Le gouvernement n'arrête
pas de nous affirmer que le demi-douzaine d'essais nucléaires prévus
à Moruroa seront les derniers (promis juré!) et qu'à
partir de l'année prochaine les essais seront simulés «en
laboratoire», «sur ordinateurs».
Il s'agit là d'une énorme désinformation. Le revue «Science & Vie», dans son numéro d'août, a publié le plan de ce «futur simulateur»: il s'agit d'un énorme complexe de production de faisceaux laser, ces faisceaux au nombre de 240, convergeant sur une capsule dans laquelle sera atteinte la température de la fusion nucléaire (100 millions de °C). Cette machinerie aura la taille d'un réacteur nucléaire et de ses bâtiments annexes. Le lieu d'implantation de ce simulateur, que «Science & Vie» ne précise pas, sera le CESTA (Centre d'études scientifiques et techniques d'Aquitaine), situé dans la commune de Le Barp, dans les landes girondines, sur la route Bordeaux-Bayonne. Le CESTA dépend de la DAM (Division des applications militaires) du CEA (Commissariat à l'énergie atomique). D'après les données techniques fournies par «Science & Vie», le simulateur projeté a des analogies avec les machines à fusion au laser de type «Phébus» ou «Nova». La fusion nucléaire est l'utopie électronucléaire de l'an 2000: on espère remplacer les réacteurs nucléaires à fission actuels par des réacteurs à fusion «qui reproduiront l'énergie du soleil». Le principe est de faire fusionner deux éléments atomiques légers grâce à l'obtention d'une température de plusieurs dizaines de millions de °C. Depuis plus de 20 ans, différentes machines à fusion ont été expérimentées comme le «Tokamak» du centre de Fontenay-aux-Roses et le «Tore-Supra» du centre de Cadarache. Cette première génération d'engins, constitués par un tore et d'énormes bobines développant des champs magnétiques, s'est révélée peu rentable, la température de fusion étant très difficile à atteindre. On s'oriente maintenant sur des machines où cette température est obtenue par la concentration de faisceaux laser. |
Deux éléments sont utilisés
pour la fusion nucléaire: des isotopes de l'hydrogène, le
deutérium et le tritium. La réaction thermonucléaire
donne naissance à de l'hélium et à une émission
de neutrons.
Raymond Sené a fait l'analyse critique d'une telle technologie dans la Gazette nucléaire N°119-120 (1992). La domestication de la fusion comme énergie électronucléaire reste des plus aléatoires En outre, quoiqu'en disent ses promoteurs, ce ne serait pas une énergie «propre». La fusion deutérium-tritium entraînera des fuites de tritium (élément radioactif) et la formation d'autres radioéléments engendrés par le bombardement des neutrons. Une machine à fusion est donc aussi polluante et dangereuse qu'un réacteur nucléaire à fission. On construirait ainsi, dans le sud-ouest, une nouvelle installation nucléaire qui ne serait pas sans dangers: les Aquitains futurs Polynésiens? Le «simulateur» du Barp pourrait ainsi avoir plusieurs objectifs: étude des «explosions» nucléaires et poursuite de l'expérimentation de réacteurs à fusion au laser. Une autre critique d'un tel programme est d'ordre économique. Le coût de la «simulation d'essais nucléaires» est estimé à 15 milliards de F. Un «tir» laser dans le simulateur du CESTA (baptisé «laser mégajoule») nécessiterait une consommation électrique de 30 mégawatts, soit la consommation d'une petite ville! Une nouvelle ligne THT, de 225.000 volts, passant, comme par hasard, par le Barp, est prévue par EDF. Ce serait, par exemple, de l'électricité produite par la centrale du Blayais ou par celle de Golfech qui alimenterait le CESTA: c'est le serpent qui se mord la queue, l'électricité produite par des centrales atomiques étant consommée par des machines nucléaires improductives: machines à fusion, surgénérateur «Superphénix» de Malville, accélérateurs de particules, installations de la Force de Frappe... La France est bien le champion du lobby nucléaire! p.3a
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Le compte-rendu de la mission
d'études et de rencontres que l'AMFPGN a réalisé sous
la direction du Dr. Frank Feuilhade en avril 1990, au moment où
le président Jacques Chirac annonce la rupture du moratoire français
sur les essais nucléaires, constitue une documentation toujours
valable sur les conséquences des essais nucléaires en Polynésie
(Vol 5, N°3, épuisé, photocopie sur demande).
Cette mission était composée de deux médecins spécialisés en médecine nucléaire (Pr. Galle, Dr. Behar), deux en santé publique (Pr. Blanchard, Dr. Denis), un cancérologue (Dr. Feuilhade), deux directeurs de l'INSERM, l'un en hématologie (Dr. Dresch) et l'autre en psychiatrie (Dr. Tomkievicz), un directeur d' UFR en Sciences économiques (M. Fontanel). |
Les conséquences médicales et sanitaires
Le rapport affirme que les informations mises à disposition ne permettent pas de conclusions fermes. Il apparaît «qu'il n'y a pas actuellement de pollution nucléaire majeure à Moruroa, mais nous n'affirmons pas qu il n'y a pas de risques». Les cancers radio-induits «Il n'est pas possible d'apporter une réponse, les données nécessaires pour ce calcul ne sont pas toutes connues et certaines ne sont même pas recueillies. Des moyens pourraient être mis en oeuvre pour répondre à cette question. Il faudrait connaître avec plus de précision le taux d'incidence des cancers en Polynésie, identifier les populations exposées, connaître le taux d'exposition pour ces populations en séparant la période des essais atmosphériques et celle des essais souterrains...» p.3b
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En ce qui concerne les conséquences
sanitaires «il faut étudier les conséquences biologiques
directes de l'exposition ionisante, mais également s'intéresser
aux conséquences psychologiques des essais nucléaires, aux
modifications sociales, économiques et anthropologiques induites
par l'installation du Centre d'Expérimentation du Pacifique.»
Le rapport constate qu'il n'y a pas de suivi psychiatrique dans les fiches des travailleurs à Moruroa. Ces travailleurs au nombre d'environ 10.000 depuis 1966 contrairement à la législation (2 octobre 1986) ne peuvent disposer pour leur médecin que d'une fiche sans information sur les expositions. «Étant donné le grand délai de latence pour l'apparition des cancers radio-induits, il existe là une lacune grave dans le suivi du personnel exposé... Un suivi pourrait servir de base à des études épidémiologiques plus approfondies sur les cancers radio-induits...» Pour la population polynésienne en général «la faiblesse numérique... peut rendre difficile la mise en évidence de cancers radio-induits... La probabilité de mettre en évidence des cancers radio-induits dépend de la taille numérique de l'échantillon exposé mais plus encore du niveau d'exposition. Rappelons qu'aucune donnée sur les pollutions radioactives par retombées lors des essais atmosphériques n'a été communiquée». «En 1985, 20% des décès n'avaient pas eu de certificat médical identifiant la cause et parmi les décès certifiés, 19% étaient attribués à des symptômes mal définis». Le registre des cancers: «La couverture a été estimée en 1985 à 50%, l'une des plus faibles du Pacifique...60% en 1988». Le développement de la ciguatera
Les essais nucléaires et la radioactivité
(suite)
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suite:
A l'heure actuelle, l'élimination du plutonium qui est déposé au fond du lagon fait l'objet d'un suivi minutieux tandis qu'il s'élimine en haute mer par la passe. On ne peut donc pas dire qu'il n'y a jamais eu de contamination radioactive à Moruroa même si elle n'a jamais eu le caractère dramatique de celle des îles Marshall. L'avenir des radionucléides piégés dans l'atoll le resteront-ils jusqu'à l'épuisement de leur radioactivité? L'atoll de Moruroa contient plus d'une centaine de cavités entourées de zones de fractures et de fissures engendrées par les explosions avec des possibilités de communications et de migrations par des courants aqueux «Nous n'avons pas été convaincus de l'innocuité des réserves de radionucléides à durée de vie longue contenus dans les éboulis disséminés dans le socle de l'atoll». Les conséquences économiques et sociales
Conclusions
p.4a
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Durée de la visite en Polynésie:
7 jours, sans visite à Moruroa.
«Aujourd'hui, compte tenu du contexte international qui accompagne la reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique, la population polynésienne est en proie à une grande inquiétude majorée par l'absence d'information sur les risques réels qu'elle encourt actuellement ou qu'elle a encouru dans le passé. Jusqu'en 1985, le chef du Service de Santé et Directeur de la Santé Publique de Polynésie était systématiquement un médecin militaire. Un registre territorial des cancers est actuellement opérationnel en Polynésie. Il fonctionne depuis 1985. La Direction de la Santé Publique à Papeete a confirmé qu'il n'y a pas de registre territorial spécifique pour les malformations congénitales... A peine 40% des certificats de décès de l'ensemble du territoire sont signés par un médecin... |
En 1992, la Direction territoriale de la
Santé Publique évaluait la couverture du registre des cancers
à environ 60% de l'incidence réelle des cancers pour l'année
1988. Il semble que les médecins militaires en charge de la Santé
Publique n'ont pas pratiqué de collecte systématique des
données de santé concernant la population au moins jusqu'au
milieu des années 80. Si ces données existent, elles ne sont
pas du domaine publique. Il n'y a pas non plus de données confirmées
sur l'état de santé à long terme du personnel expatrié.
Les autorités médicales en rapport avec le CEP admettent
que cette situation n'est pas satisfaisante.
Enfin, aucune information n'est disponible sur la morbidité et la mortalité chez le personnel polynésien. Il n'y a pas de recensement ni de suivi médical centralisé pour cette catégorie de la population à risque. p.4b
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Nous avons rencontré
des difficultés pour rassembler les informations... Certaines données
n'ont pu être obtenues simplement parce qu'elles n'existent pas.
(La mission a mis) en évidence des insuffisances objectives du système
territorial de surveillance en matière de santé publique.
Cette situation était déjà dénoncée dans le rapport de l'AMFPGN en 1990. Malheureusement, aucun changement ne semble être intervenu depuis. Certains médecins et spécialistes de la Santé Publique considèrent que le fait même de l'implantation du CEP et la réalisation des essais nucléaires (notamment des essais en atmosphère) constituent un risque en soi et qu'il n'est pas éthiquement acceptable de laisser la population soumise à ce risque sans aucun suivi. C'est cette position que soutient MSF à l'issue de sa mission en Polynésie» Les conclusions et recommandations de MSF sont
les suivantes:
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Pour ces raisons, il nous semble important
que les mesures suivantes soient prises, avec l'appui des autorités,
par les responsables de la santé publique du Territoire:
- amélioration de la couverture et de la qualité du registre des cancers du territoire, - amélioration de l'accès aux soins des habitants des îles Gambier et Tureia, - analyse et publication des données disponibles sur la santé des travailleurs du CEP, - constitution d'une cohorte des travailleurs polynésiens sur les sites et suivi rétrospectif, - surveillance environnementale de la ciguatera et information des populations en cas de reprise des essais.» Conclusion
p.5
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Alors qu'il s'agit d'essais nucléaires
souterrains, il semble que le président de la République
soit dans un nuage qui pour les juristes le met hors la loi. Quelque soit
le Président de la République, la raison d'État, ce
monstre froid qui justifie toutes les barbaries, est bien hors du droit,
qu'il s'agisse de décider de couler le Rainbow Warrior en
1985 ou aujourd'hui reprendre les essais nucléaires.
Selon une affirmation récente de M. Lionel Jospin à la Télévision, ces essais seraient conformes au droit. Il n'en est rien. Il est en effet étrange de voir une décision aussi importante annoncée lors d'une conférence de presse sans être ni signée, ni publiée au Journal Officiel. Il s'agit néanmoins d'un acte officiel du Président de la République qui en tant que tel, dans un État de droit, doit pouvoir faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir devant le Conseil d'État. Ne risque-t-on pas de découvrir à cette occasion que l'État nucléaire est un État au-dessus des lois, autrement dit totalement arbitraire. En effet, aucun texte ne précise comment une telle décision doit être prise. La constitution partage maladroitement les responsabilités en matière de défense nationale entre le Président de la République et le Premier Ministre. Si l'on admet sur la modeste base, probablement inconstitutionnelle, d'un décret du 14 janvier 1964 que le Président décide d'engager les forces nucléaires, la décision d'effectuer des essais nucléaires semble plutôt se rattacher au fonctionnement et à l'entretien des armées qui sont de la compétence du Premier Ministre et du Ministre de la Défense Nationale. En tout état de cause les pouvoirs du Président de la République de l'art. 15 de la Constitution ne peuvent être exercés qu'avec le contreseing du Premier Ministre, ce qui n'a pas été le cas. Un des grands apports du droit de l'environnement est de soumettre les activités de la défense nationale aux mêmes principes et règles de fond que les activités civiles de l'État ou les activités des particuliers. De ce fait et en l'absence de toute dispense expresse, les essais nucléaires devaient être soumis à enquête publique, étude d'impact et à autorisation préalable au titre de la loi sur l'eau du 3 janvier 1992. |
Si les nouveaux principes énoncés dans la loi Barnier
du 2 février 1995 ont un sens et une utilité, ils doivent
également pouvoir s'appliquer: principe de précaution et
de participation, droit de chacun et droit des générations
futures à un environnement sain, sans oublier le droit à
la santé qui est constitutionnellement protégé.
Enfin le droit international de l'environnement qui s'impose à la France comporte un nombre impressionnant de dispositions qui, au-delà de la morale internationale, obligent à ne faire aucun acte qui risque de porter atteinte à l'environnement d'autres États ou aux espaces internationaux. L'écosystème marin et les fonds sous-marins sont assez fragiles pour mériter une attention particulière. De façon précise la convention de Nouméa de 1986 sur la protection des ressources naturelles et de l'environnement de la région Pacifique Sud, applicable en Polynésie française, protège le milieu marin et son sous-sol. Quant à la convention européenne des droits de l'homme, recours suprême contre l'arbitraire, elle exige la possibilité d'un recours effectif pour les violations commises par des personnes agissant dans l'exercice de leur fonction officielle et interdit toute discrimination affectant une minorité nationale. Puisque les essais nucléaires ne présentent aucun risque présent ou futur pour les populations locales et leur environnement, pourquoi ne pas les réaliser en métropole comme l'a suggéré récemment avec sagesse M. Jacques Bouchard, Directeur des applications militaires de CEA devant la commission de la Défense Nationale de l'Assemblée Nationale (Le Monde 22 juillet 1995). En tout état de cause la reprise des essais nucléaires devrait être suspendue tant que la Cour Internationale de Justice saisie par l'Assemblée générale des Nations Unies ne s'est pas prononcée sur le point de savoir si le droit international permet de recourir à la menace de l'emploi d'armes nucléaires. Michel Prieur
Président de l'Association Européenne de Droit de l'Environnement p.6
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Considérant la reprise
des essais nucléaires comme contraire au droit pour les raisons
suivantes:
- violation de la Constitution (incompétence du Président de la République au titre de l'art. 15, absence de contreseing du Premier Ministre contraire à l'art. 19), - violation du droit de l'environnement en l'absence d'enquête publique, d'étude d'impact et d'autorisation au titre de la loi sur l'eau, - violation des règles et principes de droit international: a) en matière d'environnement (Déclaration de Rio, Convention de Nouméa sur la protection de l'environnement dans la région Pacifique Sud), b) en matière de droits de l'homme (droit à la vie, droit à la santé, discrimination affectant une minorité nationale, absence de recours effectif), c) en matière de droits humanitaires (convention de Genève et traité de non-prolifération nucléaire), |
Les juristes prient le Président de
la République dans l'attente de la décision de la Cour Internationale
de Justice saisie par l'Assemblée Générale des Nations
Unies sur le point de savoir si le droit international permet de recourir
à la menace de d'emploi d'armes nucléaires, de rétablir
de moratoire jusqu'à la signature du traité d'interdiction
des essais nucléaires.
Jean-Jacques de Félice
Nom
Avocat Michel Prieur Professeur de droit Qualité Adresse adhère à l'appel des juristes contre les essais nucléaires soutien financier ci-joint à:
p.7
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Lorsque l'avion d'Air-France commence
sa descente, les sommets de l'île nous surplombent et soudain, nous
avons la paroi de la montagne d'un côté et la mer de l'autre.
Après 24 heures de vol, coupé par une seule escale à
Los Angelès, nous voici enfin à Tahiti, pour des vacances
tant espérées.
L'aéroport est encombré par l'arrivée simultanée de trois avions: vacanciers comme nous, familles de métropolitains en visites et militaires... Trente ans après, ce qui me frappe le plus, c'est la construction intensive de maisons et d'immeubles entre Faaa, l'aéroport, et Papeete, la capitale. Il y a même une voie rapide, fort encombrée qui relie les deux. Lors de notre arrivée, le 28 juin 1995, les médias parlent abondamment de l'annonce de Chirac sur la reprise des essais nucléaires. Bien plus que les medias métropolitains! Mais, en général, pas mieux. Ainsi, la Dépêche du 28 juin publie 6 pages sur la reprise des essais, dont un article sur deux pages, non signé, intitulé «Nucléaire: quelques vérités bonnes à rappeler» dont le style est 100% DIRCEN. |
L'opposition au gouvernement[1] de
Gaston Flosse, principalement les indépendantistes, enfoncent le
clou et appellent à manifester le lendemain, contre une décision
arbitraire les concernant. Les popa'a[2] se font peur et propagent
par téléphone leur hystérique paranoïa pour le
plus grand plaisir du gouvernement.
Manifestations
p.8
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Et pendant ce temps, à
Pirae, dans un stade vide, quelques 400 invités et le gouvernement,
célébraient l'anniversaire de l'autonomie interne, entourés
de gardes mobiles. Le schisme entre deux sociétés de Tahiti
était flagrant[4]...»
10.000 à 30.000 manifestants, voilà une large mobilisation pour une population, peu politisée et sous-informée[5]. Les partis indépendantistes, Hiti Tau[6], syndicats[7], pacifistes[8] et certaines églises[9] appelaient à cette manifestation. Bien sûr, la presse Hersant et RFO s'en donnent à coeur joie: «le Tavini[10] prend la population en otage !». Désinformons. désinformons, il en restera toujours quelque chose... L'arrivée du Rainbow Warrior auquel on refuse le quai d'honneur, au centre ville «pour raisons de sécurité», sera un comble d'hypocrisie de la part du gouverneur colonial (pardon, on dit maintenant «le haut commissaire»). Son départ pour Moruroa avec Oscar Temaru et Monseigneur Gaillot fut précédé par une activité fiévreuse de la gent militaire «en état d'alerte» pour éviter le ridicule télévisé. Déclaration sans rire du haut-commissaire : «La circulation dans Moruroa est libre, preuve qu'il n'y a pas de danger radioactif, mais son accès est interdit jusqu'au 31 mai 1996, par un arrêté du 23juin 95». Malheureusement pour l'armée, on ne peut plus cogner en paix comme autrefois. La transmission en direct, par satellite, est passée par là. Informations
Les autorités
(suite) |
suite:
Dans la pratique, c'est la négociation permanente avec le rusé Gaston. Les autres : Amiral, commandant la DIRCEN, Ingénieurs du C.E.A. sont obéissants et persuadés de la noblesse de leur mission. «Nous avons le droit pour nous» ai-je entendu, comme argumentaire! Les églises et sectes (fort nombreuses), traditionnellement du côté du sabre, ont toujours été très prudentes. Cette fois-ci, le Conseil National des Églises a affirmé son opposition, mais très modérée. Aussitôt Gaston a essayé de virer leur chef, mais Si précipitamment que ça a foiré Les réactions des autorités
L'avenir immédiat
p.9
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Les inquiétudes
Depuis le début des essais, un nombre important de personnes ont travaillées sur les sites nucléaires contaminés par les retombées des essais atmosphériques. Les métropolitains avaient une rotation rapide: l, 2 ou 3 ans, ce qui doit représenter, militaires (marins, aviateurs, légionnaires, infanterie de Marine, COTAM) et civils du CEA (DAM) et des entreprises confondus, entre 50.000 et 100.000 personnes. Leur suivi médical est assuré par le SMSR pour la dosirnétrie externe et la gamma-anthropométrie pour la contamination interne. Personnel souvent jeune et en âge de procréer. Les Polynésiens, pendant longtemps, avaient leur surveillance médicale assurée, gratuitement, par le Service de santé des armées. Leur nombre doit être entre 5.000 et 20.000 (chaque famille à qui j'ai parlé a eu un membre employé à Moruroa, Fangataufa ou Hao[22]). Beaucoup ont travaillés en zones radioactives et certains, malgré l'interdiction, ont mangé du poisson radioactif, en cachette, par atavisme. Seul l'examen au «caisson» qui, normalement, avait lieu tous les six mois sur le navire «La Rance» pendant les essais aériens ou à Mahina, dans les laboratoires du SMSR, permet de détecter, à posteriori, la contamination par les produits de fissions, reconcentrés par la chaîne alimentaire, donc sous forme soluble et fixée dans l'organisme. Des essais foireux ont contaminés les îles les plus proches, notamrnent les Actéons. La population irradiée, puis contaminée fut faible. Mais quel est leur suivi médical? Les Polynésiens n'avaient pas de méfiance au début, mais les actions de Greenpeace et les protestations des autres pays, provoquent une inquiétude légitime «Si c'est inoffensif, pourquoi ces gens viennent protester? Pourquoi, ces essais ne se font-ils pas en France?» La manne du nucléaire a bien arrosé les populations et tout le monde en a profité avec insouciance. La fin programmée des essais, l'arrogance des gouvernements, l'information plurielle, donc contradictoire, l'avenir incertain inquiètent quand même les Polynésiens. La propagande gouvernementale a des contre-effets: Pourquoi, nous dit-on maintenant que ce n'est plus dangereux? La société polynésienne est en crise. Le tourisme peine à décoller car le franc C.F.P. est surévalué, la production de perle noire est pléthorique, le marché de la vanille n'est pas organisé, le coprah ne survit que parce qu'il est subventionné[23], la pêche n'a pas l'infrastructure industrielle (frigorifiques et transports rapides) qui pourrait la développer. La corruption freine les investisseurs, le clientélisme fige le développement, le manque de formation est sensible partout, etc. L'influence des sectes empêche la contraception, d'où une très forte démographie, aggravée par l'alcoolisme et ses comportements: l'inceste et les viols très fréquents. Les premiers SDF hantent les recoins de Papeete. Les popa'a deviennent parano, car ils perçoivent, mais ne comprennent pas ces changements. La plupart sont fonctionnaires, en majorité enseignants, et ne viennent que «parce que la paye est majorée». Les autres, souvent méridionaux, tiennent des discours colonialistes ou votent Le Pen. Ce sont les plus sensibles aux «infos» de La Dépêche. (suite)
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suite:
Les médecins Ceux que j'ai rencontrés m'ont tenu des discours contradictoires. Pour les uns, tout va bien. La mortalité par cancer est plus faible qu'en métropole[24] et les malformations sont dues à la consanguinité (des incestes) ou à l'alcoolisme (les parents boivent, les enfants trinquent). Évidemment, les statistiques globales de la population ne peuvent refléter celle des personnes exposées et l'épidémiologie en France est toujours balbutiante. Alors en Polynésie? Pour les autres, aux Tuamotu, l'incidence des cancers de la thyroïde serait plus élevée; les malades, atteints d'un cancer provoqués par l'absorption des produits de fission, ont été évacués au Val de Grâce, donc couvert par le secret défense. Les dossiers médicaux ont disparus (essayez donc d'avoir connaissance de votre dossier de contrôle radiologique, comme la loi vous le permet, en écrivant à l'OPRI, si vous avez travaillé là-bas[25]! Bonne chance !). Donc aucune statistique n'est fiable Quand aux soldats de la Legion Étrangère, utilisés pour décontaminer Fangataufa, je ne peux que faire les pires hypothèses. Les questions scientifiques
Les questions à poser
Georges Caniac
Envoyé spécial à Moruroa p.10
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Measurement of low-level radioactivity in the Modane
underground Laboratory.
Bourlat,-Y. (Service Mixte de Sécurité Radiologique (SMSR), 91 Montlhéry (France)); Millies-Lacroix,-J.C. (Service Mixte de Sécurité Radiologique (SMSR), 91 Montlhéry (France)); Abt,-D. (Service Mixte de Sécurité Radiologique (SMSR), 91 Montlhéry (France)) Conférence of the International Comrnittee for Radionuclide Metrology (ICRM) and international symposium on radionuclide metrology and its applications. Teddington (United Kingdom). 07-11 Jun 1993. Nuclear Instrument-and-Methods-in Physics-Research - Accelerators - Section A, -Spectrometrers - Detectors - and - Associated-Equipment. (22 Jan 1994). v. 339(1-2). p. 309-317. A coaxial high-purity n-type Ge detector system has been installed in the Modane underground laboratory for low-level monitoring of environmental samples. This laboratory is located near the mid-point of the thirteen - kilometer Frejus road tunnel at the French-Italian border. The facility is shielded from cosmic radiation by 1700 m of rock (equivalent to 4400 m of water), thus cutting the background level by a factor of approximately 70 compared with the operating conditions of an equivalent system in a low-background counting room of the usual type. A high-purity germanium detector is used with a sensitive volume of 207 cm3, 52% relative efficiency and FWHM resolution of 2.1 keV at 1.332 keV. The detector is shielded by 15 cm of old lead and the detector hood and sample (up to 500 cm3 in volume) are protected by an electrolytic copper shield to eliminate the influence of radon; the integrated count rate within the 20-2000 keV energy interval is 1.7 x 10 sup - sup 2s sup - sup 1. The detector system has been used to monitor atmospheric gamma radioactivity, especially sup 1 sup 3 sup 7 Cs and sup 1 sup 3 sup 4 Cs. Radioactive aerosol particles are collected from the surface atmosphere onto cellulose filters, and these samples are stored in batches corresponding to a six-month period, before being calcined and dissolved in acid. The filtered air volume is approximately 450.000 msup3. (suite)
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suite:
Very low annual 137 Cs concentrations between 1.5 x 107 and 2.0 x 107 Bq/m3 were measured, while no 134 Cs was detected in 1991 at Tahiti or Moruroa (less than 4x108 Bq/m3). A 134 Cs concentration of 7x108 Bq/m3 was measured at Montlhery, near Paris, in 1991. (orig.). Plutonium-239,240 atmospheric radioactivity measurements at Mururoa
from 1986 to 1991.
p.10
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