Monsieur le directeur, Dans le cadre de la surveillance des installations
nucléaires de base prévue à l'article 11 du décret
n° 63-1228 du 11 décembre 1963 modifié, une inspection
courante a eu lieu le 10 novembre 2005 au centre nucléaire de production
d'électricité de Civaux sur le thème "surveillance
et exploitation des systèmes RIC et RPN".
2 A. Demandes d'actions correctives
(suite)
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suite:
Le Plan Qualité Sûreté (PQS n°OI N0164829 / N0153201 ind 1) décrit l'ensemble des opérations menées par les différents services entre la divergence du réacteur et sa mise à disposition du réseau. L'examen de ce plan a mis en évidence, au point 80, un changement de la carte ARC 100 du réactimètre numérique utilisé pendant la réalisation des essais physiques de redémarrage. Ce changement de carte a interrompu la surveillance par les opérateurs des paramètres représentatifs de l'état du coeur du réacteur durant 30 minutes. De plus, cet examen a permis de constater qu'aucune vérification de l'état du matériel n'avait été tracée avant la remise en fonctionnement de celui-ci et la reprise des essais physiques. Je vous rappelle que les résultats issus des essais physiques de redémarrage permettent de valider le nouveau coeur afin de respecter les études de sûreté pour l'ensemble du cycle à venir. Je vous rappelle également que ce réactimètre numérique est le seul appareil permettant d'acquérir les données destinées à vérifier ces critères. A4. Je vous demande de me transmettre une analyse de sûreté définissant l'ensemble des moyens mis en oeuvre afin de conserver la surveillance des paramètres représentatifs de l'état du coeur du réacteur lors du changement de carte ayant conduit à l'indisponibilité ponctuelle de votre réactimètre. A5. Etant donné le caractère répétitif de cette défaillance, je vous demande de mettre en place une procédure permettant d'effectuer ce changement de carte en conservant un niveau de sûreté équivalent. Vous préciserez notamment les moyens à mettre en oeuvre afin, d'une part, de conserver une surveillance continue des paramètres représentatifs de l'état du coeur, et d'autre part, de poursuivre les essais physiques de redémarrage avec un réactimètre qualifié intrinsèquement et fonctionnellement. Lors de l'examen de l'ensemble des résultats des essais physiques de redémarrage, les inspecteurs ont constaté que l'acquisition et le dépouillement étaient effectués avec un réactimètre numérique non qualifié pour le dépouillement. A6. Je vous demande de vérifier les résultats obtenus par le réactimètre, de façon manuelle, à la fin de chaque essai, afin d'en valider le résultat. Par ailleurs, un double contrôle doit être effectué pour chacun des essais afin d'éliminer toute erreur d'interprétation des différents graphiques. Pour cela, vous avez présenté aux inspecteurs différentes copies d'écran ou données mises en forme par le logiciel Excel (notamment pour le coefficient isotherme toutes barres hautes) justifiant ce double contrôle. Après analyse, il est apparu, d'une part, que ces données, notamment pour la détermination du coefficient isotherme, ne correspondaient pas toujours à celle utilisées par le réactimètre, et d'autre part, que les copies d'écran transmises étaient difficilement exploitables. J'estime, compte tenu de ces éléments, que la traçabilité de votre double contrôle n'est pas acquise Je vous rappelle que ces remarques vous ont déjà été faites lors de précédentes inspections (inspection n°2002-19002 du 21/03/02 question 1 et inspection n°2004-EDFCIV-0004 du 8/09/04 question 1). Cette situation n'est pas acceptable. A7. Je vous demande de mettre immédiatement en oeuvre un plan d'action, que vous me transmettrez, afin d'effectuer et de tracer ce double contrôle sur les résultats issus du dépouillement manuel. 3 B. Compléments d''information Lors de l'examen de la gamme relative à l'essai "mesure du coefficient alpha iso en configuration TBH" et des enregistrements associés, les inspecteurs ont mis en évidence que le suivi des conditions de stabilité a été interrompu 2 heures avant la réalisation de l'essai. Je vous rappelle que cet essai valide le seul critère de sûreté des essais physiques de redémarrage. B1. Je vous demande de vous positionner sur les conséquences du non respect de ces conditions de stabilité plusieurs heures avant la réalisation de cet essai. Vous démontrerez notamment que les variations présentes durant ces 2 heures ont un impact négligeable sur le résultat obtenu. Dans le cas contraire vous présenterez un argumentaire permettant de valider le respect de ce critère de sûreté. 4 C. Observations Les inspecteurs ont examinés, par sondage, les plans individuels de formation des équipes présentes lors de la réalisation des derniers essais physiques de redémarrage. Ils ont noté que les dernières attestations de stage dataient du mois de mars. C1. Je vous demande de mettre à jour les plans individuels de formation des équipes mentionnées. Vous voudrez bien me faire part de vos observations et réponses concernant ces points dans un délai qui ne dépassera pas deux mois. Pour les engagements que vous seriez amené à prendre, je vous demande de les identifier clairement et d'en préciser, pour chacun, l'échéance de réalisation. p.6
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Sa consommation d'eau Les quantités prélevées et les quantités évaporées sont régies par l'arrêté interpréfectoral du 9 août 1991 (voir Stop-Civaux no 75, ou http://stopcivaux.free.fr/sc75/consommation_eau.html), arrêté, particulièrement ambigu et sujet à interprétation. En particulier celui-ci fixe des "volumes moyens annuels" à ne pas dépasser (107,2 millions de m3 pour le prélèvement, et 36,2 millions de m3 pour l'évaporation). Depuis plusieurs années, la centrale dépasse régulièrement ces volumes moyens annuels autorisés, tant au niveau du prélèvement qu'au niveau de l'évaporation, ce qui nous semblait être une infraction. Nous interrogions donc régulièrement les pouvoirs publics sur ces points, sans jamais obtenir de réponse satisfaisante. La séance du 7 mars 2006 de la Commission Locale d'Information nous a enfin apporté la réponse attendue: la date limite de validité de l'arrêté est août 2009. En conséquence, pour savoir si la centrale respecte cet arrêté, il faut attendre août 2009, d'eau prélevés et évaporés depuis le 1er janvier 1998, puis faire la division pour savoir si les volumes moyens annuels sont ou non dans les limites légales. La Sûreté Nucléaire a procédé à des extrapolations à partir des données actuelles et, selon ses projections, les chiffres resteront dans les clous. Ce qui lui permet d'affirmer clairement que la centrale respecte la réglementation sur ce point. Paradoxalement, et comme l'a reconnu la Sûreté Nucléaire lors de la séance du 7 mars dernier, ce qui sauve EDF Civaux c'est l'incident du 12 mai 1998, qui a stoppé net le fonctionnement du réacteur 1 et qui a retardé d'autant le démarrage du réacteur 2 (qui n'a démarré qu'aux environs du 1er janvier 2000). En effet, comme le montre le schéma ci-dessous, on s'aperçoit que la centrale consomme beaucoup plus d'eau que prévu lors de la conception. Il est alors très probable qu'en août 2009, si l'on fait les moyennes en partant du 1er janvier 2000 plutôt que du 1er janvier 1998, alors ces moyennes dépasseront les limites règlementaires. Les autorisations de prélèvements et de rejets (DARPE) vont faire l'objet d'un dossier en vue d'un renouvellement prévu pour 2009. On peut espérer que cette fois-ci, la rédaction des autorisations sera claire et ne laissera pas la place à l'interprétation. Maintenant, en cette période où l'on commence à parler de pénurie d'eau et où les débits moyens annuels de la Vienne ne cessent de baisser, on peut imaginer trois éventualités pour le renouvellement des autorisations : Ne présumons pas du résultat. On en reparle en 2009... |
Dernière nouvelle
Cela s'est passé le 3 mars: l'opérateur chargé de manoeuvrer les barres de contrôles consulte un document pendant environ 20 secondes puis s'aperçoit que les barres de contrôle sont remontées* sans qu'on leur en ait donné l'ordre (c'est-à-dire sans qu'il ait appuyé sur le bouton de son clavier). Pendant une minute et qqs, le réacteur a dépassé les 100% de puissance. A l'analyse, il semblerait que le document consulté "a vraisemblablement appuyé en continu sur la touche d'extraction" des barres de contrôle... Vous avez bien lu. Je suis secouée d'un rire nerveux à l'évocation de l'incident. (c'est le genre de truc qui m'arrive souvent avec mon clavier d'ordinateur.) Ils ont vraiment des problèmes avec la protection des boutons de commande: deux fois déjà, ce sont des manches ou des gestes qui ont entraîné la chute des barres. Il faut souhaiter que pendant leur boulot, il ne leur vienne pas à l'idée de consulter un dico de 3 kg sinon c'est Tchernobis! (:-)) * pour les spécialistes: prise de 20 pas en 11 secondes par incrémentation de la commande Jeanne-Marie.
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