Feu vert au stockage Le rapport de la Commission Nationale privilégie
l'argile de Bure pour abriter les déchets nucléaires. Avant
même que les études soient menées. Fureur des opposants:
"On ne peut pas laisser la charge et la responsabilité de la gestion
des déchets radioactifs aux générations futures."
Ce constat, Bemard Tissot, le président de la Commission nationale
d'évaluation, l'a rappelé hier lors de la présentation
de son rapport annuel devant les membres du Clis, présidé
par le préfet Samuel. Une raison suffisante pour que la CNE préconise
"que le stockage... soit qualifié et construit aussi tôt que
possible".
En revanche, l'axe 1 de la recherche sur "la séparation des actinides mineurs ne peut se concevoir que dans une stratégie de transmutation". Ce qui limite aujourd'hui le champ d'action à quelques éléments (neptunium, americium et technetium). Insuffisant pour résoudre le problème des déchets les plus nocifs, à haute activité et à vie longue. |
Reste la troisième voie de recherche,
l'entreposage dans des bâtiments en surface (comme à La Hague),
"qui a fait des progrès considérables en dix ans", reconnaît
Bernard Tissot. " Ce procédé permet d'abaisser la température
des déchets... mais nous sommes très réservés
à l'échelle de plusieurs siècles, et personne ne veut
garantir un béton plus de cent ans... Un stockage réversible
(...) serait probablement une plus grande sûreté."
La recherche d'un site granitique ayant capoté sous la pression des populations, le président de la CNE admet (qu'il) "n'a pas pleuré lorsque cette voie a été abandonnée, les granites français sont bien trop jeunes" ! Et il enfonce le clou. Au contraire, "nous avons été surpris de voir que l'argile de Bure avait une continuité fantastique". Claude Kaiser (Meuse nature environnement) sort de ses gonds. "Votre rapport m'indigne. Vous vous faites l'allié partial de l'Andra (NDLR l'agence qui mène les recherches). Vous vous asseyez sur le principe de précaution. Je suis écoeuré par cette parodie de démocratie." Applaudissements nourris sur les bancs des opposants. Curieusement, les élus qui ont beaucoup gesticulé ces derniers temps en adressant force courriers indignés en haut lieu, étaient absents des débats! Jean-Luc Bouzon (conseiller général PC 52), qui prône un référendum populaire sur les deux départements concernés, affirme que "ce rapport est la copie de l'Andra. L'heure est à la révolte". Son collègue Daniel Lhuillier (PS 55) parle lui de "feu vert donné au Parlement", qui doit se prononcer en 2006. p.25
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Le président de la CNE lâche encore; "On s'est prononcés pour la réversibilité, mais pas éternelle bien sûr." Et comme un aveu d'impuissance face à la rebellion qui couve: "Comment voulez-vous qu'on puisse prendre un engagement équivalent au temps qui nous sépare aujourd'hui de Néanderthal?" Une banderole surgit au beau milieu de la salle, sur laquelle on peut lire CNE, Commission nationale d'Enfouissement. Les rapports transformés en confettis volent au dessus des têtes. Au Clis, la rupture semble consommée. Journal de la Haute-Marne (Pierre Vaillant)
Le Comité local d'information et de suivi (Clis) est souvent le théâtre d'échanges vifs sur le sujet de l'avenir des déchets nucléaires et de leur éventuel enfouissement. Hier, le ton est monté au plus haut, avec des gestes pour le moins symboliques d'un sentiment "de mépris" à l'égard des opposants à l'enfouissement. Entamée à 14 h 30, la réunion plénière du Clis avait pour objet principal d'écouter les représentants de la Commission nationale d'évaluation (CNE), chargés du rapport, qui sera l'un des éléments de la décision parlementaire (prévue pour 2006) quant à l'avenir des déchets nucléaires. Venue présenter son travail - scientifique - pour l'année en cours, la CNE et son président Bernard Tissot se sont heurtés à l'opposition citoyenne de nombreux membres du Clis; certains déjà connus pour leur combat, d'autres d'habitude plus discrets. C'est après un exposé où la CNE a développé les données scientifiques qui lui font dire, en résumant, que "rien ne s 'oppose scientifiquement à ce que l'on aille plus loin" à Bure, que l'un après l'autre, des membres du Clis ont rappelé leur réserve, leur déception, leur indignation, leur colère. "Selon votre rapport, le stockage devient inéluctable", a noté un maire meusien, Claude Kaiser. "Vous confirmez ce que dénoncent les opposants: il ne s'agit pas que d'un laboratoire, les études sur d'autres sites ne sont pas faites, la population n 'a pas été consultée. Tout cela était pourtant dans le contrat de départ! C'est une parodie de démocratie!". "Mais nous avons demandé plusieurs fois qu'on consulte la population. Nous nous sommes fait renvoyer dans les cordes", lui a répondu Bemard Tissot. C'est à peu près sur ce ton que les échanges se sont poursuivis, avant que le vice-président du Clis Jean-Marc Fleury, opposant de toujours, invite à déchirer le rapport de la CNE: "La loi sur Bure n'est pas respectée. On doit être contre ce rapport, symboliquement, je le déchire". Les feuilles ont alors volé dans la salle de la préfecture, et Michel Marie, du Cedra 52, a déroulé une banderole portant: "CNE, Commission nationale d'enfouissement". (suite)
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suite:
Le ton est monté comme jamais auparavant. On a entendu pour la première fois les sceptiques les plus discrets s'exprimer et manifester ensemble un sentiment de "contrat non rempli" et de mépris de la population. A suivre, mais pour beaucoup, le vrai "bras de fer a commencé". ENERPRESSE N0 8682
"Selon votre rapport, le stockage devient inéluctable", a tonné le maire meusien, Claude Kaiser. "Vous avez donné le feu vert à l'Andra", a renchéri le conseiller général Jean-Luc Bouzon. Après deux heures d'invectives, certains opposants au projet de stockage ont fini par déchirer le rapport de la CNE avant de quitter la préfecture de Bar-le-Duc. Pour violente qu'elle soit, cette confrontation n'est guère surprenante. Car, voilà treize ans que la CNE, l'Andra, les pouvoirs publics, les élus locaux et les opposants au laboratoire de Bure jouent à un jeu dangereux. Comme suite à la loi Bataille, votée à la quasi unanimité en décembre 1991, l'Andra mène depuis des années, des études très approfondies sur l'argile de la Meuse. Le but de ces travaux, menés dans le cadre de l'axe 2 de la loi Bataille, étant de déterminer s'il est possible, en toute sécurité, d'enterrer à grande profondeur des déchets très actifs et à vie longue. Certes, l'agence issue du CEA a toujours affirmé que jamais le laboratoire, en cours de construction (c'est sa mission), ne contiendrait le moindre déchet radioactif. Toutefois, il ne faut pas être grand clerc pour se rendre compte, qu'après avoir dépensé des milliards de francs pour explorer sous toutes leurs coutures les argilites du Callovo-Oxfordien, la collectivité ne construira pas - si le Parlement le décide toutefois- de site de stockage définitif à un autre endroit que celui qui est cartographié au centimètre près. En ouvrant le débat sur de telles bases, avant même que les Parlementaires ne s'en saisissent, les pouvoirs publics prennent le risque de voir se révolter une partie de la population. Une situation qui, à la fin des années 1980, avait conduit le gonvemement Rocard à lancer son moratoire sur les recherches de sites de stockage. COMMUNIQUE / BAR LE DUC
Le feu vert donné ce jour à la construction d'un réacteur nuclaire dit EPR, à Flamanville dans la Manche, ravive toutes les tares de cette filière, dont l'accumulation de déchets ingérables et malgré tout grands absents des débats d'orientation. Comment comprendre une telle décision alors que la production électrique du pays est actuellement excédentaire de 15 %? Excédent exporté mais détriments conservés - eux - sur notre sol. Et, contrairement à ce qui est proclamé à grand renfort de communication abusive, les préjudices ne vont pas s'améliorer, bien au contraire. En effet, la technologie de ce réacteur étant quasi identique à celle de ses prédécesseurs, il n'y a rien à gagner en terme de risques d'explosion, de rejets radioactifs (gazeux et liquides), de quantités de déchets... au contraire même puisque la puissance de cet EPR sera encore supérieure à ce qui existe : de 1300 ou 1450 MW, on passe à 1600 MW (Mégawatts). p.26
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LE problème majeur et qui
persiste, en dépit des milliards d'euros investis dans la recherche,
reste celui des déchets radioactifs. Les déchets actuels,
1.200 tonnes par an rien que pour la France, posent déjà
un casse-tête INSOLUBLE: on ne peut pas diminuer leur radioactivité,
on doit seulement attendre que celle-ci décroisse, sur des laps
de temps considérables.
Le problème posé depuis 40 ans reste entier, aussi bien pour les «moins» radioactifs, qui devront rester sagement en surface pendant des siècles (La Hague et Soulaines), que pour les plus actifs et à vie éternelle dont chacun pressent bien que les enfouir au fond d'un trou n'est pas une solution, et encore bien moins sur le site pressenti actuellement (à Bure, en Lorraine/Champagne) alors que des expertises indépendantes y démontrent une géologie inadaptée. Les déchets de ce réacteur EPR seront plus inquiétants encore puisque le combustible utilisé ne sera plus de l'uranium mais un fort pourcentage de MOX; un mélange d'uranium et de plutonium extrêmement toxique, délicat à manipuler (c'est dans l'industrie du MOX que l'on trouve le plus de contamination chez les ouvriers), et dont les déchets générés sont sans commune mesure avec ceux actuels, aussi bien en durée de vie, qu'en toxicité, qu'en dégagement de chaleur. Des déchets dont nul au monde ne sait quoi faire! L'EPR décidé en 2004 alors que le sort de ses déchets ne sera évoqué qu'en 2006? Une politique suicidaire et injustifiable! |
Les collectifs au sein de la Coordination
nationale dénoncent:
- une décision de relance de la production électro-nucléaire de façon massive, alors que la gestion des déchets reste une réelle inconnue - une décision prise en amont du rendez-vous de 2006 (Loi Bataille), qui devrait voir les parlementaires commencer à réfléchir sur le sort de ces déchets - une décision inexpliquable au regard du fonctionnement de toute industrie, tenue avant tout lancement de justifier d'un traitement responsable de ses déchets - une décision prise de façon unilatérale, sans consultation des populations qui expriment pourtant et une défiance croissante vis-à-vis du nucléaire, et une opposition légitime aux projets d'enfouissement définitif des déchets - une décision prise au détriment d'un véritable programme d'efficacité énergétique et de recherche pour d'autres modes de production énergétique plus raisonnables - une décision qui multiplie la mise en risques, en coût de surveillance des déchets, en contamination programmée des milieux de vie de nos successeurs. Ils confirment qu'ils s'associeront à toutes les initiatives qui vont se multiplier contre la construction de ce nouveau réacteur, à commencer par la campagne de blocage administratif d'EDF du réseau Sortir du nucléaire. D'autre part, l'opposition au centre de stockage de BURE ne fera que se renforcer dans les mois à venir, ainsi qu'à l'encontre de tous éventuels chantiers d'entreposage en sub-surface, ou encore d'autre site d'enfouissement en milieu granitique... Il est plus qu'urgent de poser le seul chantier justifiable à ce jour: celui de la sortie du nucléaire! Contacts presse: Corinne FRANCOIS 06 86 74 85 11 Chantal FIOL 06 17 51 24 68 p.27
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