Les déchets sont toujours présents,
les sites sont en prospection. Les Instances Locales de Concertation (c'est
la dénomination des Commissions Locales d'Information avant la construction)
se réunissent et réunissent quelques personnes. La forme
choisie est la forme conférence et les conférenciers sont
souvent du bon côté (du point de vue du préfet qui
gère ce type d'instance). La concertation est, donc faible et c'est
bien dommage. Ce qui est encore moins facile à supporter c'est la
politique de l'ANDRA qui distribue des cadeaux pour les enfants, des dépliants
et multiplie les petites réunions. Les associations n'ont pas les
moyens de faire pareil mais tout de même elles assurent une présence
et bien souvent leur intervention fait réfléchir.
J'ai voulu faire un point sur ce sujet bien
brûlant et j'ai repris ce papier de 1982 sur la destruction des actinides
et du neptunium en particulier. Il n'a pas une ride parce qu'on n'a pas
progressé sur ce sujet, d'ailleurs quels progrès pourrait-on
faire?
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Intervention GSIEN
Préfecture de la Meuse - décembre 1994
Préambule
Avant d'étudier le laboratoire et son activité, je voudrais préciser quelques points. Plusieurs options étaient possibles (et le restent encore) en ce qui concerne le problème des déchets. Le choix ou non du retraitement change les analyses car cela modifie les quantités et les emballages à traiter, même si le choix reste, in fine, un stockage en couches géologiques profondes. De plus il n'est pas évident que le stockage profond soit la bonne solution, c'est la solution retenue actuellement mais rien ne prouve que cette voie soit la bonne. Pour le stockage en profondeur (et les autres aussi d'ailleurs), l'eau est le vecteur du transfert de la radioactivité. Lorsque l'eau atteindra le site profond, elle sera l'agent de l'altération, puis de la détérioration, tout d'abord des emballages et ensuite des déchets eux-mêmes. L'eau chargée des radioéléments pourra regagner les eaux de surface après des processus lents mais inéluctables. Le risque présenté par cette eau dépendra, alors, de la nature des éléments radioactifs et de leur activité résiduelle. En l'état des connaissances, le stockage profond soulève de multiples problèmes avec de multiples facettes tels que: - des aspects scientifiques et techniques, - des aspects économiques, - le besoin de règles. La phase laboratoire souterrain est, de fait, la demière phase des processus d'études du stockage des déchets. On doit se souvenir que tout d'abord il faut faire des études sur échantillon puis sur petits sites. La mise en place des laboratoires souterrains se fera sur un site ou des sites, a priori, propices et considérés comme aptes au stockage. Le laboratoire, sa nécessité, son apport
aux problèmes des déchets
(suite)
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suite:
Il faut être conscient que, probablement on parviendra à assurer la sécurité des populations sur des décennies mais au delà de quelques centaines d'années les prévisions deviennent très incertaines. Le laboratoire est donc une inélégante solution pour éviter de se poser les questions de fond: - 1 Ayons le courage de nous poser des questions sur notre consommation d'énergie et limitons notre production de déchets, - 2 Ayons aussi le courage de prendre la solution d'entreposage des déchets pour assurer leur surveillance et éviter de polluer irrémédiablement le sous-sol. Il est souvent affirmé que des laboratoires sont indispensables pour la recherche: - de matrices de déchets présentant la plus grande résistance possible à l'eau pour réduire les transferts de produits radioactifs, - de surconteneurs résistants à l'eau et retardant la destruction des colis, - de la meilleure roche d'accueil - argile, sel, granite, schistes-, - de procédés d'obturation des galeries pour éviter qu'elles ne constituent des failles dans le confinement. Ces études pourraient être faites avec les LEMI. Certaines ont d'ailleurs été menées, il faudrait faire des bilans avant de se lancer sur des échelles plus grandes. Le dernier point est qu'il manque encore une règle du jeu bien définie pour étudier un site profond. Le Centre Manche a permis de mettre sur pied une Règle Fondamentale de Sûreté pour les sites de surface. Cette RFS n'existe toujours pas pour les sites profonds ce qui ne facilite pas la recherche d'une solution. La publication d'une règle très générale sur le sujet n'a pas clarifiée la situation mais laisse la porte ouverte à toutes les interprétations. Analyses des résultats de l'IPSN avec les LEMI
1. Evaluation 1992
p.7
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En outre, une étude
bibliographique devrait être entreprise systématiquement avant
toute étude de terrain de façon à montrer en quoi
le travail proposé est original et comment il fait avancer les connaissances.
La lecture de l'ensemble de ces travaux donne l'impression qu'un grand effort a été fait pour élaborer les éléments d'un puzzle mais que personne ne s'est soucié de l'assemblage des différents morceaux du puzzle. Certes le rapport Goguel «a le mérite d'énoncer un certain nombre de règles permettant de définir le cadre d'une étude de stockage profond. Mais qui se soucie de montrer comment les travaux effectués dans les LEMI permettent effectivement de répondre aux questions posées par l'application de ces règles? Il nous semble qu'un document de synthèse sur les résultats acquis serait nécessaire, ne serait-ce que pour faire le point sur ce que l'on sait faire aujourd'hui et ce que l'on ne sait pas faire. Ce travail de synthèse devrait d'ailleurs intégrer les résultats obtenus sur les autres sites expérimentaux à l'étranger de façon à préciser la stratégie à suivre pour le futur. Un moyen très efficace, et peut-être le seul, de montrer qu'un travail de recherche est solide est de le publier dans des revues à comité de lecture. Les rapporteurs font leur travail, et la qualité des études s'en trouvent presque toujours nettement accrue. » 2. Synthèse 1994
Modélisations
1. La complexité des couplages
(suite)
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2. La perméabilité en milieu fracturé «On arrive à établir quelques liaisons entre les grands mouvements subis par les massifs mais on est loin de pouvoir prédire la perméabilité d'un massif à partir de son histoire.» « Il y a d'ailleurs un problème de fond pour l'exploration d'un site de stockage potentiel car on ne peut se permettre de truffer le sol de forages d'exploration.» 3. L'effet thermo-hydro-mécanique
4. La chimie
5. La géoprospective
Validation des modèles
p.8
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Ainsi il est rappelé «Du
point de vue scientifique la limite est floue. La différence est
dans la finalité: les premiers sont consacrés à l'avancement
des sciences et techniques alors que les seconds, comme le médiateur
le rappelle souvent sont des reconnaissances de sites et pourront se transformer
en stockage s'il se confirme qu'ils sont adaptés.»
Toute la question est là: sont-ce des véritables reconnaissances de sites et se retirera-t-on d'un de ces sites s'il s'avère inadéquat. Une claire réponse à une telle question clarifierait le débat. Ce rapport nous présente un bilan sur Fanay et les milieux fissurés dans le granite. Il reste encore beaucoup de travail avant d'avancer dans la modélisation, en particulier sur la circulation de l'eau en milieu fissuré. On a une connaissance au point de forage et on ne sait pas du tout raccorder les forages entre eux. Les milieux argileux (Mol en Belgique et Tournemine) sont présentés reposant sur le fait que: «La perméabilité de l'argile est si basse qu'elle peut être considérée comme nulle. Le problème est donc comme pour le granite de prouver que des circulations ne peuvent court-circuiter l'argile saine.» Voici les conclusions
Travaux de l'IPSN
Stockages profonds
Il faudra approfondir la compréhension du couplage des phénomènes chimiques aux phénomènes hydrologiques et thermiques. - modélisation des transferts dans
la biosphère
- étude des transferts en milieu
fissuré
- modélisation de la probabilité d'extension de la calotte glacière et modélisation de l'érosion. (suite)
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En guise de conclusion Il y a eu une mise à plat des programmes, des résultats. Beaucoup de travaux sont en cours: IL EST URGENT D'ATTENDRE car aucune conclusion ne se dégage et il reste beaucoup à faire pour cerner l'ensemble du problème du stockage des déchets. L'ANDRA devrait s'inspirer des travaux de l'IPSN pour se définir une stratégie à la mesure du problème. Le CEA puis l'IPSN ont fourni un effort pour étudier le stockage des déchets mais d'une part la plupart des études ont porté sur le stockage en surface et sur le stockage profond. Beaucoup de voies n'ont pas été explorées par conviction intime des acteurs ou par manque de moyens. Le laboratoire souterrain, tel qu'il est défini par l'ANDRA, est une étape ultime. Il n'est pas actuellement possible de faire un tel choix. Qu'apporte le laboratoire à ces résultats?
Dans l'état actuel du dossier il est
prématuré de songer à un laboratoire puisque, comme
le souligne le rapport de l'IPSN le choix du site doit être quasiment
un choix définitif. Le laboratoire ne pourrait valider que des
modélisations et des études déjà très
avancées. Ce n'est pas le cas, il est donc préférable
de continuer des études avec des LEMI pour valider les études
de laboratoire. Il ne faut pas précipiter le stockage en profondeur.
Il faut assurer un entreposage sûr, effectuer des recherches sur
les emballages, s'assurer de leur tenue. Les transferts dans les plantes
et les animaux doivent être continués en particulier avec
les résultats de Tchernobyl. De même les dernières
études de la CIPR, de l'AIEA doivent être prises en compte
pour évaluer l'impact d'un site. C'est en cours mais le travail
est complexe car certains termes comme celui des facteurs de transfert
restent incertains.
Dans la Meuse: 2 forages profonds sont prévus. Un est réalisé, l'autre est programmé en décembre 1994. Dans le Gard: un forage profond de 885m a été réalisé à Marcoule. Dans la Vienne: 11 forages entre 300
et 600 m dans le granite sont programmés pour 1994.
p.9
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Point sur la gestion des déchets radioactifs
Une gestion sûre, rigoureuse
et claire des déchets radioactifs, à la fois maintenant et
sur le long terme, est nécessaire, à la fois pour la sécurité
et la santé des individus et pour la crédibilité de
l'industrie nucléaire.
I - Une classification des déchets radioactifs
Durée
* Le champ d'application de la loi 1991 ne recouvre à proprement parler que les déchets à longue période mais les déchets hautement actifs à courte période ont toujours été traités de la même façon que les déchets visés par la loi de 1991, les uns et les autres étant inacceptables dans les stockages de surface de l'ANDRA. (suite)
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Il est important de noter que ce sont les déchets dont l'impact sanitaire est très faible, voire nul, qui affaiblissent la crédibilité de l'ensemble de la gestion des déchets radioactifs, ainsi que l'ont montré les affaires des déposantes de Saint-Aubin et du Bouchet, de la société Radiocontrôle, et des réveils Bayard. II - Les centres de stockage de surface de l'ANDRA
p.10
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La diminution du volume des déchets
produits, résultat d'une diminution à la source de la production
des déchets, conduit à un allongement de la durée
de vie prévisible du centre de Stockage de l'Aube, qui de 30 ans
initialement prévus voit sa prévision de durée d'exploitation
portée à 45 ans.
L'ensemble de ces actions a été complété par 22 visites de surveillance de l'ANDRA en 1993. III - Les suites de la loi du 30 décembre 1991
(pour mémoire: ce point fait l'objet principal du Comité
à l'Énergie Atomique du 8 décembre 1994).
(suite)
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Par ailleurs, la DSIN va clarifier avec les institutions et dé- partements ministériels concernés la répartition des responsabilités pour l'évaluation du programme de recherche dans les laboratoires. La DSIN veille, dans ce processus: - à la priorité qui doit être donnée aux préoccupations de sûreté; - à la nécessité d'éviter les dérives de planning et de respecter les échéances de la loi du 30décembre 1991; - à ce que la recherche développée dans la phase laboratoire ait un objectif opérationnel et ne soit pas de la recherche académique. La DSIN est informée de l'évolution des recherches et prospections de surface, et de l'activité des commissions ad hoc préalables aux commissions prévues par la loi du 30 décembre 1991. Enfin, la DSIN et l'ANDRA préparent la procédure administrative de création des laboratoires. IV - Vers une gestion rigoureuse des déchets
de faible et très faible activité
p.11
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V - Les déchets anciens
Dans le cadre de leurs activités industrielles ou de recherche, le CEA et la Cogema ont entreposé sur leurs sites (La Hague, Cadarache, Saclay, Marcoule. ..) des déchets radioactifs. L'absence ou l'ancienneté du conditionnement de ces déchets, associées à l'accroissement des exigences de sûreté depuis lors, rendent nécessaires la reprise de ces déchets afin de les conditionner de façon pérenne, même si aujourd'hui ils sont entreposés et gérés de manière sûre et sous surveillance. Les actions à mener sont de plusieurs ordres: - reprise des déchets, par la mise en place d'équipements ou d'installations de traitement spécifique (installation de reprise des boues à la Hague, station alpha et installation STAR à Cadarache); - mise en oeuvre d'installations de traitement et de conditionnement afin de satisfaire aux critères actuels de sûreté des installations et des conditionnements. Il peut d'agir d'installations neuves, ou d'installations remises à niveau comme les stations de traitement des effluents du CEA; - mise en oeuvre d'installations d'entreposage adaptées pour une durée compatible avec les résultats des recherches sur la gestion des déchets radioactifs à haute activité, ou à moyenne activité et à vie longue. La DSIN est particulièrement attentive à ce que: - ces programmes de grande ampleur ne dérivent pas dans le temps. Leur durée prévue est de l'ordre de la dizaine d'années; - la sûreté des opérations de reprise soit du niveau de celle des opérations d'exploitation usuelles; - l'objectif de minimisation du volume et de l'activité de déchets produits soit recherché en appliquant les principes de tri à la source systématique, de décontarnination, de réduction de volume. L'ampleur du problème et le risque de multiplication d'entreposages provisoires rendent nécessaire la disponibilité de moyens humains, techniques et financiers importants dans les années à venir. VI- Le démantèlement
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Toutefois, la DSIN souhaiterait que les exploitants, notamment EDF, justifient de manière plus précise l'option de démantèlement actuellement retenue, qui est celle d'un démantèlement total, dit de niveau 3, à terme de 50 ans seulement. Cette justification doit intégrer et optimiser les contraintes radiologiques, financières, de surveillance et de maintenance àlong terme d'installations arrêtées, et de gestion de déchets radioactifs, notamment de très faible activité. Un démantèlement de niveau 3 sur un réacteur particulier convenablement choisi pourrait appuyer cette justification et prouver la maîtrise complète de ce type d'opération. VII-Les implications internationales
p.12
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Sûreté des déchets radioactifs
Contexte et objectifs généraux
La démonstration de sûreté de la gestion et du stockage des déchets est importante pour l'acceptation de l'énergie nucléaire. Ceci a été réaffirmé récemment par l'Office Parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Rapport Bataille) et par le Collège de la Prévention des Risques Technologiques (Rapport Gardent). Une fraction très importante des déchets radioactifs est constituée de déchets de faible ou de moyenne activité et de période radioactive relativement courte dont la radiotoxicité aura disparu en quelques centaines d'années. Les solutions retenues pour leur stockage en surface sont appliquée depuis de nornbreuses années (*) et, bien que toujours perfectibles, l'expérience accumulée a permis d'en confirmer le bien fondé. Aucun pays n'a actuellement construit d'installations de stockage terrestre profond de déchets de haute activité. Techniquement cette option est vraisemblable parce que réaliste dans le contexte économique et scientifique actuel. Le concept de sûreté est celui des barrières successives: le colis de déchets, les barrières ouvragées, et la barrière géologique. Enfin, des solutions spéciales restent à trouver pour des déchets d'activité très faible (déchets miniers d'activité faible à très faible et de très longue période, déchets issus du démantèlement des installations nucléaires de très faible activité et à vie courte en général). Pour le cas d'un accident grave éventuel susceptible d'entraîner la contamination de surfaces importantes, il faut aussi proposer une solution aux problèmes de la gestion de grandes quantités de déchets, notamment agricoles. Programmes 1995
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ï modélisation de la probabilité d'extension de la calotte glacière et modélisation de l'érosion. L'effort doit porter sur l'élaboration d'un modèle d'érosion, phénomène qui pourrait découvrir les couches de couverture de stockage. La poursuite des travaux de couplage du modèle climatique global 2D de l'Université de Louvain à un modèle océanique et à un modèle du cycle du CO2 (impact des pratiques humaines sur le climat) devrait permettre de disposer d'un modèle d'extension de la calotte glacière. ï évaluations préliminaires des dossiers de l'ANDRA Les évaluations porteront sur le suivi des dossiers de l'ANDRA concernant ses investigations en surface sur les sites pressentis pour des laboratoires (1995-fin 1996). Stockages de surface
* centre de stockage de la Manche (CSM) et Centre de stockage de l'Aube (CSA) p.13
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L'incinération neutronique du neptunium 237
On peut imaginer plusieurs voies
de gestion des transuraniens séparés, compte tenu de leur
faible quantité (800 kg par an pour un parc de 50 GWe).
Peuvent être envisagés entre autres: ï leur destruction par transmutation neutronique, ï leur incorporation dans des matrices mieux adaptées pour le stockage à très long terme que les verres ou l'oxyde d'uranium irradié, ï leur évacuation spatiale. Nous nous sommes particulièrement intéressés à la destruction de ces éléments transuraniens par transmutation neutronique dans les réacteurs à fission thermique ou à neutrons rapides. Cette possibilité est analysée dans les rapports du CEA placés en pièces jointes, qui après analyse et discussion ont conduit le groupe à demander une approche complémentaire que nous joignons ci-après. Il est en effet apparu: a) que la proportion de neptunium potentiel présent sous forme d'américium était faible pour les réacteurs EP (5% et 12% respectivement 1 an et 3 ans après sortie de réacteur), et que la séparation du neptunium seul était beaucoup plus facilement envisageable que celle de l'américium. En conséquence, il serait intéressant d'examiner un scénario utilisant le seul cycle de réacteurs EP pour la destruction d'une proportion élevée du neptunium. L'étude de ce cas montre que l'on peut en effet détruire, dans des conditions qui apparaissent envisageables, environ 80% du neptunium potentiel b) que, par contre, l'utilisation des réacteurs à neutrons rapides pour la destruction des transuraniens imposait de séparer également l'américium, formé en beaucoup plus grande proportion dans cette filière, mais que par contre, il n'était pas nécessaire de détruire tous les isotopes mais seulement ceux qui pouvaient former du neptunium 237 par filiation. L'étude a été faite dans l'hypothèse d'une gestion simplifiée (irradiation unique de cibles non retraitées) et montre que dans ce cas des facteurs 10 à 20 sont accessibles sans pénalité neutronique pour des irradiations de 6 à 10 ans dans les réacteurs à neutrons rapides et des facteurs 20 à 45 dans les mêmes conditions en réacteurs à eau mais avec une pénalité neutronique. La limite théorique est de 90 par suite des pertes en Pu 241 dans les déchets lors du retraitement initial. Pour la bonne compréhension de cette étude nous indiquons ci-après le bilan de réirradiation du neptunium 237 pendant 3 ans dans un réacteur rapide (type Superphénix). Bilan de réirradiation du 237 Np pendant 3 ans % en fin d'irradiation 56,0 26,5 3,0 0,2 0,3 86 % fissionnés 8 5 1 - - 14 Département des réacteurs à eau service d'études nucléares, septembre 1982 Compléments sur la gestion du neptunium 237
(suite)
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Cette stratégie est fondée principalement sur le recyclage systématique du neptunium formé dans les combustibles de réacteurs à eau avec le plutonium dans les réacteurs à neutrons rapides. Il est apparu intéressant d'examiner deux autres possibilités: - la destruction du neptunium dans les réacteurs à eau - la réirradiation de l'ensemble Np + Arn + Cm avec pour seul objectif de faire disparaître le neptunium potentiel dans les déchets. Ces deux possibilités sont exposées dans cette note, en s'appuyant sur les données théoriques présentées dans la note en référence (2). 1- Destruction du neptunium 237 dans les réacteurs
à eau
TABLEAU I
Nucléides 237Np 238Pu 239Pu 240Pu 241Pu 234U Total
Cette comparaison confirme que la disparition
du neptunium est plus rapide dans le réacteur à eau (68 %
contre 44 % au bout de 3 ans) mais que la fission se produit principalement
au niveau du 239Pu donc après deux captures successives de neutrons
par le noyau initial.
p.14
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De cette particularité il résulte deux
contraintes:
- Au chargement du combustible, donc en début de cycle du réacteur, l'effet en réactivité du neptunium est très négatif mais peut être compensé par une réduction de la teneur en bore du modérateur. - En fin de cycle, une part importante du neptunium a été convertie en plutonium et l'effet en réactivité global est donc nettement réduit mais cependant encore négatif. Il ne peut être alors compensé que par un sur-enrichissement initial du combustible. On trouvera donc deux limites à l'introduction "massive" de neptunium dans un réacteur à eau, liées respectivement à l'enrichissement initial en 235U et à la teneur en bore de l'eau en début du cycle. Il est difficile de chiffrer précisément ces limites sans une études plus détaillée mais on peut raisonnablement penser que leur conséquence sera telle qu'un réacteur pourra difficilement absorber plus que le neptunium produit par 5 ou 10 réacteurs du même type et ceci uniquement du point de vue physique sans préjuger des éventuelles difficultés technologiques. Sur le plan pratique, la réirradiation du neptunium dans les réacteurs à eau peut être envisagée dans deux hypothèses, avec le combustible uranium enrichi des cycles actuels ou en accompagnement du plutonium en cas de recyclage de cet élément. Si seule cette demière éventualité était retenue, il en résulterait une concentration du neptunium sur quelque réacteurs puisque le plutonium produit ne peut à lui seul alimenter l'ensemble du parc de réacteurs à eau. Il faudrait alors vérifier que l'on ne dépasserait pas les limites évoquées précédemment, la première ne concemant plus cette fois l'enrichissement en 235U du combustible initial mais sa teneur en plutonium. Par contre cette solution offrirait l'avantage de pouvoir disperser de façon homogène le neptunium dans le combustible au plutonium. A l'opposé, si l'on réintroduit le neptunium dans les recharges de combustible uranium il faudra le faire de façon hétérogène pour éviter de "contaminer" toute la fabrication du combustible, mais tous les réacteurs ou au moins une large fraction d'entre eux pourront être concernés par ce processus de recyclage dont les conséquences peuvent être alors facilement évaluées: Prenons un exemple de stratégie pratique: - Le combustible des réacteurs à eau, déchargé avec un taux de combustion moyen de 33.000 MWj/t après 3 cycles d'un an en réacteur, est retraité au bout de 5 ans. - Le neptunium contenu dans ces combustibles est extrait avec un rendement de 90 % et sert à fabriquer des crayons spéciaux pour être réirradié dans les réacteurs à eau. - Ces crayons spéciaux sont rechargés dans une majorité des réacteurs à eau, admettons 75 % du parc existant. Ils y sont irradiés pendant six ans soit deux fois plus longtemps que le combustible normal. (Cette hypothèse n'est pas irréaliste, la puissance spécifique des crayons "Np" pouvant être maintenue à un niveau assez bas par dilution dans de l'uranium appauvri ou dans un support neutre et la gaine conçue pour résister à la fluence correspondant à six cycles). 20% on aura des crayons spéciaux dans une proportion de 0,5% soit environ un par assemblage rechargé. Pour faire fonctionner le réacteur dans les mêmes conditions, en particulier de durée de cycle, il faudra légèrement sur-enrichir le combustible (environ 3,30% au lieu de 3,25%) et la teneur en bore du modérateur sera un peu réduite au début du cycle. (suite)
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suite:
A la fin des six années de cycle d'irradiation le bilan d'évolution du neptunium est le suivant: Pour 100 noyaux à l'état initial, 52,3 sont fissionnés et le reste se répartit en: 237Np 238Pu 239Pu 240Pu 241Pu 242Pu
Autres
Si ces crayons spéciaux sont envoyés
aux déchets sans retraitement on conserve 13 % des noyaux de neptunium
potentiel. Compte tenu du rendement de séparation lors du retraitement
initial c'est en définitive 78 % du neptunium qui a été
détruit. En supposant que le plutonium extrait lors du retraitement
du combustible normal sera réutilisé par ailleurs (hypothèse
b de la référence (1)), on arrive pour cette stratégie
à un rejet global aux déchets de 12,2g/(Mwe x an) de 237
Np potentiel.
2-Irradiation limitée du mélange Np +
Am + Cm
TABLEAU II
Nombre d'années Réacteur à
eau Réacteur
p.15
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Ces facteurs de réduction
sont calculés dans l'hypothèse où le plutonium est
également extrait avec un rendement de 99 % et réutilisé
ultérieurement. De plus ils sont exprimés par rapport au
cas de référence où du combustible irradié
des réacteurs à eau serait mis aux déchets sans retraitement.
Les valeurs du tableau II montrent qu'il est
possible d'atteindre des facteurs de réduction élevés
par une seule réirradiation du mélange (Np + Am + Cm), la
limite théorique étant un facteur voisin de 90 lié
à la quantité de 241Pu partant aux déchets dans le
retraitement initial du combustible. On peut constater également
que le processus est plus rapide dans le réacteur à eau ce
qui s'explique par des taux de capture plus élevés et par
le fait que l'on ne cherche pas à détruire les noyaux par
fission mais uniquement à les faire disparaître.
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En résumé, s'il est possible
dans les opérations de retraitement d'extraire 99 % des Np, Am et
Cm, une réirradiation globale de ces trois éléments
peut permettre de réduire par des facteurs compris entre 10 et 90
la quantité de neptunium potentiel dans les déchets. L'appréciation
définitive du type de réacteurs dans lesquels il faudrait
effectuer cette irradiation nécessiterait une étude plus
approfondie prenant en compte les aspects technologiques de réalisation
et de tenue des cibles ainsi que les aspects économiques liés
aux pénalités respectives d'effets en réactivité
ou de durée d'irradiation.
Conclusion
p.16
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RADIOACTIVITE : QUELS RISQUES ? AUCUNE DOSE N'EST INOFFENSIVE
20F LE NUMÉRO
ACRO -18 RUE SAVORGNAN DE BRAZZA -14000 CAEN - TEL 31 73 79 17