De: Claude Boyer => "rezo.fr" Ce phénomène me semble très
sérieux et préoccupant. Ci-joint le courrier que j'ai adressé
par e-mail le 24 juin à l'adjoint au directeur de la DSIN en charge
du parc des réacteurs de puissance. Celui ci m'a informé
au téléphone le 4 juillet que le problème étant
complexe, la "réponse" pouvait demander un certain temps.
A Monsieur Jérôme GOELLNER, Directeur adjoint de l'ASN. J'apprends par un communiqué de presse
de STOP-GOLFECH que la radioactivité du circuit primaire du réacteur
1 de Golfech aurait augmenté depuis le 2e trimestre 99 d'un facteur
important (de 2 MBq à 1,6 GBq pour l'iode 131, de quelques dizaines
à 14 GBq pour les gaz rares). Cette variation est à l'évidence
due à une dégradation des gaines de combustible, reste à
savoir s'il s'agit du cas détecté à Nogent en août
2000 (contrôle défectueux des gaines par Cézus), ou
du cas de Cattenom détecté en mars de cette année
sur le réacteur 3. Dans ce cas, d'où viennent ces phénomènes
vibratoires ?
Le point actuel de la DSIN sur le site www.asn.gouv.fr Paris, le 11 juin 2001 NOTE D'INFORMATION RELATIVE AUX DÉFAUTS DU COMBUSTIBLE DU RÉACTEUR 3 DE CATTENOM 1. 1- HISTORIQUE
(suite)
|
suite:
Ce niveau de radioactivité est resté stable jusqu'en juin 2000 puis a régulièrement augmenté jusqu'à la fin du cycle de fonctionnement. Le réacteur a été déclaré en "Rupture de Gaine Sérieuse" à partir du 6 septembre 2000, critère qui entraîne une surveillance accrue de l'activité du circuit primaire et une réduction de l'amplitude des variations de puissance du réacteur. La centrale a informé l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) de cette situation le 18 octobre 2000. Le réacteur a été arrêté le 27 janvier 2001, pour subir sa première visite décennale et le site a procédé aux opérations de purification du fluide primaire du 27 janvier au 19 février 2001. Le déchargement du coeur a débuté le 27 février 2001. L'examen du combustible déchargé a alors révélé qu'un nombre important d'assemblages combustibles étaient endommagés. Le site de Cattenom a déclaré un incident significatif le 16 mars 2001 que l'Autorité de sûreté nucléaire a classé au niveau 1 de l'échelle INES. 2. RESPECT DES SPÉCIFICATIONS
3. CONSÉQUENCES DES DÉFAUTS DU COMBUSTIBLE
p.14
|
Dites NON au 4ème sous-marin nucléaire! Campagne Désarmement-SNLE c/o MAN, 114 rue de Vaugirard 75006 PARIS 01 45 44 48 25 |
c. Conséquences sur
les rejets radioactifs Entre l'arrêt du réacteur et l'ouverture
du circuit de refroidissement primaire, le site a dû purifier le
fluide primaire pendant plus de 3 semaines alors que cette opération
dure habituellement quelques jours. Un incident de rejet radioactif est
survenu le 1er février 2001 pendant cette période. Cet incident
a conduit au dépassement modéré du seuil d'alarme
haut de radioactivité de l'air rejeté, qui est fixé
à une valeur équivalente à celle qui serait tolérable
comme ambiance de travail permanente. L'exploitant a réagi en cessant
l'opération en cause. Cet incident est lié à une vérification
insuffisante, en préalable au rejet, de la radioactivité
des effluents. Les conditions de rejets radioactifs de la centrale nucléaire,
fixées par l'arrêté interministériel du 4 août
1989 n'ont pas été transgressées et l'incident est
resté sans conséquence sur les personnes ou l'environnement.
En conséquence, il a été classé au niveau 0
de l'échelle INES de gravité des événements
nucléaires. D'une manière générale, tout en
respectant les autorisations, les rejets gazeux du site de Cattenom ont
notablement augmenté à la suite des défauts du combustible.
A titre d'illustration, pour les deux mois de la période du 1er
janvier 2001 au 29 février 2001, les rejets gazeux du site ont été
aussi élevés que sur l'ensemble de l'année 2000 pour
les rejets de gaz rares et représentent environ le double de l'année
2000 pour les rejets d'halogènes et d'aérosols.
4. CAUSES DES DÉFAUTS DU COMBUSTIBLE
(suite)
|
suite:
Des fuites sans précédent sur des assemblages combustibles
à Cattenom
Un nombre "inédit" de "défauts
d'étanchéité" du combustible nucléaire a été
constaté le 15 mars 2001 à Cattenom, par l'opérateur,
Électricité de France (EDF). Au cours de l'arrêt pour
visite décennale du réacteur 3, l'exploitant a constaté
des fuites sur pas moins de "28 assemblages, dont 26 de troisième
cycle et 2 de deuxième cycle" (1), qui comportaient, "en
moyenne, 3 crayons défectueux", soit au total 92 tubes endommagés
(2).
On a relevé jusqu'à "18 crayons" montrant des fissures traversantes
dans un seul assemblage, soit près de deux fois plus que les "5
à 10 fissures de gaines habituellement dénombrées
sur l'ensemble du parc" chaque année.
p.19
|
En revanche, M. Dominique Minière, le directeur
de la centrale de Cattenom, a avancé que la cause de ces fuites
était liée à "un frottement et [à] des vibrations
dans la grille du bas", avant de rajouter qu'ils prévoyaient "quatre
à six mois d'enquête" et que "plusieurs causes peuvent concourir,
par exemple des grilles défectueuses" (7).
Les premiers éléments de l'enquête ont révélé effectivement des "problèmes d'inétanchéité… liés à des phénomènes de vibrations", sans que l'on sache avec précision l'origine des vibrations. EDF soupçonne ces vibrations d'avoir induit des frottements "plus soutenus" entre les crayons et les ressorts qui les maintiennent, provoquant à terme leurs fissurations. Le redémarrage du réacteur ne devrait pas, selon la position exprimée par la DSIN en avril 2001 (8), être autorisé avant que l'on ait fait la lumière sur le phénomène des vibrations. EDF a néanmoins envoyé "une proposition technique" à l'Autorité de sûreté dans laquelle elle suggère notamment le remplacement des assemblages défectueux et le redémarrage du réacteur "sous surveillance renforcée", étant donné que la "cause immédiate" est maintenant établie. L'exploitant continuera à étudier par ailleurs l'origine du phénomène des vibrations et soumettra les résultats de ses études à l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) qui, saisi par l'Autorité de sûreté, aura à en vérifier "la cohérence" (9). Selon le CNPE de Cattenom, "une partie de ces investigations " ne pourrait être menée "que si la tranche est en marche". Le 6 juin prochain, EDF aura "un mois de retard sur le planning prévu" pour les travaux de maintenance et de remplacement des assemblages défectueux, sachant que le coût moyen par jour pour l'arrêt d'un réacteur, programmé ou non, est estimé par EDF à 1 million de francs. Ce n'est pas la seule difficulté à laquelle l'électricien se trouve confronté. En effet, le 12 mars 2001 EDF informait l'Autorité de sûreté qu'elle avait détecté une anomalie de conception sur des vannes du circuit de refroidissement de secours de 12 réacteurs (le palier 1.300 MWe), dont ceux de Cattenom (10), pouvant affecter leur bon fonctionnement en cas d'accident. Le circuit de refroidissement de secours permet, en cas de fuite importante sur le circuit primaire de récupérer, une fois que les réserves d'eau du réservoir (PTR) sont épuisées, l'eau qui se déverse dans les puisards (11) au sein du bâtiment réacteur et de la réinjecter dans le circuit primaire. EDF craint qu'en cas "d'accident grave ou de tremblement de terre de forte magnitude", les vannes, situées en aval des puisards, et suite à une augmentation de pression, ne soient plus opérationnelles, alors qu'elles sont censées s'ouvrir automatiquement pour permettre la réinjection de l'eau dans le circuit primaire. EDF a proposé à l'Autorité de sûreté de procéder à la modification des vannes sur les cinq centrales concernées par l'anomalie. La mise en place du nouveau système serait d'ailleurs, selon la DSIN, en passe d'être achevée (9). Cet incident, à caractère générique, a été reclassé au niveau 2 de l'échelle INES, le 27 avril 2001, par l'Autorité de sûreté. (suite)
|
suite:
Notes : (1) Ce réacteur est exploité en campagnes allongées (GEMMES) de 18 mois par cycle, les rechargements s'effectuant par tiers de coeur. (2) Sauf indication contraire, les déclarations d'EDF proviennent de communications téléphoniques avec le bureau de presse du CNPE de Cattenom les 17, 28 et 31 mai 2001. (3) Voir le communiqué du 19 mars 2001 de l'autorité de sûreté sur son site (http://www.asn.gouv.fr/) (4) Voir à ce sujet "L'Affaire CEZUS, Contrôle qualité de combustible nucléaire hors service", WISE-Paris, 20 décembre 2000 (publié dans la GN 189/190) (5) M. Alain Delmestre, DSIN, communication téléphonique, 2 mai 2001. (6) Framatome, Service presse, communication téléphonique, 17 mai 2001. (7) Cité par WOXX, paru le 20/04/2001. (8) Selon Nucleonics Week, "EDF, Framatome still in the dark about cause of Cattenom leakers", 3 mai 2001 (9) M. Thomas Maurin, DSIN, communication personnelle, 31 mai 2001. (10) Les autres réacteurs étant ceux de Belleville, Golfech, Nogent et Penly. (11) Le réservoir PTR a entre autres fonctions de stocker l'eau nécessaire aux piscines de manutention du combustible. Les puisards recueillent l'eau à partir des fuites du circuit primaire qui sert à refroidir le coeur du réacteur. COMMENTAIRE GAZETTE Le phénomène a été subi et ses conséquences sont une difficulté accrue lors de la visite décennale. Mais ce que rapporte la CGT doit aussi être pris en considération : «Lorsque les premiers problèmes d'étanchéité sont apparus, la direction a cessé les modulations sur la tranche 3, mais les a reportées sur la tranche 4, où les mêmes dysfonctionnements risquent d'apparaître», accuse la CGT. De toute façon, les premiers signes sont apparus en août 2000, est-ce bien raisonnable d'attendre janvier? Et ce n'est pas la déclaration du DRIRE qui rassurera. La DSIN continue à ne pas pouvoir faire prendre une décision même quand celle-ci s'impose. Dampierre n'a été qu'un coup de semonce sans suite. « Les seuils de radioactivité constatés sur le circuit primaire signalaient de sérieuses ruptures de gaine dans le combustible. Dès octobre, nous avons demandé à l'exploitant de réfléchir à l'opportunité d'anticiper l'arrêt de la tranche 3. Seule responsable de l'exploitation de la centrale, EDF n'a pas souhaité stopper les installations. Or, à l'ouverture de la cuve, le taux de radioactivité s'est révélé nettement plus élevé que prévu. Avec le recul, l'arrêt anticipé de la tranche aurait été préférable », indique François Gauché, chef de la division nucléaire de la DRIRE Lorraine. p.20
|