La politique énergétique engagée
au lendemain du premier choc pétrolier a visé principalement
la sécurité d'approvisionnement à long terme et s'est
largement appuyée sur l'énergie nucléaire, tout en
promouvant activement les économies d'énergie. La France
a réalisé en 20 ans un programme très ambitieux, qui
la place à un niveau d'utilisation de l'énergie électronucléaire
unique au monde.
UN NOUVEL ESSOR POUR LA DIVERSIFICATION ÉNERGÉTIQUE L'effort entrepris jusqu'au milieu des années 1980 dans le domaine des économies d'énergie a connu un fléchissement depuis quelques années. Le programme d'équipement hydraulique a vu l'aménagement des principaux sites et ne connaîtra donc pas de croissance notable. Les questions liées à l'effet de serre incitent à un développement maîtrisé des usages des combustibles fossiles. (suite)
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La sécurité d'approvisionnement, la gestion des impacts sur l'environnement local ou global, le développement de nouvelles technologies nécessitent ainsi l'intervention régulatrice l'Etat. L'ouverture sur des énergies renouvelables repose sur deux piliers, destinés à orienter l'offre et la demande en énergie en fonction des défis futurs: - la possibilité d'un effort soutenu dans des technologies diversifiées de production, de transport, de distribution, dans le domaine de l'utilisation rationnelle de l'énergie et des énergies renouvelables - la traduction d'une expression locale des besoins énergétiques qui permette le développement d'une offre flexible, diversifiée et maîtrisée. Le gouvernement a confirmé ces options dans la communication du 26 novembre 1997 avant la conférence de Kyoto. l.es efforts des organismes publics de recherche et de développenient seront donc réorientés dans cette perspective. Sur les questions de l'utilisation rationnelle de l'énergie et du développement des énergies renouvelables, la mise en place d'une riouvelle direction à l'Agence de l'Environnement et de de Maîtrise de l'Énergie (ADEME) est l'occasion de redéfinir, avant l'été, les besoins et les moyens d'intervention permettantde situer l'effort au niveau des enjeux économiques correspondants. La mise en place d'un financement pérenne, de l'ordre de 500 MF par an, déployé par l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie et affecté à la maîtrise de l'énergie et au développement des énergies renouvelables (opérations de démonstration, aide à la décision, équipernent de l'État et des collectivités publiques, recherche & développement, diffusion technologique) est décidée afin de stimuler l'innovation et de constituer l'ossature d'une véritable politique industrielle, gage de compétitivité future. Les modalités de ce financement seront arrêtées dans le cadre des réflexions en cours sur la fiscalité environnementale. Ces crédits seront consacrées chaque année à un programme qui comportera notamment une relance des actions d'aide à la décision et à l'investissenient en matière d'économie d'énergie dans le secteur de l'industrie et des bâtiments publics, l'miplification des actions de maîtrise de la demande d'électricité et la mise en oeuvre de nouveaux plans de développement des énergies renouvelables : grand éolien, bois combustible, biogaz, solaire thermique et électrification des sites isolés par photovoltaïque, géothermie et piles à combustible, politiques sectorielles d'économies d'énergie dans l'industrie, les transports et le résidentiel tertiaire. La gestion de la demande constitue, du point de vue de la compétitivité des filières énergétiques, des enjeux de protection de l'environnement et d'aménagement du territoire. La rédaction du schéma de services collectifs en matière d'énergie, prévu dans la Loi d'Orientation, d'Aménagement et de Développement du Territoire (LOADT), intégrera, comme il a été approuvé au dernier CIADT, le principe d'une recherche systématique de la maîtrise de la demande, puis de la production décentralisée, par exemple sur la base d'énergies renouvelables, avant toute nouvelle desserte, ainsi que le choix généralisé d'une action de maîtrise de l'énergie, ou d'une production locale mettant en valeur les énergies renouvelables, si elles se révélaient moins coûteuses qu'une énergie alternative fournie au même point. p.13
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Par ailleurs, le gaz naturel, notamment en
substitution de combustibles fossiles plus polluants, et le développement
de la cogénération seront encouragés à cette
occasion. Cette approche sera renforcée lors de la mise en place
du nouveau cadre réglementaire pour le marché de l'électricité.
C'est ainsi que la France remplira les engagements pris à la Conférencc de Kyoto, tout en stabilisant le nucléaire. SUPERPHENIX
B) Modalités de l'arrêt définitif
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a) Le déchargement du coeur La première étape consistera à décharger le coeur du réacteur dans une grande piscine, contiguë au bâtiment réacteur, et spécialement prévue à cet effet. Cette piscine, qui n'a jamais été utilisée à ce jour, pourra accueillir avec un niveau de sûreté adapté le combustible usé pendant une période d'au moins une vingtaine d'années La seule option qui reste à préciser actuellement est l'opération de déchargement elle-même. Il faudra choisir dans les prochains mois entre: - un déchargement du coeur usé simultanément au rechargement par un faux coeur ("postiche") - un déchargement du coeur usé sans rechargement par un faux coeur. Il faut alors étudier d'une part la tenue de l'installation au séisme et d'autre part le chauffage du sodium dans lequel baigne le coeur usé. En effet, sans chauffage, le sodium deviendrait solide, rendant ainsi tout déchargement impossible. Le choix du mode de déchargement pourrait être fait dans le courant du premier semestre 1998. Il restera alors à l'exploitant à élaborer toutes les consignes détaillées nécessaires au bon déroulement des opérations, le déchargement lui-même ne commencera pas avant le premier semestre 1999. Il devrait durer de l'ordre de 18 mois. b) La vidange du sodium La deuxième étape consistera à vidanger les 4500 tonnes de sodium présentes dans l'installation; il s'agit de: -3300 tonnes de sodium primaire radioactif, - l200 tonnes de sodium secondaire très légèrement radioactif. La radioactivité du sodium ne provient pas du matériel lui-même, mais d'impuretés présentes dans le sodium. L'exploitant étudie donc actuellement les possibilités de purification du sodium préalablement à sa vidange : il ressort des premières études que cette purification ne pourrait intervenir que "coeur chargé". Moins le sodium sera radioactif, plus son élimination ultérieure devrait être facilitée. Dans l'attente de cette élimination, l'exploitant projette, après vidange, d'entreposer ce sodium à l'état gelé et sous gaz neutre dans des capacités, déjà disponibles sur site, dont l'inventaire est en cours. Un tel entreposage pourrait être garanti, au plan de la sûreté, pour une durée d'au moins 20 ans, permettant ainsi le traitement et l'élimination graduelle du produit. Au plan administratif un premier décret de mise à l'arrêt définitif visant uniquement les opérations de déchargement du coeur usé et de vidange du sodium sera pris au deuxième semestre 1998. Les opérations commenceront ensuite au plus vite. Ces deux opérations de déchargement du coeur usé et de vidange du sodium ne marqueront que le début des opérations techniques nécessaires à l'abandon de Superphénix. Parmi les autres étapes figurent notamment le traitement des quantités résiduelles de sodium qui n'auront pas pu être correctement vidangées, la transformation du sodium vidangé en sel, le démontage de la partie classique des installations, la destination du deuxième coeur non usé, qui avait été fabriqué, etc. Dans une phase ultérieure, ces étapes seront définies plus précisément tant au plan technique qu'au plan administratif au fur et à mesure de l'avancement des travaux. Le Ministre de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement et le Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie demanderont à l'exploitant NERSA de leur communiquer, avant la fin du premier trimestre, les grands axes du phasage et des modalités de fermeture. c) Le programme d'accompagnement économique
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Ce programme bâti sur un horizon d'au
moins 5 ans sera conduit en étroite collaboration avec les collectivités
locales. Il impliquera EDF et témoigne de la solidarité
nationale envers la région de Morestel.
Ce plan doit faciliter la revitalisation économique et sociale du bassin économique de Creys-Malville. Il s'articule autour des actions suivantes: 1) Dispositions en faveur des entreprises
et des personnels prestataires de la centrale
2) Développement économique du bassin d'emploi
3) La création d'entreprises
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4) limplantation d'entreprises sur le site
5) L'environnement économique et social
6) Le soutien aux communes
7) Les moyens humains mis en oeuvre.
L'AVAL DU CYCLE
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Les questions les plus sensibles concernent
les déchets à haute activité et à vie longue,
qui petivent rester fortement radioactîfs pendant plusieurs milliers
d'années, voireplus. Toutes ces questions devront être traitées
dans le moyen et le long terme et les choix définitifs n'ont pas
à être faits aujourd'hui. En outre, la technologie et la science
évoluent, et s'il est de la responsabilité du gouvernement
de prévoir dès aujourd'hui des solutions pour l'avenir, il
est également important de ne pas préjuger des progrès
scientifiques et des solutions techniques qui pourront voir le jour dans
le futur.
Tontefois, il n'y a pas de temps à perdre. Il est capital de donner à nos successeurs tous les moyens qui leur permettront de prendre des décisions adaptées. C'est dans cet état d'esprit de préparation de l'avenir et du respect des générations futures que la France s'est dotée d'une loi : la loi du 30 décembre 1991, consacrée aux déchets à haute activité et à vie longue, prévoit que ces recherches soient menées sur trois axes complémentaires : la séparation et la transmutation des éléments à vie longue, le stockage en couche géologique profonde et l'entreposage de longue durée en surface. Aux termes de la loi, après 15 ans de recherches sur chacune des voies, en2006, le Parlement devra prendre des décisions, de manière démocratique et transparente, sur le traitement de ces déchets. La grande caractéristique de cette méthode est de poursuivrela recherche sur toutes les voies de manière à laisser toutes les hypothèses ouvertes et à permettre des décisions sur la meilleure base scientifique et technique possible. Cette loi répond à un principe de base : les décisions d'aujourd'hui ne doivent pas préjuger des choix de demain. Le souci du gouvernement est de réunir tous les éléments nécessaires pour que ces choix qui auront des conséquences sur les générations futures soient effectués avec le maximum de transparence et qu'ils soient fondés sur les connaissannces scientifiques les plus avancées. Ainsi la réversibilité et la souplesse des choix doivent être assurés. Dans ce cadre, il est essentiel d'explorer de façon équilibrée les trois voies prévues par la loi de 1991. Les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas d'affirmer que nous disposerons, à un horizon prévisible, d'un moyen industriel utilisant les techniques de transmutation permettant une disparition suffisante des déchets nucléaires à vie longue et à haute activité. Si le gouvernement entend se donner tous les moyens nécessaires pour continuer les recherches dans cette voie, il est donc aujourd'hui de sa responsabilité de poursuivre celles sur le stockage, tout en développant, selon les recommandations du dernier rapport d'application de la loi fait par M. BATAILLE, l'entreposage en surface. A) L'étude de la séparation et la transmutation
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C'est pourquoi Superphénix avait été réorienté, en 1994, vers un programme d'acquisition de connaissances, alors que ce réacteur avait étéconçu pour laproduction d'électricité. C'est d'ailleurs cette réorientation qui a conduit le Conseil d'État à annuler le décret autorisant le fonctionnement de Superphénix, car il n'était plus conforme à l'enquête publique réalisée auparavant. Le gouvernement entend poursuivre la recherche sur la transmutation, de manière à fournir au Parlement les moyens de prendre des decisions sur l'aval du cycle en 2006. A court terme, les programmes de recherche nécessaires pour le respect de la loi de 1991 seront réorientés sur Phénix, réacteur de taille plus petite mais conçu dès le départ à des fins de recherche. Phenix est particulièrement souple pour l'expérimentation, du fait notamment de la brièvete du cycle et permet de disposer d'une instrumentation adaptée aux études expérimentales. A la suite d'un important travail de mise à niveau entrepris par le CEA, l'Autorité de Sûreté, la DSIN, a estimé possible de donner un avis favorable au redémarrage de Phénix jusqu'en 2004 sous certaines conditions qui devront être respectées par l'exploitant. Le gouvernement s'aest assuré auprès du CEA que les recherches nécessaires pourront être menées sur Phénixdès 1998. Plus précisément, Phénix permettra de poursuivre plusieurs programmes sans toutefois conduire à une validation industrielle: le programme CAPRA a pour objectif l'étude de la consommation massive de plutonium dans les réacteurs à neutrons rapides; leprogramme SPIN permettra d'étudier l'incicinération (ou tranmutation) des actinides mineurs; il permettra également de poursuivre les recherches déjà engagées sur phénix sur l'incinération des produits de fission à vie longue; enfin il approfondira les études sur la tenue sous irradiation des matrices destinées à "porter" les déchets précités dans le réacteur. Enfin, ce choix permet à la France de garder la maîtrise de la technologie industrielle des neutrons rapides. Par ailleurs, d'autres voies seront explorées en parallèle afin de mener à bien tous les programmes possibles sur la transmutation dans l'esprit de la loi de 1991. En particulier, le projet de réacteur Jules Horowrtz (RJH) sera optimisé afin de prendre en compte cet objectif, et il conviendra de poursuivre le développement des connaissances sur les réateurs à neutrons rapides et les systèmes hybrides, composés à la fois d'un accélérateur de particules et d'un réacteur sous-critique. Il serait fortement souhaitable que ces projets, de plus long terme et de coût important, puissent être menés conjointement avec d'autres pays intéressés, notamment européens. Il charge par ailleurs M. DAUTRAY de prendre contact avec nos partenaires habituels dans le domaine du nucléaire pour améliorer la coopération internationale sur l'aval du cycle. En résumé, l'arrêt de Superphénix, outil réorienté récemment vers la recherche au vu des difficultés techniques et économ iques à en faire un moyen crédible de production d'électricité, ne fera pas obstacle à la poursuite du programme d'acquisition de connaissances sur la transmutation des déchets nucléaires. Le gouvernement prendra les mesures nécessaires pour respecter les objectifs de la loi de 1991 et mener d'ici 2006, en particulier avec Phénix, les programmes de recherche permettant des décisions sur la base des meilleures connaissance possibles à cette époque. Le résultat de ces recherches permettra d'éclairer les décisions à prendre sur le stockage et l'entreposage des déchets, B) L'étude du stockage souterrain
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Dans le cadre défini par cette loi,
le processus de concertation avec les élus et la population, confié
au médiateur, le député Christian BATAILLE, rapporteur
de la loi de 1991, a abouti en janvier 1904 aux choix par le gouvernement
de quatre zonesprésentant des caractéristiques géologiques
a priori favorables, situées dans les départements du Gard,
de la Haute-Marne, de la Meuse et de la Vienne.
Les travaux de reconnaissance géologiques menés par l'ANDRA dans ces quatre départements ont permis de sélectionner trois sites potentiels pour l'implantation d'un laboratoire souterrain de recherche: - le site de Bure situé à la limite entre les deux départements de la Haute-Marne et de la Meuse, où la roche hôte est une formation argileuse - le site de Chusclan dans le département du Gard, pourlequel la roche hôte est également une formation argileuse - le site de la Chapelle-Bâton, dans le département de la Vienne où la roche hôte est une formation granitique sous couverture sédimentaire. Une première phase comportait d'une part des travaux de reconnaissance géologique menés à partir de la surface Elle comportait d'autre part des enquêtes publiques et des consultations approfondies des collectivités locales concernées. Sur le plan technique, l'ANDRA estime que les trois sites peuvent être transformés en laboratoires. La Commission Nationale d'évaluation, dans son rapport annuel, a émis un avis favorable sur les sites de la Meuse et du Gard, mais a émis des réserves techniques sur le site de la Vienne. Le 1er décembre 1997, la DSIN, chargée d'instruire les demandes d'autorisation pour l'installation de laboratoires souterrains à remis à ses ministres de tutelle un rapport clôturant les travaux préparatoires. Ce rapport:, annexé, reprend les résultats des consultations publiques. Le stockage de déchets nucléaires en couches géologiques profondes est une décision politique importante qui pourra être prise par le Parlement au plus tôt en 2006. Elle soulève des questions éthiques difficiles qui ne pourront être traitées que dans la durée, la transparence et le débat démocratique. A court terme, et tant que le Parlement n'aura pas pris une décision, les laboratoires ont uniquement une vocation d'études et de recherches, et n'accueilleront en aucun cas des déchets nucléaires. Ces recherches permettront d'étudier la roche en profondeur pour évaluer la faisabilité technique et la sûreté à très long terme d'un éventuel stockage. Le gouvernement demande à la Commission Nationale d'Evaluation de poursuivre sa réflexion sur la réversibilité et les moyens de l'assurer, et de lui faire part de ses travaux avant la fin du premier semestre. Le gouvernement fera alors connaître ses décisions concernant le choix des sites des laboratoires souterrains. C) L'étude de l'entreposage de longue durée en surface
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La Commission Nationale d'Évaluation, tout comme le rapport de M. BATAILLE sur l'application de la loi de 1991 a relevé que les programmes consacrés à la loi étaient moins structurés que les autres. Dès lors, le gouvernement a demandé au CEA d'accentuer ses efforts dans ce domaine. Ainsi, les ressources cousacrées à l'entreposage en surface seront augmentéesde 15 % en 1998, puis à nouveau de 20 % en 1999. Ces travaux déboucheront à partir de 1999 sur des concepts d'entreposage de très longue durée en surface relatifs aux différentes catégories de déchets. Par ailleurs, sans revenir ni sur les objectifs ni sur le calendrier de la loi de 1991, le gouvernement souhaite également explorer le concept d'entreposage en sub-surface: si cet entreposage se présente dans des conditions techniques semblables à celle de l'entreposage en surface, il convient de rechercher dans quelles conditions juridiques le site peut être choisi, car la loi de 1991 ne répond pas à une telle question. Le gouvernement charge le CEA de lui remettre avant la fin de l'année un rapport sur le concept, l'intérêt et la faisabilité d'un entreposage en sub-surface, ainsi que sur ses conditions éventuelles de formalité technique, scientifique et juridique. LA TRANSPARENCE ET LE CONTRÔI.E
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