Le 10 octobre 1957, le réacteur
n° 1 de la centrale nucléaire britannique de Windscale prenait
feu. Ce réacteur, conçu pour produire du plutonium destiné
aux premières armes atomiques en Grande-Bretagne, était équipé
de modérateurs graphite chargés de ralentir les neutrons
issus de la fission et était refroidi à l'air. La cause de
l'accident résidait dans le phénomène d'" énergie
Wigner " : quand il est irradié à des températures
assez faibles par des neutrons, le réseau cristallin du graphite
se modifie par déplacements d'atomes et emmagasine de l'énergie
potentielle, l'énergie "Wigner". Ces déplacements d'atomes
créent des défauts ponctuels qui peuvent être des lacunes
ou des atomes interstitiels.
L'énergie "Wigner" peut être libérée par un processus de recuit ou de façon spontanée ; c'est un défaut de contrôle de la libération de l'énergie qui a conduit à l'incendie de Windscale. Si le phénomène est connu, des incertitudes demeurent quant à la nature des défauts du réseau cristallin du graphite et quant au rôle des défauts individuels dans la cinétique du dégagement d'énergie. Or, la compréhension fine du mécanisme de l'énergie de "Wigner" serait souhaitable car, si les piles du type de Windscale ne sont plus en activité, des difficultés peuvent apparaître au moment du déclassement des réacteurs. En outre, le développement des nouveaux matériaux à base de carbone, en particulier des fullerènes et des nanotubes, nécessité une meilleure compréhension des défauts du réseau graphite; en effet, l'introduction et le contrôle de ces défauts grâce à un faisceau d'électrons pourraient permettre l'obtention de propriétés structurales et/ou électroniques favorables. A partir d'un système modèle de graphite cristallin, des chercheurs de l'université de Sussex ont calcule le comportement des défauts lacunaires et interstitiels du graphite et ont obtenu des résultats surprenants. Le graphite est souvent représenté comme un empilement de plans composés d'atomes de carbone. |
L'interaction entre deux atomes contenus dans des plans distincts est
cent fois plus faible que l'interaction entre deux atomes du même
plan ; c'est pourquoi on pensait, jusqu'à présent, que quand
une lacune se forme dans un plan de graphite, tous les atomes restent dans
le même plan sans reconstruction atomique significative et que les
symétries plane et d'ordre 3 du graphite étaient conservées.
Cette hypothèse semblait être confirmée par les observations effectuées par microscopie à effet tunnel. Les calculs des chercheurs de Sussex semblent aller à l'encontre de ces idées puisqu'ils montrent que, en présence d'une lacune, les atomes entourant la lacune se déplacent en dehors du plan, ce qui brise à la fois les symétries plane et d'ordre 3. Ils expliquent alors la symétrie d'ordre 3 observée par microscopie à effet tunnel par la rotation de la position l'atome déplacé autour de la lacune. La position en dehors du plan d'atomes avait déjà été évoquée dans le cas de nanotubes mais on pensait qu'elle était liée à la courbure de la feuille de graphite qui forme le tube. Allant plus loin, les scientifiques évoquent la formation de ponts entre deux feuilles de graphite qui peuvent avoir deux origines. D'une part, quand deux lacunes situées dans deux plans adjacents sont proches, les deux atomes situes en dehors de leur plan respectif peuvent former une liaison covalente créant ainsi un pont entre les deux feuilles. D'autre part, les auteurs suggèrent qu'un atome interstitiel situe entre deux plans peut former des liaisons covalentes avec chacun de ces plans. Dans un matériau parfait, l'interaction entre les deux plans de graphite est faible, des ponts entre plans créés par irradiation pourraient donc peut-être jouer un rôle dans le durcissement du graphite soumis à des radiations. Les résultats des chercheurs de Sussex bousculent donc les théories communément admises et devront évidemment être vérifiés par l'expérience ; toutefois, s'ils sont confirmés, ils pourraient jouer un rôle fondamental dans les problèmes de sûreté nucléaire et dans la compréhension des nouveaux matériaux à base de carbone. p.9
|
OBSERVATIONS SUR LES DOSSIERS
Par Marc FAIVET et Jean-Daniel MACABET
membres des AMIS de la TERRE de Vaucluse
et membres de la CIGEET
I - REMARQUES GÉNÉRALES
:
1 - Sur la possibilité de disposer du dossier d'enquête publique : À la suite de notre intervention auprès de Monsieur Jean Mouton, Président du Conseil Général de la Drôme et Président de la CIGEET, l'association " Les AMIS de la TERRE de Vaucluse " membre de la CIGEET a pu obtenir, sur sa demande, un dossier qui lui a été remis par le secrétariat de la CIGEET. Nous remercions Monsieur Jean Mouton, Président du Conseil Général et Président de la CIGEET qui nous a permis d'obtenir, à titre gratuit, le dossier d'enquête publique. 2 - Remarques liminaires sur le site du Tricastin : Il y a sur le site du Tricastin de nombreuses INB et IPCE qui sont en fonctionnement, à l'arrêt ou en démantèlement, la liste serait longue à citer. L'impact de toutes ces installations sur l'environnement et la qualité de vie des habitants fait l'objet de nombreuses discussions et exige la mise en oeuvre du principe de précaution permettant de faire face aux risques nucléaires possibles. Le groupement de toutes ces installations et le regroupement avec d'autres à venir inquiètent tous ceux qui veillent à la qualité de la vie autour de ce site notamment en cette période d'insécurité collective. DOSSIER EXTENSION INB N 88 - EXPOSÉ
DES MOTIFS
(suite)
|
suite:
1 - ÉTUDE DE DANGERS (Pièce D de l'indice D) Aire TFA (page D-D- 15 (= page d'indice D - de Pièce D - de page 15)) L'aire TFA est un équipement constitutif de l'INB. Il est indiqué : - "D'une part, la production des déchets entreposés sur l'aire TFA est indissociable du fonctionnement des INB. La plupart des déchets entreposés sur l'aire TFA proviennent en effet de la maintenance des installations et matériels des INB. Cette maintenance est nécessaire pour assurer le bon fonctionnement des INB.. D'autres déchets comme les résines proviennent directement du fonctionnement et des procédés utilisés. - L'entreposage est inévitable compte tenu de l'absence temporaire de filière d'élimination adaptée pour certains déchets. - Aucun autre emplacement du CNPE n'est adapté en terme de surface d'entreposage et en termes de protection incendie pour recevoir ces déchets TFA. - L'aire TFA permet d'optimiser les évacuations de déchets en organisant et en limitant le transport des déchets (..) sur les centres comme celui de Centraco ou vers le centre de l'Aube." Sont admis les déchets (page 16) : - Huiles, - solvants, - résines APG, ferrailles et déchets métalliques non ferreux, plomb, déchets amiantifères, sable, corindon, bois, charbon actif (pièges à iode), tubes fluorescents. À noter (page D-D- 17) que "il est prévu à proximité de l'aire TFA de créer une installation d'entreposage de conteneurs de matériels et d'outillages ayant servi en zone nucléaire et pouvant être contaminés." Cette zone sera donc utilisée pour les arrêts de tranche. Si la surface du CNPE avait été suffisante, il n'y aurait pas eu besoin d'enquête et personne ne se serait inquiété des GV et surtout n'aurait été prévenu. En effet c'est le besoin d'étendre la zone de l'INB qui oblige à cette enquête. ANALYSE DE L'AIRE TFA
p.10
|
LES EMBALLAGES (page D-D-19)
EDF a donc été contrainte de revoir sa politique d'entreposage car certaines filières n'existent toujours pas: - résines extractrices (APG) à incinérer -> délai 10 ans au moins - huiles et solvants - boues cimentées. Il s'agit tout de même d'une aire à ciel ouvert et même pour des TFA c'est une méthode peu fiable car les emballages risquent de souffrir et la reprise des colis risque d'être difficile. Puisqu'il s'agit d'une aire nouvelle, il faut la recouvrir comme sont recouverts au centre Aube, les alvéoles avant fermeture définitive. En effet il est indiqué que ce sont les colisages qui garantiront l'étanchéité mais ceci devra être démontré. Il est en effet dit (page D-D-19 § 2.3.2.1- Description des colisages) : " Les colisages présentés ci-dessous sont susceptibles d'évoluer pour répondre par exemple à des évolutions du mode de conditionnement exigé par les filières d'élimination ou la réglementation ". D'autre part ces colisages ne sont pas certifiés pour le transport . Il faudra donc, pour ceux à transporter ultérieurement, les reconditionner pour les mener à leur nouveau emplacement. ? Pour les autres colisages, cela signifie que cette aire TFA se transformera en stockage. L'ACTIVITÉ RADIOLOGIQUE (page
D-D- 17)
(suite)
|
suite:
Cette BCOT génère des déchets et des effluents radioactifs pris en charge par le CNPE. Elle génère des déchets solides de débit de dose supérieur à 2 mSv/h et de débit de dose inférieur à 2 mSv/h compactable ou non Ceci représente 2 coques béton contre 130 globalement au CNPE pour la première catégorie. Pour la deuxième, cela représente 280 fûts contre 1900 fûts globalement. Pour la troisième catégorie, il s'agit de 50 fûts contre 300 globalement. En ce qui concerne les déchets liquides Ils sont conditionnés avec les huiles et solvants du CNPE. Quant aux effluents liquides, ils représentent 40 m3 dans 42000 m3 d'effluents pour le CNPE (année 95). (cf page D- D-52) Au fait pourquoi mentionner les valeurs de l'année 1995 alors que nous sommes en 2003? Les volumes des années 2000 rapport à ceux de 1995 ont-ils augmentés ou diminués ? Il est surprenant que cet atelier soit quasiment considéré comme ne faisant pas partie du CNPE. Risques de l'entreposage TFA (page D-D-
54 et suivantes)
SÉISME
INTRUSION
INFORMATION (page D-D- 89)
DÉMANTÈLEMENT (page D-D- 91)
p.11
|
ACTIVITÉS (page D-D- 92)
Les tableaux donnent seulement des contenus moyens et une liste des radioéléments susceptibles d'être présents. Il ne s'agit pas d'une véritable connaissance du contenu des colis. On estime que l'activité moyenne est la suivante :
En conséquence les 3 dernières
catégories ne sont pas TFA au sens de la définition EDF sus
dite en notre page 3 et page D-D- 17 du dossier de l'enquête.
QUESTIONS: Est-ce que cette rectification de classement entraîne un changement catégoriel de ces déchets et donc de leur traitement? Ce qui, dans l'affirmative, impose une reprise de l'étude sur ce point précis avant la acceptation de cette présente enquête. 2 - ÉTUDE D'IMPACT (De l'indice
D)
RADIOÉCOLOGIE AQUATIQUE (page D-E-10
§ 1.8)
(suite)
|
suite:
La conclusion de l'IPSN est trop générale. Il manque ici un tableau détaillé pour ces radioéléments détectés. Cette conclusion de l'IPSN fait état des radionucléides en amont du CNPE du Tricastin (137Cs, 60Co, 58Co, 134Cs), ceux des retombées des tirs nucléaires aériens (137Cs), ceux des retombées de l'accident de Tchernobyl (134Cs, 137Cs), ceux des effluents liquides radioactifs des centrales nucléaires situées en amont du site (134Cs, 137Cs, 60Co, 58Co, 110m Ag) mais aucun des radionucléides des effluents radioactifs des autres INB du site du Tricastin à savoir : FBFC, COGEMA, COMURHEX, EURODIF et SOCATRI qui ont toutes des autorisations de rejets radioactifs liquides dont notamment pour l'uranium qui n'a jamais été évoqué . (FBFC : 7 Gbq d'U, 2 Gbq sauf U), (COGEMA: 70 Gbq d'U, 20 Gbq sauf U), (COMURHEX: 185 Gbq d'U), (EURODIF + SOCATRI : 0,15 Gbq d'U).. Voir pièce n°3 en annexe. S'il est intéressant de parler des études de l'IPSN, Institut spécialiste du suivi radioécologique des sites électronucléaires, il serait bon d'exposer des tableaux de mesures pour permettre d'apprécier l'évolution en nature et en quantité des radioéléments. De plus, il serait bon de faire cas des études des organismes indépendants comme la CRIIRAD qui a produit plusieurs dossiers sur la contamination de la vallée du Rhône. NATURE ET QUANTITÉ DES DÉCHETS
ENTREPOSÉS (page D-E-21)
JUSTIFICATION (page D-E- 40)
III - DOSSIER - BÂTIMENT D'ENTREPOSAGE
DES GV
Ce bâtiment servira pour la dépose des GV de Tricastin 4. Il sera aussi procédé à l'expertise d'un des GV. Tous les bâtiments GV1, GV2, GV3 et GV4 resteront sous surveillance jusqu'au démantèlement du CNPE. "La contamination interne des générateurs de vapeur exclut leur transport à distance, l'implantation des bâtiments d'entreposage ne peut être réalisée qu'à l'intérieur du site ou à proximité" . On devrait préciser, à la lumière des mesures faites sur les GV1, GV2 et GV3 la contamination potentielle du GV4. En situation entreposage Dans ces bâtiments, on va entreposer les GV et les coudes moulés. Les coudes sont conditionnés pour être assimilés à des sources scellées. Les GV sont également conditionnés pour être assimilés à des sources scellées. En situation intervention On rompt l'intégrité de l'enveloppe pour pouvoir effectuer des travaux : provisoirement on se trouve avec une source non scellée. L'activité n'excède pas 370 GBq. Ensuite l'enveloppe est reconstituée pour revenir à la situation source scellée. Le bâtiment est conçu pour 3 GV en position horizontale. Les effluents sont éventuellement recueillis. Il n'y a effluent qu'en cas d'intervention sur les GV sinon ce sont des sources scellées si le conditionnement a été correctement réalisé. Les interventions sont réalisées en créant une zone contrôlée avec sas de confinement. Les interventions se font en tenue ventilées. Ce bâtiment est classé zone contrôlée. Il est antisismique. La radioactivité des GV ne permet pas leur évacuation hors du site. QUESTIONS:
p.12
|
Radioécologie aquatique
(page B-G-4 § 2.2.5)
Plus de renseignements notamment sur l'évolution de l'activité radioécologie sous forme d'un tableau seraient utiles dans ce paragraphe. Cette conclusion de l'IPSN fait état des radionucléides en amont du CNPE du Tricastin (137Cs, 60Co, 58Co, 134Cs), ceux des retombées des tirs nucléaires aériens (137Cs), ceux des retombées de l'accident de Tchernobyl (134Cs, 137Cs), ceux des effluents liquides radioactifs des centrales nucléaires situées en amont du site (134Cs, 137Cs, 60Co, 58Co, 110m Ag) mais aucun des radionucléides des effluents radioactifs des autres INB du site du Tricastin à savoir : FBFC, COGEMA, COMURHEX, EURODIF et SOCATRI qui ont toutes des autorisations de rejets radioactifs liquides dont notamment pour l'uranium qui n'a jamais été évoqué . (FBFC : 7 Gbq d'U, 2 Gbq sauf U), (COGEMA: 70 Gbq d'U, 20 Gbq sauf U), (COMURHEX: 185 Gbq d'U), (EURODIF + SOCATRI : 0,15 Gbq d'U).. Voir pièce n°3 en annexe. S'il est intéressant de parler des études de l'IPSN, Institut spécialiste du suivi radioécologique des sites électronucléaires, il serait bon d'exposer des tableaux de mesures pour permettre d'apprécier l'évolution en nature et en quantité des radioéléments. De plus, il serait bon de faire cas des études des organismes indépendants comme la CRIIRAD qui a produit plusieurs dossiers sur la contamination de la vallée du Rhône. QUESTION:
1 - ÉTUDE D'IMPACT (Pièce
B-H) :
(suite)
|
suite:
Également, il n'a pas été fait état du seuil de radioactivité qui permettra le transport hors site ultérieur des coudes et des GV usés. Par ailleurs, il n'a pas été fait état d'une quelconque prise en compte des effets négatifs de cette durée d'immobilisation technique pour l'environnement temporel des lieux. QUESTIONS:
2 - ÉTUDE DE DANGERS (Pièce
B-I) :
CONCLUSION GÉNÉRALE Le bâtiment GV4 qui s'ajoute à 3 autres bâtiments est un entreposage de GV et de pièces irradiantes et contaminées des réacteurs. La durée de vie de ces entreposages n'est pas spécifiée. Il faudrait donner des autorisations révisables pour obliger à un véritable suivi de tels entreposages. Le CNPE (Centre Nucléaire de Production d'Électricité) du Tricastin se voit contraint, pour assurer le bon fonctionnement de l'INB 88, de créer à proximité un bâtiment d'entreposage de déchets TFA. Une fois de plus, la gestion des déchets radioactifs pose un problème capital dans le système nucléaire français pour l'évacuation, l'élimination de ses déchets radioactifs. CENTRACO et le site de l'AUBE ne peuvent actuellement recevoir ces déchets. Les Amis de la Terre de Vaucluse constatent que la gestion des déchets radioactifs est insuffisante et qu'elle peut avoir des conséquences importantes sur la sûreté des installations et la sécurité des travailleurs et des populations. L'activité radiologique dans l'aire TFA est qualifiée en moyenne de 100 Bq/g. Mais le dossier reconnaît que certains déchets dépassent 100 Bq/g. Ce qui est préoccupant. De plus, cette aire ne sera pas classée ZONE CONTAMINANTE mais simplement IRRADIANTE et ne disposera pas d'équipement fixe à l'entrée de l'installation pour contrôler l'activité radiologique. Les Amis de la Terre de Vaucluse, tout en admettant la nécessité de trouver des solutions à l'élimination des déchets, ne peuvent accepter l'entreposage proposé et donnent un avis défavorable à cette demande d'autorisation d'extension du périmètre de l'INB 88 et de la création d'un bâtiment d'entreposage. Fait le 20 avril 2003
p.13
|