Si l'on devait décider
aujourd'hui, en France, de la construction d'une centrale électrique
qui soit opérationnelle en 2003 et qui fonctionne plus de six mille
heures par an (c'est-à-dire environ 70 % du temps), une centrale
nucléaire serait la plus rentable.
L'édition 1993 de l'étude sur
les Coûts de référence de la production d'électricité
de France, publiée mardi 25 mai, par la direction générale
de l'énergie et des matières premières du ministère
de l'industrie (DGEMP), donne à nouveau l'énergie nucléaire
gagnante pour une centrale utilisée de façon intensive. Les
calculs ont eté effectués pour une installation qui entrerait
en service dans dix ans. Selon cette enquête, realisée tous
les trois ans depuis vingt ans, le coût de production d'un kWh nucléaire
est de 25 centimes environ, contre 30 centimes pour le charbon et le gaz.
Ces coûts intègrent les dépenses de recherche et développement,
de retraitement des combustibles irradiés, de stockage des déchets
ou de démantèlement, ainsi que le coût d'un accident
du type Tchemobyl (?). (souligné par le webmaistre...)
(Le Monde, 2juin 1993)
Commentaire sur l'article du Monde
Procurez-vous "Les coûts de référence,
Production électrique d'origine thermique"
Voici quelques extraits du rapport, ceci permettra de se faire une idée sur les résultats des calculs: (suite)
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suite:
V - Résultats (page 24) Les différentes solutions ou filières techniques retenues ne sont pas directement comparables, tant par leur disponibilité (aléatoire pour les aérogénérateurs), leur taille ou leur potentiel de développement (contraintes de la cogénération). C'est la raison pour laquelle il a paru opportun de présenter séparément les résultats des moyens de production centralisée de ceux des filières décentralisées (principalement aérogenérateurs et cogénération). V-1 Moyens de production centralisée
Coût complet du kWh produit en base (en cF93/kWh)
Il faut noter par rapport à l'exercice
"coûts de référence" réalisé en 1990:
VI- Conclusion générale (pages 33-34)
p.3
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Le maintien de cette compétitivité repose
sur la maîtrise de ses coûts et de sa disponibilité,
sans préjudice, bien entendu, du maintien d'une haute exigence en
matière de sureté.
Les centrales à cycle combiné fonctionnant au gaz naturel présentent un intérét économique confirmé pour des durées d'appel moyennes, en raison de leur coût d'investissement limité, de leur facilité de réalisation (délais courts de construction), de leurs avantages en termes de protection de l'environnement, sous réserve du bien-fondé des hypothèses d'évolution des prix du gaz. Cependant, la faiblesse relative des perspectives de développement des capacités de stockage de gaz limitera en pratique, à l'horizon 2003, le recours à cette technique de production. Il est donc opportun de poursuivre voire d'amplifier le programme de recherche et de réalisation de stockages de gaz. Si, compte tenu des hypothèses choisies la compétitivité de la filière charbon LFC apparaît aujourd'hui limitée, il existe néanmoins des plages de durée d'équilibre où les coûts du kWh charbon sont très proches des coûts du kWh gaz (cycle combiné); dans ces conditions, les centrales à charbon peuvent représenter un intéret comparable aux cycles combinés au gaz. Il importe donc de maintenir l'effort concrétisé par la construction des prototypes industriels de Carling (125 MW) et de Gardanne (250 MW) afin de chercher à maîtriser la technique des centrales à lit fluidisé circulant pour des puissances plus élevees (600MW). La maîtrise de la technique pour ces niveaux de puissance permettra de maintenir pour la semi-base la rentabilité des outils de production de l'électricité à partir de charbon par rapport aux cycles combinés au gaz. Le fait de disposer de deux techniques de production de l'électricité, comparables en terme de prix du kWh, permet en effet à long terme une diversification du parc, pour la semi-base, ce qui constitue un élément intéressant de sécurité d'approvisionnement. Vu auiourd'hui et compte tenu des perspectives modestes de croissance de la consommation d'électricité, les besoins de développement du parc de semi-base n'apparaissent qu'en 2006-2007. Toutefois, dans l'éventualité d'une reprise soudaine de la demande après une anticipation de croissance faible, ayant éventuellement conduit à un ralentissement trop important du rythme d'engagement des tranches nucléaires en base, la mise en service de quelques unités de semi-base pourrait être envisageable à l'horizon de l'étude. S'agissant des outils de production décentralisée, les installations de cogénération de forte puissance (40MW) présentent une excellente compétitivité par rapport aux outils de production nucléaire, au charbon ou au gaz. L'étude confirme l'intérêt économique de cette filière dont le gisement est cependant limité par le nombre des sites (industriels ou réseaux de chaleur) capables d'absorber durablement l'important volume de vapeur associé à la production d'électricité. Les installations de cogénération de plus faible puissance peuvent également, au cas par cas, présenter un intérêt économique dans la mesure où, outre l'économie de coûts de production qu'elles apportent au système électrique, elles peuvent également permettre une économie sur les coûts de transport et de distribution (moindre extension des réseaux de transport). Les aérogénérateurs qui s'approchent du seuil de rentabilité, figurent avec l'hydroélectricité parmi les plus prometteurs des modes de production de l'électricité à partir d'énergies renouvelables. La rentabilité économique d'aérogénérateurs situés sur des sites propices n'est pas à exclure à l'horizon de l'étude. Cela nécessite au préalable l'acquisition d'un savoir faire d'ingéniérie pour la maîtrise de cette technique. Les résultats de cette étude, confirmés par les analyses de sensibilité sur les différentes hypothèses retenues, permettent de conforter les choix énergétiques français. Sans remettre en cause les grandes options de la politique énergétique, l'étude met en évidence l'intérêt d'une relative diversification des moyens de production: cycles combinés au gaz et LFC au charbon pour la semi-base, développement de la cogénération dans les sites appropriés. (suite)
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Elle permet également d'éclairer les domaines où l'effort doit être accentué maîtrise des coûts de la filière LFC, poursuite et amplification de la recherche et de la réalisation de stockages souterrain de gaz, faisabilité des aérogénérateurs. Elle permet ainsi d'éclairer les enjeux et les décisions à prendre dans les années à venir en matière de politique énergétique. ANNEXE I (pages 35-36-37) l'assurance contre le risgue nucléaire La prise en compte d'une "assurance" contre
le risque nucléaire constitue l'une des critiques économiques
les plus traditionnelles des exercices de "coût de référence".
Cette évaluation soulève de nombreuses difficultés
méthodologiques.
p.4
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Une autre méthode pourrait
consister à faire fi de la probabilité d'un tel accident
et de demander à EDF de provisionner en tout état de cause
le coût d'un tel accident. Il conviendrait alors de provisionner
20 MdF sur 30 ans (en prenant l'hypothèse la plus pessimiste), c'est-à-dire
environ 600 MF par an ou 0,2 c/kWh.
Dans le même ordre d'idées, on pourrait également supposer que l'ensemble des centrales nucléaires du monde à économie de marché doivent faire face à un accident du type Tchemobyl et en provisionner le cout (estimé à environ 100 MdF par de nombreux experts internationaux). Cette formule est certainement très majorante puisqu'aucun scénario d'accident crédible ne permet de conclure à la possibilité d'un tel évènement, même en supposant le cumul d'hypothèses très défavorables. Le caractère totalement improbable de cette éventualité justifie bien que, si l'on envisage d'y faire face, c'est une mutualisation du risque au niveau de l'ensemble des centrales du monde à l'économie de marché qu'il convient de rechercher. La faiblesse de la probabilité de l'évènement ne peut justifier de provisionner cet accident sur 30 ans. Cependant, même dans cette hypothèse, l'impact sur le coût du kWh nucléaire serait de 0,1 c/kWh, c'està-dire du même ordre de grandeur que celui de l'évaluation précédente. 3) On peut observer enfin que la démarche d'évaluation du risque majeur devrait être étendue aux autres moyens de production, ainsi qu'à toutes les activités humaines, alors que le débat n'est réellement engagé que pour le nucléaire. 4) En dépit des réserves et des incertitudes majeures qui subsistent sur la démarche, on peut observer que la conjonction des hypothèses et des méthodes les plus sévères à l'encontre du nucléaire conduit à une évaluation ne dépassant pas 1 % du coût du kWh, soit l'ordre de grandeur de l'incertitude "naturelle" dans ce genre de calculs. L'impact de la prise en compte du risque nucléaire sur le coût du kWh serait donc faible et ne modifierait pas la rentabilité relative du nucléaire par rapport aux autres moyens de production de l'électricité. Conclusion du GSIEN Il est évident qu'une inquiétude
se fait jour. Le monolithisme de notre production électrique comporte
des risques. Même si les calculs avantagent encore le nucléaire,
il y a un flottement Malheureusement, il est bien tardif et il ne contraint
personne. Simplement essayons d'agir, sinon rien ne se fera et nous aurons
choisi, par manque d'intervention, le nucléaire.
(suite)
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APPEL DU 7 JUIN 1993
Les organisations signataires lancent l'Appel
suivant:
Pour une poursuite des moratoires nucléaires
Nous en appelons à l'opinion publique pour qu'elle s'exprime fortement en faveur de ces objectifs. Cet appel est adressé au président de la République française, M. François Mitterrand, au gouvernement français, et également aux chefs des Etats nucléaires et à leurs gouvernements : Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie. Pour tout renseignement: Stop essais !, c/o Bonnecombe, 12120 Comps-Lagranville. Tél: 65.74.13.40. p.5
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