Voici donc les réponses
que EDF entend faire aux questions qu'on lui pose au plan économique.
Comme cela sert d'être armé et de connaître l'avis de
son ennemi, vous voilà averti.
Bien sûr, il n'y a rien sur le plan technique mais il y a sûrement d'autres notes sur le sujet. Réponses à quelques questions concernant la gestion et les tarifs d'E.D.F. Les tarifs de l'électricité et,
plus généralement la gestion d'E.D.F., font depuis quelques
temps l'objet de commentaires de la part de différents interlocuteurs
de l'entreprise. Quelques affirmations critiques reviennent souvent. Elles
ne sont pas toujours inexactes et peuvent amener à réfléchir.
Elles sont parfois très contestables. Il nous a paru utile, en tout
cas, de les commenter à notre tour.
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1. Vous êtes une grosse entreprise... E.D.F. est effectivement une grosse entreprise.
C'est même la première compagnie d'électricité
du monde. Est-ce pour autant un monstre?
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qui coûte à l'Etat, ...
E.D.F. n'a jamais reçu de subvention
d'exploitation. D'autre part, l'Etat actionnaire qui a naguère contribué
au financement des investissements n'intervient plus depuis plusieurs années
sauf pour garantir les emprunts.
mal gérée, ... Un commentaire revient souvent à ce
propos: «E.D.F. a des effectifs pléthoriques et peu efficaces».
Les salariés, trop nombreux, coûteraient cher à l'entreprise
et donc aux consommateurs.
... et trop endettée. Aujourd'hui, la dette d'E.D.F. est de 230 milliards
de francs. Elle représente 1,6 fois le chiffre d'affaires. C'est
beaucoup. Mais c'est un niveau bas dans l'histoire de l'entreprise; la
dette a représenté jusqu'à 3,5 fois le chiffre d'affaires
lors du programme d'équipement hydraulique dans les années
1950. Enfin, il ne s'agit pas d'un ratio inhabituel pour une grande société
d'électricité. Il est de 1 aux U.S.A., 1,4 au Japon (TEPCO),
2,5 en Suisse (U.C.S.), 4,5 au Canada (Hydroquébec).
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2. Vous êtes un état dans l'état. Vous dictez votre loi en nous faisant la morale L'électricité n'est pas gratuite.
Comme dans toute entreprise, le premier rôle des tarifs est pour
E.D.F. de faire payer le service rendu.
Votre système tarifaire assure-t-il une véritable égalité de traitement entre clients? Une tarification fondée sur la vérité
des coûts garantit que chaque client ne paie que ce que coûte
sa consommation. Deux clients, s'ils ont les mêmes caractéristiques
de consommation, bénéficieront du même prix, ce qui
est la définition de l'égalité de traitement.
Vous dites que votre logique tarifaire est la plus satisfaisante. Mais pourquoi n'est-elle pas adoptée dans d'autres pays? Le principe de la tarification au coût
marginal n'est pas seulement un principe propre à E.D.F. Les tarifs
bleu blanc rouge d'Air France, de la S.N.C.F. ou du téléphone
en sont un reflet. Il est également recommandé par des instances
aussi variées que la C.E.E. et la Banque Mondiale.
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Enfin, au niveau international,
E.D.F. exporte ses principes de tarification tant en Afrique qu'en Amérique
du Sud ou en Chine. Donc, si la France est le seul pays à avoir
une tarification fondée sur les coûts aussi complète,
nombreux sont les pays qui souhaitent suivre cette voie nécessaire
à un développement harmonieux de leur secteur électrique.
3. Vous ne suivez pas l'évolution du marché... vous
êtes rigides
Bien au contraire, une entreprise rigide serait
une entreprise qui répercuterait intégralement dans ses prix
les évolutions de prix des autres énergies. Un amortisseur
fonctionne si les passagers du véhicule ressentent le moins possible
les chocs de la route. C'est exactement le rôle qu'E.D.F. a toujours
cherché à jouer.
* D'où le choc pétrolier car dépendance trop grande.
Pourquoi les prix de l'électricité baissent-ils dans certains pays étrangers et pas en France? Bien sûr, vous l'avez compris, si les
prix de l'électricité fluctuent dans certains pays étrangers
et suivent les prix du fuel, c'est parce que ces pays n'ont pas restructuré
leur parc.
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Deux cas se présentent: soit ces pays disposent d'une électricité d'origine hydraulique importante et à bon marché, compte tenu de leur cadre naturel, soit quelques compagnies étrangères, fréquemment sous la pression des Pouvoirs Publics, consentent des rabais particuliers aux gros clients au détriment, bien sûr, des autres consommateurs. Quand vos tarifs vont-ils baisser? C'est déjà fait. En 1986, les
tarifs de l'électricité ont baissé de près
de 2% en francs courants. En tenant compte de l'inflation la baisse, en
francs constants, est supérieure à 5% depuis 1985.
4. D'accord, j'ai compris vos raisonnements économiques mais
vous ne les appliquez pas.
Les principes de vente au coût marginal
qu'a retenus E.D.F. pour le calcul de ses tarifs ne peuvent conduire à
favoriser une catégorie de clientèle au détriment
d'une autre.
* Et pourtant le réseau de distribution est toujours inadapté. Par exemple, à Paris cet hiver... il y a eu des pannes dues à ce réseau Le résultat est donc une hausse en francs constants pour les clients haute tension et une baisse pour les clients basse tension à l'exception des gros clients basse tension ayant un chauffage électrique qui, engageant une part plus importante de coûts de production en particulier pendant les pointes d'hiver, ont vu leur tarif augmenter autant que les clients haute tension. p.28
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L'augmentation du prix de ces
fournitures d'électricité était nécessaire
pour refléter leur coût dans le système électrique.
Aujourd'hui, et pour quelques années encore, leur prix devrait rester
stable à francs constants puis, au-delà de cette période,
s'orienter à la baisse, comme pour l'ensemble des fournitures.
Le programme nucléaire n'a donc pas permis de faire baisser les coûts de production? L'augmentation du prix du fuel a rendu impératif le recours au nucléaire. Mais le prix actuel du nucléaire rend vain tout espoir de retour à des niveaux de coûts de production comparables à ceux de 1973. La substitution du nucléaire au fuel permet de limiter la hausse des coûts de production, elle ne les fait pas baisser. Pourquoi continuer à payer une prime fixe dans les périodes où je ne consomme pas? Dans une chaîne énergétique lourde en investissements comme la chaîne électrique, la sobriété consiste à économiser non seulement l'énergie consommée mais aussi la puissance. En basse tension, par exemple les quatre cinquièmes des charges supportées par le producteur distributeur n'ont pas de lien direct avec la consommation effective d'énergie et s'expliquent principalement par la puissance mise à la disposition des clients. |
Sans doute est-il vrai qu'une puissance jamais
appelée n'engendre pas les mêmes coûts qu'une puissance
effectivement appelée - c'est la raison pour laquelle une partie
des frais de puissance est incorporée à la part «consommation»
et non à la part «abonnement» de la facture -. Mais
cette considération est loin d'avoir un poids suffisant pour qu'on
puisse se satisfaire d'une tarification sans prime fixe.
Pourquoi continuer à demander des effacements quand vous n'en avez pas besoin? La pénétration de l'électricité
a conduit à substituer du nucléaire et du charbon aux centrales
fuel existantes, sauf dans des périodes de courte durée:
les jours de pointe mobiles.
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