Préambule
Avant de traiter l'enfouissement des déchets, méthode préconisée
par les promoteurs du nucléaire, nous allons nous attarder sur le
pourquoi de cette option.
D'abord d'où viennent les déchets:
S'il n'y avait pas un programme militaire et un programme civil, tous deux
d'envergure, peut-être la question des déchets serait-elle
moins préoccupante?
Mais la France a fait le choix du nucléaire en 1945 et ce choix
a pesé lourd sur son développement économique. De
plus les déchets ont été niés pendant les nombreuses
années du développement rampant des installations nucléaires...
C'est l'avènement du nucléaire civil des années 80
qui a montré l'ampleur de la tache. En effet les bombes gèrent
des kg, les réacteurs des tonnes.
Actuellement les prévisions de tonnages obligent à trouver
une solution. Cependant il n'est pas certain qu'il faille se hâter,
par contre il convient de limiter les rejets, de trouver des emballages
robustes. Pour le reste il faut reprendre tous les petits sites orphelins,
reprendre les stériles de mines et chercher une ou plusieurs solutions.
Il faut aussi limiter la production de déchets donc diminuer le
recours au nucléaire pour ne mettre en oeuvre que ce qu'on serait
capable de gérer.
Évidemment ce n'est pas l'option choisie. Nos chers tenants du nucléaire
ont fait voter une loi en décembre 1991, loi curieuse où
les parlementaires donnent rendez vous à l'an 2006 pour donner une
suite au stockage des déchets. Une commission de surveillance a
été mise en place, elle a fourni son premier rapport en 1995,
en voici les premières recommandations:
«La commission a réfléchi d'une part, sur la finalité
de la gestion des déchets relevant de la loi du 30 décembre
1991 et, d'autre part, sur les stratégies générales
à mettre en oeuvre en France, après avoir pris connaissance
des stratégies étrangères. Cette réflexion
l'a conduite à formuler des recommandations de nature stratégiques
affectant les trois axes de la loi (art 4).
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D'un point de vue générale, la Commission souligne I' intérêt
d'un plan stratégique global à partir duquel il serait progressivement
possible, grâce à l'avancement des connaissances et des études
de sûreté et de faisabilité technique, d' apporter
un certain nombre de clarifications importantes. Par itérations
successives, il conviendrait en particulier d'affiner une stratégie
qui serait pour chaque axe le meilleur compromis entre les objectifs souhaitables
et les possibilités réelles d'applications. Pour ce faire,
une réflexion stratégique d'ensemble devra être maintenue
enpermanence et faire I' objet de discussions entre les différents
acteurs techniques, scientifiques et les autorités réglementaires
ou politiques. La mission d'évaluation confiée à la
Commission doit contribuer à faire avancer et affiner cette réflexion
stratégique. Au cours de ce processus certains points importants
pourraient être clarifiés en ce qui concerne notamment:
Pour l'axe 1, une hiérarchisation des radionucléides à
considérer et la fixation des objectifs quantifiés de séparation
et de transmutation des actinides,
Pour l'axe 2, les durées à prendre en compte pour le concept
de stockage, notamment celles de l'intégrité souhaitée
des différentes ouvragées et géologiques ainsi que
la durée et les motivations de la réversibilité des
stockages,
Pour l'axe 3, la clarification de l'expression "longue durée "appliquée
à l'entreposage dans le texte de loi, ainsi que la prise en compte
d'une stratégie d'entreposage élargie, en particulier, compte
tenu des perspectives de stockage des combustibles irradiés.
A ce stade de sa réflexion, la Commission souligne la nécessité
d'études itératives de sûreté du stockage pour
les sites envisagés, précisant, à partir des risques
potentiels liés aux déchets, les risques réels résultant
du stockage géologiques de ces mêmes déchets.
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De telles
études sont considérées comme indispensables à
la clarification des objectifs à atteindre dans chaque axe de la
loi et doivent être à la base des réévaluations
périodiques du plan stratégique.
Enfin la Commission a noté l'absence, dans les présentations
effectuées jusqu'ici d'études sur les aspects socio-politiques.
La composante d'information et la participation du public au débat
sur la gestion des déchets radioactifs sont importantes et justifient
le souhait de la Commission d'être éclairée sur ce
point."
Recommandations
de la commission d'évaluation
Axe 1
La commission recommande aux acteurs de la recherche de bien situer l'ensemble
des travaux dans les deux stratégies explicitées par la Commission,
à savoir:
- la stratégie de séparation-transmutation (S-T)
- la stratégie de séparation-conditionnement (S-C)
En ce qui concerne la séparation chimique poussée, qui est
un facteur commun aux 2 stratégies, la priorité doit être
mise sur la séparation l'américium et du curium des lanthanides,
puis de l'américium et du curium pour la première de ces
stratégies.
Pour la seconde, l'effort concerne principalement certains produits de
fission à vie longue, notamment ceux dont la transmutation paraît
très difficile comme le césium, ainsi que les actinides séparés.
La séparation du technétium, qui peut faire l'objet d'un
traitement relevant des deux stratégies, est également recommandée.
En ce qui concerne la transmutation, la commission recommande que soient
bien définies les options à court et moyen terme qui concernent
des systèmes industriels ou en voie d'industrialisation, tels que
les réacteurs rapides ou les réacteurs futur du parc, des
options à plus long terme qui se fondent sur l'ensemble des systèmes
innovants envisageables.
S'agissant des options à court et moyen termes, la Commission estime
qu'il y a lieu de minimiser, autant que faire se peut, la production de
déchets, de moduler, selon les besoins, la production de plutonium
et d'améliorer les performances de recyclage des actinides, notamment
dans les réacteurs à eau.
Les options à long terme concernent des systèmes tels que
les réacteurs dédiés à la transmutation ou
des systèmes assistés par accélérateur, qui
nécessitent un important effort de recherche fondamentale et appliquée
et de développement. Aussi, la Commission recommande que soient
bien identifiées les diverses options techniques, comprenant une
évaluation (avantages-inconvénients), et une étude
de faisabilité technique (performances, production de déchets,
sûreté, opérations de cycle associées, opérabilité,
coûts, industrialisation). En amont, un important effort de recherche
à caractère plus fondamental est à mener dans de nombreux
domaines tels que les données nucléaires, les modèles
et outils de simulation, les accélérateurs de haute intensité,
les matériaux.
La Commission souhaite que, plus particulièrement sur l'ensemble
des évaluations et des recherches relatives à ces options
à long terme, les divers acteurs de la recherche concernés,
essentiellement le C.E.A. et le CNRS, privilégient la coopération
entre eux, et que des moyens adaptés soient accordés.
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Axe 2
La Commission est unanime à considérer que la planification
présentée par l'ANDRA est très tendue...
La commission recommande à l'ANDRA de veiller particulièrement
à l'examen des points suivants qui lui paraissent importants et
de prendre les dispositions appropriées:
- fixation aux sous-traitants des objectifs et priorités pour assurer
la cohérence des calendriers et des cahiers des charges,
- établissement et présentation des programmes expérimentaux
à réaliser dans les futurs laboratoires souterrains, en fonction
de l'avancement de leur réalisation,
- établissement des données de base pour les barrières,
et en particulier pour les barrières ouvragées et les colis,
- études fondamentales concernant la géochimie des eaux,
la géoprospective, les paléocirculations et le retour des
nucléides à la biosphère,
- études itératives et intégrées pour la sûreté
prenant en compte, au furet à mesure qu'ils sont acquis, les résultats
des investigations sur sites. Ainsi qu'il a déjà été
souligné, ces études sont d'une importance capitale pour
la définition d'une stratégie globale.
Axe 3
La commission formule des recommandations sur les cinq domaines suivants:
- pour les matrices et matériaux de confinement, la poursuite des
recherches sur les verres et sur leur comportement à long terme
doit être prioritaire. Les études de comportement à
long terme des matrices (bitumes, liant hydraulique) doivent cependant
être poursuivies et étendues. Les recherches sur les matrices
minérales (céramiques, minéraux connus pour leur stabilité
à l'échelle des temps géologiques) doivent également
bénéficier d'un effort accru pour aboutir à des choix
rationnels. Enfin l'harmonisation de tests permettant les intercomparaisons
de matrices et de matériaux de confinement doit être mise
en place.
- pour les déchets entreposés en vrac, les décisions
à prendre pour le devenir des déchets doivent l'être
au cas par cas selon le type de déchets et les conditions de son
entreposage à long terme et les critères d'acceptation de
l'ANDRA pour les colis définitifs avant toute décision motivée
par la sûreté à court terme.
- pour les colis de déchets de type B, les travaux sur les conteneurs
à haute performance et à haute intégrité doivent
être poursuivis. Les interfaces déchets/conteneurs, et conteneurs/environnement
devront être tout particulièrement étudiés.
Les études relatives aux déchets anciens, particulièrement
du type B, et celles relatives à l'ensemble des procédés
liés au retraitement poussé devront être cohérentes
et concrètes et conduire à des colis spécifiés
compatible avec le concept de stockage.
- pour les entreposages dans l'option retraitement, la qualité du
confinement des entreposages anciens doit être privilégiée.
La conception des nouveaux entreposages «longue durée «devra
être présentée à la Commission dès que
possible en définissant: la durée, les options de sûreté
et les spécifications requises pour les colis,
- pour les entreposages dans l'option stockage direct, les scénarios,
les options, les calendriers d'études devront être présentés
à la Commission dès que les options stratégiques sur
le retraitement ou non retraitement seront proposées par EDF et
COGEMA.
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