Le séisme ressenti hier
22/02 dans près de quarante départements pose une nouvelle
fois le bien fondé du projet Bure, laboratoire d'enfouissement des
déchets du nucléaire
Situé seulement à une centaine de kilomètres de l'épicentre, en limite de Lorraine et Champagne, ce chantier est sujet à vive polémique. En effet, alors que Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) et les officiels du nucléaire affirment que le sous-sol de la région est sismiquement stable (et donc qu'il pourra piéger la radioactivité de ces déchets pendant des milliers d'années), des collectifs régionaux de citoyens avaient dès l'automne 2001 révélé les travaux des scientifiques J.Muller et A.Mourot (directeur CNRS pour l'un et géophysicien pour l'autre) qui démontent au contraire une activité sismique importante (près de cinquante séismes sur ces vingt dernières années) et un réseau de failles multiples, incompatibles avec toute idée de dépôt nucléaire en profondeur Par ailleurs, et alors que le chantier est à l'arrêt depuis le 15 mai dernier où un ouvrier avait trouvé la mort au fond du puits, les collectifs s'interrogent d'autant plus sur la fiabilité de ce projet que des ressources énergétiques locales (géothermiques) interdisent ce genre de dépôt souterrain Contact: 03 25 04 91 41 / 06 66 95 97 77 Pierre Benoit Président de la FAPNATE
La rumeur va son train, circulant sous le manteau.
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L'électricité nucléaire nous donne vingt morts en une journée à Tchernobyl, deux cents en un mois et des cancers sur dix générations, avec des milliers d'hectares inhabitables. A quelle sauce voulons nous être mangé? L'accident nucléaire est lié le plus souvent à l' erreur humaine. Il est dû également à une sous-estimation des risques. Une étude récente, parue fin 2002, dans le volume 39, n° 4 du bulletin d'information des géologues du bassin de Paris, montre clairement à 30 km à l'est de la centrale de Nogent une faille ayant joué au quaternaire, sous forme de séismes majeurs, à Longueville sur Aube . Cette faille est à relier au complexe «faille de Metz -faille d'Omey- faille de Bouchy - Saint Martin», passant à faible distance au nord de notre centrale nucléaire auboise. Un rapport du très savant de l'IPSN (institut de protection et de sûreté nucléaire) en date de novembre 1999 fait le point sur l'aléa sismique. Ce document, fort bien fait, indique que les dégâts liés aux tremblements de terre sont multiplies jusqu'à cinq fois dans les zones d'alluvions (effet de site). Cela explique l'intensité des déformations décrites dans le bulletin d'information des géologues du bassin de Paris et bien observables à Longueville sur Aube. Reste que la centrale de Nogent est dans le même cas de figure: une centrale sur des alluvions de la Seine reposant sur de la craie pâteuse. En clair, cela signifie qu'un éventuel séisme occasionnerait cinq fois plus de dégâts à la centrale de Nogent qu'à celle (non nucléaire) de Villenauxe, ville voisine. Sachant que les compagnies d'assurance refusent d'assurer les centrales nucléaires et que les risques couverts par l'état sont de faible importance, cela nous pose question. Acceptera-t-on de prendre en compte, dans une éventuelle extension du site Nogentais, ce risque sismique, même de probabilité faible? La prise en compte de ce risque aurait, bien évidemment un coût financier lors de cette éventuelle extension. La FAPNATE (fédération auboise des associations de protection de la nature) pose la question, à la veille du départ de l'actuel directeur de la centrale à qui nous souhaitons un bon avenir. L'histoire nous donnera la réponse dans les années à venir . PS: 1) la presse locale auboise n'a pas jugé utile de publier ce communique qui ne résumé qu'un état de fait, purement objectif. Je pense que votre journal pourra outrepasser le politiquement incorrect. 2) Les études de Longueville ont été réalisées sur nos fonds propres pour un montant supérieur à 200.000 francs, alors même que l'IPSN avait pris l'engagement (oral) de pousser plus loin les investigations si les résultats préliminaires des études de 1997 étaient intéressants. Reste donc à définir la notion d'intérêt pour cet organisme. pièces jointes
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Communiqué de presse du lundi 26 mai 2003 Séismes et centrales nucléaires Les chiffres de l'Autorité de sûreté
nucléaire et d'EDF diffèrent gravement
Face à ce scandale de très grande
ampleur, le Réseau "Sortir du nucléaire" exige:
Réseau "Sortir du nucléaire": 06 64 100 333
* Direction générale de la sûreté nucléaire
et de la radioprotection. (Échelon national de l'ASN)
06/06/03 NUCLÉAIRE Fessenheim face aux séismes (Nathalie Chifflet) Le séisme du 22 février dernier n'a pas affecté la centrale nucléaire de Fessenheim. Mais un réexamen de sûreté va être engagé et des mesures nouvelles pourraient être prises pour renforcer sa résistance aux secousses. (suite)
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La terre a tremblé, la centrale a résisté. Selon EDF, l'important séisme qui a secoué la région, le 22 février, d'une magnitude locale de 5,8 a certes été ressenti par les opérateurs qui travaillaient ce soir-là en salle de conduite du site nucléaire, situé à environ 90 km de l'épicentre, mais les instruments qui mesurent les accélérations sont restés muets, le seuil de captation fixé n'ayant pas été atteint. L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) l'a confirmé hier devant la commission locale de surveillance, réunie à Colmar: «Il n'y a eu déclenchement ni des alarmes, ni des enregistrements», a indiqué Jean-Mathieu Rambach, relevant cependant que «les seuls enregistrements consécutifs au séisme sont ceux des accélérographes de crête situés sur le dôme du bâtiment du réacteur numéro 2». Mais il s'agissait d'instruments isolés et indépendants des déclencheurs de sécurité. «En plus de vingt ans d'exploitation, les installations de Fessenheim ont subi sans dommage deux séismes», avec celui de Sierentz, en 1980, a fait observer l'ingénieur. Les vérifications menées par EDF n'ont rien révélé d'anormal. Les appareils de mesure des vibrations dues au séisme se sont révélés en parfait état de marche. Les tranches, en particulier les pompes du circuit primaire de cette centrale équipée de deux réacteurs à eau sous pression, n'ont pas subi de dommages. La recherche de fuites sur la digue du grand canal d'Alsace, placée sous surveillance renforcée, n'a rien donné. La centrale alsacienne a donc continué à fonctionner à plein régime. 3e visites décennales en 2004 et 2005 Une nouvelle vérification de l'adéquation de la résistance des installations aux secousses va être engagée, en vue des troisièmes visites décennales - véritable check-up de la centrale - prévues en 2004 et 2005. Elle se fera sur la base de nouvelles règles de sûreté, formulées en 2001, et à l'aide de modélisations plus détaillées de la résistance des équipements. L'IRSN a rappelé hier qu'il importait «de bien identifier les séismes susceptibles de produire des effets». Une note rédigée en mars dernier souligne qu'il faut notamment «définir les séismes de référence à prendre en compte pour dimensionner » une installation nucléaire, dès sa conception et durant son exploitation. Or, devant la commission locale de surveillance, hier, un expert de l'Institut de physique du globe de Strasbourg, Michel Granet, a souligné «la grande méconnaissance de l'historicité du phénomène sismique. Notre connaissance, limitée aux 1.000 dernières années, est insuffisante ». Dans un fossé rhénan où «le risque d'occurrence d'un séisme potentiellement destructeur est réel », rien ne dit qu'un séisme d'une intensité inédite (inconnue) ne se produira pas demain. La centrale de Fessenheim y résisterait-elle? Inquiets, les Verts dénoncent «les pratiques scandaleuses par lesquelles EDF cherche à mégoter sur la sécurité de ses vieilles centrales finissantes». Dénonçant «un lobbying» qui n'a «cure des sérieux risques sismiques établis par les experts», ils reprochent à l'exploitant de «privilégier coûte que coûte la production contre les impératifs de sécurité.» p.16
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Le monde du nucléaire est
actuellement secoué... par une crise grave. Paradoxalement, celle-ci
se déroule dans le secret des bureaux et des laboratoires alors
même qu'elle voit s'affronter deux conceptions de la transparence
et de l'indépendance des experts. Le tout sur fond d'une réorganisation
dont l'accouchement très long a déstabilisé certains
protagonistes. La publication d'une carte des retombées de Tchernobyl
en France, la «censure» d'un article dans une revue de l'Autorité
de sûreté, les divergences à propos de la résistance
aux séismes des centrales d'EDF, l'intervention du cabinet de Roselyne
Bachelot, également à propos de séismes: autant d'épisodes
récents qui révèlent cette crise.
Les démons de Tchernobyl ressuscités L'affaire remonte au 24 avril dernier. Ce jour-là, à l'occasion du dix-septième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, l'IRSN organise une conférence de presse pour présenter une nouvelle carte de France de la contamination des sols par le césium 137 de la centrale de Tchernobyl(2). Elle a été dressée à partir des données pluviométriques de Météo France et des mesures de radioactivité atmosphérique effectuées en 1986. Les chiffres de contamination y sont plus élevés que ceux de la carte publiée en 1998 dans l'atlas européen, notamment dans l'est du pays et en Corse. Rien d'exceptionnel toutefois, ils «collent» avec les dépôts relevés chez nos voisins européens. La présentation de cette carte et certains commentaires des experts ont néanmoins déclenché dans les jours qui ont suivi une sourde désapprobation dans le microcosme nucléaire. La nouveauté, voire le bien fondé de ce travail sont contestés. De fil en aiguille, l'affaire suscite tellement de remous que nombre de personnes n'acceptent plus désormais de parler que sous couvert de l'anonymat. Certains dénoncent une volonté de mise au pas de l'IRSN par l'Autorité de sûreté nucléaire qui aurait souhaité empêcher purement et simplement la tenue de la conférence de presse. André-Claude Lacoste, le directeur de l'Autorité, estime en effet que cette réunion était «inopportune». Sans aucun doute, la réaction la plus virulente est venue du Professeur Aurengo, médecin spécialiste de la thyroïde. Dans une lettre adressée le 4 mai aux ministres de l'Ecologie et de la Santé, il dénonce le contenu et la présentation de cette carte. «Je suis consterné que de tels résultats, méthodologiquement contestables et très probablement faux, aient pu être diffusés sans aucune validation scientifique, au nom d'un organisme officiel en charge de l'expertise en radioprotection», peut-on lire sous sa plume. Des accusations graves qu'il confirme au Figaro quelques jours plus tard : «On ne doit pas laisser les gens raconter n'importe quoi. La vérité passe avant toute considération. Ces cartes jettent un grave discrédit sur l'IRSN». Selon lui, les modèles utilisés par les auteurs de la carte sont «en contradiction flagrante avec des mesures sur le terrain contemporaines de l'accident». L'an dernier, André Aurengo avait été chargé par le gouvernement Jospin d'établir une cartographie de la contamination du territoire français. Son objectif: mettre un terme à l'interminable polémique sur l'impact réel de Tchernobyl en France. La mission du groupe Aurengo a été confirmée par le gouvernement Raffarin. Le professeur Aurengo pourra-t-il la mener à bien? Rien n'est moins sûr. Il reconnaît que les mesures effectuées à l'époque sont très nombreuses et qu'elles n'ont pas été classées. Il faudrait à une équipe d'experts plusieurs mois de travail à temps plein pour les dépouiller et les traiter, admet-il. Fort de sa mission, André Aurengo reproche aux experts de l'IRSN de ne pas lui avoir communiqué leurs conclusions avant de les rendre publiques. Ceux-ci protestent de leur bonne foi en expliquant qu'ils lui ont déjà fourni toutes leurs données de base. Et ils estiment par ailleurs que l'IRSN est dans son rôle en publiant ses travaux de modélisation les plus récents. Les experts défendent le sérieux de leur travail en même temps qu'ils tiennent à en marquer les limites. «Une carte, c'est une représentation. Ce n'est pas la réalité. Elle ne remet pas en cause l'évaluation des doses reçues par la population», insistent-ils. Au final, ils font valoir que les mesures effectuées sur le terrain concordent avec celles figurant sur la carte et qu'ils ont appliqué les mêmes modèles que leurs confrères britanniques. En 1998, douze ans plus tard, la publication sous l'égide de la Commission de l'atlas européen des dépôts de césium de Tchernobyl n'avait pas donné une meilleure image de la transparence en France. «Les données fournies par la France étaient rares, comparé aux autres pays», reconnaît en effet Neale Kelly, expert scientifique de Bruxelles. En effet, le SCPRI(3), l'organisme alors chargé de la protection de l'homme et de l'environnement contre la radioactivité, n'avait adressé que les données enregistrées à partir de 31 points de mesures répartis sur le pays. Celles effectuées en Corse, la zone la plus contaminée, n'avaient même pas été retenues par la Commission de Bruxelles faute d'avoir été correctement géoréférencées. Quatre mesures réalisées en France par les experts d'une université britannique complétaient la maigre moisson. Une misère à côté des milliers de données transmises par exemple par l'Autriche, un pays pourtant six fois plus petit que la France. «J'ai envoyé tout ce que le SCPRI avait mesuré», assure Gerno Linden, qui fut chargé du travail et qui aujourd'hui a intégré l'IRSN. Pourquoi y avait-il si peu de données? «Parce que les mesures des dépôts au sol étaient beaucoup moins nombreuses que les mesures de contamination atmosphérique ou au niveau du lait ou des denrées», assure le chimiste qui exclut toute volonté d'avoir voulu cacher quoi que ce soit. On notera au passage que l'IPSN d'alors (prédécesseur de l'IRSN) n'avait lui non plus communiqué aucune mesure. A l'évidence, en 1986, les experts français d'alors ont manqué de réactivité par rapport à bon nombre de leurs confrères européens qui se sont mobilisés dès l'explosion du réacteur et qui ont donc pu fournir des milliers de mesures à la Commission. (suite)
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Trente-cinq points de mesures sur un territoire de 551.500 km2, c'est effectivement dérisoire. Du coup, Annie Sugier, de l'IRSN, n'avait pas hésité à dire que «la carte de France de l'atlas européen est fausse» (4). Ces propos avaient déclenché une polémique avec Jean-François Lacronique, alors directeur de l'OPRI et devenu depuis président de l'IRSN. Or, c'est pour pallier les lacunes de l'atlas européen que les experts de l'IRSN ont décidé de leur propre chef qu'il était important, dix-sept ans après, de modifier cette carte, même si elle n'a qu'une valeur symbolique. Son maintien en l'état donnait en effet aux sceptiques de nouvelles raisons de penser que la vérité sur l'impact de Tchernobyl n'était pas bonne à dire en France. Cette dernière polémique montrerait qu'ils ont hélas raison. Le chiffre de trop L'Autorité de sûreté publie une revue bimestrielle, Contrôle, qui présente des dossiers thématiques dans lesquels la parole est donnée à différents acteurs du nucléaire, y compris des associations antinucléaires. Dans le cadre d'un dossier consacré à «La surveillance radiologique de l'environnement»(5), la rédaction en chef de Contrôle avait demandé un article à un chercheur de l'IRSN sur les conséquences en France de Tchernobyl. Le document mentionnait une dose de contamination, reconstituée par calcul, qu'un enfant de Solenzara, en Corse, aurait pu théoriquement recevoir dans les semaines qui suivirent l'explosion du réacteur ukrainien. Ce chiffre – 150 millisieverts, soit 150 fois la dose annuelle de radioactivité artificielle admise pour le public – est l'objet d'une vive controverse parmi les experts. Aussi, André-Claude Lacoste lui-même indique-t-il à Daniel Quéniart, alors administrateur provisoire de l'IRSN, qu'il ne souhaite pas publier cette donnée sensible. Motif ce chiffre risquerait de rouvrir les blessures entre anciens de l'OPRI et anciens de l'IPSN, aujourd'hui regroupés au sein de l'IRSN. Question de principe, Daniel Quéniart estime que ce fameux 150 mSv est le fruit d'un travail scientifique sérieux. Il ne souhaite pas modifier l'article du chercheur de son établissement. Résultat, c'est le texte tout entier qui disparaît du sommaire. Version d'André-Claude Lacoste: le sujet de l'article n'était «pas conforme au thème du dossier» de la revue. "Fractures" autour des séismes Surtout, l'association antinucléaire divulgue des courriers internes d'EDF, datés de la fin 2002, dans lesquels des responsables estiment que si les mesures de l'IRSN étaient imposées, les modifications coûteraient 1,9 milliard € à l'entreprise. Dans l'un des documents d'EDF, on peut lire: «Nous savions que la menace planait.» La menace n'est pas le risque sismique mais la possibilité de devoir entreprendre de coûteux travaux. Et le document de poursuivre: «Il faut mobiliser stratégiquement au-dessus des experts pour lever la contrainte (...) Une communication de haut niveau vers la DGSNR (l'Autorité de sûreté) est requise. Des actions de lobbying ou de contre-feu (autres experts) sont-elles possibles?» EDF a-t-il tenté de faire pression en dehors du cadre des discussions avec les experts de l'IRSN et de l'Autorité de sûreté? «Il est clair qu'il y a des discussions sur le rythme et le volume exacts des travaux», déclarait récemment un cadre important d'EDF. «Je n'ai pas le sentiment qu'EDF ait dépassé les bornes sur ce dossier», juge pour sa part André-Claude Lacoste, le patron de l'Autorité. «Quand on constate une divergence entre l'IRSN et EDF, c'est à nous de trancher», poursuit-il. Avec quelle publicité? C'est la question centrale, pour les experts de l'IRSN, tenants de la ligne «transparence». Ces derniers, toujours sous le couvert de l'anonymat tant le sujet est brûlant en interne, dénoncent le fait de ne pas avoir été autorisés à communiquer sur ce dossier séisme. Poussée par la divulgation de l'affaire par l'association antinucléaire, l'Autorité de sûreté a décidé de rendre publique, jeudi dernier, une lettre datée du 2 juin, qu'elle a adressée à EDF pour trancher le débat. Dans ce document de 6 pages, très technique, le gendarme du nucléaire donne raison à EDF sur plusieurs points. Sur d'autres, il lui demande de refaire des calculs ou de tenir compte de l'avis de l'IRSN. L'e-mail du ministère (1) Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. (2) Nos éditions du 25 avril 2003. (3) Service central de protection contre les rayonnements ionisants devenu l'OPRI en 1994. (4) Nos éditions du 12 février 2002. (5) Contrôle n°149, novembre 2002. p.17-18a
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Séisme en Algérie du 21 mai 2003
Jeudi 21 mai, un important séisme
de magnitude 6,7 a eu lieu en Algérie à 19h45 heure locale
(21 mai à 18h45 GMT) (Source: United States Geological Survey).
L'épicentre est localisé dans une zone côtière
à environ 80 kilomètres à l'est de la capitale, Alger.
D'après les premières estimations, l'épicentre se
situe à une latitude de 36,89 degrés nord et à une
longitude de 3,78 degrés est, l'hypocentre étant localisé
à une profondeur d'environ 10 km.
Selon différentes sources d'information, d'importants dégâts et de nombreuses victimes sont à déplorer dans de nombreuses localités à l'est d'Alger (notamment Rouïba et Boumerdès). Le séisme a été ressenti à grande distance de l'épicentre (Majorque à environ 300 km). Il a été enregistré sur l'ensemble des réseaux sismologiques mondiaux. |
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Néanmoins, aucun séisme majeur n'avait été répertorié jusqu'alors dans la région de l'épicentre. La figure 3 montre que l'intensité maximale observée (évaluation des dégâts dus aux séismes) y est faible au regard d'autres régions de l'Algérie. En effet, dans cette région l'intensité maximale observée ne dépasse pas V (voir légende de la figure 3). Compte tenu de l'importance des destructions engendrées par le séisme du 21 mai 2003, l'intensité de cette secousse est a priori supérieure à VIII. Une évaluation précise ne pourra être réalisée qu'après enquête sur le terrain. Les effets de site probables Ce type d'effets, déjà identifiés lors de séismes récents (Kobé par exemple), est étudié par l'IRSN. Les études menées notamment en Californie, à Grenoble et dans le Golfe de Corinthe (Grèce) consistent à instrumenter un site en profondeur et en surface de manière à comparer les réponses des différentes couches du sol sous sollicitations sismiques. (voir la fiche 1 Les recherches menées par l'IRSN dans le domaine sismique) La dernière version de la règle fondamentale de sûreté relative à la prise en compte du risque sismique pour la sûreté des installations nucléaires comprend des exigences spécifiques concernant les effets de site. Les installations nucléaires Conclusions En France métropolitaine, les plus forts séismes relatés depuis mille ans ont une magnitude estimée inférieure à 6,2. Néanmoins, les séismes analogues à celui du 21 mai 2003 pourraient se produire sur quelques failles actives en France (Faille de la Durance, Faille de Nîmes, Alsace, Pyrénées), la réglementation relative aux installations nucléaires retient ce type d'événement. Voir également un site spécifique sur le séisme d'Alger: http://www.azurseisme.com/seismeAlger.htm (suite)
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L'IRSN traite à la fois des aspects
concernant les mouvements du sol et de la tenue des structures et des équipements.
Les compétences pluridisciplinaires de l'IRSN dépassent ainsi
largement le cadre strict des installations nucléaires, et placent
l'Institut dans une position privilégiée pour contribuer
aux prochaines évolutions méthodologiques et réglementaires
dans le domaine sismique.
TRENTE ANS DE RECHERCHES À L'IRSN SUR LES SÉISMES FICHE TECHNIQUE 1 Les actions de recherche de l'IRSN s'articulent autour de quatre axes principaux : - l'évaluation de l'aléa sismique en France (localisation des failles actives, quantification de leur potentiel sismogène) ; - la caractérisation des phénomènes locaux significatifs: effets de la géologie locale à l'échelle kilométrique, effets de l'interaction entre le sol et les fondations des ouvrages; - l'analyse du retour d'expérience des comportements observés lors des grands séismes à l'étranger et des évolutions méthodologiques et réglementaires correspondantes ; - la caractérisation expérimentale du comportement de structures particulières et le développement de modèles de calcul adaptés. Les compétences pluridisciplinaires de l'IRSN constituent un atout important pour l'appréciation de la tenue aux séismes des installations nucléaires. Ces compétences dépassent d'ailleurs largement le cadre strict des installations nucléaires et placent l'Institut dans une position privilégiée pour contribuer aux prochaines évolutions méthodologiques et réglementaires dans le domaine sismique. Ainsi, à la demande de la DGSNR, l'IRSN a engagé une réflexion pour réviser la Règle fondamentale de sûreté (RFS) relative au dimensionnement aux séismes des ouvrages de génie civil. 1. L'amélioration de l'évaluation de l'aléa sismique Des actions sont également entreprises pour mieux comprendre le comportement des failles actives dans le contexte d'une sismicité modérée. L'instrumentation de la faille de la Durance répond à cet objectif. p.19
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3. Le retour d'expérience des grands séismes L'IRSN participe régulièrement aux missions françaises qui ont pu observer les conséquences de séismes de très forte intensité, notamment en Inde, au Mexique, en Arménie, en Turquie et à Taiwan. Par ailleurs, une action est lancée avec l'Université de Berkeley (USA) pour analyser les évolutions de méthodes envisagées au niveau international, dans le domaine de la réévaluation sismique des ouvrages conventionnels. Les éléments du retour d'expérience qui permettent de fonder ces évolutions font l'objet d'une évaluation critique ; la possibilité d'une transposition aux constructions nucléaires est également examinée. 4. Les études expérimentales et développement de modèles de calcul Par ailleurs, le comportement de voiles en cisaillement alterné fait l'objet d'expériences réalisées au Centre Expérimental du Bâtiment et des Travaux Publics (CEBTP); lors de ces essais, l'évolution de la perméabilité des voiles est mesurée, en fonction de leur endommagement. Le calcul sismique des ouvrages dans le domaine non-linéaire est particulièrement complexe. Des modèles simplifiés sont développés en liaison avec le CEA, pour rendre ce type de calculs plus aisé grâce à des modèles adaptés. Dans le domaine de l'interaction sol-fondation, l'IRSN participe depuis de nombreuses années au programme international "Hualien": une maquette d'enceinte de réacteur nucléaire construite à Taiwan, dans une zone de forte sismicité, a permis d'obtenir de très nombreuses données sur les mouvements d'une telle structure et la propagation des ondes dans le sol, lors d'événements réels (en particulier le séisme de Chi Chi à Taïwan en 1999). FICHE TECHNIQUE 2 Chaque année, le territoire français
est soumis à une centaine de séismes d'une magnitude supérieure
à 3. La prise en compte de ce risque est essentielle pour la sûreté
des installations nucléaires. Sans dispositions particulières,
un séisme pourrait en effet conduire à des défaillances
des dispositifs assurant le confinement de la radioactivité. C'est
la raison pour laquelle l'IRSN mène des recherches sur les séismes,
et fait évoluer les dispositions de sûreté appliquées
en fonction des connaissances acquises.
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C'est la raison pour laquelle l'IRSN mène des recherches sur les séismes, et examine attentivement les dispositions de sûreté retenues par les exploitants à cet égard. 1.La démarche de sûreté
2.L'évaluation de l'aléa sismique
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3.La conception des installations
récentes
Les quantités physiques utilisées pour concevoir les installations sont définies à partir des SMS (grâce aux spectres de réponse et aux accélérogrammes) (voir lexique). Pour une installation récente, il convient notamment d'assurer, en cas de SMS, l'étanchéité du génie civil ainsi que l'intégrité des équipements nécessaires pour maintenir l'installation dans un état sûr. Cette démarche conduit à s'intéresser aussi à des bâtiments et équipements qui pourraient être responsables, par leur défaillance, de la dégradation de bâtiments et d'équipements importants pour la sûreté; par exemple, en cas de séisme, un pont de manutention ne doit pas chuter sur ces derniers. La connaissance des séismes et les méthodes de construction parasismique ont notablement évolué au cours des dernières décennies; on dispose aujourd'hui de règles éprouvées qui permettent de construire des ouvrages présentant une résistance satisfaisante à des séismes de fortes magnitudes. 4.Les réévaluations de sûreté
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La démarche de réévaluation sismique vise alors à estimer au mieux le comportement réel des ouvrages en cas de séisme, en se fondant sur le retour d'expérience existant, sur des essais relatifs à des éléments structuraux spécifiques et sur des méthodes de calcul adaptées. L'ensemble des études permet de définir des mesures "correctives" adaptées, parmi lesquelles: - la fermeture de l'installation (atelier de fabrication de combustible au plutonium à Cadarache); - la mise en œuvre de renforcements importants, même pour des installations dont la durée de vie est réduite (cas du Laboratoire d'Examen des Combustibles Actifs (LECA) du CEA à Cadarache ou de la centrale PHENIX du CEA à Marcoule); - les corrections de non-conformités (cas des réacteurs de 900 MWe d'Électricité de France). Épicentre: projection à la surface de la Terre du foyer du séisme. Foyer: endroit de la croûte terrestre où se produit la rupture sismique, autrement dit où se déclenche un séisme. Intensité: classification des tremblements de terre, à partir de leurs effets en un endroit donné, basée sur l'analyse des réactions humaines et des dégâts aux bâtiments. Hypocentre: foyer où s'initie la rupture en profondeur L'échelle d'intensité macrosismique MSK (Medvedev-Sponheuer-Karnik, 1964) comporte douze degrés; l'intensité peut s'exprimer sous forme de degré ou de demi-degré. Dimensionnement au séisme de dimensionnement (SDD): correspond au niveau sismique pour lequel la centrale est dimensionnée. Magnitude: grandeur obtenue par la mesure de l'amplitude des ondes enregistrées par un sismographe ; la magnitude fournit une estimation de l'énergie dissipée au foyer sous forme d'ondes sismiques. RFS: Règle fondamentale de sûreté. Sismicité: étude des caractéristiques des séismes (localisation, fréquence, magnitude, etc.). Sismicité instrumentale: étude des caractéristiques des séismes à partir des données enregistrées par les capteurs des réseaux de surveillance ou de recherche. SMHV: Séisme maximal historiquement vraisemblable. SMS: Séisme majoré de sécurité. Spectre de réponse: courbe correspondant à l'amplitude maximale, en fonction de la fréquence, de la réponse d'oscillateurs simples pour un amortissement donné, lorsqu'ils sont sollicités par le mouvement du sol. p.21
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