Position prise en Assemblée générale le 15 janvier 1994
Pourquoi la sortie du Nucléaire
est la seule façon d'arrêter l'accumulation
des déchets.
Relançons le débat.
En 1992 nous avions souligné l'inquiétude grandissante des populations devant l'accumulation des déchets provenant du cycle du combustible nucléaire: - résidus miniers, - déchets des centrales, - déchets militaires. En 1993 la situation n'a guère changée. Au contraire, alors que nous réclamions un débat sur la politique énergétique et une analyse approfondie des conséquences des choix de cette politique, on vient de publier le décret autorisant la construction de Civaux et de programmer l'extension de Penly (2 tranches) et la construction du Carnet (2 tranches). Il est aussi possible, suite à l'enquête publique, que Superphénix obtienne son autorisation de redémarrage malgré une analyse de sûreté défavorable. Ceci augure très mal le déroulement du débat sur l'énergie prévu pour l'automne, débat devant se conclure pour la première fois par un vote aux 2 assemblées - Sénat et Parlement. Les problèmes de début et de fin de cycle n'ont pas été pris en compte lors du lancement du programme électronucléaire français, de même que la possibilité d'un accident grave avait été sous estimée. Il est donc indispensable d'intégrer dans une nouvelle approche de ce programme énergétique toutes ces données, principalement la donnée Accident, ainsi qu'une analyse du poids du nucléaire sur la nation (fragilité de l'approvisionnement énergétique, fragilité militaire due à l'accumulation des sites sensibles monoculture industrielle, déstructuration des régions, redevances inégalement réparties, etc.) Dès maintenant nous devons intervenir vigoureusement pour que le débat énergétique englobe enfin l'ensemble de ces problèmes et s'oriente éventuellement sur une sortie du nucléaire, sortie qui, manifestement, doit être imposée par les citoyens si tel est leur choix. De plus il faut tenir compte des conséquences de l'accident de Tchernobyl, il faut analyser les suites des négligences russes sur les sites de l'Est et vérifier nos propres sites. Les dernières révélations américaines sur les cobayes humains doivent nous conduire à une réflexion encore plus approfondie sur la nécessité de l'information et le rejet de toute politique de secret. L'ouverture des dossiers français à propos des sites militaires d'expérimentation nucléaire (le Sahara avec Reggane et Im Amguel, le Pacifique avec Moruroa et Fangataufa, ainsi que les sites chimiques et biologiques) est une nécessité impérieuse. La fin du cycle ne peut se réduire à la recherche de 2 laboratoires. Au contraire, à la lumière des différents rapports (Castaing, Curien) il est urgent d'attendre le résultat des recherches et pour le moment il faut entreposer. Ceci signifie que la puissance publique doit se décider à gérer les déchets existants. Cependant à cause de l'absence de solutions rien d'irréversible ne doit être engagé, mais il ne faut pas tolérer une pollution de l'environnement. L'ANDRA a dressé un inventaire de sites: qu'a-t-on effectué comme travaux? Comment sont-ils surveillés? (suite)
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Par exemple les pollutions relevées par l'ACRO et la CR11-RAD à la Hague, à Radiacontrôle et à l'ex-société Bayard montrent qu'il y a encore beaucoup à faire pour - traiter le devenir d'un site sous contrôle depuis 1966, - traiter d'une société qui n'a aucune autorisation de stockage sur son site, - traiter des friches industrielles. Que des recherches soient nécessaires pour reprendre correctement le problème des déchets c'est une évidence. Qu'il faille commencer par des laboratoires alors que l'IPSN a déjà ses LEMI (Laboratoires d'Etudes Méthodologiques et Instrumentales) c'est une inélégante façon d'enterrer un problème important. Avant tout il faut attendre - pour les combustibles non retraités un éventuel stockage en l'état. - pour les déchets existants que la règle fondamentale de sûreté (note III 2.f) du 10juin 1991 pour le stockage des déchets radioactifs en formation géologique ne soit pas une suite de voeux pieux, sans aucune définition quantitative des propriétés à exiger tant pour les containers que pour les terrains. Ceci revient à laisser une totale liberté aux entreprises chargées du stockage profond et à permettre une adaptation de la règle au terrain choisi. et pour tous un entreposage surveillé Le GSIEN rappelle:
Le GSIEN demande avec force:
Un vrai débat sur la politique énergétique et sur les déchets, vrai débat signifiant intervention réelle des citoyens, prise en compte de leurs réflexions. C'est la poursuite ou l'arrêt du nucléaire qui doit être en question. p.3
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Vous avez lu qu'un prix Nobel avait découvert le moyen de produire de l'énergie abondante, pas chère et non polluante. Bien sûr c'est encore une nouvelle type charlatan. Cette annonce était destiné à recueillir des fonds et n'a pas de consistance. Pourquoi? 1 - D'une part la famille du Thorium est connue depuis qu'on a découvert la radioactivité! d'autre part si on a choisi l'Uranium c'est parce que c'est le SEUL isotope naturel fissile avec des neutrons thermiques. 2 - Le dossier présenté à grand fracas est incomplet. Les recherches à mener se chiffrent en dizaines d'années avant qu'un simple projet puisse naître. 3 - Dans le débat sur les déchets il est a minima inopportun et en fait malhonnête de laisser croire que la Science pourra résoudre les problèmes. Une reconnaissance du problème du stockage des déchets de tout le cycle nucléaire est apparue au fil des années. Elle doit continuer, les recherches aussi mais les recherches ne donnent pas de solutions a priori et rapidement. Or les déchets sont déjà là et ils ne peuvent attendre. On doit entreposer proprement sinon la réversibilité sera un mythe de plus. 4 - Les approches couplage d'un réacteur et d'un accélérateur de particules n'ont jamais été étudiées au plan de la sûreté pour tenter de faire un ensemble cassant des déchets et/ou fournissant de l'énergie. Ce n'est pas seulement prématuré d'en parler c'est en fait tuer la filière Thorium. Pour les tenants du nucléaire il est à craindre que Rubbia n'est à jamais enterré un combustible qu'ils auraient bien aimé utiliser un jour. Pour la Gazette cela montre ce dont sont capables des scientifiques qui ne pensent qu'à leur carrière. Et comme le soulignait dans l'article de Sciences et Avenir R. Sené «de la recherche oui mais pas d' intox». Sur ce sujet comme sur d'autres, sûreté, effets des faibles doses et autres problèmes liés au nucléaire trop de bluff a sapé la confiance. Annexe technique
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Un réacteur est une cuve qui doit contenir de l'eau sous pression et un accélérateur est un tube où on a fait le vide. Un faisceau très intense doit passer à travers la paroi de la cuve du réacteur, ce qui la fragilise. Or cette cuve est un élément essentiel dans le système de barrière Ce faisceau va frapper sur une cible située dans le réacteur. Cette cible crée au sein du réacteur une inhomogénéité tant au plan neutronique qu' au plan température. Or la sûreté d'un réacteur est justement calculée pour éviter ce type de comportement qui peut conduire localement à une excursion nucléaire. Avec le thorium on ne peut pas directement faire un réacteur. Il faut d'abord obtenir l'uranium 233 en irradiant le thorium et en traitant le combustible. Il faut donc une usine dite pudiquement chimique mais de retraitement bien sûr pour pouvoir envisager ce cycle. En ce qui concerne les déchets: - Pour la part actinides mineurs, il est vrai que la production d'américium est 100 fois plus faible qu'avec le cycle uranium. Par contre en ce qui concerne le neptunium il y a équivalence. Quant à repasser les déchets dans un réacteur ( à l'uranium ou au thorium) il faudrait avoir les usines d'extractions c-à-d. usine de retraitement poussé, ainsi que les usines de façonnage de combustible. Tous ces corps sont radioactifs et exigent une usine spéciale employant des travailleurs soumis au rayonnement. - Pour la partie produits de fission chaque fission du 233 donne 2 corps situés autour des masses 90 et 140 soit autour du césium et du strontium. C'est donc semblable à l'uranium (voir la courbe en dos de chameau des produits de fission). C'est évidemment caractéristique de l'élément et les quantités respectives de chaque corps radioactif signent le thorium ou l'uranium. De toute façon 1 fission d'uranium 233 ou d'uranium 235 ou de plutonium délivre une énergie autour de 200 MeV, donc 1 GWé (1.000 MWé) correspond au même nombre de fission soit au même tonnage de déchets, cqfd!!! Ce nombre d'atomes formés oscille autour des 1027 atomes venant de la fission en une année (soit milliard (109) de milliard(109) de milliard(109)). Conclusion
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