Deux remarques préliminaires:
1 – Cette audition dans le cadre de la saisine de la Commission Nationale du Débat Public semble surréaliste. En effet elle se situe après les décisions prises par le gouvernement français qui, à la date du 29 janvier 2004, a déjà franchi, pour le choix du site, le stade européen de la compétition (Espagne-France) et est arrivé à l'étape finale face à la candidature du Japon. Dans mon innocence je croyais que cette saisine aurait dû se situer avant le dépôt de candidature du site français. 2 – Je ne ferais pas l'injure de sous estimer la qualification scientifique et technique des chercheurs et ingénieurs qui travaillent sur ce projet, mais alors pourquoi le dossier soumis à votre instance est-il aussi inconsistant, contient-il autant de formulations qui relèvent d'une mauvaise propagande. Même les auteurs de documents "grand public" d'EDF n'osent plus le faire. Serait-ce une expression de ce qu'ils pensent de votre instance ? Le caractère international du projet ITER n'est pas une chose unique. Le CERN, qui à l'origine avait un caractère européen (au sens géographique et non politique), est devenu dans le cadre de son projet Large Hadron Collider (LHC) "mondial". L'expérience que nous avons acquise au vu d'environ cinquante ans du fonctionnement du CERN est qu'il ne donne pas un leadership scientifique et technique aux équipes du pays d'accueil. Par ailleurs il ne faut se faire trop d'illusions quant à la position des équipes françaises dans le projet. La structure est assez claire. Il y a en tête le ITER Legal Entity (ILE), secondé par des "agences domestiques" par secteur, pour nous c'est "ELE" (European Legal Entity), basée au Max Plank Institut de Garching (Allemagne), le CEA ne sera que "prestataire de service" au niveau d'une structure locale française (FLE – French Legal Entity) qui gérera également les équipes du CNRS impliquées dans le projet. extrait du site http://www-fusion-magnetique.cea.fr/iter/iter01.htm#ch13 Organisation pendant la phase EDA (suite)
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suite:
Les arguments "clef", présentés pour "vendre" la fusion comme source d'énergie miracle sont résumés dans les premières pages du dossier remis au groupe “débat public”. - L'abondance du combustible: • L'abondance du deutérium (dans l'eau de mer). Nous avons pu lire dans un dossier du CEA que la quantité de deutérium contenu dans un litre d'eau de mer permettrait d'obtenir une quantité d'énergie équivalente à 300 litres de pétrole … sans dire combien il en fallait pour extraire ce deutérium. • Le tritium : il sera produit à l'aide du lithium, abondant sur notre planète. Oui mais le bon isotope du lithium est celui de masse 6, seulement présent à 7,4% dans le lithium "naturel". - L'absence d'émission de gaz à
effet de serre
- La sûreté de fonctionnement du réacteur: Nous n'avons pas encore vu de rapport de l'Autorité de Sûreté à ce sujet. Toutefois on peut imaginer une perte de confinement du plasma (par exemple par perte de la supraconductivité d'une bobine supra – effet de quenching ) et une percée de l'enceinte du tore, avec relâchement du mélange gazeux initial et du matériau de la paroi volatilisé, matériau vraisemblablement très activé. En tout état de choses, et malgré certaines assertions, il ne s'agit que d'une machine destinée à faire des expérimentations et non d'une machine de production industrielle d'électricité. - Des déchets limités: Nous n'avons pas retrouvé dans ce dossier la notion de remplacement régulier de sections de l'enceinte, aimants compris, suite à l'érosion de cette paroi par divers effets bien connus et identifiés. Dans des présentations antérieures, moins discrètes à ce sujet, nous avions pu voir que le taux de remplacement était important, de l'ordre d'un cinquième ou un sixième par an. Chaque morceau présente une activité très élevée, et même si les éléments radioactifs présents ont des périodes courtes comparées aux transuraniens, leur accumulation au fil des ans ne sera pas sans poser problème. L'affirmation (page 11) que l'activité sera revenue au niveau de la radioactivité naturelle au bout de 300 ans prêterait à sourire si elle n'était formulée par des scientifiques de haut niveau. Il est noté dans le dossier que ce sont les éléments de période radioactive d'une trentaine d'année qui sont les plus pénalisants. Pour ces éléments, 300 ans correspondent à 10 périodes, donc à une diminution de leur activité par un facteur 1024 (210). L'activité résiduelle dépend uniquement de l'activité d'origine et rien ne permet d'affirmer qu'elle sera négligeable. p.3
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A plusieurs reprises apparaît
la notion d'équipartition planétaire du deutérium
et du lithium, mais nulle part il n'est indiqué que cette technologie
ne sera pas disponible pour les pays du tiers monde. Pour les pays riches
ce serait (si cela fonctionne ?) une sécurité d'approvisionnement
et cela ne changera guère la situation des pays pauvres.
Dans le paragraphe, objectif : franchir
une nouvelle étape avec ITER:
(suite)
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suite:
Aujourd'hui, en 2003, on annonce que le JET a produit 16 MW en 1997. 16 MW atteint pour un objectif de 100 MW, mais, nulle part on ne donne la quantité d'énergie dépensée pour obtenir ce résultat. Et TORE SUPRA a même atteint 6mn de décharge ce qui correspond à 1000 Mégajoules. De quel paramètre parle-t-on ? De quelle énergie ? Pour le béotien, 750 Mégajoules pendant 4mn, c'est environ 3MW (et 1000 Mégajoules pendant 6mn c'est encore environ 3MW), donc pas de quoi pavoiser au vu des déclarations précédentes. En particulier au plan énergétique car ces quelques MW ont demandé l'apport d'environ 10 fois plus d'énergie (entre 45 et 70 MW). Quand pour ITER il nous est annoncé comme objectif de "produire une puissance de fusion de 500 MW sur des durées de 400 secondes" nous nous posons de questions. De quoi parle-t-on ? Supposons qu'il s'agit de puissance de fusion, donc de la puissance correspondant à un certain nombre de fusions par seconde. Sachant que l'énergie de fusion est répartie entre les 2 particules émises : un neutron qui emporte 14,1 MeV et un alpha qui emporte 3,5 MeV, mais qui malheureusement reste confiné dans le plasma. Nous ne disposons déjà plus que de 80% de l'énergie produite. Il faudrait aussi savoir - combien de neutrons sont absorbés dans les structures sans perdre leur énergie dans le caloporteur primaire, - quelle portion de leur énergie les neutrons perdent dans le caloporteur (il est probable qu'ils ne s'arrêtent pas tous dans ce caloporteur). Puis il est prévu de mettre un échangeur de chaleur pour produire de la vapeur. En fonction de la température de cette vapeur, nous aurons un rendement thermodynamique de 30 à 45%. Avec un peu de chance, on arrive à un rendement global de 20%, soit 100MW. Quand on pense que nous sommes partis de chaleur à la température du soleil pour faire marcher la machine à vapeur de Denis Papin !!! p.4
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