée par la CFDT. Le budget 1985 a retenu comme hypothèse un dollar à 9 F.
     Le dollar est à 10,50 F en février 1985. S'il reste à cette valeur en 1985 c'est déjà 2,4 milliards de francs de perte pour EDF.
     Selon la Direction l'écart du dollar dont EDF n'est pas responsable peut justifier un effort sur les tarifs en 1985 en appliquant l'article 9-2 du contrat de plan qui précise en effet que la hausse des tarifs doit tenir compte d'écarts importants par rapport aux prévisions qui ne lui seraient pas imputables. Autrement dit, dès 1985 on pourrait ne pas appliquer le -1% sur les tarifs, compte tenu de notre dépendance sur le dollar.
     Le représentant de la CFDT est intervenu sur ce dernier point pour remarquer:
     - La dépendance de l'électricité aux variations du dollar ramène l'électricité aux mêmes inconvénients que les énergies importées (On a même parlé en Conseil, de terme correctif dans la tarification lié au dollar comme pour le pétrole). Ce qui revient à remettre en cause le côté «indépendance de l'énergie électrique»
     - Cette dépendance peut elle aller jusqu'à remettre en cause la baisse des tarifs de l'électricité et pour une part à limiter le développement des ventes de l'électricité, développement que la CFDT jugeait surévalué lors du contrat de plan.
     Le problème aujourd'hui est de se dégager de cette dépendance du dollar.
     Sur ce dernier point, le Président pense que nous ne pouvons pas nous dégager du dollar. Remplacer les emprunts en dollars en 1985 par des emprunts en une autre monnaie pourrait faire perdre de l'argent à EDF si le dollar se mettait à baisser. EDF est malade du dollar mais il n'y a pas de remède.
suite:
Marchés approuvés par le Conseil
A - Centrale de Bellefontaine (Martinique) et Jany Nord (Guadeloupe) Montant: 86,6 millions de francs.
B - Etude d'une chaudière nucléaire 1.500 MW à neutrons rapides. Montant: 95 millions de francs.
C - Avenant au groupe turbo-alternateur du palier 1.400MW. Montant: 195,5 millions de francs.
D - Aménagement du réseau de transport (matériels électroniques poste BT). Montant: 68 millions de francs.
Compte rendu CFDT
Commentaire de la Gazette
     1. La lutte fut chaude pour la suite des réacteurs rapides, mais EDF inscrit dans son programme des études pour une chaudière surgénérateur 1.500 MWe.
     Comme en plus dans le nouveau planning il apparaît aussi un autre 1.500 RNR, on peut craindre que les déclarations de Boiteux n'aient été que le dernier sursaut d'EDF, contrainte par ailleurs «d'accepter» la filière RNR.
     2. Dernière nouvelle lue dans «New Scientist» (mai 1985):
     L'Angleterre a accepté que son industrie nucléaire soit candidate pour l'implantation d'une usine de retraitement de combustibles de la filière RNR sur le site de Dounray. En effet, comme le précisent les articles, dans le cadre des accords européens, il y a coopération pour la poursuite d'un programme de RNR. L'Angleterre exclut la possibilité d'accueillir le réacteur (qu'elle offre en prime à la RFA ou à la France) et se réserve le retraitement et le façonnage de combustibles.
     Les Anglais ont diversement apprécié la décision du gouvernement. Une délégation de parlementaires a fait une visite éclair en Allemagne et en France pour recueillir des renseignements. A noter qu'ils ont rencontré experts officiels et non officiels. La GSIEN a d'ailleurs été entendu.
     La Gazette, à la lecture des accords, vous avait fait part de ses craintes. Elles se réalisent: les accords européens risquent d'entraîner la France dans la filière RNR, même si cette filière n'est pas rentable, même si elle s'avère une aberration pour le stockage des déchets. On comprend mieux la disparition de la Commission Castaing, commission iconoclaste qui a osé demander une étude du non-retraitement.
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