Les atolls de Moruroa et de Fangataufa
sont les couvercles d'au moins 136 cavernes nucléaires (annexe 1)
contenant des produits radioactifs dangereux ou très dangereux,
pour la vie environnante. La couche limitant ces cavernes, initialement
sphériques (annexe 2), constituée de basalte vitrifié
par l'explosion s'effondrera avec le temps. Sous la pression de l'eau élargissant
les fissures (annexe 3), les poissons radioactifs migreront dans l'environnement
marin. Cet empoisonnement est imparable. On n'a pas le droit,
moralement, de créer ces poches de poisons morts, car les hommes
sont et resteront toujours responsables du meilleur entretien possible
de leur environnement : de l'air, des eaux et de la terre.
Ce n'est pas parce que les explosions aériennes bénéficient
d'un écho médiatique considérable qu'il faut passer
sous silence toutes les autres explosions, volontaires ou accidentelles
et les centaines de milliers de tonnes de déchets radioactifs jetés
en mer, poubelle anonyme (150 000 tonnes pour l'Océan
atlantique du seul fait des puissances européennes).
J'ai souligné on, ci-dessus car il faut distinguer
dans l'humanité la foule des braves gens et une toute petite élite
de décideurs qui savent ce qu'est le nucléaire, qui vivent
de ses secrets en subordonnant la défense du peuple anonyme au secret
de leur suprématie nucléaire.
Ce ne sont pas les Français qui, par référendum, ont
décidé ces huit dernières explosions, c'est le président
de la République tout seul, de même qu'à l'origine,
seuls Roosevelt, Churchill, Staline, de Gaulle, Mao ont décidé
de créer une industrie nucléaire dans leurs pays respectifs
sans solliciter l'accord de leurs peuples. Ils ont agi comme des dictateurs
qu'ils étaient.
Les hommes, considérés dans leur ensemble, se reconnaissent
responsables du respect de leur environnement, d'un air et des eaux qui
devraient rester sains, exempts de toutes pollutions, maintenant et toujours,
et aussi de la terre où courent les eaux nourricières et
qu'entourent les mers, nourricières, elles aussi.
Le conseil oecuménique des églises, réuni en septembre
1995, a déclaré, entre autres: «La production et le
déploiement des armes nucléaires sont un crime contre la
vie et contre l'humanité «. J'approuve cette déclaration
dont il faudra bien un jour tirer la leçon: s'il y a crime, c'est
qu'il existe un ou plusieurs criminels, qu' il faut nommer, car
l'enjeu de la sauvegarde de l'humanité est mondial et peut être
immédiat: sauver les hommes et leur environnement est primordial.
Ayons donc le courage de dire que les chefs des états nucléaires
(où existent une industrie nucléaire et/ou seulement des
armes nucléaires) sont les premiers criminels nucléaires
politiques de leurs pays, l'armement nucléaire étant partout
une affaire d'État entourée de secrets dressés contre
les hommes.
Il existe en France une centrale nucléaire extrêmement dangereuse,
à Creys-Malville, entre Lyon et Genève. Si elle sautait un
jour, les dégâts seraient cent fois plus importants qu'à
Tchernobyl. Dans l'hypothèse de cet accident (les états-majors
prévoient bien les guerres), il faudrait établir la chaîne
des décideurs à juger, du directeur de la centrale au
chef de l'État sans oublier tous les donneurs d'ordres intermédiaires.
(suite)
|
suite:
Il
faudrait donc, dès à présent, établir ces chaînes
de responsables et coupables: le respect dû au populations qui seraient
irradiées impose cette précaution. Pour l'honneur de ces
responsables, il faut souhaiter, en une telle circonstance fatale, qu'ils
se constituent prisonniers, en attendant leur jugement équitable.
Une autre considération s'impose: pour produire seulement ces 177
bombes nucléaires qui ont explosé sur et sous les atolls,
il a fallu développer une industrie nucléaire importante
dont tous les stades de production et/ou d'utilisation des éléments
radioactifs sont producteurs de déchets radioactifs. Condamner les
armes nucléaires, c'est donc condamner l'industrie nucléaire
dans son ensemble. Dure vérité à avouer: il faut
être contre tout le nucléaire.
Les humains doivent reconnaître, qu'ils ont dépassé
en direction du mal, depuis 1942 (date de la premiere reaction nucléaire
«en chaîne») la croisée des chemins vers le bien
ou le mal. Il leur faut rebrousser chemin avec toute la prudence désirable,
étant donnés les dangers encourus, mais avec une détermination
farouche, en sachant bien que cette politique de repli nucléaire
entraînera d'autres difficultés, dont celle de l'approvisionnement
en énergie. Mais il faut admettre que cette politique conditionnera
un avenir moins catastrophique que notre présent nucléaire.
Ce sera la seule évolution démocratique, celle que les
populations opposées à tout le nucléaire sauront
imposer aux tenants du nucléaire.
Essais nucléaires français (chiffres officiellement reconnus par le C.E.A.) Source : Revue «ATOMISEZ» (actualisée). Aériens Souterrains Totaux Moruroa
37 128
165
Fangataufa
4
8
12
Totaux
M+F
41 136
177
Algérie
(rappel)
4
13
17
Totaux
généraux 45
149 194
+
12
essais de sécurité = 206 essais
« Une bombe souterraine profonde emprisonne tous les composants
radioactifs, crée des milliers de tonnes de terres radioactives
autour du point d'explosion par activation neutronique à bout
portant, ceci donnant alors la création de 382 isotopes radioactifs
différents dont la demi-vie va de 1 heure à des centaines
de millions d'années, empoisonnant le sol pour l'éternité
(annexe 4) dans un rayon fonction de la puissance de la bombe.
p.7
|
Un exemple donné par
l'opération PLUMBBOB en 1957, dit ceci: La bombe de seulement 1,7
kt explosa à une profondeur de 240 mètres: l'explosion nucléaire
forma une caverne sphérique momentanée de 40 m de diamètre,
tandis que la force de l'explosion fissurait les roches dans un diamètre
de 120 m, broyant toutes les roches dans un diamètre de 80 m; l'onde
de choc provoqua des signaux sismiques détectés àplusieurs
centaines de km, et un faible signal fut enregistré en Alaska. Ensuite
le sol s'effondra à partir de 120 m du point ZÉRO,
remplissant la caverne avec la lave radioactive qui gardait 80% du total
de la radioactivité de fission.»
(«Essais nucléaires, NON», p. 19)
Note de J.P.: comparez ce chiffre de 1,7 kt avec les puissances
avouées des explosions souterraines actuelles:
1ère
le 5.9.95: 20 kt (soit 11 fois 1,7kt).
2ème
le 1.10.95: l50kt (soit 88 fois 1,7kt).
3ème
le 27.10.95: 60 kt (soit 35 fois 1,7 kt).
4ème
1e21.11.95: 4Okt (soit 23 fois 1,7kt).
5ème
le 27.12.95: 30 kt (soit 17 fois 1,7 kt).
Pourquoi la pollution radioactive est-elle éternelle? La réponse
ressort de la compréhension de la notion de désintégration
radioactive exponentielle: ceci signifie qu'une pollution radioactive ne
peut être annulée par quiconque ou s' annuler elle-même
d'un coup, mais qu'elle diminue ou s'atténue naturellement (même
si les éléments radioactifs ont été produits
artificiellement), la période étant le temps nécessaire
pour que la radioactivité de chaque polluant nucléaire diminue
de moitié; au bout d'une période, l'élément
radioactif considéré aura perdu progressivement la moitié
de sa radioactivité égale à 50% de l'activité
initiale, au cours de la période suivante, la moitié de la
radioactivité restante initiale. Et ainsi de suite.
Prenons pour premier exemple le plutonium 239, élément-roi
de la guerre nucléaire, dont la période ou demi-vie radioactive
est de 24.300 ans: la moitié de sa radioactivité et donc
de sa toxicité correspondante sera disparue en 24.300 ans; il faudra
attendre 24.300 ans de plus, soit 48.600 ans pour qu'elle soit réduite
au quart de sa valeur initiale.
(suite)
|
suite:
Or
il faut attendre 10 périodes pour que la radioactivité de
quelque élément que ce soit se réduise naturellement
au millième de sa valeur initiale, et 20 périodes pour qu'elle
soit réduite au millionième. Dans le cas du plutonium 239,
il faudra donc attendre 243.000 ans pour atteindre le millième de
sa valeur initiale et, compte tenu de sa toxicité très élevée,
486.000 ans pour atteindre le millionième de sa valeur initiale.
Ajoutons que le plutonium 239 et tous les produits de la fission nucléaire,
voient par le phénomène de la radioactivité, désintégrer
les atomes qui se transforment en d'autres éléments radioactifs
ayant chacun une période propre selon l'élément dans
lequel il se transforme provisoirement. Chaque élément chimique
radioactif a sa période et ses propriétés chimiques
et radioactives, sa toxicité propre, jusqu'à ce que ces éléments,
de désintégrations en désintégrations successives
deviennent des éléments stables, c'est à dire non
radioactifs.
Voici qûelques exemples de transmutation des corps radioactifs
: l'uranium 238 deviendra finalement du plomb stable; le thorium également
; par contre le plutonium 241 deviendra finalement du bismuth stable, tandis
que le plutonium 239 deviendra progressivement de l'uranium 235 qui, lui,
finira comme plomb stable, les iodes radioactifs deviennent du baryum stable,
les césiums deviennent soit du cérium stable, soit du néodyme
stable, soit du praséodyme stable: ce sont les chaînes de
désintégrations et leurs familles radioactives, à
consulter dans les ouvrages spécialisés.
Prenons un second exemple: le strontium 90 dont la période ou demi-vie
est de 28 ans il faudra attendre 280 ans pour que sa radioactivité
soit réduite au millième et 560 ans pour atteindre le millionième
de sa valeur initiale.
Rappelons que l'ère de la radioactivité artificielle date
de 1942 pour sa réalisation industrielle et que la civilisation
la plus ancienne connue historiquement date de 11.000 ans environ: en 1996
nous sommes donc seulement dans la deuxième période de désintégration
du strontium 90 créé en 1942 et à l'aube extrême
de la première période de désintégration du
plutonium 239 créé en 1942; depuis, les pollutions radioactives
nouvelles, toujours plus importantes s'ajoutent aux anciennes.
p.8
|