Le 6 janvier 2004, Youri avait droit de quitter la prison pour aller en relégation. Nous avons déjà raconté les hésitations des autorités à l'époque entre une colonie pénitentiaire où sa santé, voire sa vie, pouvait être en danger et le maintien en prison. (Cf les Nouvelles de prison des 21.03.04 et 7.05.04) L'action de ses avocats et la mobilisation du soutien international avec en particulier l'envoi de 30.000 cartes à l'Ambassade de Biélorussie en France demandant l'application de la loi, s'est traduite par une troisième solution : Youri Bandajevsky, le 28 Mai 2004 est parti en relégation dans le village Peskovtsi où il a été bien traité. (..) Cependant, le 4 janvier 2005, Youri Bandajevsky a dû rejoindre le village Peskovtsi, dans la maison assignée par la colonie de relégation. La maison inhabitée est humide en cette saison. (..) En principe et selon la loi, deux jours après ce retour en détention, le 6 janvier Bandajevsky devait légalement jouir de la liberté conditionnelle. Mais... Les difficultés recommencent... Le 10 janvier, Galina raconte :
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Dans la lettre, que l'avocat Pogoniailo avait envoyée le 26 avril 2004 au Comité des Droits de l'Homme pour protester contre le maintien illégal du détenu en prison, alors qu'il avait droit à la relégation, il est dit en conclusion : "Conformément à la loi, à partir de janvier 2005, la liberté conditionnelle peut être appliquée au condamné en présence d'une conduite exemplaire prouvant son amendement. Les défenseurs des droits de l'homme et les parents de Y.Bandajevsky n'excluent pas que les autorités du Belarus le retiendront en détention pendant le maximum de temps consenti pour des motifs politiques. Le gouvernement, le Président Loukachenko critiquent précisément en ce moment les mesures prises précédemment, d'évacuer les habitants des territoires contaminés suite à la catastrophe de Tchernobyl et d'exclure les terres contaminées des travaux agricoles. Ils impriment un virage de 180 degrés à la politique sur ces questions, en encourageant le repeuplement des terres précédemment abandonnées et leur récupération pour les besoins de l'agriculture. Or, les recherches scientifiques du professeur Y.Bandajevsky montrent le grave danger des faibles doses de radioactivité pour la santé et de leur concentration dans l'organisme (en particulier par le césium137). Les conclusions du scientifique contredisent radicalement la politique du gouvernement, selon laquelle la population peut vivre dans les territoires contaminés par les radionucléides sans aucun préjudice pour la santé." Le 18 janvier
2005,
p.5
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Une lettre semblable a été envoyée
à M. Stéphane Shmelevsky, ambassadeur de France à
Minsk, en le remerciant de bien vouloir appuyer nos démarches pour
permettre au Pr. Bandajevsky de recouvrer le plus rapidement possible sa
liberté et de reprendre son activité de recherche, entravée
depuis maintenant plus de cinq ans.
Maryvonne David-Jougneau Grenoble, le 18/01/05 -Comité Bandajevsky 1 Chemin Guilbaud 38.100 GRENOBLE (France) Site: www.comite-bandajevsky.org / FAX : 004191 945 35 46 Au Ministre de l'Intérieur de la République du Belarus
Nous sommes de plus en plus nombreux, en France
et dans d'autres pays, à nous préoccuper du sort du Professeur
Youri Bandajevsky, condamné le 18 juin 2001 à 8 ans de prison,
ramenés à 6, suite à deux amnisties générales.
Ayant purgé les deux tiers de sa peine le 6 janvier 2005, il a droit
au bénéfice de la liberté conditionnelle conformément
à l'article 90 du code pénal de la République du Belarus.
Pour AMNESTY INTERNATIONAL, Carine Hahn Pour ENFANTS DE TCHERNOBYL BELARUS, Solange Fernex 20 janvier.
(suite)
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Galina essaye de le calmer, en lui disant qu'il n'est pas le premier à se trouver dans ce mal confort, que démissionner n'arrangera pas sa situation, au contraire, et qu'il doit s'en tenir calmement aux règles. "Ils ne pourront pas tourner la loi." 21 janvier. Galina rappelle Koliada. La nuit a porté conseil, il lui dit : "Le 3 février, je réunirai quand même la commission. L'article 90 lui donne droit à la liberté conditionnelle, mais il y a aussi l'article 92, qui traite de l'état de santé du détenu et qui prévoit sa libération même avant l'expiration des termes de la détention. Vous, en tant que médecin, écrivez une lettre à mes supérieurs en décrivant ses maladies." Après avoir consulté l'avocat Pogoniailo, qui confirme l'opportunité de la lettre, Galina écrit aujourd'hui à Kovtchour, directeur du Comité d'exécution des peines. Selon Pogoniailo cela pourrait les faire sortir de l'impasse. Vu que Youri est mûr pour la conditionnelle, à son avis ils ne réuniront pas la commission médicale d'expertise, et se couvriront par l'article 92. Sur le fond de tout cela il y a la phrase que Loukachenko a laissé tomber juste aujourd'hui, au cours de la réunion télévisée pendant la nomination du vice-ministre de l'Intérieur : "Vous ne devez pas vous retrancher derrière moi : "le patron a dit!", en vous couvrant de mon nom. Vous avez vos prérogatives. Vous devez assumer vos responsabilités. Vous ne devez pas me mêler dans vos affaires." Ils se couvrent tous les uns les autres en cercle fermé, y compris le patron. Koliada connaît bien ce système. Loukachenko hausse le sourcil et l'ordre descend en cascade jusqu'au dernier, qui paiera pour tout le monde si l'affaire n'est pas réglée en secret, dans l'indifférence. Nous ne devons pas relâcher notre vigilance et notre pression. Paradoxalement, nous aidons Koliada dans son travail de fonctionnaire, qui voudrait respecter la loi. Réfléchissons aux pas éventuellement à entreprendre. Le 3 février est dans 15 jours. Sous peu, Galina et Pogoniailo rédigeront la réponse au Comité des Droits de l'Homme de l'ONU. Galina Bandajevskaya
Département chargé de l'exécution des peine Honoré Vladimir Alexandrovitch ! J'ose m'adresser à vous en tant que femme du détenu Bandajevski Youri Ivanovitch, né en 1957, qui purge sa peine à la colonie de la relégation N°26 (Guesgaly, district de Diatlov, région de Grodno). Le 6 janvier est le terme de l'exécution effective par Youri Bandajevski des deux tiers de la peine à laquelle il a été condamné par la Cour Suprême de la République du Bélarus . Conformément à l'article 90 du Code pénal de la RB, l'administration de l'établissement pénal est tenue d'examiner dans un délai de un mois après cette date la question de la possibilité d'adresser au tribunal une demande d'adoucissement de peine pour Youri Bandajevski, c'est à dire la possibilité de lui appliquer la liberté conditionnelle. De plus, conformément à l'article 92 du Code pénal de la RB, je vous prie de tenir compte de l'état de santé du condamné Bandajevski Youri Ivanovitch. A ce jour il a plusieurs maladies chroniques dont les conséquences peuvent devenir irréversibles si elles ne sont pas systématiquement traitées ni suivies par des médecins étroitement spécialisés (oncologistes, immunologistes). En tant que médecin et docteur es sciences, je vous prie de prendre garde à la conclusion faite par les médecins après un examen approfondi effectué au département de gastroentérologie de l'hôpital clinique N°1 de Minsk (sa fiche médicale et tous les documents médicaux se trouvent à la colonie N°26). On lui a découvert une métaplasie focale de la muqueuse de l'intestin et de l'estomac lors de nombreuses analyses histologiques d'échantillons de muqueuse d'estomac obtenus par biopsie. La métaplasie de la muqueuse de l'estomac est considérée comme une maladie précancéreuse. Selon les données des statistiques dans le domaine médicale cette maladie se transforme rapidement en cancer de l'estomac si elle n'est pas convenablement traitée et suivie par les médecins. Ce mal suppose qu'il faut procéder une fois tous les trois mois à une fibro-gastroscopie diagnostique de l'estomac avec biopsie de la muqueuse, à des consultations chez l'oncologiste et le gastroentérologue. Bandajevski est actuellement traité par des ferments de remplacement sans lesquels sa nourriture n'est ni digérée, ni absorbée. p.6
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Y. Bandajevski a été
opéré en novembre 2004 pour rupture du tendon du muscle
de l'épaule gauche sans que la cause de la lésion des ligaments
ait pu être établie. On observe également la lésion
de l'appareil ligamentaire des deux articulations tibio-tarsiennes. Bandajevski
éprouve des crispations et des douleurs aiguës pendant la marche
et selon le traumatologiste ce processus pourrait mener à l'atrophie
et à la rupture des tendons même pour des charges physiques
peu importantes. Ces changements pathologiques dans l'organisme sont liés
à des troubles du métabolisme mais pour arriver à
traiter convenablement ce mal, il faut d'abord en découvrir la cause.
Or Youri Bandajevski ne dispose pas de cette possibilité à
l'heure qu'il est. Il faudrait l'hospitaliser dans une clinique spécialisée
pour préciser le diagnostic et le traitement à suivre. Si
ce n'est pas fait dans les plus brefs délais, il peut devenir invalide
et devoir se servir d'un fauteuil roulant.
Je vous prie donc de tenir compte de l'état de santé inquiétant de Bandajevski au moment de la prise de décision concernant l'adoucissement de sa peine. Je ne doute pas que votre décision soit juste car je crois en votre humanité, votre honnêteté, votre équité et en votre esprit de justice au moment de décider du sort de mon mari. Vendredi 28 janvier. Galina appelle Koliada. Il lui dit : "Nous avons avancé la date de la Commission au 31 janvier et NOUS REFUSERONS LA LIBÉRATION CONDITIONNELLE. C'est un ordre venu d'en haut. Comprenez bien que ce n'est pas ma lubie personnelle. On m'a jeté sous les chenilles d'un tank (sic). Le motif, que je dois formuler pour le refus de la libération, est la non reconnaissance de la culpabilité par Bandajevsky et la non restitution du dommage financier à l'État". GALINA : "Mais vous n'êtes pas compétent pour ce genre de jugement. Vous n'êtes pas un tribunal. Vos arguments ne peuvent être que la conduite du détenu qui vous a été confié. Il a épuisé correctement son temps de détention, il mérite la liberté conditionnelle...". KOLIADA : "Oui, je viole la loi. Je vous comprends parfaitement et je vous demande de me pardonner. On m'a mis dans la situation de devoir violer la loi. C'est la première fois que cela m'arrive. “Quand Youri est arrivé dans la colonie, Koliada dit qu'il a fait analyser son dossier par ses juristes : ils sont restés abasourdis, stupéfaits, a-t-il dit, par la totale inconsistance juridique, par l'absence d'éléments justifiant la condamnation. Pour eux aussi c'était la première fois. Galina s'était permis d'espérer. Pendant ce week end elle a eu la pression artérielle très élevée et des vomissements. Hier, 30 janvier, Galina a rappelé de nouveau Koliada, qui était dans son bureau, malgré que c'était dimanche. Elle lui a demandé pourquoi Youri n'était pas informé de l'avancement de la date de la Commission. Il a donné une réponse plutôt évasive, disant que ce n'était pas important. Aujourd'hui lundi 31, Youri a appelé Galina à 8.30 h. du matin en l'informant qu'il les avait appelés et qu'on lui a répondu aussi qu'il pouvait ne pas vous présenter à la Commission. Il pense qu'ils essaient de le mettre dans son tort : s'il ne se présente pas, ce serait une infraction et ils pourraient en tirer un argument de blâme pour justifier le refus. Finalement, le président du kolkhoze de Peskovtsy a donné sa voiture et Youri est parti pour la colonie : la Commission se réunit à 14.30 heure locale, (13.30 chez nous). A 16 heures 30, je rappelle Galina. "Ils ont refusé." La Commission s'est réunie selon toutes les règles, le quorum y était. Koliada a lu une appréciation positive du détenu, puis a posé la question : "Pourquoi ne reconnaissez-vous pas votre culpabilité? Pourquoi ne compensez-vous pas le dommage financier que vous avez causé à l'État?" Bandajevsky a répondu qu'il n'était pas coupable, qu'il l'affirmerait devant toutes les instances possibles et si ce n'était pas lui, ce seraient ses enfants et ses petits enfants qui feraient triompher la vérité sur ce point. Quant à l'argent, c'était simplement ridicule : "Cela fait plus de 5 ans que je ne travaille pas. De quel argent parle-t-on?" L'assemblée a voté à l'unanimité pour le refus de la liberté provisoire. Cette décision négative de la Commission n'est pas destinée à être transmise à un tribunal et peut être annulée à n'importe quel moment... Si elle était positive, le dossier passerait au tribunal, qui statuerait. Et si la décision du tribunal était négative, il faudrait attendre 6 mois pour présenter une nouvelle demande. (suite)
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Après-demain, le 2 février, La députée européenne Uta Zapf arrive à l'OSCE à Minsk. Elle rencontrera Galina le 3 février à 8 heures du matin. Sa venue au Belarus pourrait expliquer peut-être cette soudaine accélération de la réunion de la Commission. Madame Zapf arrivera quand la décision est déjà prise, et si l'idée lui venait d'interpeller Loukachenko, respectueux des lois et de la séparation des pouvoirs, il n'y serait pour rien. C'est la Commission de la colonie qui décide, pas le Président de la République. Il pourrait, il est vrai, annuler la décision de la Commission, puisque c'est sur la base des conditions qu'il avait dictées lors de la demande grâce, qu'elle n'a pas proposé la liberté conditionnelle. Y a-t-il une nouvelle tentative de marchandage en vue? Les ambassadeurs européens peuvent faire quelque chose? Comme nous l'avons fait lors des atermoiements pour la relégation, nous devons être de plus en plus nombreux à exiger avec force que la loi soit appliquée et que le professeur Bandajevsky soit libéré, pour la justice et pour la science. Quel que soit le moment où il sera mis en liberté conditionnelle, il est nécessaire, dès maintenant, de récolter les fonds pour lui permettre de mener à bien sa recherche... Envoyez vos dons: aux enfants de Tchernobyl-Bélarus/Solange et Michel FERNEX /20 rue Principale/ 68480 Biederthal/ PROFESSEUR BANDAZHEVSKI DOCTEUR HONORIS CAUSA DE L'UNIVERSITÉ DE LA MÉDITERRANÉE Quatre personnes étaient nominées au titre de Docteur Honoris Causa : - le Dr Mickaîl D. DAKE, chef du département de radiologie interventionnelle et co-directeur du laboratoire de cathétérisme/angiographie à l'Université Médicale de Stanford en Californie, - le Pr Per MARTIN-L÷F, Professeur de logique au département mathématiques et philosophie de l'Université de Stockholm, Suède, - le Pr Guilio RELINI, Professeur d'Écologie, spécialiste de biologie et d'écologie marines à l'Université de Gènes, Italie, - le Pr Youri I. BANDAZHEVSKI, Docteur en médecine et anatomo-pathologiste, ancien directeur de l'Institut de Gomel, Biélorussie. Après avoir reçu l'éloge de la ou des personnes de l'Université à l'initiative de leur nomination, les trois premiers nominés, qui assistaient à la cérémonie, ont pu faire une intervention et recevoir leur diplôme. Le Professeur Yvon Berland, nouveau Président de l'Université de la Méditerranée, s'est chargé de la présentation du Professeur Bandazhevski. Il a souligné et regretté l'absence de celui-ci, due “au fait qu'il n'avait pas été autorisé à quitter le territoire biélorusse”. Il l'a cité comme “un cas exceptionnel”, dans le sens où il n'avait pas été proposé par des membres de l'Université. Mais le Président Berland n'a pas précisé à l'assistance le rôle déterminant d'Amnesty International dans cette démarche. Il a ensuite décrit la carrière de Youri Bandazhevski, la nature de ses travaux et leur utilité, mais n'a pas évoqué son emprisonnement pendant trois ans ni la poursuite de sa peine, actuellement, en “relégation”. Le Pr Berland a poursuivi et conclu : “la plupart des travaux réalisés en expérimentation animale et en épidémiologie humaine sur les pathologies d'origine congénitale renforcent les craintes émises par de nombreux scientifiques en ce qui concerne les effets à longs termes des faibles doses de Césium 137 et la nécessité de suivre avec rigueur aux plans cliniques et biologiques les populations exposées. Les travaux du Professeur Youri Bandazhevski ont apporté des réponses déterminantes à ces questions et méritent toute l'attention et la reconnaissance de la communauté scientifique. L'université de la Méditerranée lui transmet ses plus chaleureuses félicitations pour cette nomination”. p.7
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