BULLETIN ELECTRONIQUE D'ALLEMAGNE - "Sciences
Allemagne" du Service pour la Science et la Technologie de l'Ambassade
de France à Berlin
Hebdomadaire - numéro 44 - 4 avril 2001
ENERGIES
- Polémiques autour
de la Fusion Nucléaire
A l'occasion de l'audition
d'une Commission d'Investigation sur L'Energie au Bundestag, les différents
groupes parlementaires ont exprimé leur position quant à
la fusion nucléaire.
Dr. Axel Berg (SPD) déclare
que la fusion n'est pas une solution aux problèmes climatiques à
moyen terme, même selon les pronostics les plus optimistes qui prévoient
une industrialisation d'ici 2050. Il a déclaré au Bundestag
que les efforts devaient se porter sur les économies et les énergies
renouvelables. Il estime que la fusion ne doit plus faire partie intégrante
de la politique énergetique du pays, trop gourmande en crédits
(la seule construction de ITER, réacteur de recherche, laisse une
facture de 7 Milliards DM, sans compter les 500 Millions DM nécessaires
à son hypothétique fonctionnement), aux issues incertaines,
et laisser la place aux énergies renouvelables qui auront trouvé
une rentabilité à moyenne échéance. Il est
soutenu dans ce discours par Hans-Josef Fell (Grunen), qui qualifie la
fusion de "risquée, coûteuse et superflue", et aimerait voir
redirigés les crédits alloués à la recherche
vers le fond de garantie des prix des énergies renouvelables. H.J.
Fell insiste notamment sur les problèmes de sûreté
nucléaire liés à la fusion, puisqu'il compare le réacteur
à une bombe à Hydrogène au contrôle difficile,
et évoque l'absence de solution pour le stockage des déchets
produits.
En réponse à
ces arguments, Axel Fischer (CDU) avance que seules des barrières
techniques retardent encore la fusion, mais que le principe n'est plus
remis en cause. Cette énergie offre la possibilité à
tous les pays de garantir leur indépendance énergétique,
puisque les ressources sont disponibles en tous points de la planète.
Elle garantit par ailleurs la réduction des émissions de
CO2 tout en assurant de manière durable et solide l'alimentation
énergétique. Il estime nécessaire d'ouvrir un débat
public en dépit du contexte antinucléaire actuel dans l'objectif
de faire accepter la fusion comme source future. Ulrike Flach, (FDP), explique
par ailleurs que les déchets de fusion ont une durée de vie
courte. Compte tenu de l'impossibilité d'assurer un approvisionnement
énergétique avec les seules ressources éolienne et
solaire, il estime hautement préjudiciable toute idée d'abandon
du programme ITER, et juge nécessaire de promouvoir systématiquement
la recherche sur la fusion nucléaire.
En marge des confrontations
relatives à la sortie du nucléaire de fission, et des conséquences
directes et indirectes de ce choix sur l'approvisionnement énergétique,
le respect du protocole de Kyoto ou la recherche nucléaire, se dessine
une polémique grandissante. Le Ministre de l'Économie Werner
Mueller vient en effet d'annoncer que l'Allemagne ne tiendra pas ses objectifs
de réduction des émissions de gaz à effet de serre
pour 2020, en raison de la croissance économique et de l'abandon
progressif de l'énergie nucléaire. La sortie du nucléaire
décidée par le gouvernement ne prévoit nullement les
énergies de remplacement.
|
suite:
Ces choix doivent intervenir au cours des 20 prochaines
années afin de pallier la fermeture des centrales ; notons que la
politique énergétique, cruciale en termes économiques,
politiques et environnementaux, se décide sur fond de manifestations
antinucléaires et de crise au sein des Grunen.
Sources : berlinews du
29 Mars 2001; Focus du 2 Avril 2001 Rédacteur : Philippe Coution
COMMENTAIRE
Si l'énergie de
fission est problématique de part l'importance des problèmes
liés à son fonctionnement (sûreté des réacteurs,
déchets, rejets, impact sur la santé, etc...), l'énergie
du fusion est quant à elle un mythe. De fait elle existe mais dans
les astres. Nous sommes capable de réaliser la réaction mais
juste sous forme de quelques bouffées et nous sommes incapables
de l'entretenir et donc de tirer de l'énergie de ce phénomène.
La fusion est le rêve
d'une humanité qui espère toujours trouver des sources d'énergies
qu'on pourrait exploiter sans contrainte. Ceci est impossible. Tout se
paie.
La fusion fait bien sûr
des déchets, différents de ceux de la fission mais tout aussi
gênants. De toute façon il est vain de mettre de l'argent
dans des voies qui sont des impasses parce qu'une politique énergétiques
doit être diversifiée et doit utilisée tout ce que
nous connaissons. Il n'est pas très malin de vouloir implanter que
des éoliennes ou que des chauffe-eau solaires. Par contre il est
fort utile de promouvoir les économies d'énergie et l'éolien
et le solaire.
La fusion est aussi une
source (fort potentielle en l'état de ce que nous savons faire)
qui ne peut éclore que dans de gigantesques complexes. C'est encore
plus centralisée que la fission.
Mais pour pouvoir y accéder
il faut résoudre le problème de l'entretien d'une réaction
qui nous donne des neutrons avec lesquels on entretient un réacteur
à fission. Que d'énergie dépensée pour revenir
à la machine de Denis Papin : chauffer de l'eau pour faire tourner
une turbine et obtenir de l'électricité. Il est vrai que
les réactions, produisant directement des produits chargés
et pouvant donc fournir directement de l'électricité, exigent
des énergies encore plus élevées mais comme on ne
sait pas faire les autres, autant sauter une étape et innover.
Ce qui est certain c'est
que la production d'un plasma puis son entretien puis l'extraction soit
des chargés soit pour le moment de neutrons exigent une mise énergétique
imposante. Par ailleurs le confinement du plasma demande des champs magnétiques
intenses et les matériaux doivent résister à une forte
irradiation. Quelques calculs menés il y a 10 ans montraient que
les aciers au niobium nécessaires utilisaient quasiment tout le
niobium connu.
La fission n'a pas fini
d'empoisonner notre environnement, ne partons pas sur la piste fusion avant
d'en avoir mesuré tous les avantages mais surtout tous les inconvénients,
car une fois le truc lancé on a du mal à savoir le guider.
Sachons raison garder et
enfin concocter une politique énergétique réaliste,
économe et respectueuse de la santé et de l'environnement
p.31
|